Catégorie : Appels à communications

  • Ambiguity-tln : Ambigüité / ambivalence (syntaxique, sémantique ou énonciative) en linguistique

    Colloque international Ambiguity-tln : Ambigüité / ambivalence (syntaxique, sémantique ou énonciative) en linguistique

    Propositions avant le 15 janvier 2025

    27-28 nov. 2025
    Université de Toulon, La Garde, France

    Site du colloque

    Appel à communication

    Appel à communications colloque de linguistique organisé à l’Université de Toulon les 27 et 28 novembre 2025.
    Avec le soutien du laboratoire Babel (EA 2649) de l’Université de Toulon et de l’Association des Linguistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (ALAES).

    Call for papers for a symposium to be held at the Université de Toulon on 27th and 28th November 2025.
    With the support of the Babel laboratory (EA 2649) at the Université de Toulon and the ALAES (Association des Linguistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur, the ‘French society for the linguistics of English’)

    Convocatoria Congreso de lingüística organizado en la universidad de Tolón (Francia) los días 27 y 28 de noviembre de 2025.
    Con el apoyo del laboratorio Babel (EA 2649) de la Universidad de Toulon y de la Association des Linguistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (ALAES).

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    Véase más abajo la versión en español.

    Ambigüité / ambivalence (syntaxique, sémantique ou énonciative) en linguistique

    L’ambigüité est un concept productif en linguistique, et ferait même « partie intégrante du modèle » selon A. Culioli ([1973] 1999 : 48). Ce terme, utilisé aussi dans le langage courant et la vie quotidienne, correspond à une « intuition fondamentale [selon laquelle] quelque chose de double se dissimule sous une apparence d’unicité » (Le Goffic, 1982 : 83 – 84). Si la polysémie de certains morphèmes lexicaux ou grammaticaux engendre facilement l’ambigüité (« le secrétaire est dans le bureau », exemple emprunté à Dubois et al. 1999 : 31), cette dernière peut également se situer au niveau de la proposition et, partant, de la phrase, lorsqu’un agencement de marqueurs se prête à plusieurs interprétations : l’ambigüité syntaxique se double dès lors d’une ambigüité sémantique.

    Néanmoins, la plupart du temps, le recours à un contexte plus fourni, ou bien l’examen plus approfondi d’autres marques grammaticales ou énonciatives présentes dans l’énoncé permettent de lever l’ambigüité. En effet, de tels phénomènes engagent crucialement le rapport entre les formes linguistiques et le co(n)texte, qu’il revient au linguiste d’analyser.

    Il existe toutefois des cas dans lesquels il n’est pas possible de désambigüiser, et d’opter

    avec certitude pour une catégorie plutôt qu’une autre, dans la mesure où les indices syntaxiques ne sont pas assez parlants ou donnent des résultats contradictoires, tandis que le recours au contexte n’est pas suffisant pour éliminer l’ambigüité. Or, les linguistes ont souvent été inspirés par ces phénomènes inclassables : on pense à la « théorie du reste » de Jean-Jacques Lecercle. Il peut aussi être question, en se fondant sur une métaphore biologique, d’exemples de phénomènes « hybrides » (cf. Guillaume 2014). P. Le Goffic (1982) a pour sa part recours au concept d’« ambivalence », terme à l’origine utilisé en psychanalyse pour qualifier des états psychiques contradictoires. Pour Catherine Fuchs (1995), l’ambivalence est une forme de transgression ne pouvant se produire qu’en discours, à la différence de l’ambigüité, qui serait propre à la langue. On retrouve dans « ambivalence » la même racine latine ambo signifiant « (les) deux à la fois » (CNRTL) que dans « ambigüité », mais il semble toutefois que l’on va plus loin dans la complexité, avec des phénomènes plus hétérogènes et non réductibles à une seule signification. Dérive inévitable de l’indétermination de la langue ou produit de la stratégie discursive du locuteur, des « zones troubles » (Le Goffic 1982 : 83) sont ainsi générées, qu’il incombe à l’interlocuteur de démêler. Face à un idéal de non-équivocité, l’ambivalence comme l’ambigüité peuvent ainsi représenter un danger. Le risque accru de malentendus nous invite alors à nous questionner sur la dimension éthique de l’utilisation de ces formes duplices.

    Michel Ballard (1990 :153) avance « [qu’]à première vue, […] l’ambigüité [es]t un problème qui passionne davantage les linguistes, les stylisticiens ou les philosophes que les traductologues. » Une approche traductologique de l’ambigüité et/ou de l’ambivalence n’est pourtant pas à exclure. Face à l’ambigüité, il est nécessaire pour le traducteur de faire des choix. Lorsqu’elle est intentionnelle, l’ambigüité doit être conservée. À l’inverse, les cas d’ambigüités fortuites se doivent d’être levés (Rydning 1998). Par ailleurs, en traduction automatique, les outils actuels, de plus en plus performants, réussissent généralement à éviter les cas d’ambigüité. Cependant, l’étape de relecture et de post-édition reste le plus souvent indispensable.

    Sans exclure des approches essentiellement théoriques, ce colloque entend soumettre les concepts d’ambivalence et d’ambigüité à l’épreuve des corpus afin d’en évaluer la portée et les limites en contexte. Par conséquent, il s’agira d’appréhender les cas de dualité interprétative au sein de corpus d’étude variés, oraux ou écrits. Ceux-ci pourront être de nature diverse – publicité, littérature, discours politique, presse, communication médiée par ordinateur, données lexicographiques, etc. –, permettant ainsi une exploration étendue et transversale de ces phénomènes. Les langues à privilégier seront le français, l’anglais et l’espagnol, mais d’autres langues et d’autres familles de langues que celles-ci peuvent également être convoquées.

    Les propositions pourront s’articuler, de manière indicative et non limitative, autour des divers axes évoqués dans cet appel, notamment :

    • définitions et effets de l’ambigüité et de l’ambivalence, rôle de la polysémie et du contexte ; dans quels cas les relations entre valeur d’un morphème et contexte permettent- elles de définir les conditions favorables à une interprétation en termes d’ambivalence ?
    • le vague référentiel est-il nécessairement ambigu ? par exemple, en ce qui concerne les problèmes de délimitation du référent (pronom de première personne du pluriel en français – cf. Monte 2022 -, omission du pronom personnel sujet en espagnol…).
    • quels sont les effets possibles du dédoublement d’interprétations d’un même énoncé, pouvant être compatibles et finissant par s’amalgamer, ou bien se révélant incompatibles, mais dans le même temps impossibles à départager ?
    • sur le plan énonciatif, dans le champ du discours représenté, à quelles conditions les formes complexes de représentation du discours autre (Authiez-Revuz 2020) sont-elles source d’ambigüité ? L’on ne sait dans certains cas qui parle, et les attributions à deux sources énonciatives différentes sont parfois incompatibles, et parfois ambivalentes – la superposition des voix ou points de vue portés par les énoncés représentés faisant alors partie des ressources déployées par le locuteur/énonciateur premier (Germoni et Stolz 2019). Et que devient alors, dans la structure narrative globale, la répartition entre narration, dialogues et pensées ?
    • en traduction, est-il toujours possible d’évaluer le caractère intentionnel ou fortuit de l’ambigüité ? Quelle(s) incidence(s) la conservation ou non de l’ambigüité et/ou de l’ambivalence peuvent-elles avoir ? La question de cas intraduisibles ou d’échecs de traduction pourra également être étudiée.

    Modalités de soumission et calendrier :

    • proposition de communication anonyme (une à deux pages maximum, comportant le titre de la communication, un résumé, quelques références bibliographiques) à envoyer avant le 15 janvier 2025 en format Word et / ou pdf à l’adresse suivante :
      ambiguity-tln@sciencesconf.org
      Merci d’indiquer clairement le nom et l’affiliation de l’auteur ou des auteurs dans le corps du courriel.
    • réponse aux auteurs : au plus tard le 30 mars 2025
    • 27 et 28 novembre 2025 : colloque à l’Université de Toulon

    Ambiguity / ambivalence in linguistics (from a syntactic, semantic or enunciative point of view)

    Ambiguity is a productive concept in linguistics, and can even be termed « an integral part of the linguistic model » according to A. Culioli ([1973] 1999: 48; our translation). This concept, also used in everyday language and life, corresponds to a « fundamental intuition [according to which] something double is hidden beneath an appearance of unicity » (Le Goffic, 1982: 83 – 84; our translation). While the polysemy of certain lexical or grammatical morphemes easily gives rise to ambiguity (the fisherman went to the bank), ambiguity can also occur at clause level, and also at sentence level, when a combination of markers lends itself to several interpretations: syntactic ambiguity therefore paves the way for semantic ambiguity.

    Most of the time, however, ambiguity can be resolved by resorting to a more specific context, or by a closer examination of other grammatical or enunciative markers present in the utterance. Indeed, such phenomena fundamentally engage the relationship between linguistic forms and co(n)text, which the linguist needs to analyse.

    Nevertheless, there are cases in which it is not possible to disambiguate and to opt with certainty for one category rather than another, insofar as syntactic clues are not specific enough or give contradictory results, while the recourse to context is not sufficient to eliminate ambiguity. However, linguists have often been inspired by these unclassifiable phenomena: Jean-Jacques Lecercle’s « theory of the remainder » comes to mind. Based on a biological metaphor, such phenomena can also be described as examples of « hybridism » (Guillaume 2014). P. Le Goffic (1982), for his part, uses the concept of « ambivalence », a term originally used in psychoanalysis to qualify contradictory psychic states. For Catherine Fuchs (1995), ambivalence is a form of transgression that can only occur in discourse, unlike ambiguity, which is specific to language. In « ambivalence » one finds the same Latin root ambo, which means « (the) two at once » (CNRTL), as in « ambiguity », but it seems that the complexity is taken a step further with ‘ambivalence’ involving more heterogeneous phenomena that cannot be reduced to a single meaning. Whether an inevitable side effect of the indeterminacy of language or the result of the speaker’s discursive strategy, « turbid zones » (Le Goffic 1982: 83; our translation) are thus generated, which the interlocutor has to untangle. Faced with an ideal of non-equivocation, ambivalence and ambiguity may represent a danger. The increased risk of misunderstanding invites us to question the ethical dimension of using such duplicitous forms.

    Michel Ballard (1990:153; our translation) argues that « [a]t first glance, […] ambiguity [is] a problem that fascinates linguists, stylisticians or philosophers more than it does translators. » However, a translational approach to ambiguity and/or ambivalence cannot be ruled out. Faced with ambiguity, the translator has to make choices. When ambiguity is intentional, it must be preserved. Conversely, in the case of accidental ambiguity, the meaning must be clarified (Rydning 1998). Today’s increasingly powerful machine translation tools generally succeed in avoiding ambiguity. However, the proofreading and post-editing stages remain indispensable in most cases.

    Without excluding essentially theoretical approaches, this symposium intends to submit the concepts of ambivalence and ambiguity to the test of corpora, in order to evaluate their scope and limits in context. Consequently, the aim will be to apprehend cases of interpretative duality within a variety of oral and written corpora. These may be of various kinds (advertising, literature, political discourse, the press, computer-mediated communication, lexicographic data, etc.) This will enable a wide-ranging, cross-disciplinary exploration of these phenomena. Priority will be given to French, English and Spanish, but other languages and language families may also be considered.

    Proposals may be structured, in an indicative and non-limitative way, around the various topics mentioned in this call, in particular:

    • definitions and effects of ambiguity and ambivalence, the role of polysemy and context; in what cases can the relationship between the value of a morpheme and its context pave the way for an ambivalent interpretation?
    • is referential vagueness necessarily ambiguous? For example, with regard to issues of pinpointing grammatical reference (first-person plural pronoun nous in French – cf. Monte 2022 –, omission of the subject personal pronoun in Spanish, and so on…).
    • what are the possible effects of having a double interpretation of the same utterance, which may involve compatible interpretations that blend with each other, or that prove incompatible despite resisting disambiguation?
    • on the enunciative level, in the field of reported discourse, under what conditions are the complex forms of representing otherness (cf. Authier-Revuz 2020) a source of ambiguity? It is sometimes unclear who is speaking, and attributions to two different enunciative sources are sometimes incompatible, and sometimes ambivalent – the superposition of voices or points of view exhibited by represented utterances thus becoming included in the resources deployed by the primary speaker/enunciator (Germoni and Stolz 2019). And what then becomes of the division between narration, dialogue and reported thoughts in the overall narrative structure?
    • in translation, is it always possible to assess the intentional or accidental nature of ambiguity? What impact(s) can the retention or non-retention of ambiguity and/or ambivalence have? The question of untranslatable cases or translation failures can also be looked into.

    Guidelines for submission and important dates:

    • please send an anonymous submission (one to two pages maximum, including the title, an abstract, a few bibliographical references) before 15th January 2025 in Word and/or pdf format to the following address: ambiguity-tln@sciencesconf.org Please clearly indicate the name and affiliation of the author(s) in the body of the email.
    • reply to authors: no later than 30th March 2025
    • 27th and 28th November 2025: conference at the Université de Toulon, France

    Ambigüedad/ambivalencia (sintáctica, semántica o enunciativa) en lingüística

    La ambigüedad es un concepto provechoso en lingüística, y formaría incluso “parte integrante del modelo”, según A. Culioli ([1973] 1999: 48). Este término, también utilizado en el lenguaje corriente y la vida cotidiana, corresponde a la “intuición fundamental [de que] algo doble se oculta bajo una apariencia de unicidad” (Le Goffic, 1982 : 83 – 84). Si la polisemia de algunos morfemas lexicales o gramaticales suele generar ambigüedad, esta puede situarse asimismo a nivel de la proposición y, por lo tanto, de la frase, cuando una configuración de marcadores se presta a varias interpretaciones: la ambigüedad sintáctica se acompaña entonces de una ambigüedad semántica. Sin embargo, la mayoría de las veces, el recurso a un contexto más riguroso, o el examen más profundo de otras marcas gramaticales o enunciativas presentes en el enunciado permiten eliminar la ambigüedad. De hecho, tales fenómenos implican necesariamente la relación entre las formas lingüísticas y el co(n)texto, que le corresponde al lingüista analizar.

    Aun así, hay casos en los que no es posible desambiguar la secuencia y optar con certeza por una categoría en vez de otra, en la medida en que los indicios sintácticos no son suficientemente significativos o dan resultados contradictorios y el contexto no basta para descartar la ambigüedad. Ahora bien, los lingüistas se suelen inspirar en estos fenómenos inclasificables: podemos pensar en la “teoría del resto” de Jean-Jacques Lecercle. Sobre la base de una metáfora biológica, puede tratarse también de ejemplos de fenómenos “híbridos” (cf. Guillaume 2014). Por su parte, P. Le Goffic (1982) acude al concepto de “ambivalencia” originalmente utilizado en las teorías psicoanalíticas para designar estados psíquicos contradictorios. Según Catherine Fuchs (1995), la ambivalencia es una forma de transgresión que solo puede darse en el discurso, a diferencia de la ambigüedad que sería propia de la lengua. Las palabras “ambivalencia” y “ambigüedad” comparten la misma raíz latina ambo que significa “los dos, uno y otro” (RAE). Sin embargo, la primera parece tener un grado mayor de complejidad, ya que abarca fenómenos más heterogéneos y que no se pueden reducir a un único significado. Consecuencia inevitable de la indeterminación de la lengua o producto de la estrategia discursiva del locutor, unas “zonas turbias” (Le Goffic 1982: 83) se van generando y le incumbe al interlocutor desentrañarlas. Frente a un ideal de no equivocidad, tanto la ambivalencia como la ambigüedad pueden representar un peligro. El mayor riesgo de malentendido nos invita a cuestionar la dimensión ética del uso de estas formas dúplices.

    Michel Ballard (1990:153) sostiene que “a primera vista, […] la ambigüedad es un problema que apasiona más a los lingüistas, especialistas de estilística y filósofos que a los traductólogos”. Con todo, no se puede excluir un enfoque traductológico, puesto que ante la ambigüedad, el traductor tiene necesariamente que tomar decisiones. Cuando es intencional, la ambigüedad tiene que mantenerse. Por lo contrario, los casos de ambigüedades fortuitas tienen que resolverse (Rydning 1998). Por otra parte, en la traducción automática, las herramientas actuales cada vez más eficaces consiguen generalmente evitar los casos de ambigüedad. Sin embargo, la etapa de revisión y de postedición sigue siendo indispensable en la mayoría de los casos.

    Sin excluir enfoques esencialmente teóricos, este coloquio pretende someter los conceptos de ambivalencia y de ambigüedad a la prueba de los corpus con el fin de evaluar su alcance y sus límites en contexto. Por lo tanto, se tratará de acercarnos a los casos de dualidad interpretativa en unos corpus de estudio variados, orales o escritos. Estos podrán ser de distinta índole – publicidad, literatura, discurso político, prensa, comunicación mediada por ordenador, datos lexicográficos, etc.–, permitiendo de este modo una exploración amplia y transversal de estos fenómenos. Las lenguas de trabajo serán el español, el francés y el inglés, pero también se podrá aludir a otras lenguas o familias de lenguas.

    Las propuestas podrán articularse, de manera indicativa y no limitativa, en torno a los distintos ejes evocados en esta convocatoria, y en particular:

    • Definiciones y efectos de la ambigüedad y de la ambivalencia, papel de la polisemia y del contexto; ¿en qué casos las relaciones entre el valor de un morfema y el contexto permiten definir condiciones favorables a una interpretación en términos de ambivalencia?
    • ¿La vaguedad referencial es necesariamente ambigua? Por ejemplo, en lo que toca a los problemas de delimitación del referente (pronombre de primera persona del plural en francés –cf. Monte 2022–, omisión del pronombre sujeto en español, etc.).
    • ¿Cuáles son los efectos posibles del desdoblamiento de interpretaciones de un mismo enunciado, que pueden ser compatibles y acabar amalgamándose, o que resultan incompatibles, pero al mismo tiempo imposibles de disociar?
    • En el plano enunciativo, en el ámbito del discurso representado, ¿en qué condiciones las formas complejas de representación del discurso ajeno (Authiez-Revuz 2020) son fuentes de ambigüedad? A veces no se sabe quién habla, y las atribuciones del discurso a dos fuentes enunciativas diferentes son a veces incompatibles, y/o ambivalentes. La superposición de voces o de puntos de vista adoptados por los enunciados representados van formando parte de los recursos del locutor/enunciador primero (Germoni et Stolz 2019). ¿Y qué ocurre con la división entre narración, diálogos y pensamientos en la estructura narrativa global?
    • A la hora de traducir, ¿se puede evaluar siempre el carácter intencionado o fortuito de la ambigüedad? ¿Qué incidencia(s) puede tener la conservación o no de la ambigüedad y/o de la ambivalencia? Se podrá plantear asimismo la cuestión de los casos intraducibles o de los casos de fracaso de la traducción.

    Envío de propuestas y calendario:

    • las propuestas de comunicación anónimas (máximo de una o dos páginas, incluyendo el título, un resumen y unas referencias bibliográficas) deberán enviarse antes del 15 de enero de 2025 en formato Word y/o en PDF a la siguiente dirección:
      ambiguity-tln@sciencesconf.org
      Por favor, indique claramente el apellido y la institución a la que pertenece el autor (o los autores) en el cuerpo del correo electrónico.
    • respuesta a los autores: antes del 30 de marzo de 2025.
    • 27 y 28 de noviembre de 2025: coloquio en la Universidad de Tolón, Francia

    Bibliographie indicative / Main references / Bibliografía indicativa:

    • AUTHIER-REVUZ, Jacqueline, 2020, La Représentation du Discours Autre, Berlin/Boston : De Gruyter.
    • BALLARD, Michel, 1990, « Ambigüité et traduction ». La traduction plurielle, Michel Ballard (dir.), Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 153-174. —, 2001, Le nom propre en traduction, Gap : Ophrys.
    • BENÍTEZ SOTO, Victoria, 2002, « Delimitación conceptual del fenómeno pragmático de la ambigüedad », M. Villayandre Llamazares, (coord.), Actas del V Congreso de Lingüística General. vol. 1, pp. 399-408, León : Universidad de León.
    • BRES Jacques, 2003, « Mais oui, il était un joli temps du passé comme les autres, le petit imparfait hypocoristique » Langue française, 138, Temps et co(n)texte, sous la direction de Jacques Bres, 111-125.
    • BRISSET, Frédérique, COUSSY, Audrey, JENN, Ronald & LOISON-CHARLES, Julie (Dirs.), 2019 ? Du jeu dans la langue. Traduire le jeu de mots, Lille : Presses Universitaires du Septentrion.
    • CORMINBOEUF Gilles, 2014 (avec M.-J. Béguelin & L. A. Johnsen) éditeur du numéro thématique de Verbum XXXVI-1, Réanalyses, indétermination catégorielle et flou sémantique, 233 p.
    • Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL). https://www.cnrtl.fr/ CULIOLI, Antoine, [1986] 1990, « Stabilité et déformabilité en linguistique. » Pour une linguistique de l’énonciation. Opérations et représentations. Tome I : 127-34. Paris : Ophrys.
    • —, [1973] 1999. « Sur quelques contradictions en linguistique. » Pour une linguistique de l’énonciation. Formalisation et opérations de repérage. Tome II : 43-52. Paris : Ophrys.
    • DE COLA-SEKALI, Martine, 1992, « Subordination temporelle et subordination subjective : quelques paramètres de mise en place des notions relationnelles de temps et de cause avec le connecteur polyvalent since. » Travaux linguistiques du Cerlico 5. Subordination, subordinations. J. Chuquet et D. Roulland, éds. 130-157.
    • DE MATTIA-VIVIES, Monique, 2010, « Du discours rapporté mimétique aux formes intrinsèquement hybrides. » Anglophonia. French Journal of English Linguistics. 14 (28) : p. 151‐180. Toulouse : PU du Mirail.
    • DUBOIS, Jean et al., 1999, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage. Paris : Larousse-Bordas.
    • DELABATISTA, Dirk, 2008, “Wordplay as a translation problem: A linguistic perspective”, In 1. Teilband: Ein internationales Handbuch zur Übersetzungsforschung, pp. 600–606. De Gruyter Mouton. https://doi.org/10.1515/9783110137088.1.6.600, https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9783110137088.1.6.600/html
    • ERMAKOVA, Liana & al. 2022, Overview of JOKER@CLEF 2022: Automatic Wordplay and Humour Translation Workshop, In: Barrón-Cedeño, A., et al. Experimental IR Meets Multilinguality, Multimodality, and Interaction. Lecture Notes in Computer Science, vol 13390. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-031-13643-6_27
    • FUCHS, Catherine, 1995. « Ambiguïté et ambivalence : le discret et le continu. », dans VANDERLYNDEN, Anne-Marie (dir.), 1995, Cahiers du CRIAR, n° 14, « Ambiguïtés/ ambivalences », Actes du colloque de Rouen, 13-14-15 mai 1994, Rouen : Publications de l’Université de Rouen.
    • FUCHS, Catherine, 1996, Les ambigüités du français, Collection l’essentiel français, Paris : Ophrys.
    • FUCHS, Catherine, 1997, « L’interprétation des polysèmes grammaticaux en contexte », G. Kleiber et M. Riegel (éds.) Les formes du sens, Louvain-la-Neuve : Duculot, 127-133.
    • GARDELLE, Laure, 2023, “Lions, flowers and the Romans: exception management with generic and other count plurals.” L. Gardelle, L. Vincent-Durroux et H. Vinckel-Roisin (Eds). Reference: from Conventions to Pragmatics. John Benjamins: 71-87.
    • GARDELLE, Laure et LANDRAGIN, Frédéric, 2023, « Le flou, le vague et la sous- détermination dans la référence. » Appel à soumissions pour un numéro thématique de Lingvisticæ Investigationes.
    • GERMONI Karine & STOLZ Claire (dir.), 2019, Aux marges des discours rapportés. Louvain- la-Neuve : Éd. Académia-L’Harmattan.
    • GOSSELIN, Laurent, 2005, Temporalité et modalité. Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur.
    • GUILLAUME, Bénédicte, 2014, A Corpus-Based Study of Since-Clauses in Contemporary English. Collection Interlangues sous la direction de Wilfrid Rotgé, Toulouse : Presse Universitaires du Mirail.
    • GUTIÉRREZ ORDÓÑEZ, Salvador, 2002, De pragmática y semántica. Madrid : Arco Libros.
    • KERBRAT-ORECCHIONI Catherine, 2005, « L’ambigüité : définition, typologie. » Les jeux et les ruses de l’ambigüité volontaire dans les textes grecs et latins, Actes de la Table Ronde organisée à la Faculté des Lettres de l’Université Lumière-Lyon 2 (novembre 2000). pp. 13-36, Lyon : Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux.
    • LECOLLE, Michelle, 2019, Les noms collectifs humains en français : enjeux sémantiques, lexicaux et discursifs, Limoges, Lambert Lucas.
    • LE GOFFIC, Pierre, 1982, « Ambigüité et ambivalence en linguistique » Documentation et recherche en linguistique allemande contemporaine, Des bords au centre de la linguistique. pp. 83-105, Vincennes, n°27. htt ps:/ /www.persee.fr/do c/drlav_0754 – 9296_1982_num_27_1_983
    • LE GOFFIC, Pierre, 1987, « Sur l’ambigüité des relatives / interrogatives indirectes en “ce qui”, “ce que” », in C. Fuchs éd. L’ambigüité et la paraphrase. Opérations linguistiques, Processus cognitifs, Traitements automatisés. Centre des publications de l’Université de Caen.
    • LEONARDUZZI, Laëtitia, 2004, La subordonnée interrogative en anglais contemporain, Aix- en-Provence : Publications de l’Université de Provence.
      LÓPEZ-CORTÉS, Natalia, 2020, « El lenguaje será ambiguo o no será: el porqué de la ambigüedad léxica y su estudio desde la evolución del lenguaje », E-AESLA, n° 6, pp. 117- 128.
    • MONTE, Michèle, 2022, « Le nous dans les journaux militants : le cas de La Chronique d’Amnesty International et du Journal d’ATD Quart Monde », dans BOUZEREAU Camille, MAYAFFRE, Damon et MONTAGNE, Véronique (dir.), Le roi disait “nous voulons”. Usages et fonctions du nous dans le discours politique, Cahiers de praxématique 77, en ligne.
    • RABATEL, Alain, 2022, « L’intrication des discours représentés et de la narration dans les romans noirs de Dominique Manotti », Le Français moderne, vol. XC, t. 2, p. 241-265.
    • RASTIER F., CAVAZZA M., ABEILLÉ A., 1994, Sémantique pour l’analyse – De la linguistique à l’informatique, Paris : Masson.
    • RYDNING, Antin F., 1998, « La notion d’ambigüité en traduction » dans Tradterm, 5(1), 11- 40. https://doi.org/10.11606/issn.2317-9511.tradterm.1998.4977373
    • VANDERLYNDEN, Anne-Marie (dir.), 1995, Cahiers du CRIAR, n° 14, « Ambiguïtés/ ambivalences », Actes du colloque de Rouen, 13-14-15 mai 1994, Rouen : Publications de l’Université de Rouen.
    • VICTORRI, Bernard, 1997, « La polysémie : un artefact de la linguistique ? », Revue de Sémantique et Pragmatique, 2, 41-62. halshs-00009273v1
    • WINTER-FROEMEL Esme et DEMEULENAERE Axel, 2018, Jeux de mots. Textes et contextes, Berlin-Boston, De Gruyter, vol. 7 de la collection « The Dynamics of wordplay ».

    Comité d’organisation / Comité scientifique

    Comité organisateur

    Bénédicte Guillaume, Élise Mathurin, Michèle Monte, Vanessa Saint-Martin

    Université de Toulon

    Comité scientifique

    Audrey Coussy (McGill University)

    Barbara Dancygier (University of British Columbia)

    Antin Fougner Rydning (Universitetet i Oslo)

    Laure Gardelle (Université Grenoble-Alpes)

    María Isabel González-Rey (Universidad de Santiago de Compostela)

    Michelle Lecolle (Sorbonne Nouvelle)

    Laëtitia Leonarduzzi (Université d’Aix-Marseille)

    Natalia López-Cortés (Universidad de Zaragoza)

    Blandine Pennec (Université Toulouse II – Jean Jaurès)

    Myriam Ponge (Université Paris 8)

    Fabio Reggatin (Università degli Studi di Udine)

    Corinne Rossari (Université de Neuchâtel)

    Pascale Roux (Université Lumière Lyon 2)

    Mohamed Saki (Université de Bretagne Occidentale)

    Martine Sekali (Université de Nanterre)

    Denis Vigier (Université Lumière Lyon 2)

    Esme Winter-Froemel (Universität Würtzburg)

  • Colloque international « Ambigüité / ambivalence (syntaxique, sémantique ou énonciative) en linguistique »

    Lieu : Université de Toulon
    Date : les 27 et 28 novembre 2025

    Date de levée : 15 janvier 2025

    Site du colloque : https://ambiguity-tln.sciencesconf.org/resource/page/id/1

    Télécharger l’appel à communications (PDF)

    Appel à communications colloque de linguistique organisé à l’Université de Toulon les 27 et 28 novembre 2025.

    Avec le soutien du laboratoire Babel (EA 2649) de l’Université de Toulon et de l’Association des Linguistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (ALAES).

    Ambigüité / ambivalence (syntaxique, sémantique ou énonciative) en linguistique

    L’ambigüité est un concept productif en linguistique, et ferait même « partie intégrante du modèle » selon A. Culioli ([1973] 1999 : 48). Ce terme, utilisé aussi dans le langage courant et la vie quotidienne, correspond à une « intuition fondamentale [selon laquelle] quelque chose de double se dissimule sous une apparence d’unicité » (Le Goffic, 1982 : 83 – 84). Si la polysémie de certains morphèmes lexicaux ou grammaticaux engendre facilement l’ambigüité (« le secrétaire est dans le bureau », exemple emprunté à Dubois et al. 1999 : 31), cette dernière peut également se situer au niveau de la proposition et, partant, de la phrase, lorsqu’un agencement de marqueurs se prête à plusieurs interprétations : l’ambigüité syntaxique se double dès lors d’une ambigüité sémantique.

    Néanmoins, la plupart du temps, le recours à un contexte plus fourni, ou bien l’examen plus approfondi d’autres marques grammaticales ou énonciatives présentes dans l’énoncé permettent de lever l’ambigüité. En effet, de tels phénomènes engagent crucialement le rapport entre les formes linguistiques et le co(n)texte, qu’il revient au linguiste d’analyser.

    Il existe toutefois des cas dans lesquels il n’est pas possible de désambigüiser, et d’opter

    avec certitude pour une catégorie plutôt qu’une autre, dans la mesure où les indices syntaxiques ne sont pas assez parlants ou donnent des résultats contradictoires, tandis que le recours au contexte n’est pas suffisant pour éliminer l’ambigüité. Or, les linguistes ont souvent été inspirés par ces phénomènes inclassables : on pense à la « théorie du reste » de Jean-Jacques Lecercle. Il peut aussi être question, en se fondant sur une métaphore biologique, d’exemples de phénomènes « hybrides » (cf. Guillaume 2014). P. Le Goffic (1982) a pour sa part recours au concept d’« ambivalence », terme à l’origine utilisé en psychanalyse pour qualifier des états psychiques contradictoires. Pour Catherine Fuchs (1995), l’ambivalence est une forme de transgression ne pouvant se produire qu’en discours, à la différence de l’ambigüité, qui serait propre à la langue. On retrouve dans « ambivalence » la même racine latine ambo signifiant « (les) deux à la fois » (CNRTL) que dans « ambigüité », mais il semble toutefois que l’on va plus loin dans la complexité, avec des phénomènes plus hétérogènes et non réductibles à une seule signification. Dérive inévitable de l’indétermination de la langue ou produit de la stratégie discursive du locuteur, des « zones troubles » (Le Goffic 1982 : 83) sont ainsi générées, qu’il incombe à l’interlocuteur de démêler. Face à un idéal de non-équivocité, l’ambivalence comme l’ambigüité peuvent ainsi représenter un danger. Le risque accru de malentendus nous invite alors à nous questionner sur la dimension éthique de l’utilisation de ces formes duplices.

    Michel Ballard (1990 :153) avance « [qu’]à première vue, […] l’ambigüité [es]t un problème qui passionne davantage les linguistes, les stylisticiens ou les philosophes que les traductologues. » Une approche traductologique de l’ambigüité et/ou de l’ambivalence n’est pourtant pas à exclure. Face à l’ambigüité, il est nécessaire pour le traducteur de faire des choix. Lorsqu’elle est intentionnelle, l’ambigüité doit être conservée. À l’inverse, les cas d’ambigüités fortuites se doivent d’être levés (Rydning 1998). Par ailleurs, en traduction automatique, les outils actuels, de plus en plus performants, réussissent généralement à éviter les cas d’ambigüité. Cependant, l’étape de relecture et de post-édition reste le plus souvent indispensable.

    Sans exclure des approches essentiellement théoriques, ce colloque entend soumettre les concepts d’ambivalence et d’ambigüité à l’épreuve des corpus afin d’en évaluer la portée et les limites en contexte. Par conséquent, il s’agira d’appréhender les cas de dualité interprétative au sein de corpus d’étude variés, oraux ou écrits. Ceux-ci pourront être de nature diverse – publicité, littérature, discours politique, presse, communication médiée par ordinateur, données lexicographiques, etc. –, permettant ainsi une exploration étendue et transversale de ces phénomènes. Les langues à privilégier seront le français, l’anglais et l’espagnol, mais d’autres langues et d’autres familles de langues que celles-ci peuvent également être convoquées.

    Les propositions pourront s’articuler, de manière indicative et non limitative, autour des divers axes évoqués dans cet appel, notamment :

    • définitions et effets de l’ambigüité et de l’ambivalence, rôle de la polysémie et du contexte ; dans quels cas les relations entre valeur d’un morphème et contexte permettent- elles de définir les conditions favorables à une interprétation en termes d’ambivalence ?
    • le vague référentiel est-il nécessairement ambigu ? par exemple, en ce qui concerne les problèmes de délimitation du référent (pronom de première personne du pluriel en français – cf. Monte 2022 -, omission du pronom personnel sujet en espagnol…).
    • quels sont les effets possibles du dédoublement d’interprétations d’un même énoncé, pouvant être compatibles et finissant par s’amalgamer, ou bien se révélant incompatibles, mais dans le même temps impossibles à départager ?
    • sur le plan énonciatif, dans le champ du discours représenté, à quelles conditions les formes complexes de représentation du discours autre (Authiez-Revuz 2020) sont-elles source d’ambigüité ? L’on ne sait dans certains cas qui parle, et les attributions à deux sources énonciatives différentes sont parfois incompatibles, et parfois ambivalentes – la superposition des voix ou points de vue portés par les énoncés représentés faisant alors partie des ressources déployées par le locuteur/énonciateur premier (Germoni et Stolz 2019). Et que devient alors, dans la structure narrative globale, la répartition entre narration, dialogues et pensées ?
    • en traduction, est-il toujours possible d’évaluer le caractère intentionnel ou fortuit de l’ambigüité ? Quelle(s) incidence(s) la conservation ou non de l’ambigüité et/ou de l’ambivalence peuvent-elles avoir ? La question de cas intraduisibles ou d’échecs de traduction pourra également être étudiée.

    Modalités de soumission et calendrier :

    • proposition de communication anonyme (une à deux pages maximum, comportant le titre de la communication, un résumé, quelques références bibliographiques) à envoyer avant le 15 janvier 2025 en format Word et / ou pdf à l’adresse suivante :
      ambiguity-tln@sciencesconf.org
      Merci d’indiquer clairement le nom et l’affiliation de l’auteur ou des auteurs dans le corps du courriel.
    • réponse aux auteurs : au plus tard le 30 mars 2025
    • 27 et 28 novembre 2025 : colloque à l’Université de Toulon

    Comité d’organisation / Comité scientifique

    Comité organisateur

    Bénédicte Guillaume, Élise Mathurin, Michèle Monte, Vanessa Saint-Martin
    Université de Toulon

    Comité scientifique

    • Audrey Coussy (McGill University)
    • Barbara Dancygier (University of British Columbia)
    • Antin Fougner Rydning (Universitetet i Oslo)
    • Laure Gardelle (Université Grenoble-Alpes)
    • María Isabel González-Rey (Universidad de Santiago de Compostela)
    • Michelle Lecolle (Sorbonne Nouvelle)
    • Laëtitia Leonarduzzi (Université d’Aix-Marseille)
    • Natalia López-Cortés (Universidad de Zaragoza)
    • Blandine Pennec (Université Toulouse II – Jean Jaurès)
    • Myriam Ponge (Université Paris 8)
    • Fabio Reggatin (Università degli Studi di Udine)
    • Corinne Rossari (Université de Neuchâtel)
    • Pascale Roux (Université Lumière Lyon 2)
    • Mohamed Saki (Université de Bretagne Occidentale)
    • Martine Sekali (Université de Nanterre)
    • Denis Vigier (Université Lumière Lyon 2)
    • Esme Winter-Froemel (Universität Würtzburg)
  • Technologies d’écriture de l’empathie

    Date de tombée (deadline) : 31 Décembre 2024
    À : Konstanz

    Responsable :
    Gesine Hindemith, Mailyn Lübke, Selina Seibel
    Url de référence :
    https://www.romanistiktag.de/xxxix-romanistiktag/sektionen/sektion-20/

    Section transversale (linguistique et littérature) lors de la 39e journée de la romanistique
    « Constance et changement. Romanistique et nouvelles technologies » en septembre 2025
    Technologies d’écriture de l’empathie

    Dr Gesine Hindemith (Université de Stuttgart),

    Dr Mailyn Lübke (Université d’Osnabrück),

    Selina Seibel (Université de Stuttgart)

    La réalité de la vie d’aujourd’hui est celle d’une cohabitation numérique et humaine, dans laquelle les échanges passent souvent par les technologies d’écriture (Internet, terminaux mobiles, services de messagerie). Le paradigme de la communication médiatisée par ordinateur modifie les relations interpersonnelles, dont le fondement empathique ne se déroule plus seulement en face-à-face, mais doit être renégociée par le biais des technologies d’écriture numériques. La section comprend l’empathie comme une condition préalable aux processus du langage qui génèrent et représentent des prestations de compréhension et d’empathie. L’empathie recèle donc un potentiel de compréhension de texte. Pour l’ère numérique, l’empathie doit être repensée ‹ dans la tentative de combler l’espace intermédiaire entre les individus par des techniques médiatiques ou, à l’inverse, de ne créer la différence entre eux que par une mise en relation médiatique › (Breger/Breithaupt 2010 : 7). Comment l’empathie peut-elle se ressentir dans les technologies d’écriture ? D’autant plus que la question se pose à nouveau lorsque les IA deviennent des interacteurs capables de représenter l’empathie et de la rendre ainsi recevable (Misselhorn 2021). Les structures de la formation linguistique / langagière de l’empathie peuvent ainsi être étudiées. La section a pour but d’aborder pour la première fois les paramètres modifiés de la communication par les technologies d’écriture pour la cohabitation humaine et numérique, d’un point de vue linguistique et littéraire.

    Les formes de communication générées par le numérique ont récemment fait leur entrée dans la littérature romanesque contemporaine. On peut citer les romans par e-mail d’auteurs comme Virginie Despentes (Cher connard 2022) et Eric-Emmanuel Schmitt (L’elixir d’amour 2015). Les technologies d’écriture numérique sont reprises comme formes narratives constitutives ou paratextes (Éliette Abécassis : Instagrammable 2021, Milica Marinkovic : Piacere, Amelia 2016, José Luis Palma : El amor en los tiempos del chat 2013). Les plateformes de médias sociaux conduisent à un élargissement de la pratique de publication littéraire dans le domaine numérique, par exemple sur le compte Instagram Amour solitaires de Morgane Ortin, qui y littérarise des conversations en ligne. Les auteurs utilisent de plus en plus souvent l’IA dans les processus d’écriture et les premiers textes littéraires entièrement rédigés par l’IA voient le jour (Antonio Addati et IA, Memorie di un I.A. 2023). 

    Le lien entre la technique et la communication peut être observé comme une constante diachronique. Dans la perspective de l’histoire de la littérature et de la langue, il est possible de comparer les technologies d’écriture numérique avec des formes historiques (roman épistolaire du 18e siècle, formes de dialogue dans les œuvres de fiction à partir de la Renaissance). On observe ici le déplacement et l’hybridation de l’oralité et de la littéralité. A partir de la situation numérique-humaine, les questions relatives au rapport entre oralité et écriture, entre corps et technologie d’écriture, à la présence et à l’absence, à la création ou à la simulation d’empathie se posent à nouveau en termes de constance et de changement des paramètres.

    Les phénomènes de la communication numérique sont maintenant pris en compte dans le domaine linguistique (en particulier la pragmatique). Ainsi, les corpus de conversations en ligne ou les fils de discussion des médias sociaux sont de plus en plus étudiés du point de vue de leurs phénomènes et fonctions linguistiques (cf. Dürscheid/Frick 2016) et peuvent donc également être examinés du point de vue d’éventuels marqueurs d’empathie. Dans la perspective de la linguistique pragmatique et interactionnelle, on peut prendre en compte des corpus diachroniques et numériques qui contiennent du matériel sur la description et la ou les fonctions des pratiques d’écriture pour la production de représentations d’empathie textualisées de manière analogique et numérique. Ces dernières peuvent être réalisées par exemple par des objets sonores, des stratégies d’intensification et d’atténuation, des références déictiques, des processus de réparation et des auto-révélations.

    Dans le cadre de l’ « emotional turn » au tournant du millénaire, l’empathie est devenue un concept discuté, même s’il n’a pas encore été clairement défini, dans différentes disciplines (sciences cognitives, neuropsychologie, philosophie, didactique, etc.) Les premières connaissances sur la description des représentations de l’empathie d’un point de vue linguistique se réfèrent principalement à l’analyse de données allemandes (Pfänder/Gülich 2013 ; Kupetz 2015, 2020 ; Jacob/Konerding/Liebert 2020 ; Bauer 2024). Des approches visant à développer l’empathie pour la recherche narratologique existent dans les études anglophones et germanophones (Keen 2010 ; Anz 2007).

    La communication sera également abordée sous l’angle de la littérature et de la linguistique, par exemple en ce qui concerne la structuration temporelle, psychologique et séquentielle en séquences d’événements (Watzlawick 2007), en analysant la compréhension intersubjective des actions linguistiques au sein d’une conversation. Les technologies d’écriture ont une influence directe sur le déroulement d’une telle communication et influencent le choix des techniques d’émotionnalisation.

    Le projet de section part de l’hypothèse que les processus de formation de l’empathie sont structurés de manière narrative et séquentielle. L’objectif de la section transversale est d’étudier via diverses perspectives les constantes et les changements de la communication médiatico-technologique sous le signe de l’empathie. Les littératures et les langues de la Romania constituent un domaine d’étude qui offre des points de comparaison historiques, socioculturels et linguistiques : des technologies d’écriture analogiques à la communication en ligne de l’âge numérique. La section est ouverte à toutes les langues et littératures romanes.

    Questions possibles

    •     Quelles sont les fonctions des technologies d’écriture dans les processus de création d’empathie en littérature et dans la communication médiatisée par ordinateur ?

    •     Quelles méthodes peuvent être développées pour analyser les marqueurs d’empathie d’un point de vue linguistique et littéraire ?

    •     Quelles structures conceptuelles-orales et quelles pratiques socioculturelles peuvent être analysées dans les représentations écrites de l’empathie ?

    •     Comment peut-on, par le biais d’une comparaison entre l’histoire de la littérature et celle de la langue, tirer des conclusions sur les changements actuels de la communication dans la cohabitation entre l’homme et le numérique ? 

    •     Quel rôle jouent l’IA et les formes de communication générées par le numérique dans la production littéraire actuelle ? Comment les représentations de l’empathie s’y reflètent-elles ? Comment peut-on appréhender cela d’un point de vue narratologique ?

    •     Quelle est l’influence de l’ère numérique sur le langage dans une perspective littéraire et linguistique ? Quelles conséquences méthodologiques en découlent pour les pratiques d’analyse des deux disciplines ?


    Nous sommes heureux de recevoir des propositions de présentation pour notre section ! Pour cela, envoyez un exposé par e-mail à : 

    schreibtechnologien2025@outlook.de

     L’exposé doit contenir votre/vos nom(s) et affiliation(s) ainsi que le titre de votre communication et il peut comporter au maximum 4000 caractères, espaces et données bibliographiques et autres compris. La date limite de soumission d’un exposé est fixée au 31 décembre 2024. L’acceptation définitive interviendra au plus tard le 31 janvier 2025. 


    Bibliographie sélective

    Anz, Thomas: „Kulturtechniken der Emotionalisierung. Beobachtungen, Reflexionen und Vorschläge zur literaturwissenschaftlichen Gefühlsforschung“. In: Eibl, Karl; Mellmann, Katja; Zyrner, Rüdiger (Hg.): Im Rücken der Kulturen. Paderborn 2007.

    Bauer, Nathalie: „Empathiedarstellungen und Normalisierung – Metapositionierungen mit ‚natürlich‘ und ‚klar‘ in onkologischen Aufklärungsgesprächen“. In: Bauer, Nathalie; Günthner, Susanne; Schopf, Juliane: Die kommunikative Konstruktion von Normalitäten in der Medizin: Gesprächsanalytische Perspektiven. Berlin/Boston 2024, 131-156.

    Breger, Claudia; Breithaupt, Fritz: Empathie und Erzählung. Freiburg 2010.

    Bustos Tovar, Jesús José de: „Lengua común y lengua del personaje en la transición del siglo XV al XVI“. In: Vian Herrero, Ana; Baranda Leturio, Consolación: El personaje literario y su lengua en el siglo XVI. Madrid 2006, 13-40.

    Drescher, Martina: Sprachliche Affektivität. Darstellung emotionaler Beteiligung am Beispiel von Gesprächen aus dem Französischen. Tübingen 2003.

    Dürscheid, Christa; Frick, Karina: Schreiben digital. Wie das Internet unsere Alltagskommunikation verändert. Stuttgart 2016.

    Gnach, Aleksandra; Weber, Wibke; Engebretsen, Martin; Perrin, Daniel: Digital Communication and Media Linguistics. Cambridge 2023.

    Heßler Martina (Hg.): Technikemotionen. Paderborn 2020.

    Jacob, Katharina; Konerding, Klaus-Peter; Liebert, Wolf-Andreas (Hg.): Sprache und Empathie. Berlin/Boston 2020.

    Keen, Suzanne: Empathy and the Novel. New York 2007.

    Koch, Peter; Oesterreicher, Wulf: „Sprache der Nähe – Sprache der Distanz. Mündlichkeit und Schriftlichkeit im Spannungsfeld von Sprachtheorie und Sprachgeschichte“. In: Deutschmann, Olaf et al. (Hg.): Romanistisches Jahrbuch. Berlin/New York 1985, 15-43.

    Koschorke, Albrecht: Körperströme und Schriftverkehr. Mediologie des 18. Jahrhunderts. München 2003.

    Kupetz, Maxi: Empathie im Gespräch. Eine interaktionslinguistische Perspektive. Tübingen 2015.

    —    : „Sprachliche, interaktionale und kulturelle Aspekte von Empathie in sozialer Interaktion“, in: Jacob, Katharina; Konerding, Klaus-Peter; Liebert, Wolf-Andreas (Hg.) Sprache und Empathie. Berlin/Boston 2020, 141–173.

    Malinowska, Anna; Gratzke, Michael: The Materiality of Love. Essays on Affection and Cultural Practice. London 2018.

    Misselhorn, Catrin: Künstliche Intelligenz und Empathie. Von Leben mit Emotionserkennung, Sexrobotern & Co. Stuttgart 2021.

    Nabi, Robin L.; Myrick, Jessica Gall (Hg.): Emotions in the Digital World. Exploring affective experience and expression in online interactions. New York 2023.

    Ortner, Heike: Text und Emotion. Theorie, Methode und Anwendungsbeispiele emotionslinguistischer Textanalyse. Tübingen 2014.

    Pfänder, Stefan; Gülich, Elisabeth: „Zur interaktiven Konstitution von Empathie im Gesprächsverlauf. Ein Beitrag aus Sicht der linguistischen Gesprächsforschung“. In: Breyer, Thiemo (Hg.): Grenzen der Empathie. Philosophische, psychologische und anthropologische Perspektiven. München 2013, 433–457.

    Stauf, Renate; Simonis, Annette; Paulus, Jörg (Hg.): Der Liebesbrief. Schriftkultur und Medienwechsel vom 18. Jahrhundert bis zur Gegenwart. Berlin/New York 2008.

    Watzlawick, Paul: Menschliche Kommunikation. Formen, Störungen, Paradoxien. 11. Auflage. Bern 2007.

  • « Je rends chaque coup dans la langue de Césaire ». Le texte de rap, entre poésie et récit francophones

    Date de tombée (deadline) : 20 Décembre 2024
    À : Sorbonne Université – Paris

    Responsable : Sorbonne Univ., Univ. de Bourgogne, Univ. Libre de Bruxelles
    Florian Alix – Virginie Brinker – Marion Coste – Romuald Fonkoua – Laurence Rosier

    « Je rends chaque coup dans la langue de Césaire »
    Le texte de rap, entre poésie et récit francophones

    Colloque international

    Sorbonne Université / Université de Bourgogne / Université Libre de Bruxelles

    « On me tue chaque jour dans la langue de Molière
    Je rends chaque coup dans la langue de Césaire »
    Kery James, « Le poète noir »

    Le rap est un genre musical dans lequel le texte, qui est la responsabilité du MC, est d’une importance cruciale. Très fréquemment, dans les interviews, les rappeur·euses mettent en avant leur activité d’écriture comme partie essentielle de leur art. Nous voudrions par ce colloque rendre compte des phénomènes de continuité qui peuvent exister avec les autres genres poétiques et les genres narratifs des littératures francophones, tout en nous montrant sensibles aux spécificités de l’expression rap. 

    Afin d’éviter des approches textualistes qui réduiraient le rap à ses paroles[1], nous souhaitons que la dimension performée et musicale du texte soit prise en compte.  Il nous semble en effet essentiel d’inclure dans toute réflexion sur ce genre cette dimension intermédiale[2]/transmédiale[3], et de faire porter l’analyse à la fois sur le texte, la musique, l’image et les conditions de la performance, voire l’influence des circuits de distribution et de leurs acteurs et actrices[4]. Cette hybridité médiatique du rap est d’autant plus cruciale qu’elle peut amener à le voir comme une « contre-littérature[5] », telle que Bernard Mouralis a établi le terme pour de tout autres corpus. C’est une pratique qui se fait en opposition à la littérature, parce que le rap intègre d’autres procédés d’expression et parce qu’il s’est construit sur une « illégitimité paradoxale »[6] ; mais il ne cesse d’entretenir une relation avec la littérature, soit explicitement en la citant, soit implicitement en adoptant des stratégies d’écriture qui peuvent y faire écho, soit en affirmant ostensiblement ses distances avec une certaine littérature présentée comme canonique. 

    Interroger cette relation à la littérature francophone et confronter le rap aux outils d’analyse des études francophones nous semblent ainsi à même de révéler des éléments de continuité et de rupture susceptibles d’enrichir la compréhension des spécificités d’écriture de ce genre, tout en l’inscrivant dans une histoire de la pensée qui ne s’est jamais réduite à l’objet livre. Par exemple, se pencher sur la textualité du rap demande de considérer une hybridité formelle à l’aune d’une histoire culturelle marquée du sceau du politique, toutes choses que les études francophones ont développées au fil de leur évolution. Il ne s’agit donc pas de considérer le rap comme relevant des littératures africaines, caribéennes ou maghrébines, mais d’éprouver l’analyse de la textualité du rap à l’aune de méthodologies francophones, et de voir en retour ce que cette intégration du rap apporte à ces méthodologies. 

    Plusieurs axes peuvent être envisagés : 

    1)     Le texte de rap, entre récit, poésie et arts de la scène. La forme courte du texte de rap ainsi que sa réalisation orale invitent de prime abord à classer le rap dans le genre poétique, ce qui a pour intérêt de souligner la façon dont les textes de rap travaillent les rythmes des mots et leurs potentialités évocatrices. La trap par exemple propose souvent des textes sans continuité thématique évidente, dans lesquels la rupture syntaxique et thématique met en valeur la capacité d’évocation des termes[7]. Nous espérons des communications qui porteront sur les spécificités poétiques des textes de rap. Pourtant, force est de constater que les textes de rap construisent aussi des récits. Ainsi, la réflexion pourrait concerner la pratique du storytelling dans des albums (JVLIVS de SCH, L’Etrange histoire de Mr. Anderson de Laylow, Lipopette Bar d’Oxmo Puccino, pour ne citer que quelques exemples) ou des morceaux (J’pète les plombs de Disiz, Petit Frère d’IAM, la série des « Enfants du destin » de Médine), pour étudier la façon dont ces formes construisent le récit. Sans chercher à catégoriser les textes de rap, il s’agira de se montrer sensible aux dimensions poétiques et narratives des textes et à leur entremêlement. L’importance des performances scéniques invite aussi à penser l’influence des arts de la scène sur l’écriture, qui pourrait faire l’objet de communication. L’influence de l’évolution des pratiques d’écoute et des supports de diffusion, de la radio aux CD au streaming, sur les pratiques du texte pourrait aussi faire l’objet de communications. On pourrait également réfléchir à divers emprunts à l’esthétique rap, que l’on peut trouver dans des romans, des pièces de théâtre, des arts séquentiels… 

    2)     Le texte de rap comme pratique intermédiale. Dans la continuité des travaux sur la place de l’oralité dans les poésies francophones, il pourra s’agir d’étudier la façon dont le texte performé de rap joue de cette oralisation pour produire des formes textuelles nouvelles. On pourra ainsi s’intéresser à des morceaux dans lesquels le texte tient a priori une place minime, se réduisant à l’évocation disparate de thèmes et faisant la part belle aux répétitions, pour voir comment l’intérêt du texte peut tenir dans son oralisation et dans sa mise en musique, voire dans sa possible dramatisation[8]. On appréciera particulièrement les communications inscrivant ces pratiques de l’oralité dans la continuité d’autres pratiques poétiques francophones, ou en opposition avec elles. 

    3)     Les références du texte de rap. L’inscription du rap dans les poétiques francophones tient aussi aux choix des références : les travaux de Virginie Brinker ont d’ores et déjà montré la façon dont certains rappeurs et rappeuses citent les penseurs des études francophones[9], et Bettina Ghio a révélé la place de la culture littéraire scolaire dans les textes de rap[10]. Reste à étudier la façon dont le texte de rap construit des systèmes de références piochant dans divers domaines des cultures populaires, films, séries, sports, pour construire des identités francophones ouvertes à des influences mondialisées. Il ne s’agit sans doute pas uniquement de chercher une légitimité littéraire qui se ferait par clins d’œil – geste susceptible de reconduire une hiérarchisation des genres que nous souhaitons éviter – que de déplacer les références en les reconfigurant. On pourrait ainsi interroger la place des mémoires afro-descendantes et des cultures afro-américaines par l’étude des références choisies par les rappeurs et rappeuses et lire ce phénomène comme l’ouverture d’un « cosmopolitisme vernaculaire[11] », selon l’expression de Homi K. Bhabha. Dans les textes de rap, on fait allusion à des poètes français en même temps qu’à Frantz Fanon, le tout sur des musiques influencées par exemple par la rumba congolaise. S’ajoutent à ce mélange des références à des productions audiovisuelles diverses, des films de Scorsese aux séries Netflix, pour étudier les passages transmédiaux auxquels se prête le rap.

    4)     Texte de rap et persona. Dans la continuité de l’étude de la dimension narrative des textes de rap, on pourrait interroger la façon dont le corps du ou de la MC est travaillé et mis en scène pour produire du récit. Il semble ainsi évident que les rappeuses et/ou les rappeur·ses queer, minoritaires dans le rap comme dans de nombreux genres musicaux, se saisissent des opportunités et des limites imposées par leur genre pour construire des persona spécifiques. De même, les différentes performances de la masculinité[12] s’inscrivent dans la création de persona variées. Et la diversification des esthétiques liées à la pratique du rap conduit aujourd’hui à une pluralité de manières d’être une rappeuse, de Casey à Shay, en passant par Chilla. On pourrait établir le même constat sur la façon dont la race, pensée comme une construction sociale, influe sur les persona produites par les artistes. De plus, ils ou elles en jouent en fonction de positionnements esthétiques, qui dépendent des sous-genres dans lesquels chacun·e cherche à s’illustrer. Ces sous-genres impliquent des thématiques et un ton spécifique et variera ainsi la persona de qui choisit la voix du rap conscient, de la trap, du troll rap, etc. Il faudrait se rendre sensible aux stratégies de l’excès, du second degré, de la farce[13], de la figure du trickster, qui appellent à une réception interprétative des morceaux. Une réflexion sur les dynamiques genrées et racialisées à l’œuvre dans l’invention esthétique de persona sera particulièrement appréciée. 


    Comité d’organisation

    • Florian Alix, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Virginie Brinker, CPTC – Université de Bourgogne
    • Marion Coste, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Romuald Fonkoua, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Laurence Rosier – Université Libre de Bruxelles

    Comité scientifique

    • Florian Alix, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Francesca Aiuti –Université degli Studi Roma tre
    • Virginie Brinker, CPTC – Université de Bourgogne
    • Marion Coste, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Romuald Fonkoua, CELLF/CIEF – Sorbonne Université
    • Anaïs Goudmand, CELLF – Sorbonne Université
    • Magali Nachtergael, Plurielles – Université Bordeaux Montaigne 
    • Laurence Rosier – Université Libre de Bruxelles
    • Serigne Seye –Université Cheikh Anta Diop
    • Cyril Vettorato, Cerilac – Université Paris Cité 

    Calendrier

    Date limite de soumission des propositions : 20 décembre 2024. 

    Les propositions, d’une limite de 300 mots, seront accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique. Elles seront envoyées à l’adresse suivante : rapsucolloque@gmail.com

    Retour sur les propositions : début avril 2025. 

    Date du colloque : 20-21-22 novembre 2025.

    — 
    [1] Emmanuelle Carinos et Karim Hammou, « Approches du rap en français comme forme poétique », in Stéphane Hirschi, Corinne Legoy, Serge Linarès, Alexandra Saemmer et Alain Vaillant (dir.), La poésie délivrée, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2017, p. 269-284.
    [2] Karim Hammou, Une histoire du rap en France, Paris, La Découverte, 2012 ; Magali Nachtergael, Poet against the machine : une histoire technopolitique de la littérature, Marseille, Le Mot et le reste, 2020 ; Irina Rajewsky, « Le terme d’intermédialité en ébullition : 25 ans de débat », in Caroline Fischer (éd.), Intermédialités, Paris, SFLGC, 2015. 
    [3] Rémi Besson, « Prolégomènes pour une définition de l’intermédialité à l’époque contemporaine », 2014, HAL, https://univ-tlse2.hal.science/hal-01012325v2, consulté le 28 juin 2024. 
    [4] Keivan Djavadzadeh, Hot, cool and vicious : genre, race et sexualité dans le rap états-unien, Paris, Les Prairies ordinaires, 2021. 
    [5] Bernard Mouralis, Les Contre-littératures, Paris, Hermann, coll. « Fictions pensantes », 2011 [1975].
    [6] Karim Hammou, Une Histoire du rap en France, op.cit., p. 12. Voir aussi : Séverin Guillard et Marie Sonnette, « Légitimité et authenticité du hip-hop : rapports sociaux, espaces et temporalités de musiques en recomposition », Volume !, 17 :2, 2020 :2, p. 7-23.
    [7] Juliette Hubert, Esthétique de la rupture comme engagement, du corps au lyrisme, dans le rap et la pop urbaine depuis les années 2000, thèse en préparation, sous la direction de Stéphane Hirschi et Serge Lacasse, Université Polytechnique Hauts de France et Université Laval. 
    [8] Voir Cyril Vettorato, Un monde où l’on clashe : la joute verbale d’insulte dans la poétique de rue, Paris, Éditions des Archives contemporaines, 2018. 
    [9] Virginie Brinker, « Héritages de Césaire, Fanon et Glissant : enjeux politiques et identitaires des références », in Emmanuelle Carinos et Karim Hammou (dir.), Approches formelles des musiques hip-hop, Presses universitaires de Provence, coll. Chants Sons, 2020 ; « Rap français, vers une poéthique cosmopolite », in Guillaume Bridet, Virginie Brinker, Sarah Burnautzki et Xavier Garnier (dir.), Dynamiques actuelles des littératures africaines : panafricanisme, cosmopolitisme, afropolitanisme, Paris, Karthala, 2018, p. 259-270 ; « Actualité de la pensée de Fanon dans le rap de Casey », Mouvements, n° 96, 2018, p. 36-42.
    [10] Bettina Ghio, Sans faute de frappe : rap et littérature, Marseille, Le Mot et le reste, 2016. 
    [11] Homi K. Bhabha, Les Lieux de la culture, trad. Françoise Bouillot, Payot & Rivages, coll. « Petite biblio Payot », 2019 [1994], p. 17-22. 
    [12] Marion Dalibert, « Les masculinités ethnoracialisées des rappeur.euse.s dans la presse », Mouvements, n° 96, 2018, p. 22-28. 
    [13] Voir Cyril Vettorato, Un monde où l’on clashe : la joute verbale d’insulte dans la poétique de rue, op.cit.

  • Le texte de l’autre. Dialogue interdisciplinaire autour de l’intertextualité et du discours rapporté

    Date de tombée (deadline) : 15 Novembre 2024

    À : Paris (Maison de la Recherche, Sorbonne Nouvelle)

    Responsable : CRISCO

    Url de référence :
    https://crisco.unicaen.fr/appel-a-communication-le-texte-de-lautre-colloque-sur-lintertextualite/

    Le texte de l’autre. Dialogue interdisciplinaire autour de l’intertextualité et du discours rapporté

    Maison de la Recherche, Sorbonne Nouvelle

    « Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu’à interpreter les choses, et plus de livres sur les livres que sur autre subject : nous ne faisons que nous entregloser » — Montaigne, Essais, 1592, III.13.

    Si le concept d’intertextualité s’est structuré et outillé au long du xxe siècle, dans la lignée des travaux fondateurs d’auteurs comme Bakthine, Kristeva ou Barthes (Limat-Letellier, 2019), il ne faut point oublier que toute une tradition scolastique, universitaire et littéraire consiste à commenter, interpréter et citer d’autres ouvrages antérieurs pour produire un nouveau discours. Cette « entreglose », pour reprendre la citation de Montaigne que nous commentons à notre tour, compose la fondation de réflexions nouvelles, qui seront à leur tour éventuellement glosées. Pour construire ce nouveau discours, il faut instaurer entre les textes une relation de parenté ou de dialogue, de quelque façon que ce soit. C’est à ce phénomène de parenté que nous souhaitons nous intéresser lors de ce colloque qui vise à réunir historien·nes, littéraires, codicologues, linguistes et humanistes numériques.

    Au cœur des discussions que nous souhaitons mener se situe le concept d’intertextualité, soit des textes mis en relation, qu’on l’entende selon la définition de Genette de « présence effective d’un texte dans un autre » (Genette, 1982 : 8), ou que l’on considère comme Barthes que « tout texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues. » (Barthes, 1974). La relation qu’entretiennent deux énoncés a fait l’objet d’un grand nombre d’analyses et d’études, que ce soit sur le plan littéraire, mais également sur le plan de l’histoire des idées et de la linguistique et ce depuis plus d’un siècle (cf. bibliographie). L’approche structuraliste des débuts a depuis fait la place à des discours plus situés (féminisme, postcolonialisme, géographie postmoderniste etc.), dépassant le cadre de la littérature (Allen, 2022 : 171, 203). Nous proposons d’y revenir à la lumière des nouvelles avancées observées dans différents champs disciplinaires. Il arrive également que certaines recherches s’intéressent à des phénomènes d’intertextualité sans s’en douter, ainsi nous invitons toute personne s’intéressant au discours rapporté ou aux phénomènes de transmission des idées ou des textes à rejoindre nos discussions.

    Afin que nos échanges s’ancrent véritablement dans une démarche interdisciplinaire, nous poserons ainsi la question générale de ce qui peut caractériser l’intertextualité pour chaque discipline, des raisons de sa présence dans les sources et des méthodes de détection ou d’étude :

    • Que cherchons-nous concrètement lorsque nous cherchons à détecter l’intertextualité ?
    • Une fois l’intertextualité détectée, que faisons-nous de cette information ?
    • Une fois l’information enregistrée, qu’en tirons-nous ? À quelles questions de recherche cherchions-nous à répondre ?

    Les communications s’organiseront autour de trois axes principaux, mais toute proposition étudiant les propriétés et les contours de l’intertextualité, en tant que concept ou au sein d’un corpus spécifique, seront prises en considération. Bien que la langue principale du colloque soit le français, les contributions en anglais sont également acceptées. 

    Axe 1 — Dialogues historiques des textes et des idées

    Les enjeux d’intertextualité sont au cœur d’un certain nombre de disciplines scientifiques, et notamment les études littéraires et historiques qui fondent leur existence sur la citation, l’évocation et l’analyse de textes antérieurs, sources premières de leurs réflexions. Outre l’histoire et l’analyse littéraires, l’intertextualité peut notamment être signifiante pour l’histoire intellectuelle, l’histoire de l’éducation ou l’histoire religieuse, pour qui l’établissement de réseaux de citation(s) peut révéler la circulation d’idées, leur rejet ou leur acceptation. La relation aux sources textuelles, de quelque nature qu’elles soient (actes juridiques, témoignages, inscriptions, mémoires…), ne va cependant pas d’elle-même et engage à la fois une certaine perspective sur leur identité et leur traitement, et une posture spécifique du chercheur ou de la chercheuse qui étudie ces sources.

    Les contributions relevant de cet axe s’attacheront notamment à réfléchir à la façon dont les sources textuelles ont été considérées au long de l’histoire des idées et de l’histoire scientifique, de l’antiquité à la période contemporaine. Que peut révéler l’intertextualité pour les études extra-littéraires ? Quels ont été et quels sont aujourd’hui les rôles et les fonctions de l’intertextualité dans la démonstration et la conduite d’une analyse ? Quelles évolutions a subi la dimension intertextuelle, et de quelle façon ces évolutions ont-elles conditionné notre rapport au savoir ? 

    Axe 2 — Textes, marqueurs textuels et « faisceaux d’indices »

    Les mécanismes linguistiques à l’origine des phénomènes d’intertextualité relèvent de plusieurs problématiques. Ils posent d’ores et déjà des questions d’ordre morphosyntaxique, sur les structures et les mécanismes marquant l’introduction d’un discours second ou d’un énoncé allogène par rapport à un énoncé principal. Ces mécanismes sont multiples :

    • Verbes dédiés signalant, par leur sémantisme, l’introduction d’une relation intertextuelle (« comme dit / indique / signale / commente X »)        
    • Prépositions marquant l’introduction d’un discours second (« Selon X »)
    • Groupes nominaux divers (« La pensée de X », « Le texte de X », etc.)

    Les contributions s’inscrivant dans cet axe pourront interroger l’évolution de ces modèles et de ces mécanismes à travers le temps, selon différents états historiques des langues et au travers de différents types de textes. Elles interrogeront également les oppositions et relations entre les phénomènes intertextuels et des territoires proches, particulièrement les concepts de polyphonie et de discours rapporté, qui incluent sans s’y limiter la notion d’intertexte. Observe-t-on des évolutions et des répartitions des outils linguistiques selon la perspective intertextuelle des locuteurices ? Est-ce que le domaine, le genre ou la séquence textuelle influencent ces outils, et de quelles façons ? Une attention particulière sera apportée aux contributions explorant les enjeux diachroniques de ces problématiques. 

    Axe 3 — Signalement et matérialisation de l’intertextualité sur les supports traditionnels et numériques 

    Enfin, nous proposons dans un troisième temps de nous intéresser à la façon dont l’intertextualité a été repérée et signalée au sein des supports textuels eux-mêmes, et les évolutions techniques qui ont accompagné le balisage et le repérage des énoncés allogènes au sein d’un énoncé premier. Des conventions typo-dispositionnelles comme les marginalia, les manchettes, les notes, les guillemets ou les italiques, jusqu’aux hyperliens et aux métadonnées des fichiers numériques, nous désirons explorer à la fois le format de ces balises au sein de l’histoire de l’écrit mais également la façon dont ces choix visuels et intellectuels influencent le rapport aux sources et aux outils linguistiques les accompagnant.

    Notons que dans le cas des supports numériques, ce signalement de l’intertextualité a lieu à deux niveaux distincts : celui des formats de stockage[i], et celui des interfaces avec les lecteurs/annotateurs[ii]. À ces deux niveaux, ces matérialisations, parce qu’elles reflètent des modèles de ce que serait l’intertextualité, ouvrent des potentialités tout en en refermant d’autres. Les contributions relevant de cet axe pourront par exemple traiter des variations ou des continuités dans les formes qu’a pris ce signalement de l’intertextualité (sur les supports traditionnels comme numériques), les possibilités qu’elles offrent, ou encore dans les expériences plus ou moins réussies de « traduction » d’une forme dans une autre.

    [i] Chez les précurseurs comme Xanadu et la TEI, ou dans des initiatives plus récentes comme le vocabulaire d’annotation pour le Web ou les URI de fragments de textes.
    [ii] Reproduisant les conventions de lecture traditionnelles ou explorant de nouvelles conventions en ayant recours par exemple à des graphes, des dimensions multiples ou des animations.


    Bibliographie indicative

    Adam, Jean-Michel (2018). Souvent textes varient. Paris : Classiques Garnier.

    Allen, Graham (2022). Intertextuality. 3rd edition. New York : Routledge.

    Authier-Revuz, Jacqueline (2020). La Représentation du discours autre. Principes pour une description. Berlin et Boston : De Gruyter.

    Banfield, Ann (1995). Phrases sans parole. Paris : Seuil.

    Barthes, Roland (1974). « Texte (théorie du) », dans Encyclopedia Universalis.

    Birkelund, Merete, Nølke, Henning et Therkelsen, Rita (2009). « La polyphonie linguistique », Langue française, n°164.

    Bres, Jacques, Haillet, Pierre Patrick, Mellet, Sylvie, Nølke, Henning et Rosier, Laurence (dir.) 2005. Dialogisme et polyphonie. Approches linguistiques. Bruxelles : de Boeck.

    Büchler, Marco et Mellerin, Laurence (eds) (2017). « Computer-aided Processing of Intertextuality in Ancient Languages », dans Journal on Data Mining and Digital Humanities (JDMDH), special issue,

    Cerquiglini, Bernard (1981). La parole médiévale. Discours, syntaxe, texte. Paris : Les Éditions de Minuit. 

    Charolles, Michel, Fisher, Sophie et Jayez, Jacques (éds) (1990). Le Discours, représentations et interprétations. Nancy : Presses universitaires de Nancy.

    Ducrot, Oswald (1980). « Analyse de textes et linguistique de l’énonciation », dans Oswald Ducrot et al., Les mots du discours. Paris : Les Éditions de Minuit. p. 7-56. 

    —    (1984). Le Dire et le Dit. Paris : Les Éditions de Minuit. 

    —    (1989). Logique, structure, énonciation. Paris : Les Éditions de Minuit.

    Genette, Gérard (1982). Palimpsestes. La littérature au second degré. Paris : Le Seuil.

    Ide, Nancy et Véronis, Jean (1995). Text encoding initiative : Background and context. Dordrecht : Kluwer.

    Jaubert, Anne (2000). « Le discours indirect libre. Dire et montrer : approche pragmatique », dans Jaques Dürrenmatt, Sylvie Mellet et Marcel Vuillaume (dir.), Le style indirect libre et ses contextes. Amsterdam/Atlanta : Rodopi, p. 49-69. 

    Lagorgette Dominique, Oppermann-Marsaux, Evelyne et Rodriguez Somolinos, Amalia (dir.) (2006). « Énonciation et pragmatique : approche diachronique », Langue française n°149.

    Limat-Letellier, Nathalie et Miguet-Ollagnier, Marie (1998). L’intertextualité. Besançon : Presses universitaires de Franche-Comté.

    Marnette, Sophie (2006). « La signalisation du discours rapporté en français médiéval », Langue française, n° 149, p. 31-47. 

    Muñoz, Juan Manuel López, Marnette, Sophie et Rosier, Laurence (2006). « L’autocitation », Travaux de linguistique, n°52.

    Nelson, Theodor Holm (1999). « Xanalogical structure, needed now more than ever: parallel documents, deep links to content, deep versioning, and deep re-use », ACM Computing Survey, vol. 31(4),

    Nølke, Henning, Fløttum, Kjersti et Norén, Coco (2004). ScaPoLine. La théorie scandinave de la polyphonie linguistique. Paris : Kimé.

    Nølke, Henning (2001). Le regard du locuteur 2. Pour une linguistique des traces énonciatives. Paris : Kimé.

    Perrin, Laurent (éd.) (2006). « Le Sens et ses voix. Dialogisme et polyphonie en langue et en discours », Recherches linguistiques, n° 28.

    Rastier, François (2011). La mesure et le grain : Sémantique de corpus. Paris : Champion.

    Riffaterre, Michael (1971). Essai de stylistique structurale. Paris : Flammarion.

    Rodriguez Somolinos, Amalia (2000). « Locuteur, énonciateur et prise en charge. Quelques remarques sur la polyphonie en linguistique ». dans Jesus Lago et al. (dir). La Lingüística francesa en España camino del siglo XXI. Madrid : Arrecife, vol. II, p. 897-907.

    Rosier, Laurence (1999). Le discours rapporté. Histoire, théories, pratiques. Paris-Bruxelles : Duculot.

    Rubattel, Christian (1991), « Polyphonie et modularité », Cahiers de linguistique française n°11, p. 297-310.

    Tonani, Elisa (2009). « Blancs et marques du discours rapporté dans le roman français et italien », Romantisme n°146, p. 71-86.


    Informations pratiques

    • Le colloque aura lieu le 1er et le 2 juillet 2025 à Paris (Maison de la Recherche, Sorbonne Nouvelle).
    • Le colloque sera diffusé à distance, et les présentations enregistrées (sous réserve d’accord de diffusion des conférenciers et conférencières).
    • Les propositions de communication, sans mention d’auteur ou d’autrice ou de rattachement institutionnel, devront faire une page maximum (hors bibliographie).
      • Elles préciseront le titre de la communication ainsi que l’axe de travail pressenti, et devront également préciser les hypothèses de recherche, le corpus (le cas échéant), la méthode de travail et les résultats attendus.
      • Le nom et le rattachement des auteurs ou autrices, ainsi qu’une brève notice biographique, seront envoyés en parallèle dans un second document.
      • La proposition et la notice seront envoyées au format .docx ou .odt à ens-lyon.fr> et à unicaen.fr> avant le 15 novembre 2024.
    • Les contributions feront l’objet d’une publication collective après l’événement.

    Calendrier prévisionnel

    • Septembre 2024 : Envoi de l’appel
    • 15 novembre 2024 : Clôture de l’envoi des propositions
    • 15 janvier 2025 : Acceptation/Refus des propositions après avis du conseil scientifique

    Comité d’organisation

    • Jean Barré (ENS-PSL)
    • Aurélien Bénel (Université de technologie de Troyes)
    • Sarah Gaucher (Université Grenoble Alpes)
    • Mathieu Goux (Université de Caen Normandie)
    • Perrine Maurel (Sorbonne Université)
    • Laurence Mellerin (CNRS-HiSoMA)
    • Sarah Orsini (Université Grenoble Alpes)
    • Matthias Paulus (Université Rennes 2)
    • Morgane Pica (ENS de Lyon)
    • Alan Van Brackel (Université Sorbonne Nouvelle)

    Comité scientifique :

    • Jean-Michel Adam (Université de Lausanne)
    • Aurélien Berra (Paris-Nanterre)
    • Roger Chartier (EHESS)
    • Jean-Gabriel Ganascia (Sorbonne Université)
    • Dominique Lagorgette (Université de Savoie)
    • Pascale Mounier (Université de Grenoble)
    • Michel Sot (Sorbonne Université)
    • Mathieu Valette (INALCO)
  • Les voix de Maryse Condé (revue Francofonia)

    Date de tombée : 20 Octobre 2024

    Dirigé par Xavier Luce et Giuseppe Sofo
    Site de la revue : http://www.lilec.it/francofonia

    Adresse : Bologne

    Les Voix de Maryse Condé

    Francofonia

    Numéro spécial, Printemps 2025

    Dirigé par Xavier Luce et Giuseppe Sofo 

    C’est pour son « message d’humanisme moderne » qu’en 2021 l’œuvre de Maryse Condé a été primée par l’Institut de France. Le travail de Maryse Condé, tant littéraire qu’universitaire, mais aussi au sein de l’État français lorsque l’écrivaine a accepté de présider le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, « permet de mieux comprendre le débat historique sur la colonisation[1] », a souligné la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française. A la suite de son décès, le 2 avril dernier, la nation française a rendu hommage à une « indépendantiste guadeloupéenne », assurément « l’indépendantiste la plus décorée[2] » de la République, et son « œuvre-monde[3] » est aujourd’hui un classique de la littérature francophone inscrite au programme des concours nationaux et enseignée dans les classes primaires et secondaires ainsi qu’à l’université. 

    La voix et le nom de Maryse Condé incarne, dans l’héritage des Lumières, l’espérance d’un monde plus harmonieux : « Un jour viendra où la terre sera ronde et où les hommes […] n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler[4] ». 

    On voudrait dans ce numéro de Francofonia mettre en perspective le rayonnement de l’œuvre condéenne au travers de ses multiples facettes et de sa capacité à décrire les « ravages du colonialisme et du chaos postcolonial dans une langue qui est à la fois précise et époustouflante[5] », comme l’a célébré en 2018 la Nouvelle Académie suédoise de littérature. 

    Nous sollicitons par conséquent des propositions de contributions de nature diverse : des articles scientifiques consacrés à l’analyse littéraire, génétique et/ou linguistique des textes de Maryse Condé, à l’analyse du déplacement de ses textes vers d’autres langues par le biais de la traduction, à l’analyse comparative, à l’influence de l’œuvre de Condé sur l’œuvre d’autres auteurs et autrices, ainsi que des documents inédits concernant l’œuvre de Condé, des entretiens et des présentations de fonds d’archives.


    Les propositions, comprenant un titre, un résumé de la proposition et une brève notice bio-bibliographique, seront envoyées aux directeurs du numéro Xavier Luce (xavier.luce@univ-antilles.fr) et Giuseppe Sofo (giuseppe.sofo@unive.it), en indiquant dans le sujet : « Francofonia Condé », avant le 20 octobre 2024. Les articles devront être remis au plus tard le 31 décembre 2024 et le numéro paraîtra au printemps 2025. 


    Bibliographie

    Carvigan-Cassin Laura, « Introduction à l’œuvre-monde de Maryse Condé », dans Laura Carvigan-Cassin (éd.), Sans fards, mélanges en l’honneur de Maryse Condé, Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Presses universitaires des Antilles, coll. « Ecrivains de la Caraïbe 1 », 2018, pp. 17-26.

    Condé Maryse, « La colonisation fut coupable de pas mal de crimes… », sur Bibliobs, 10 juin 2017 (en ligne : https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170609.OBS0501/la-colonisation-fut-coupable-de-pas-mal-de-crimes-par-maryse-conde.html ; consulté le 30 novembre 2018).

    Condé Maryse, La Vie sans fards, Paris, J.-C. Lattès, 2012.

    Condé Maryse, « Le monde à l’envers, ou l’empire des signes revisité », dans Michaël Ferrier et Nobutaka Miura (éd.), La Tentation de la France, la tentation du Japon : regards croisés, Arles, P. Picquier, 2003, pp. 183-190.

    Cottenet-Hage Madeleine et Lydie Moudileno (éd.), Maryse Condé, une nomade inconvenante : mélanges offerts à Maryse Condé, Matoury, Ibis rouge, 2002. Couv. ill. 24 cm.

    Moudileno Lydie, « Posture insolente et visibilité littéraire de Maryse Condé », dans Claire Delahaye, Isabelle Mornat et Caroline Trotot (éd.), Femmes à l’œuvre dans la construction des savoirs : Paradoxes de la visibilité et de l’invisibilité, Champs sur Marne, LISAA éditeur, coll. « Savoirs en Texte », 2020, pp. 303-314.

    « Disparition de Maryse Condé », sur elysee.fr, 2 avril 2024 (en ligne : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/04/02/disparition-de-maryse-conde ; consulté le 10 juillet 2024).

    « Prix mondial Cino Del Duca 2021 de la Fondation Simone et Cino Del Duca, remis à Maryse Condé pour l’ensemble de son oeuvre littéraire », Institut de France, 2021.

    « The Laureate : Maryse Condé wins the the New Academy Prize in Literature », sur Den Nya Akademien, 12 octobre 2018 (en ligne : https://www.dennyaakademien.com/kopia-pa-the-finalists ; consulté le 18 octobre 2018).

    « Maryse Condé, une auteure insaisissable : un podcast à écouter en ligne », sur France Culture, rubrique « Arts et Divertissement », 15 février 2018 (en ligne : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-maryse-conde ; consulté le 10 juillet 2024).


    [1]« Prix mondial Cino Del Duca 2021 de la Fondation Simone et Cino Del Duca, remis à Maryse Condé pour l’ensemble de son oeuvre littéraire », Institut de France, 2021
    [2]« Disparition de Maryse Condé », sur elysee.fr, 2 avril 2024 (en ligne : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/04/02/disparition-de-maryse-conde ; consulté le 10 juillet 2024)
    [3]L. Carvigan-Cassin, « Introduction à l’œuvre-monde de Maryse Condé », dans L. Carvigan-Cassin (éd.), Sans fards, mélanges en l’honneur de Maryse Condé, Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Presses universitaires des Antilles, 2018, p. 17-26
    [4]M. Condé, « La colonisation fut coupable de pas mal de crimes… », sur Bibliobs, 10 juin 2017 (en ligne : https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170609.OBS0501/la-colonisation-fut-coupable-de-pas-mal-de-crimes-par-maryse-conde.html ; consulté le 30 novembre 2018)
    [5] « Maryse Condé is a grand storyteller. Her authorship belongs to world literature. In her work, she describes the ravages of colonialism and the postcolonial chaos in a language which is both precise and overwhelming. The magic, the dream and the terror is, as also love, constantly present. Fiction and reality overlap each other and people live as much in an imagined world with long and complicated traditions, as the ongoing present. Respectfully and with humour, she narrates the postcolonial insanity, disruption and abuse, but also human solidarity and warmth The dead live in her stories closely to the living in a multitudinous world where gender, race and class are constantly turned over in new constellations. », « The Laureate : Maryse Condé wins the the New Academy Prize in Literature », sur Den Nya Akademien, 12 octobre 2018 (en ligne : https://www.dennyaakademien.com/kopia-pa-the-finalists ; consulté le 18 octobre 2018).

  • Fin des mots, mots de la fin et discours sur la fin. La « fin de vie » en langue(s) et en discours (revue Atlante)

    Date de tombée (deadline) : 15 Juillet 2024

    À : Université de Lille

    Revue AtlanteLien vers l’appel

    Numéro 23, automne 2025

    Fin des mots, mots de la fin & discours sur la fin
    La fin de vie en langue(s) et en discours

    L’appel est également disponible en espagnol, italien et portugais sur le site de la revue Atlante.

    La métaphore biologique ou vitaliste… 

    Penser le fonctionnement et l’évolution des langues en termes de vie et de fin de vie n’est pas un motif nouveau – bien au contraire : la métaphore biologique ou vitaliste, qui consistait à comparer les langues à des organismes vivants, était particulièrement en vogue au XIXe siècle. Ainsi A. Schleicher comparait-il les langues à « des organismes naturels qui, en dehors de la volonté humaine et suivant des lois déterminées, naissent, croissent, se développent, vieillissent et meurent » (1868) ; ainsi A. Darmesteter filait-il la métaphore dans son ouvrage La vie des mots (1887), en étudiant les processus néologiques et de changement de sens comme des formes de naissance, d’évolution et de mort des mots. À la fin du même siècle, cette métaphore a donné lieu à de nombreux débats et critiques (Bréal 1887), dont la virulence pouvait témoigner d’une mutation profonde dans la conception de la langue : elle serait alors passée « du statut d’organisme naturel à celui d’institution » (Auroux 1979) ; une institution sociale comparable à la « monnaie », autre métaphore séculaire revenue en force pour se substituer à la première (Rey 2008). 

    … et ses renouvellements actuels

    La métaphore biologique continue toutefois d’être très utilisée dans les conversations courantes, et a été tout particulièrement visible dans de récents débats autour de certaines innovations lexicales ou morphosyntaxiques populaires et créatives comme l’écriture inclusive. L’Académie française a ainsi déclaré le 26 octobre 2017 que la langue française se trouvait « désormais en péril mortel »[1], tandis que le collectif des linguistes atterrées (2023) voit au contraire dans ces innovations un témoignage de vitalité[2] de la langue française. On pense aussi aux mouvements de revitalisation des langues en danger, qui, résistant à la mort des langues (Hagège 2000), viennent ajouter un nouvel élément à l’opposition classique entre langue vivante et langue morte. Ces problématiques actuelles renouvellent la métaphore biologique de la vie et de la fin de vie en linguistique en la remettant au goût du jour, avec des enjeux politiques et sociaux qui méritent d’être analysés.

    Par ailleurs, d’un point de vue théorique, cette même métaphore est susceptible d’être renouvelée par le récent dialogue établi avec les sciences du vivant par les approches énactivistes ou énactivisantes en linguistique (Bottineau 2017). Paradigme fondé par les biologistes chiliens Maturana et Varela, l’énaction prend sa source dans un questionnement sur la nature du vivant ; ce dernier y est caractérisé par sa capacité à régénérer ses propres composantes, comme l’arbre perd ses feuilles à l’automne pour les régénérer au printemps, ou comme les cellules du corps humain meurent et se régénèrent les unes après les autres. Une langue morte, par opposition à une langue vivante, n’est peut-être pas seulement une langue qui ne « se parle plus », mais aussi et surtout une langue dont les composantes ne se renouvellent plus ; une langue qui ne voit plus certains de ses mots, de ses structures, de ses morphèmes s’éteindre alors que s’en créent de nouveaux au fil des interactions entre les locuteurs. Une langue vivante n’est sans doute en rien comparable à un corps vivant clôturé biologiquement par une membrane ou une peau, avec une naissance et une mort précisément datables ; mais elle se caractérise par une dynamique de renouvellement permanente, au gré des interactions entre des individus multiples. De ces interactions, émerge cet ensemble cohérent et toujours en mouvement qu’est la langue, le système linguistique, dans un fonctionnement probablement comparable à celui de bien d’autres systèmes vivants complexes  – du vol d’étourneaux au banc de poissons, en passant par la fourmilière ou la ruche.

    Étudier l’obsolescence et la fin de vie de certaines composantes d’une langue, s’intéresser aux moments de basculement de certains microsystèmes, permettra d’observer le fonctionnement même de cette dynamique. 

    Fin de vie des signes : fonctionnement du système, fonctionnement des signifiants 

    La question de la fin de vie de certaines formes linguistiques, et d’un renouvellement perpétuel des langues entre néologie et obsologie, avait déjà intéressé J.-C. Chevalier et M.-F. Delport ; sous la plume de cette dernière, on lit par exemple, dans l’introduction du volume La fabrique des mots :

    Ne pourrait-on, au bout du compte, voir l’histoire de la langue comme une néologisation continue et opérant à des vitesses diverses, où la place laissée par l’évanouissement d’un mot (appelons-le « obsologie ») crée un « blanc » dans le système, qui est en soi une néologie ? Quatre cas théoriques se présenteraient : celui d’une néologie à deux faces, le « blanc » et ce qui le remplace ; celui où la néologie consiste en une suppression et une création corrélative ; celui d’une création sans suppression ; celui d’une suppression sans création compensatrice. (M.-F. Delport 2000 : 5-6)

    Ce sont plusieurs questionnements théoriques qui se posent ici. Postuler l’existence d’un « blanc » dans un système, c’est concevoir le système « langue » comme préexistant aux signes qui viendraient le remplir. C’est le concevoir comme un système pré-construit de représentation du monde, commun à toutes les langues, et que chaque langue aurait simplement à instancier par des signifiants qui lui sont propres. Une autre vision des choses est possible si l’on admet que ce sont les réseaux signifiants qui construisent le système ; si l’on admet que ces réseaux signifiants instaurent par eux-mêmes un ordre de représentation qui n’est pas commandé par une structuration préalable du monde et/ou de l’esprit. C’est à quoi invitent de récentes explorations dans le domaine du signifiant[3]. Placer le signifiant « aux commandes » suppose de repenser profondément la notion de système linguistique, et de repenser également son fonctionnement en tant que système complexe tenant du vivant. Doit-on considérer que la fin de vie d’une forme ou de structures grammaticales signifie l’appauvrissement d’un système de représentation préétabli ? Ressent-on la nécessité de remplacer le signe perdu par un autre (avec lequel il serait alors interchangeable d’un certain point de vue) ? Ou bien au contraire, la fin de vie d’une forme est-elle la trace d’un autre ordre qui est en train de se mettre en place, faisant émerger un autre système de représentation ?

    En dernier lieu, si le signifiant est le moteur de la construction du sens, alors, observer la forme même des mots – lire les signifiants – permet peut-être d’accéder à certaines conceptualisations que se donnent les locuteurs : on pourra observer la façon dont les différentes langues disent la fin (fin vs. final en espagnol ; enfin, en fin de compte, au bout du compte, finalement… en français, al fin y al cabo, finalmente, después de todo, a la postre en espagnol, et bien d’autres).


    Objectifs du numéro

    Le présent numéro se propose ainsi de problématiser les applications actuelles de la notion de fin de vie aux systèmes linguistiques, et d’en interroger les enjeux – selon les cas – théoriques et épistémologiques, ou politiques et sociaux.

    Les différentes contributions pourront notamment porter sur les thématiques suivantes (non exhaustives) :

    • Épistémologie et discussions de la métaphore biologique et vitaliste en linguistique ;
    • Analyse de discours : enjeux politiques de la métaphore biologique de la « fin de vie » dans les discours sur la fin de vie des langues, des mots ou les langues en danger ; 
    • Études de cas d’« obsologie » : fin de vie d’une forme, d’un microsystème en diachronie ;
    • Réflexions sur les limites et bornes d’un système d’un point de vue diachronique (permanences, identités et renouvellements d’un « état de langue » à l’autre), voire diatopique (netteté ou porosité des frontières dans le cadre du « contact de langue ») ;
    • Études de sémantique et pragmatique sur le lexique et la phraséologie de la fin dans les langues romanes.

    Informations pratiques

    Contact : marine.poirier@univ-lille.fr 

    • Les propositions d’articles (titre et résumé de 300 mots environ), accompagnés d’une brève notice biographique, seront à envoyer pour le 15 juillet 2024.
    • Les décisions d’acceptation seront communiquées aux auteurs pour le 15 septembre 2024.
    • Après acceptation d’une proposition d’article, les contributions sont à envoyer aux coordinateurs du dossier avant le 15 décembre 2024, délai de rigueur. Les auteurs veilleront à respecter scrupuleusement les normes de présentation disponibles à l’adresse : https://journals.openedition.org/atlante/1302
    • Les articles seront soumis à expertise par le comité scientifique, et le retour d’évaluation aux auteurs est prévu le 15 mars 2025.
    • La version définitive de l’article sera envoyée pour le 15 juin 2025.
    • Publication du numéro : automne 2025.

    Bibliographie indicative

    Auroux Sylvain, 1979, « La querelle des lois phonétiques », Lingvisticae Investigationes, 3/1, p. 1-27.

    Badir Sémir, Polis Stéphane, Provenzano François, 2016, « Actualités du modèle darwinien en linguistique », dans Cl. Blanckaert, J. Léon et D. Samain (éds.), Modélisations et sciences humaines. Figurer, interpréter, simuler, Paris : L’Harmattan, p. 271-288.

    Blestel Élodie & Fortineau-Brémond Chrystelle, 2015, « La linguistique du signifiant : fondements et prolongements », Cahiers de praxématique, 64, en ligne : https://journals.openedition.org/praxematique/3799

    Bottineau Didier, 2017, « Langagement (languaging), langage et énaction, a tale of two schools of scholars : un dialogue entre biologie et linguistique en construction », Signifiances (signifying), 1/1, p. 11-38. 

    Bréal ([1887] 2005), « L’histoire des mots », dans Essai de sémantique, Limoges : Lambert-Lucas.

    Cerquiglini & Pruvost, 2017), Les mots disparus de Pierre Larousse, Paris : Larousse.

    Chevalier Jean-Claude, Launay Michel & Molho Launay, 1984, « La raison du signifiant », Modèles linguistiques, 6/2, p. 27-41.

    Costa James (éd.), 2013, Enjeux sociaux des mouvements de revitalisation linguistique, numéro de la revue Langage & Société, n°145.

    Darmesteter Arsène, 1979 [1887], La vie des mots étudiée dans leurs significations, Paris : Champ Libre. 

    Delport Marie-France, 2000, « Avant-propos », La fabrique des mots : la néologie ibérique, Paris : Sorbonne Université Presses, p. 5-6.

    Dostie Gaetane, Diwersy Sacha & Steuckart Agnès (dir.), 2021, Entre viellissement et innovation : le changement linguistique, numéro 82 de la revue Linx. Revue des linguistes de l’université Paris X Nanterre, en ligne : https://journals.openedition.org/linx/7340

    Duchêne Alexandre & Heller Monica (éd.), 2012, Language in Late Capitalism : Pride and Profit, Routledge.

    García Mouton Pilar & Grijelmo Álex, 2011, Palabras moribundas, Madrid : Taurus. 

    Haboud Bumachar Marleen, 2023, « Desde la documentación activa a la revitalización contextualizada: experiencias con comunidades kichwahablantes en Ecuador », International Journal of the Sociology of Language, 280, p. 91-134.

    Hagège Claude, 2000, Halte à la mort des langues, Paris : Odile Jacob.

    Launay Michel, 2003, « Note sur le dogme de l’arbitraire du signe et ses possibles motivations idéologiques », Mélanges de la Casa de Velázquez, 33-2, p. 275-284, https://journals.openedition.org/mcv/227

    Les linguistes atterrées (collectif), 2023, Le français va très bien, merci, Paris : Gallimard.

    Luhmann Niklas, 2010, Systèmes sociaux : esquisse d’une théorie générale, trad. Lukas Sosoe, Québec : Presses de l’Université Laval.

    Maturana Humberto & Varela Francisco, [1972] 1994, De máquinas y seres vivos. Autopoiesis : la organización de lo vivo, Santiago de Chile, Lumen.

    Maturana Humberto & Varela Francisco, 1999, El árbol del conocimiento, Las bases biológicas del entendimiento humano. Madrid, España debate (3e éd.).

    Maturana Humberto, 1978, “Biology of Language : the Epistemology of Reality”, in George A. Miller and Elizabeth Lenneberg (eds.), Psychology and Biology of Language and Thought: Essays in Honor of Eric Lenneberg, New York, Academic Press, p. 27-63.

    Maturana Humberto, 1988, “Ontology of Observing : the Biological Foundations of Self-Consciousness and of the Physical Domain of Existence”, in Rod Donaldson (ed.), Texts in cybernetic theory : an in-depth exploration of the thought of Humberto Maturana, William T. Powers, and Ernst von Glasersfeld, Felton, American Society for Cybernetics (ASC), p. 1-53.

    Morvan Malo & al. (org), 2023, colloque La métaphore biologique dans les discours sur les langues, Université de Tours, 16-17 novembre 2023.

    Pagès Stéphane (dir.), 2017, Submorphologie et diachronie dans les langues romanes, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence.

    Pivot Bernard, 2004, 100 mots à sauver, Paris : Albin Michel.

    Poirier Marine, 2021, La coalescence en espagnol. Vers une linguistique du signifiant énactivisante. Limoges : Lambert-Lucas.

    Raimbault Jean-Claude, 2006, Les disparus du XXe siècle : les 10 000 mots disparus, les 18 000 mots apparus au XXe siècle, Nantes : Éditions du temps.

    Rey Alain, 2008, « Les mots, des immortels ? », préface à Héloïse Neefs, Les disparus du Littré, Paris : Fayard.

    Roussillon René, 2012, « Fonctions des métaphores biologiques », Libres cahiers pour la psychanalyse, 25, p. 59-82.

    Schleicher August, 1868, La théorie de Darwin et la science du langage. De l’importance du langage pour l’histoire naturelle de l’homme (trad. Pommeyrol), Paris : librairie A. Franck. 



    [1] https://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive
    [2] https://www.tract-linguistes.org/
    [3] Voir les présentations faites par Blestel & Fortineau-Brémond 2015, Poirier 2021.

  • Les révolutions de la langue – revue Orages. Littérature et culture 1760-1830 n° 24 (2025)

    Les révolutions de la langue
    Revue Orages.
    Littérature et culture 1760-1830 n° 24 (2025)

    Échéance : 15 septembre 2024

    jean-christophe.abramovici@sorbonne-universite.fr
    elise.pavy@u-bordeaux-montaigne.fr

    Revue Orages

    Le tournant des Lumières est puissamment marqué par des révolutions de la langue française. L’idée d’une langue française « régénérée », « révolutionnée » et bien sûr « révolutionnaire » [Bonnet, Roger] hante la seconde moitié et la fin du XVIIIe siècle. Le bilan de ces changements, que beaucoup espèrent définitifs, sera fortement discuté au début du XIXe siècle.
    Après avoir déploré « l’abus des mots » [Ricken, Steuckardt], le mitan du siècle impose la quête de leur « justesse » avec la réflexion sur la synonymie et la néologie [Armogathe, Dougnac, Abramovici]. Les représentations de la langue française dans les textes théoriques et fictionnels, les images et les métaphores qui la décrivent, les systèmes et les règles qui la fabriquent, ainsi que les sentiments diffus et confus qui l’entourent, développent de nouveaux imaginaires. Le mythe du « génie de la langue française » et ses attributs corollaires – clarté, rationalité, sociabilité, fixité et même perfection et universalité [Mornet, Fumaroli, Meschonnic, Siouffi] – sont remis en question et amendés. Entre 1760 et 1830, écrivains et théoriciens mettent d’abord en exergue la perfectibilité de la langue française et son mouvement – fût-il saisi et compris au sein d’une stabilité – ils examinent les malentendus et les méfaits de la communication, la part d’ombre et d’opacité de la langue, voire son fanatisme et sa folie latente. La langue française est bien perçue de façon orageuse, comparée à un fleuve qui s’élargit, profond et impétueux, ou encore à une mer qui oscille, avec sac et ressac, souvent tumultueuse.
    L’idée de ce numéro, les révolutions de la langue française, est d’étudier, du point de vue de l’histoire des idées et de l’histoire de la langue et de la littérature françaises, ce que les écrivaines et les écrivains, les théoriciens de la langue, ainsi que les hommes et les femmes engagés dans et par les mots de la Révolution, nous disent des transformations et des mutations de la langue française. Il s’agira d’analyser comment la langue française se modifie, tant au niveau du vocabulaire que de la grammaire, ou encore de la ponctuation.
    Quelles révolutions de la langue française sont concrètement réalisées ? Comment et par qui sont-elles insufflées ? De quelles manières sont-elles d’emblée jugées et interprétées ?

    Les propositions (5000 signes) sont à envoyer jusqu’au 15/09/2024 à jean-christophe.abramovici@sorbonne-universite.fr et à elise.pavy@u-bordeaux-montaigne.fr. Les articles (30 000 à 35 000 signes, notes et espaces incluses) seront à rendre le 15/03/2025. (Versions définitives après relectures mai 2025, épreuves juillet 2025, parution à l’automne 2025).

  • La langue de Jérôme Ferrari

    27 et 28 mars 2025 à l’Université de Corte (Corse)

    Joseph Dalbera (U. Corte)

    Cécile Narjoux (U. Paris Cité)

    Lien vers l’appel

    La langue de Jérôme Ferrari

    Après les recueils de contributions consacrés à « la langue » de Sylvie Germain (EUD, 2010), à celle de Laurent Mauvignier (EUD, 2012), d’Éric Chevillard (EUD, 2013), de Jean Rouaud (EUD, 2015), de Maylis de Kerangal (EUD, 2017), de Marie Darrieussecq (EUD, 2019), de Léonor de Récondo (EUD, 2021) de Régis Jauffret (EUD, 2023), de Bernard Noël (EUD, 2024), de Marie-Hélène Lafon (à paraître en 2025), nous souhaitons donc poursuivre notre investigation du matériau langagier, dans ses réalisations et ses singularisations littéraires les plus contemporaines, avec l’œuvre de Jérôme Ferrari.

    On ne compte plus, en effet, les prix pour les récits de Jérôme Ferrari, né en 1968, écrivain et philosophe, auteur de recueils de nouvelles – les premières publiées en 2001 aux éditions Albiana, à Ajaccio –, et de huit romans – dont sept, depuis 2007, chez Actes Sud. Parmi eux, Un dieu un animal (2009), reçoit le Prix Landerneau ; Où j’ai laissé mon âme (2010), le Grand Prix Poncetton SGDL et le Prix Roman France Télévisions ; Le Sermon sur la chute de Rome (2012), le Prix Goncourt ; enfin, À son image, en 2018 reçoit le Prix littéraire du Monde. 

    Jérôme Ferrari est aussi l’auteur d’essais, notamment autour de la photographie de guerre : À fendre le cœur le plus dur, paru en 2015 avec Oliver Rohe ; et de chroniques pour le journal La Croix, en 2016, qui ont été rassemblées et publiées sous le titre Il se passe quelque chose chez Flammarion en 2017. Il est également l’auteur de nombreuses traductions en français de l’œuvre corse de Marcu Biancarelli.

    Or, s’agissant de ses romans, la critique littéraire est assez unanime quant à son « style », son « écriture », sa « langue ».  À propos d’À son image, Pierre Assouline dans La République des livres parle d’« une écriture sobre, dépouillée du moindre effet lyrique mais fortement imprégnée de religieux » ; à propos du Principe (2015), il est question d’« une puissante écriture » (Patrick Beaumont, La Gazette Nord-Pas-de-Calais), qui témoigne d’« une grande maîtrise du temps et du récit » (Angélique Moreau, RCF en Berry), où l’écrivain 

    […] développ[e] une écriture toujours plus incantatoire, traversée de raies de lumières et de nébuleuses magnétiques. Particulièrement envoûtantes sont ses phrases de fin de chapitres, déroulées avec une évidence triomphale, comme des conclusions de démonstrations scientifiques, synthétiques et poétiques, ouvertes sur l’infini de la pensée. (Martine Landrot, Télérama)

    Mais c’est principalement Le Sermon sur la chute de Rome qui aura suscité le plus d’éloges quant à son style, sa « langue » :

    « une langue qui ondule comme un long serpent au soleil et que l’éditeur a raison de qualifier de « somptueuse » (Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche)

    « une langue virtuose et lyrique » (Baptiste Liger, L’Express)

    « Dans ce roman, voix du ciel et voix du sang se mêlent, donnant à l’écriture ampleur, violence, profondeur et légèreté : une merveille d’équilibre. » (Paulin Césari, Le Figaro Magazine)

    « une langue magnifique qui ne manque pas de grandeur, dans le prologue et le final, et alterne les monologues intérieurs et les dialogues serrés, le cocasse et le tragique, la poésie et le rêve, pour terminer sur le sermon, assumé, sur la chute de Rome » (Sophie Creuz, L’Echo)

    «  son écriture si profonde, proche des émotions, et pourtant pleine de recul ». (Marine Landrot, Télérama)

    « Dans cette fable philosophique, le narrateur prend à son compte les dialogues et les pensées de trois générations de personnages, qu’il pétrit dans une langue superbe pour que lève cette distance nécessaire qui rend les hommes si bouleversants et si pathétiques à la fois. »  (Olivier Maison, Marianne)

    « La phrase se lance, se développe, dévie, s’enroule sur elle-même, repart pour se déployer en beauté. L’art de l’ellipse, la maitrise de l’humour au cœur du désastre, font de ce roman l’un des plus accomplis de la rentrée littéraire ». (Thierry Gandillot, Les Echos)

    « Et ce qui frappe jusqu’au bout, c’est l’incomparable beauté de son écriture, ce phrasé si particulier, imprégné du rythme et de la musicalité des sermons du passé… mais remis au goût du jour. » (Augustin Trapenard, Elle)

    Comment donc caractériser plus précisément, plus rigoureusement le style de l’écrivain, et les procédés à l’œuvre qui font sa langue « superbe », « magnifique » ou « virtuose » ? quel est son rapport à la langue ?  et à la langue corse qu’il traduit ? comment rapporte-t-il les discours autres ?  quelle place accorde-t-il aux figures de style ? Comment décrire sa phrase, son phrasé, son rythme ?  comment travaille-t-il les formes verbales pour (se) jouer du temps ?  Quelles sont aussi bien les « tensions stylistiques » (G. Philippe) qui parcourent son œuvre et la rendent de ce point de vue reconnaissable ?  

    C’est ce que nous tenterons de découvrir lors du colloque organisé les 27 et 28 mars 2025 à l’Université de Corte (Corse), en présence de l’écrivain, afin de décrire, d’analyser, dans une perspective stylistique et linguistique, la langue et le rapport à la langue de cet écrivain « insulaire ». 

    Les actes de la journée seront publiés ultérieurement. 


    Les propositions (un titre et quelques lignes de présentation) de communication et/ ou de contribution écrite devront parvenir avant le 15 octobre 2024 par courrier électronique aux adresses suivantes :

    Joseph Dalbera (U. Corte) (dalbera_j@univ-corse.fr)

    Cécile Narjoux (U. Paris Cité) (cecilenarjoux.univpariscite@gmail.com


    Quelques références bibliographiques

    Sarah Burnautzki et Cornélia Ruhe (dir.), Chutes, ruptures et philosophie : les romans de Jérôme Ferrari, Paris, Classiques Garnier, 2018.

    C. Narjoux, « ‘comme si tous les instants du passé subsistaient simultanément, non dans l’éternité, mais dans une inconcevable permanence du présent’ – Le présent photographique de J. Ferrari dans À son image », dans Études corses, « Littératures en Corse », n° 91, décembre 2024, J. Dalbera & P. Marchetti-Leca (dir.), Albiana/ASCH.

    E. Su, « Quelques aspects de la phrase dans la trilogie de Jérôme Ferrari », dans Études corses,  « Littératures en Corse », J. Dalbera & P. Marchetti-Leca (dir.), Albiana/ASCH, à paraître en décembre 2024.

    Mathilde Zbaeren, Des mondes possibles, des romans de Jérôme Ferrari ; postface de Jérôme Meizoz ; avec une préface de Jérôme Ferrari, Archipel, 2017.

  • Non-dit(s) du genre et de la sexualité dans le roman d’expression française au XIXe siècle (revue Études littéraires)

    Date de tombée (deadline) : 15 Septembre 2024

    À : Université Laval

    Études littéraires

    Études littéraires. « Non-dit(s) du genre et de la sexualité dans le roman d’expression française au XIXe siècle »

    « [S]i le texte classique n’a rien de plus à dire que ce qu’il a dit, du moins tient-il à “laisser entendre” qu’il ne dit pas tout ». Cet aphorisme, extrait du dernier fragment de S/Z (« XCIII. Le texte pensif »), fait du « non-dit » le moteur de Sarrasine ; ainsi, Zambinella n’apparaît castrat qu’à la fin de la nouvelle de Balzac, ouverte à interprétation. « Ce ou cette Zambinella ? » se demande encore Béatrix de Rochefide, au terme du récit : « Et la marquise resta pensive. » Sans réponse, cette « pensée » du genre sexué, qui naît d’une indétermination du genre grammatical, démultiplie le(s) sens du texte / sexe balzacien : or, si l’on postule, comme Barthes, que toute action romanesque est fondée sur un silence – indispensable à l’intrigue –, ne peut-on pas réfléchir aux personnages et à leur(s) sexualité(s) en creux ou en termes de « non-dits » ? C’est re-définir la littérature, et plus particulièrement le roman, comme un instrument de « mise en discours du sexe » (Foucault) et de ses tabous, d’une part ; comme un « jeu » (Ducrot) de sur-signification / silenciation du genre (ou du sujet genré), d’autre part. 

    En 1971, dans La Théorie littéraire, Wellek et Warren écrivaient : « [u]n personnage de roman naît seulement des unités de sens, n’est fait que de phrases prononcées par lui ou sur lui ». Sur le sexe du personnage, en particulier dans le cycle des Rougon-Macquart, Philippe Hamon ajoute : « l’importance du trait sémantique de la sexualité se remarque à la fréquence des actions qui le mettent en scène dans le texte ». Et Fleur Bastin de préciser, à propos de figures féminines comme Clorinde, Sérafine ou Nana : « [l]a narration zolienne doit être pensée comme un faisceau complexe de discours masculins […] la quasi-totalité des personnages de femme[s] sont introduits dans la fiction par le biais d’une perception masculine ». Après nos observations sur Sarrasine, ces trois réflexions, qui peuvent se retourner comme un gant, nous conduisent à trois interrogations majeures : 

    • le personnage de roman n’est-il pas constitué par autant de non-dits (que « de phrases prononcées par lui ou sur lui ») ?
    • sa sexualité n’est-elle pas évoquée par autant de sous-entendus (que « d[’]actions qui l[a] mettent en scène ») ?
    • ce ou ces silences ne sont-ils pas autant de cris pour échapper à l’ordre des sexes (qu’un « faisceau complexe de discours masculins ») ?

    Telles sont les trois grandes questions qui sous-tendent un numéro thématique intitulé Non-dit(s) du genre et de la sexualité dans le roman d’expression française au XIXe siècle.

    Il s’agit de réfléchir à la façon dont le genre (défini « comme principe de différenciation qui détermine la construction des rôles sexués et qui l’organise dans des rapports de pouvoir », Zanone) se construit « entre » les lignes : comment passe-t-il à la fois pour implicite et pour naturel dans les blancs du texte, au point d’apparaître évident aux lecteur·ices – ou à certain·es d’entre eux·elles ? « Ce qui est propre aux sociétés modernes, ce n’est pas qu’elles aient voué le sexe à rester dans l’ombre, c’est qu’elles se soient vouées à en parler toujours, en le faisant valoir comme le secret ». Depuis La Volonté de savoir, on sait combien le « non-dit » (ou l’inter-dit) de la sexualité participe à la production des normes sexuelles, si bien qu’il faut relativiser l’existence de nombreux tabous : « il faut voir qu’un tabou peut en cacher un autre » (Angenot). Au(x) non-dit(s) du genre répond la « vérité du sexe » – ou la (re)naturalisation de la différence et la hiérarchie des sexes – : c’est à ce paradoxe que nous nous intéressons, entendant le « non-dit » comme une « construction culturelle, sociale et idéologique » (Schnyder et Toudoire-Surlapierre) prise dans son acception la plus large : « tout ce que le locuteur aurait voulu dire sans pour autant s’exprimer explicitement par des mots ou par des signes perceptibles et interprétables par son interlocuteur » (Berbinski).

    Méthodologiquement, penser le « non-dit », c’est pencher vers une « linguistique de la connotation » – voire de l’allusion –, chère à Barthes, lecteur de Hjemslev, ou, plus tard, à Catherine Kerbrat-Orecchioni. Quelle est la place du connotant (ce signifiant de « sens second », attaché à chaque acte d’énonciation, comme l’inflexion de la voix, la prosodie de la phrase ou le choix du registre de discours) dans l’expression de l’implicite ? La stylistique et la rhétorique connotative sont deux outils essentiels à l’analyse du « non-dit », qui plus est en littérature. On se souvient des propos de Todorov dans Communication, en 1964 : « [i]l est vrai que la littérature fait un emploi plus fréquent de la connotation que la langue parlée » ; cette particularité se vérifie dans certaines scènes de violences sexistes et sexuelles, signifiées entre les lignes par le recours au langage visuel ou non verbal. « À trois reprises, elle dit non ; mais ses yeux disaient oui, ses yeux de femmes tendre, toute à l’inexorable cruauté de sa passion » lit-on au sujet de Séverine dans La Bête humaine : refusant d’entendre le « non » d’une femme, un homme-interprète substitue un « oui » qu’il prétend lire dans ses yeux. Bien souvent chez Zola, « le corps avouant […] supplée à la révélation verbale « (Ménard). Que les romancier·ères la reprennent à leur compte ou qu’il·elles la subvertissent, cette tension entre la langue et un code imagé / corporel, qui repose sur une interprétation potentiellement abusive d’un implicite supposé, est constitutive de la représentation des violences sexuelles en littérature. Cet exemple suffit à démontrer l’importance du « non-dit » dans la construction de la domination masculine. 

    Le roman d’expression française est un terreau particulièrement fertile à l’étude du(des) non-dit(s) du genre et la sexualité au XIXe siècle. D’une part, après 1800, et plus encore après 1830, le roman acquiert ses lettres de noblesse : José-Luis Diaz a montré comment ce « genre bâtard », exclu de la poétique classique dérivée d’Aristote, s’est racheté aux yeux de la critique romantique. Important « réservoir culturel » – à l’instar du cinéma contemporain, pour reprendre la comparaison de Régine Robin –, le roman du XIXe siècle n’est pas seulement le reflet de la doxa, mais aussi le vecteur de « tout le non-dit, l’impensé, l’informulé, le refoulé […] entraîn[ant] des dérapages, des ratés, des disjonctions, des contradictions, des blancs » ; et parmi ces blancs, les « choses du sexe » se dévoilent plus ou moins implicitement. D’autre part, alors que les écrivain·es sont aux prises, sinon avec la censure, du moins avec l’encadrement administratif qui pèse sur la Librairie, du Premier Empire à la Troisième République (Mollier), la sexualité fait l’objet d’un nouvel arsenal répressif : l’outrage public aux bonnes mœurs (dont on connaît les conséquences pour Flaubert et Baudelaire, en 1857). Pourtant, au moment même où l’on observe la « multiplication des discours sur le sexe », les romancier·ères ne renoncent pas à déchirer le voile : afin d’évoquer la vie sexuelle et affective de leurs personnages en évitant l’opprobre ou des poursuites légales, ils exploitent des outils poétiques dont le « non-dit » fait partie. Ce concept est particulièrement économique : il inclut ce qui doit être tu, en vertu des lois ou des conventions sociales, mais aussi ce qui ne peut être dit, à cause de la langue et de ses lacunes. Puisque le nom prostitué, au sens d’« homme, généralement homosexuel, faisant commerce de son corps » (ou « plus rarement à des femmes », Rey), n’existe pas au XIXe siècle, les écrivain·es ont recours à des néologismes (on pense aux « entretenu[s] » de Balzac ou aux « hommes-courtisanes » de Sue) et à des figures de style (comme la métaphore ou la métonymie) : cette productivité lexicale / stylistique témoigne, dans les pratiques énonciatives extra-littéraires, d’un tabou linguistique de la prostitution masculine, en particulier hétérosexuelle.

    Nous proposons cinq approches (sociocritique, stylistique / rhétorique, narratologique, génétique, en réception) pour aborder les « non-dit(s) » du genre et de la sexualité dans le roman d’expression française au XIXe siècle.

    • Approche sociocritique

    Il s’agit d’étudier la façon dont les auteur·ices non-disent le genre et la sexualité à travers une relecture sociocritique des textes en éclairant « tout ce qui manifeste dans le roman la présence hors du roman d’une société de référence « (ou « ce par quoi le roman s’affirme lui-même comme société »). Dans un article fondateur, en 1971, Duchet avait défini la sociocritique comme « un déchiffrage du non-dit ». En confrontant des œuvres littéraires aux autres écrits de leur temps, qu’ils soient sérieux ou légers, de la médecine à la pornographie, en passant par la presse ou la chanson, on essaiera de retracer la circulation des formulations détournées des tabous sexuels au sein des discours sociaux et leurs actualisations dans la littérature. Si le XIXe siècle fixe a priori un dimorphisme sexuel et fige les rôles de genre (Laqueur), des espaces se forment, d’un texte à l’autre, où la sexualité peut s’exprimer avec une fluidité difficilement dicible ailleurs. 

    • Approche stylistique / rhétorique

    On analysera comment des textes passent le genre « sous silence » en se servant des outils de la stylistique et / ou de la rhétorique. On montrera par quelles figures les auteur·trices trouvent des chemins de traverse pour dire sans dire (ou bien contredire) certains « sexotypes » (Rosier) ou clichés sexués. La « litote », l’« ellipse », la « prétérition », comme l’ont montré Peter Schnyder et Frédérique Toudoire-Surlapierre, ou « les relations de paronymie, synonymie, antonymie, hyperonymie, hyponymie, homonymie et polysémie peuvent être sources d’enrichissements connotatifs, que les deux signifiants correspondants soient co-présents dans l’énoncé (relation in praesentia), ou que l’un sollicite paradigmatiquement l’autre (associations in absentia) » (Orecchioni). La piste ouverte par Berbinski, dans Entre dit et non-dit, pourra également être suivie : « le non-dit est en fait un dit déguisé derrière les divers mécanismes de production ». En évaluant les écarts entre dénotation / connotation dans des textes qui participent à produire les normes sexuelles, on se demandera, d’un point de vue stylistique, comment fonctionne le travail de dissimulation du signe ou de la « marque du genre » (Wittig) au sein des romans étudiés. Les œuvres inspirées des amours de Liane de Pougy et Natalie Clifford-Barney fournissent des exemples de cette « stylisation » (Butler) du tabou, qui permet de raconter des histoires interdites par le biais d’images suggestives. D’autres autrices entendent encore dévoiler crûment ce que leur temps érige en « non-dit », à l’instar d’Odette Dulac, qui, dans Le Silence des femmes (1911), fait retentir des désirs et des colères que le sexe faible est supposé cacher.

    • Approche narratologique

    Pour les romancier·ères, taire le genre peut servir à la construction de tensions narratives articulées autour de la dissimulation du « vrai sexe » de leurs héros·ïnes, sinon de sa négation : c’est le cas pour certain·es membres des Rougon-Macquart, comme Miette, dont les traits féminins ne s’affirment qu’à l’adolescence. Les écrivain·es peuvent cacher ces « secrets », féconds en suspense, à leurs lecteur·ices en les tiraillant entre les points de vue de personnages sachants / ignorants – contradictions que résout le narrateur omniscient à la fin du roman. Ainsi, certains signes du récit n’acquièrent leur signification qu’en conclusion, quand tel actant se révèle être femme, tandis qu’on l’avait cru homme : on pense à Mademoiselle de Maupin de Gautier. Chez André Léo, alias Victoire-Léodile Béra, dans Aline-Ali, le personnage éponyme, au prénom double, fait aussi l’expérience d’une histoire amoureuse sous une identité de genre (dé)jouée. Ce n’est qu’au dénouement de l’intrigue que le signifiant du « non-dit » se remplit et permet aux lecteur·ices la réinterprétation d’indices linguistiques ou physiques a posteriori : ce sont « les hanches conformées comme celles d’une femme » de Lucien de Rubempré, dont le sens ne s’éclaire qu’à la lumière de la relation homoérotique qu’il noue avec Carlos Herrera / Vautrin à la fin d’Illusions perdues

    • Approche génétique

    Le décryptage génétique des « non-dits » du(es) texte(s) est une autre voie possible : les brouillons de certain·es écrivain·es sont-ils plus explicites que leurs œuvres, une fois publiées, à propos des libertés qu’il·elles prennent – ou voudraient prendre – avec les représentations admises du genre et de la sexualité ? Quelles corrections effectuent-il·elles avant la publication de leurs œuvres ? Parmi ces modifications, lesquelles relèvent d’une auto-censure de la part des auteur·ices ou bien d’une intervention extérieure pour masquer leurs témérités (voire, en amont, les astreindre à l’implicitation) ? Les brouillons de Flaubert fournissent un exemple remarquable de ce travail de « gaze » de la sexualité : si ses premiers plans sont d’une crudité étonnante au sujet du désir d’Emma Bovary, Flaubert tâche ensuite, dit-il, « d’être boutonné ». Même constat pour Zola sur Maxime Rougon : Hortense Delair et Michael Rosenfeld ont montré combien l’auteur a cherché à euphémiser l’homosexualité du jeune homme (dont les hanches rappellent celles de Lucien de Rubempré), des dossiers préparatoires à la publication de La Curée. Comment les romancier·ères procèdent-il·elles pour rhabiller les fantasmes et les angoisses qu’ils entendent décrire, puis que reste-t-il d’assez transparent pour provoquer un scandale, voire un procès après la publication de leurs textes en feuilleton ou en volume ?

    • Approche en réception

    Ne pas dire, c’est aussi faire comprendre implicitement : certains outils à l’œuvre dans l’expression du « non-dit » « permettent au locuteur de susciter certaines opinions chez le destinataire sans prendre le risque de les formuler lui-même ; [ils] permettent donc de faire croire sans avoir dit ». Et Ducrot d’ajouter : « Mais on demande souvent à l’implicite de répondre à une exigence beaucoup plus forte. Il ne s’agit pas seulement de faire croire, il s’agit de dire sans avoir dit » – au risque de « banalise[r] toutes les méprises » (Kartsnidou et Litsardaki). Comment fonctionne cette compréhension de l’interdit sexuel, qu’il soit réprimé par l’opinion, la censure ou, plus fondamentalement, l’absence de mots pour l’exprimer ? Quels jeux de connivence sont employés par les écrivain·es pour que leurs lecteur·ices entendent ce que les romans ne veulent, ne peuvent ou ne doivent pas exprimer clairement ? Qu’est-ce qui ne se veut intelligible qu’aux yeux d’un lectorat d’hommes adultes et par quelles allusions ces clins d’œil se fabriquent-ils ? Au contraire, qu’est-ce qui apparaît évident pour les contemporain·es du XIXe siècle et tend à échapper au public actuel ? On ouvrira la réflexion en se demandant comment les textes reposent sur « une part d’indécision qu’il revient au lecteur de lever (ou non) » (Schnyder et Toudoire-Surlapierre).

    Les propositions d’articles, comprenant un résumé d’environ trois cents mots, ainsi qu’une courte bio-bibliographie, doivent être envoyées avant le 15 septembre 2024 à revueel@lit.ulaval.ca et nonditsdugenre@gmail.com.

    Une réponse sera communiquée par le comité éditorial de la revue et les directeur·ices du numéro avant le 30 septembre 2024 (pour une première réception des articles le 15 janvier 2025).

    Bibliographie indicative

    Angenot Marc, « Théorie du discours social. Notions de topographie des discours et de coupures cognitives », COnTEXTES, n°1 (2006), disponible en ligne [https://journals.openedition.org /contextes/51].

    Barthes Roland, S/Z, Paris, Éditions du Seuil, 1970.

    Bastin Fleur, « La femme dans le roman zolien. Idéologies du style », Romantisme, n°161 (2013), p. 101-114.

    Butler Judith, Trouble dans le genre. Le Féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La Découverte, 2005. 

    Berbinski Sonia (dir.), Entre Dit et Non-Dit, Éditions Universitaires Européennes, Saarbrücken, 2016.

    Delair Hortense et Rosenfeld Michael, « Caviarder La Curée. Genre et sexualité en jeu dans les réécritures zoliennes », Les Cahiers naturalistes, n°96 (2022), p. 119-133.

    Diaz José-Luis, « Conquêtes du roman (1800-1850) », Romantisme, n°160 (2013), p. 3-10. 

    Duchet Claude, « Pour une socio-critique ou variations sur un incipit », Littérature, n°1 (1971), p. 5-14.

    – , « Une écriture de la socialité », Poétique, n°16 (1973), p. 446-454.

    Ducrot Oswald, Dire et ne pas dire. Principes de sémantiques linguistiques, Paris, Hermann, 1972.

    Foucault Michel, Histoire de la sexualité, Paris, Gallimard, 1976-2018. 

    Hamon Philippe, Le Personnel du roman. Le Système des personnages dans les Rougon-Macquart d’Émile Zola, Genève, Droz, 1983.

    Hjemslev Louis, Essais linguistiques, Paris, Éditions de Minuit, 1971.

    Kartsnidou Chryssi et Litsardaki Maria, « Éditorial. Le non-dit dans la littérature française », Syn-thèses, n°1 (2008), disponible en ligne [https://ejournals.lib.auth.gr/syn-theses/article /view/9282]

    Kerbrat-Orecchioni Catherine, La Connotation, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1977. 

    Laqueur Thomas, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, Paris, Gallimard, 1992. 

    Ménard Sophie, Émile Zola et les aveux du corps. Les savoirs du roman naturaliste, Paris, Classiques Garnier, 2014. 

    Mollier Yves, « La Censure en France au XIXe siècle », Mélanges de l’école française de Rome, n°121-122 (2009), p. 331-340.

    Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires le Robert, 1992. 

    – , Dictionnaire culturel en langue française, Paris, Dictionnaires le Robert, 2005. 

    Robin Régine, « Pour une sociopoétique de l’imaginaire social », dans Neefs Jacques et Ropars Marie-Claire (dir.), La Politique du texte. Enjeux sociocritiques. Pour Duchet, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1992, p. 95-121.

    Rosier Laurence, De l’insulte… aux femmes. Un essai linguistique sur les insultes faites aux femmes, Bruxelles, 180°, 2017. 

    Schnyder Peter et Toudoire-Surlapierre Frédérique (dir.), Ne pas dire. Pour une étude du non-dit dans la littérature et la culture européennes, Paris, Classiques Garnier, 2013. 

    Todorov Tzvetan, « La Description et la signification en littérature », Communication, n°4 (1964), p. 33-39. 

    Wellek René et Warren Austin, La Théorie littéraire, Paris, Éditions du Seuil, 1971. 

    Wittig Monique, “The Mark of Gender”, Feminist Issues, n°5 (1985), p. 3-13.

    Zanone Damien, « Introduction. Questions de genre au XIXe siècle », Romantisme, n°179 (2018), p. 5-11.