Catégorie : Appels à communications

  • VocUM 2024 : Langage et (dés)information

    Date limite pour soumettre une proposition :
    31 juillet 2024

    Avis d’acceptation des propositions :
    septembre 2024

    Colloque (en présentiel à l’Université de Montréal) : 14 et 15 novembre 2024

    https://vocum.ca

    Qu’est-ce que [Voc]UM ?

    VocUM, né d’une initiative d’étudiant·e·s de l’Université de Montréal, est l’unique colloque interdisciplinaire et international sur le langage à Montréal. Sa mission est de réunir les jeunes chercheur·euse·s en leur offrant un espace leur permettant de diffuser les résultats de leurs recherches. Il leur est ainsi possible d’une part de développer leurs aptitudes à la communication orale en participant au colloque étudiant annuel, et d’autre part de parfaire leurs capacités de rédaction en publiant des articles dans la revue ScriptUM. Pour ce faire, le langage a été ciblé comme point de convergence pour faciliter le dialogue entre des disciplines autrement isolées les unes des autres.

    Le Colloque, fondé en 2014, en est désormais à sa onzième édition. En plus des conférences présentées par de jeunes chercheur·euse·s et deux plénières, le programme comprendra une séance de présentations par affiches.

    Thème du Colloque

    Le terme ‘information’, du latin formare signifiant « mettre en forme », implique dans son essence le processus de façonner une idée, une représentation, ou bien un concept. Dans l’Antiquité tardive, ce mot acquiert une connotation sociale et interpersonnelle, évoquant le processus de transmission de connaissances ou de vérités, ou même l’acte d’instruire et d’éduquer. Or de la transmission neuronale aux ondes électromagnétiques en passant par les discours politiques et religieux, l’information est partout et change de forme selon les domaines. La 11e édition du colloque VocUM est l’occasion d’interroger les différents visages que l’information et la désinformation prennent, de leur transmission à leur réception et à toutes les étapes intermédiaires. Les médias (nouvelles quotidiennes, bulletins météo) ont développé leur propre langage, et sont le terrain de divers phénomènes de désinformation. Que ce soit les lanceurs d’alertes, le climatoscepticisme, et la diffamation à l’encontre de certaines personnes ou communautés, ces manifestations induisent une érosion de la confiance du public envers les institutions et se traduisent par une nécessité de vérifier les informations qui circulent.

    Alors que le terme ‘information’ remonte à une époque très ancienne, son antonyme s’avère bien plus récent. En effet, le mot ‘désinformation’ a vraisemblablement été emprunté au russe дезинформация (dezinformatsiya) dans le contexte de la Guerre froide pour définir la propagation de fausses nouvelles dans le but d’induire en erreur l’opinion publique. Popularisé dans le domaine anglophone dans les années 1980 et initialement liée aux stratégies de manipulation politique, la désinformation a ensuite été étendue pour inclure toute communication gouvernementale (propagande) contenant intentionnellement des informations fausses et trompeuses. Ainsi, la ‘désinformation’ souligne la propagation délibérée de mensonges et de tromperies dans le but de manipuler les perceptions et les opinions. Notons à cet égard que l’anglais distingue pour sa part la ‘misinformation’’ simplement erronée, de la ‘disinformation’ intentionnellement fallacieuse.

    En cela, les réflexions liées à l’information et à la désinformation touchent un grand nombre de domaines de recherche : en littérature et en traductologie, le genre littéraire (autobiographie, essai, poésie) et le contexte de réception influent sur notre compréhension de l’information. De nombreux écrivain·e·s jouent d’ailleurs à brouiller la frontière entre le réel et la fiction, que l’on pense à l’autofiction – qui joue entre autobiographie et genre romanesque – ou aux écritures d’inspiration documentaire.  Le choix des stratégies de traduction va, par exemple, dépendre de la nature du texte, du public visé, et de la situation historique, culturelle (enjeux des transferts culturels) ou politique (récits nationaux et identitaires) de production et de réception. 

    Un cadre important de propagation de l’information est le milieu académique, où l’intégrité scientifique est au cœur de nombreux enjeux (libre accès, plagiat, usage d’intelligence artificielle, pseudoscientifiques). Les questions de censures intellectuelles (interdiction de livres, inégalité de la répartition des fonds) et de restrictions d’accès à l’éducation (inégalités de genre, de classe) forment également des obstacles au droit à l’information.

    L’intersection du langage et de la (dés)information évoque aussi la question des idées reçues sur les langues et leurs usages. Qu’il s’agisse des perceptions linguistiques, du rapport souvent méconnu entre une langue standard donnée et les diverses formes vernaculaires qui en existent, ou encore de l’impact de cet ensemble de représentations linguistiques sur l’enseignement d’une langue sur son apprentissage : la relation complexe qu’un locutorat entretient avec la réalité de ses pratiques langagières soulèvent d’autres questions relevant de la (dés)information.

    En matière d’accessibilité, l’ère du numérique soulève pour sa part plusieurs enjeux, tout en ouvrant par le fait même de nouveaux horizons. Pensons par exemple aux corpus et archives en tout genre qui sont de plus en plus digitalisés – au coût cependant de l’accès direct à l’information dans sa matérialité. Outre l’aspect juridique de l’accès à l’information, mentionnons entre autres la tendance croissante dans certains pays comme la Suède et l’Allemagne à se prémunir d’une législation obligeant le recours à un langage clair et accessible pour s’adresser au public, afin que les discours politiques officiels ou encore les plaques muséales informatives puissent être compris·e·s par toustes.

    Mais alors que le terme ‘intelligence artificielle’ (IA) est sur toutes les lèvres, les derniers avancements technologiques en la matière apportent leur lot de défis. Les changements fulgurants des progrès en IA générative au cours des dernières années ne cessent de brasser les cartes : vue comme une source d’information par les un·e·s et décriée comme un outil de désinformation par les autres, la question de l’IA ne pouvait être laissée sous silence dans la perspective du thème de cette année.

    Qui est admissible ?

    Les propositions pour VocUM 2024 – Langage et (dés)information pourront entre autres s’inscrire dans les disciplines suivantes :

    Acquisition du langageJournalisme
    Aménagement linguistiqueLinguistique
    Analyse du discours Littérature
    AnthropologieMusicologie
    Communication Neurosciences 
    Didactique des languesOrthophonie
    DroitPhilosophie du langage
    EthnologieSanté publique
    Études classiquesSciences politiques
    EthnolinguistiqueSociolinguistique
    HistoireSociologie
    Histoire de l’artTraduction et traductologie
    Informatique et intelligence artificielleTraitement automatique des langues

    Afin de rejoindre une grande variété de présentateur·trice·s, le colloque VocUM 2024 comportera des séances de communications, d’une durée de 15 à 20 minutes suivies d’une période de questions, ainsi qu’une plage horaire exclusive consacrée aux présentations par affiches. Les étudiant·e·s de tous les cycles sont invité·e·s à soumettre leur projet, en précisant si leur soumission doit être considérée pour une communication ou une affiche (à la discrétion du comité évaluateur), ou seulement pour une affiche.

    Merci de nous faire parvenir vos propositions de communication au plus tard le dimanche 31 juillet 2024 par le biais dece formulaire. Elles doivent être composées d’un maximum de 300 mots et soumises à l’aide du formulaire électronique accessible sur le site Web de VocUM. Le comité scientifique accepte des propositions en français, anglais, espagnol, italien ou allemand. Cependant, la diffusion du savoir en français est fortement encouragée.

    Dates à retenir

    Date limite pour soumettre une proposition : 31 juillet 2024

    Avis d’acceptation des propositions : septembre 2024

    Colloque (en présentiel à l’Université de Montréal) : 14 et 15 novembre 2024

    Pour plus d’informations : http://vocum.ca, info@vocum.ca

    Bibliographie

    Œuvres critiques

    Acke, Daniel. « Révisionnisme et négationnisme » dans Témoigner. Entre histoire et mémoire, vol. 122, 2016, p. 53−63.

    Aristote. Réfutations sophistiques, IVe siècle av. J.-C.

    Bernays, Edward. Propaganda, New York, Horace Liveright, 1928.

    Bourdieu, Pierre. « L’opinion publique n’existe pas » dans Les Temps modernes, n°318, janvier 1973, p. 1292−1309.

    Chomsky, Noam et Robert W. McChesney. Propagande, médias et démocratie [trad. Liria Arcal et Louis de Bellefeuille], Montréal, Écosociété, 2005.

    Colon, David. Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain, Paris, Flammarion, 2021.

    Decout, Maxime. Pouvoirs de l’imposture, Paris, Minuit, 2018.

    ————. En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire, Paris, Minuit, 2015.

    Halimi, Serge. Les nouveaux chiens de garde, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1997.

    Jacquard, Roland. La Guerre du mensonge : histoire secrète de la désinformation, Paris, Plon, 1986

    McWhorther, John. What Language Is: And What It Isn’t and What It Could Be, New York, Gotham Books, 2011. 

    Melançon, Benoît. Le niveau baisse! et autres idées reçues sur la langue, Montréal, Del Busso, 2015.

    Lejeune, Philippe. Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975.

    Pratte, André. Les oiseaux de malheur : essai sur les médias d’aujourd’hui, Montréal, VLB éditeur, 2000.

    Ponsonby, Arthur. Falsehood in War-time, Containing an Assortment of Lies Circulated Throughout the Nations During the Great War, London, Garland publishing company, 1928.

    Quivy, Vincent. Incroyables mais faux! Histoires de complots de JFK au COVID-19, Paris, Seuil, 2020.

    Reboul, Anne. « Le paradoxe du mensonge dans la théorie des actes de langage » dans Cahiers de linguistique française, n°13, Université de Genève, Suisse, 1992, p. 125−147.

    Robert, Anne-Cécile. Dernières nouvelles du mensonge, Montréal, Lux Éditeur, 2021.

    Scholar, Richard et Alexis Tadié. Fiction and the Frontiers of Knowledge in Europe 1500−1800, Burlington/London, Aldershot publishing/Routledge,  2016 [2011].

    Schopenhauer, Arthur. Eristische Dialektik, die Kunst Recht zu behalten [L’art d’avoir toujours raison ou La dialectique éristique], 1864.

    Tadié, Alexis. « Fiction et vérité à l’époque moderne », Philosophiques, vol. 40, n°1, printemps 2013, p. 71−85.

    Shultz, Richard H. et Roy Godson. Dezinformatsia: Active Measures in Soviet Strategy, Washington, Pergamon-Brassey’s, 1984.

    Yaguello, Marina. Catalogue des idées reçues sur la langue, Paris, Seuil 1988.

    Œuvres artistiques

    Aristophane. Les nuées, Ve siècle av. J.-C.

    Atwood, Margaret. The Handmaid’s Tale, Toronto, McClelland & Stewart, 1985.

    Beigbeder, Frédéric. 99 Francs, Paris, Grasset & Fasquelle, 2000.

    Bello, Antoine. Les falsificateurs, Paris, Gallimard, 2007.

    Bernard, Olivier. Le Pharmachien [3 volumes], Montréal, Éditions les Malins, 2014.

    Carrère, Emmanuel. L’adversaire, Paris, P.O.L., 2000.

    Collodi, Carlo. Le avventure di Pinocchio. Storia di un burattino [Les Aventures de Pinocchio : histoire d’un pantin], Firenze, Paggi, 1883.

    Dick, Philip K. The Man in the High Castle, New York, G. P. Putnam’s Sons, 1962.

    Gravel, Élise. Alerte : culottes meurtrières! Fausses nouvelles, désinformation et théories du complot, Scholastic Canada, 2023.

    Lindon, Mathieu. Le procès de Jean-Marie Le Pen, Paris, P.O.L., 1998.

    Louatah, Sabri. 404, Paris, Flammarion, 2019.

    Modiano, Patrick. La Place de l’Étoile, Paris, Gallimard, 1968.

    Orwell, George. Nineteen Eighty-Four, London, Secker & Warburg, 1949.

    Platon. Euthydème, IVe siècle av. J.-C.

    Rossini, Gioachino. « La calunnia è un venticello [Air de la calomnie] », Il barbiere di Siviglia [Le Barbier de Séville]  livret de Cesare Sterbini, 1816.

    Volkoff, Vladimir. Le montage, Paris, Julliard, 1982.

  • Sociopoétiques

    CELIS (UR 4280) de l’Université Clermont Auvergne

    Responsable : Alain Montandon

    Date de tombée : 30 Mars 2024

    La revue Sociopoétiques (http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques) lance un appel à articles pour la rubrique varia de ses neuvième et dixième numéro, à paraître respectivement à l’automne 2024 et 2025. 

    Ces textes, d’une longueur maximale de 30 000 signes (notes et espaces compris), doivent respecter les normes de publication https://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=1127.

    Les propositions d’articles doivent être adressées, avant le 30 mars 2024 pour une parution en 2024, à Alain Montandon (Alain.MONTANDON@uca.fr), accompagnés d’une notice bio-bibliographique rédigée sur un document séparé.

    Le comité de rédaction de la revue attire l’attention des contributeurs sur le fait que ces derniers devront veiller à bien inscrire leur texte dans la perspective sociopoétique, qui constitue la ligne éditoriale de notre revue. 

    Il s’agira en effet d’analyser la manière dont les représentations et l’imaginaire social informent le texte dans son écriture même. Nous renvoyons pour une définition plus approfondie à l’article définissant la sociopoétique paru dans le premier numéro de notre revue : http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=640

  • Delphine de Germaine de Staël

    Lectures du CRP19 – Dixième édition

    21 septembre 2024
    Avec le soutien du CRP19

    Responsable : Adrien Peuple & Inji Hwang
    Url : http://www.crp19.org
    Adresse : Paris, Maison de la Recherche de l’université Paris 3 – Sorbonne nouvelle, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris

    Date de tombée : 30 Avril 2024

    Résumé

    Depuis plusieurs années, les « Lectures du CRP19 (centre de recherche sur les poétiques du XIXe siècle) », organisées par les doctorantes et les doctorants du Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle, s’intéressent aux œuvres méconnues d’auteur·rice·s consacré.e.s. La dixième édition propose cette année de redécouvrir Delphine (1802) de Germaine de Staël.

    Argumentaire

    Depuis plusieurs années, les « Lectures du CRP19 », organisées par les doctorantes et les doctorants du Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle, laboratoire rattaché à l’ED 120 de l’Université Sorbonne Nouvelle, s’intéressent aux œuvres méconnues d’auteur·rice·s consacré·e·s. La dixième édition propose cette année de redécouvrir Delphine (1802) de Germaine de Staël.

    Delphine (1802) occupe une place primordiale dans la carrière littéraire de Germaine de Staël. Après avoir rédigé des essais politiques et littéraires, Staël s’engage résolument dans le roman[1]. Cette transition traduit une volonté d’expérimenter ses théories sur la fiction, énoncées dans son Essai sur les fictions (1795) puis dans De la littérature (1800), qui promeuvent tous deux un roman moderne. « Après avoir prouvé que j’avais l’esprit sérieux, il faut, s’il se peut, tâcher de le faire oublier, et populariser sa réputation auprès des femmes[2] », écrit-elle à Carl Gustaf von Brinkman, le 27 avril 1800. À peine De la littérature vient-il d’être édité que Staël se met aussitôt à composer un roman. C’est dire que la rédaction de Delphine est engagée dans la continuité de son essai littéraire et que si Staël s’aventure dans la carrière soi-disant féminine du roman, elle cherche à le révolutionner. 

    La littérature, face aux désastres de la « Terreur » et de ses rouages démagogiques, ne peut être indifférente à la réalité sociale. D’après Lucia Omacini, la plupart des romans épistolaires produits entre 1790-1830 font fi de l’actualité révolutionnaire[3]. Or, la trame épistolaire du roman de Staël prend à bras le corps la réalité de la Révolution. À travers les questions éthiques, mises en lien avec le politique, que soulèvent le roman, Delphine est un véritable brûlot libéral qui fait sensation lors de sa publication. 

    Ce roman est un succès commercial, puisqu’aux dires du journaliste Pierre‑Louis Roederer les Parisiens délaissent les spectacles et les cérémonies religieuses pour dévorer ce chef‑d’œuvre[4], qui suscite cependant de nombreuses controverses. Beaucoup de détracteurs reprochent à Staël son geste subversif, celui de contrer les conciliations idéologiques en cours entre césarisme montant et réaction religieuse. Le Journal des débats fustige Delphine comme un roman « dangereux » qui non seulement « calomnie la religion catholique » mais en plus véhicule des « principes » « très anti-sociaux »[5]. Ce roman est controversé d’autant plus qu’il soulève les questions propres à la condition féminine.

    Depuis quelques années le roman Delphine connaît un regain d’intérêt. Lors du bicentenaire de la mort de Staël, Delphine a connu deux rééditions importantes, celles de Catriona Seth pour la Bibliothèque de la Pléiade et d’Aurélie Foglia pour la collection « Folio classique ». Les recherches récentes de Stéphanie Genand ont remis en valeur la notoriété de ce roman[6]. Ainsi cet intérêt justifie-t-il à ce titre de rouvrir le dossier Delphine.

    Pour mieux cerner les enjeux de Delphine et creuser de nouvelles perspectives, la journée d’étude pourrait privilégier les approches suivantes :

    Approche génétique et générique

    – Il serait intéressant de partir des brouillons et des ébauches du roman Delphine, publiés dans la précieuse édition de Lucia Omacini et de Simone Balayé chez Droz[7], pour évaluer les différences esthétiques et poétiques qui apparaissent entre l’esquisse romanesque et l’œuvre finale. 

    – L’approche génétique pourrait aussi se focaliser sur la préface et la postface de Staël qui encadrent le récit et orientent la lecture. 

    – Nous pourrions nous demander à quels genres littéraires le roman emprunte ses codes poétiques. Bien que le roman reprenne les poncifs du roman sentimental, en quoi les détourne-t-il ou les renouvelle-t-il ? 

    – Cette approche générique et génétique pourrait également s’intéresser aux intertextes du roman : par exemple en interrogeant le dialogue critique que Staël établit entre son roman et La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau. On pourra plus généralement s’interroger sur le dialogue avec d’autres auteur.e.s (Goethe, Charrière…). 

    Approche poétique et esthétique

    – Alors que Les Liaisons dangereuses marquent un apogée du roman épistolaire en 1782, nous pourrions comparer les stratégies poétiques mises en place dans Delphine ainsi que dans d’autres romans épistolaires contemporains, à l’instar d’Aline et Valcour (1793) de Sade ou d’Aldomen (1794) et d’Oberman (1804) de Senancour. 

    – Si Isabelle Guillot s’est chargé d’analyser la fonction du portrait et des peintures au sein de la trame narrative de Delphine[8], nous pourrions ouvrir de nouvelles perspectives en nous intéressant à la place stratégique des dialogues, véritables scènes herméneutiques et heuristiques dans lesquelles les personnages sont poussés dans leur retranchement. On pourra aussi observer comment Staël module la forme romanesque. 

    – Le roman se situe dans la transition complexe du ‘moment 1800’. Nous pourrions nous demander en quoi le roman établit un bilan critique des Lumières, mais aussi quelle serait son identité « romantique ». 

    – Nous pourrions aussi interroger le rapport entre « Histoire » et « histoire » et mieux interroger l’écriture paradoxalement politique de cette œuvre. Quelle écriture de l’Histoire Staël définit-elle à travers la fiction ?

    – Une réflexion sur la notion du « tragique » serait tout autant la bienvenue du fait que le canevas de ce roman épistolaire repose sur le rapport impossible et retardé entre Léonce et Delphine. D’ailleurs Staël n’écrit-elle pas à Adèle Pastoret « [qu’] [elle] cherche des sujets de tragédie[9] » pour composer son roman ?

     Approche thématique

    – Nombreux sont les thèmes qui cristallisent les enjeux du roman comme la « mélancolie » ou « l’enthousiasme ». La notion de « pitié » aussi revient de manière constante et s’impose comme point cardinal de l’éthique staëlienne. Par ailleurs, la question de « l’opinion » est centrale. 

    – De même, la question religieuse est à creuser. Le roman déprécie le catholicisme à travers la dévotion fanatique de Matilde. En revanche, le protestantisme se présente sous de meilleurs auspices. Mais ce binarisme n’est-il pas à nuancer d’autant plus que Delphine ne professe aucun culte et se prononce en faveur du déisme ?

    – Stéphanie Genand a récemment publié un essai Sympathie de la nuit dans lequel elle explique le thème de la folie à travers trois nouvelles de jeunesse de Staël[10]. Qu’en est-il dans Delphine, où les « fureurs » et « délires » se multiplient ? 

    – Delphine contribue à nourrir par le biais de la fiction les pensées de Staël au sujet de la mélancolie et de l’exil. 

     Approche philosophique et sociologique

    – Alors que les études anglophones se sont focalisées sur la représentation du féminin dans le corpus staëlien, les études françaises ont privilégié de leurs côtés la représentation du masculin. A l’heure des gender studies, il serait intéressant à présent de réfléchir sur le rapport des sexes et de s’interroger sur la définition et la représentation du genre à travers l’écriture féminine et masculine des épistolaires. 

    – Dans sa préface à l’édition « Folio classique », Aurélie Foglia suggère que le travail romanesque s’apparente à une enquête « proto-sociologique[11] » à travers l’analyse de la condition féminine. Une perspective sociologique et ethnologique serait aussi envisageable quant à la représentation de l’aristocratie, aussi bien celle de la France que celle de l’Espagne.

     Approche linguistique

    – Alors qu’Éric Bordas a démontré une stylistique de la monodie dans le roman Corinne ou l’Italie[12], il semble que cette perspective manque dans la réception critique de Delphine, même si Frank Bellucci observe une « stylistique de la douleur[13] ».

    Modalités de soumission

    Les propositions de communication comprenant un résumé de 250 à 500 mots ainsi qu’une courte biobibliographie sont à envoyer à l’adresse suivante :

    • adrien.peuple@sorbonne-nouvelle.fr  
    • inji.hwang@sorbonne-nouvelle.fr

    avant le mardi 30 avril 2024

    Elles seront évaluées par le comité scientifique.

    Informations utiles

    • La journée d’étude se tiendra le samedi 21 septembre 2024 à la Maison de la Recherche, 4 rue des Irlandais.
    • La prise en charge des frais de transport n’est pour le moment pas assurée.

    Comité scientifique

    • Aurélie Foglia
    • Stéphanie Genand
    • Florence Lotterie
    • Jean-Marie Roulin

    Comité d’organisation

    • Inji Hwang
    • Adrien Peuple 

    Bibliographie

    Balaye, Simone, « Les gestes de la dissimulation dans Delphine », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, t. XXVI, mai 1974, p. 182-202 ;

    Balaye, Simone, « Delphine de Madame de Staël et la presse sous le Consulat », Romantisme, t. LI, 1987, p. 39-47 ;

    Balaye, Simone, « Destins d’hommes dans Delphine de Madame de Staël », in Voltaire, the Enlightenment and the Comic Mode. Essays in Honour of Jean Sareil. Ed. Maxine G. Cutler. New York / Bern / Frankfurt-am-Main / Paris, Verlag Peter Lang, 1990, p. 1-10 ;

    Balaye, Simone, « Destin de femmes dans Delphine », publié dans Madame de Staël : écrire, lutter, vivre, Genève Paris, Droz, 1994, p. 61-76 ;

    Balaye, Simone, « Delphine, roman des Lumières : pour une lecture politique », publié dans Madame de Staël : écrire, lutter, vivre, Genève Paris, Droz, 1994,pp. 185-198 ;

    Bellucci, Franck, « Les maux du corps et de l’âme dans Delphine », publié dans Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 75-86 ;

    Brousteau, Anne, « Delphine de Mme de Staël : une esthétique romanesque de la sympathie », publié dans Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 87-96 ;

    Castagnès Gilles, « ‟ Delphine ” de Mme de Staël, ou la quête du malheur », dans Revue d’Histoire littéraire de la France, n° 1, 2013, p. 71-86 ;

    Dubeau, Catherine, La Lettre et la mère. Roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël, Paris, Hermann, 2013 ;

    Garry-Boussel, Claire, Statut et fonction du personnage masculin chez Madame de Staël, Paris, Champion, 2002 ;

    Genand, Stéphanie, « ‘‘N’ai-je pas aussi mon délire ?’’ : troubles du masculin dans Delphine (1802) de Madame de Staël », dans Masculinités en révolution de Rousseau à Balzac, [sous la direction de Daniel Maira et Jean-Marie Roulin], Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2013, p. 217-226 ;

    Genand, Stéphanie, La Chambre noire. Germaine de Staël et la pensée du négatif, Genève, Droz, 2016 ;

    Genand, Stéphanie, « Delphine ou les malheurs de la vertu : une lecture paradoxale de Germaine de Staël », L’Atelier des idées. Pour Michel Delon, sous la direction de Jacques Berchtold et de Pierre Frantz, Paris, PUPS, 2017, p. 475-485 ;

    Genand, Stéphanie, Sympathie de la nuit, Paris, Flammarion, 2022 ;

    Genand, Stéphanie, « Féminités scandaleuses. Delphine de Germaine de Staël et Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir », Savoirs en lien [En ligne], 1 | 2022, publié le 15 décembre 2022 et consulté le 09 novembre 2023 ;

    Gengembre, Gérard, « Delphine, ou la Révolution française : un roman du divorce », publié dans Cahiers staëlien, n° 56, 2005, p. 105-112 ;

    Goldzink, Jean, « Delphine ou la Révolution française », Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française, Paris, Bordas, t. II, 1994 ;

    Guillot, Isabelle, « Portraits et tableaux dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 97-103 ;

    Gutwirth, Madelyn, Madame de Staël, novelist : the Emergence of the Artist as a Woman, University of Illinois Press, 1978 ;

    Higonnet, Margaret, « Delphine d’une guerre civile à l’autre », Annales Benjamin Constant, n° 8-9, 1988, p. 211-224 ;

    Lotterie, Florence, « Une revanche de la ‶femme-auteur″ » ? Madame de Staël disciple de Rousseau », publié dans Romantisme, 2003, n° 122, pp. 19-31 ;

    Lotterie, Florence, « Madame de Staël. La littérature comme ‶philosophie sensible″ », publié dans Romantisme, 2004, n° 124, pp. 19-30 ;

    Lotterie, Florence, « Un aspect de la réception de Delphine : la figure polémique de la ‘femme philosophe’« , Cahiers staëliens, n° 57, 2006, p. 119-135 ;

    Lotterie, Florence, Le Genre des Lumières. Femme et philosophe au XVIIIe siècle, Paris, Garnier, 2013 ;

    Louichon, Brigitte, « Lieux et discours dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 53-63 ;

    Mauzi, Robert, L’idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au XVIIIe, Genève, Slatkine, 1979, réed. Albin Michel, 1994 ;

    Omacini, Lucia, « Delphine et la tradition du roman épistolaire », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 15-24 ;

    Omacini, Lucia, « ‘Il n’y aura pas un mot de politique.’ Madame de Staël et la tradition du roman de femmes », dans La Tradition des romans de femmes XVIIIe-XIXe siècles, textes réunis et présentés par Catherine Mariette-Clot et Damien Zanone, Paris, Honoré Champion, 2012, pp. 241-251 ;

    Ozouf, Mona, Les Aveux du roman : le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution [2001], Paris, Gallimard, Collection Tel, 2004 ;

    Poirier, Blandine, « Le roman rose face aux passions noires : Delphine de Germaine de Staël », dans Roman rose, roman noir [en ligne], sous la direction de Stéphane Lojkine, XXXIe colloque international de la SATOR (Société d’analyse de la topique romanesque) – Aix-en-Provence et Saumane, 23-25 mars 2017 ;

    Rivara Annie, « Contre-romanesque et hyper-romanesque dans les quatorze première lettres de Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 39-51 ;

    Seth, Catriona, « Introduction », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 9-13 ;

    Szabo, Anne, « Aspects et fonctions du temps dans Delphine », Le groupe de Coppet et la Révolution française, Lausanne, Annales Benjamin Constant, Paris, Jean Touzot, 1988 ;

    Szmurlo, Karyna, Germaine de Staël : Crossing the Borders, New Brunswick (NJ), Rutgers University Press, 1991 ;

    Vallois, Marie-Claire, Fictions féminines, Madame de Staël et les voix de la Sibylle, Stanford, Stanford University Press Press, 1987 ;

    Vanoflen, Laurence, « De Caliste à Delphine, et retour ? Victoire. Individu et société dans les romans d’Isabelle de Charrière et de Germaine de Staël », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 25-38 ;

    Zanone, Damien, « Romanesque et mélancolie : l’imminence du romantisme dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 66-73 ;

    Zanone, Damien, « Être femme dans Delphine de Germaine de Staël, ou le roman contre la maxime », publié dans Simples vies de femmes. Etudes réunies par Sylvie Thorel, Paris, Honoré Champion, 2017, pp. 109-114.

    Notes

    [1] Staël a d’abord exploré les territoires de la fiction par le biais de ses nouvelles de jeunesse.

    [2] CG IV-I, p. 230.

    [3] Lucia Omacini, « Delphine et la tradition du roman épistolaire », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 20.

    [4] Charlotte Julia Blennerhassett, Madame de Staël et son temps, trad. par Auguste Dietrich, Paris, Louis Westhausser, 1890, 3 vol. , t. II, p. 500.

    [5] Cité par Michel Winock, Madame de Staël, Paris, Fayard, 2010, p. 235.

    [6] Voir bibliographie ci-dessous.

    [7] Madame de Staël, Delphine, t. II : L’Avant-texte : contribution à une étude critique génétique, Genève, Droz, 1990.

    [8] Voir Isabelle Guillot, « Portraits et tableaux dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 97-103.

    [9] CG IV-I, p. 322.

    [10] Stéphanie Genand, Sympathie de la nuit, Paris, Flammarion, 2022.

    [11] Aurélie Foglia, « Préface », dans Delphine, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 2017, p. 22.

    [12] Éric Bordas, « Les Discours de Corinne : Stylistique d’une monodie », publié dans L’Eclat et le silence : « Corinne ou l’Italie » de Madame de Staël [sous la direction de Simone Balayé], Paris : Honoré Champion, 1999, p. 161-205.

    [13] Franck Bellucci, « Les maux du corps et de l’âme dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 57, 2005, p. 82 : « Mme de Staël met à l’œuvre une véritable poétique de la douleur. Une considération stylistique détaillée du roman prouverait l’ambition formelle de l’auteur qui cherche à rendre perceptible, presque palpable, la souffrance de ses héros […]. »

    Sources

    « Delphine de Germaine de Staël », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 12 février 2024, https://doi.org/10.58079/vsxv

  • Am slam gram ! – Cahiers de Littérature Orale

    Cahiers de Littérature Orale

    Lien vers l’appel à contributions

    « Am stram grammatical et collé gram
    Tous les mots de la langue s’empilent l’un l’autre et me montent au cerveau »
    Ivy, « Dire », 2008

    Date de tombée : 15 avril 2024.

    Résumé

    Les Cahiers de Littérature Orale, revue française de référence dans ce champ de recherche, lance un appel à contributions pour un numéro portant sur le slam, qui vise à explorer les évolutions de ce genre. Il s’agit de dessiner les diverses formes que le slam adopte à travers le monde, s’ancrant dans des espaces culturels et s’hybridant avec des traditions orales qui lui préexistent. Dans la perspective de ce volume, nous encourageons une approche internationale et interdisciplinaire croisant les voix de chercheurs·ses en anthropologie, stylistique, linguistique et sociolinguistique, ethnomusicologie et cantologie, littérature, arts et histoire.

    Argumentaire

    Si « ce que slamer veut dire » a pu être exploré ces dernières années, dans le champ des études de performances, de l’anthropologie et de la cantologie, le slam a engendré un retour en force – la force du Dire – de l’oralité poétique dans nos sociétés contemporaines. Avec une bonne quarantaine d’années de recul depuis la naissance du concept de slamming à Chicago dans les années 1980 et dans la lignée de travaux princeps sur ce phénomène (Gregory, 2008 ; Sommers-Willet, 2009 ; Johnson, 2010 ; Willrich, 2010 ; Vorger, dès 2011), le propos de ce numéro des Cahiers de littérature orale vise à explorer les évolutions de ce genre. Il s’agit de dessiner les diverses formes que le slam adopte à travers le monde, s’ancrant dans des espaces culturels et s’hybridant avec des traditions orales qui lui préexistent.

    Des recherches mettent en lumière la façon dont cet art de la confluence fait écho à des traditions orales aussi variées que la cantoria au Brésil (Sousa & Kunz, 2021), le zajal au Liban (Félix, 2009), le kabary malgache (Wells, 2018), le fonnkèr à La Réunion (Glâtre, 2022), les griots en Afrique de l’ouest (Bertho & Bornand, 2020), les Nuits de la poésie au Québec (Brissette & Straw, 2015 ; Fraisse, 2013 ; Paré, 2015), sans oublier la tradition des Hydropathes et des Cabarets en France (Bobillot & Vorger, 2015). Nous aimerions que ce numéro poursuive cette exploration en mettant en lumière ces agencements dans des territoires variés.

    Tout d’abord, s’agissant de ses modalités de performance (Bauman, 1975), nous souhaitons interroger la manière dont le slam s’est affirmé et singularisé. Dans quelle mesure adopte-t-il la forme tournoi ou s’en distancie-t-il pour prendre la forme de scènes ouvertes au sein desquelles chacun·e a voix au chapitre, dans la francophonie et ailleurs ? Quels espaces investit-il ? Nous attacherons un intérêt tout particulier aux tentatives d’historicisation du slam, depuis ses origines jusqu’à ses dispositifs actuels à travers le monde.

    Nous attendons également des réflexions sur la musicalité du slam. En quoi renouvelle-t-il les traditions de poésie orale en remontant jusqu’à la comptine « Am slam gram » dont la figure nodale (l’anadiplose) est fréquemment réinvestie dans le slam et la chanson ? Quelle place prend le rythme (Simon, 2020), dans la performance orale mais aussi dès la genèse ? L’improvisation intervient-elle dans le processus créatif et l’oralisation ? Que se passe-t-il lors de la mise en musique sur scène, voire lorsqu’il donne lieu à une production discographique ?

    Quid des ateliers auxquels il donne lieu ? Comment articulent-ils littératie et oralité (Gendron, 2019) ? Quels objectifs autorisent-ils ? Quels apprentissages favorisent-ils (Émery-Bruneau & Brunel, 2016 ; Géas et al., 2021) ? En quoi peuvent-ils représenter un espace propice à l’éclosion d’une créativité plurilingue et multimodale ? Le slam participe-t-il d’une logique du care (Lempen, 2016), et d’une herméneutique interculturelle (Williamson, 2015) ? Les comptes-rendus d’expériences d’ateliers pourront ainsi faire sens, de même que les entretiens qui apporteront un éclairage nouveau sur ces arts de la parole.

    Enfin, des éclairages sur la dimension politique de l’invention du slam seraient bienvenus. Comment le slam peut-il, selon sa vocation initiale, donner voix aux sans-voix, en se faisant art de la résistance (Scott, 2019) ? Les minorités culturelles s’approprient-elles ce genre (Johnson, 2010 ; Noël, 2014 ; Puzon, 2021 ; Le Lay, 2022) ou au contraire s’en défient-elles ? Est-ce un outil privilégié pour rendre publique la parole des femmes (Vorger, 2019 ; De Bruijn & Udenhoijsen, 2021) ? Quelles passerelles le slam génère-il entre arts académiques et populaires ?

    Dans la perspective de ce volume, nous encourageons une approche internationale et interdisciplinaire croisant les voix de chercheurs·ses en anthropologie, stylistique, linguistique et sociolinguistique, ethnomusicologie et cantologie, littérature, arts et histoire.

    Calendrier et procédures

    Les articles pourront être rédigés en français ou en anglais. Les propositions (comportant un titre et un texte de 2 000 à 3 500 signes maximum, éléments bibliographiques compris) accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique sont à adresser à : camille.vorger@unil.ch et à philippe.glatre@univ-montp3.fr avant le 15 avril 2024.

    Une réponse sera signifiée aux auteurs·rices de proposition avant le 15 juin 2024.

    Les articles devront parvenir sous une version aboutie avant le 15 octobre 2024 ; ils feront l’objet d’une évaluation externe par deux relecteurs, selon la procédure habituelle de la revue: https://journals.openedition.org/clo/2533. Ils devront respecter les normes établies par les Presses de l’Inalco, consultables à partir de la page « Note aux auteurs » de la revue : https://journals.openedition.org/clo/851.

    La parution du numéro Am slam gram! est prévue pour 2026 (n° 99).

    Processus de sélection

    Chaque article reçu par la rédaction est examiné d’abord par la ou les personnes qui coordonnent le numéro, puis envoyé conjointement en lecture anonymisée à un membre du comité de rédaction et à un expert extérieur, ou à deux experts extérieurs, choisis en fonction de leur spécialité.

    Coordinateurs

    • Camille Vorger, Maîtresse d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne – CEL.
    • Philippe Glâtre, ATER, Université Paul Valéry Montpellier 3 – LIRDEF.

    Comité de rédaction

    • Ioanna Andreesco, Paris
    • Nicole Belmont, EHESS – LAS, Paris
    • Elara Bertho, CNRS – LAM, Pessac
    • Kathie Birat, université de Lorraine – IDEA
    • Sandra Bornand, CNRS – Llacan
    • Manon Brouillet, université de Picardie Jules-Verne
    • Josiane Bru, EHESS – LISST – CAS, Toulouse
    • Zoé Carle, université Paris 8 Vincennes Saint-Denis – Fablitt
    • Agnès Clerc‑Renaud, université de Guyane – LEEISA – ETHNYC
    • Alice Fromonteil, Aix-Marseille Université – CREDO
    • Micheline Lebarbier, CNRS – LACITO
    • Cécile Leguy, université Sorbonne Nouvelle – LACITO
    • Sophie Ménard, université de Montréal
    • Katell Morand, université Paris Nanterre – LESC – Centre de recherche en ethnomusicologie
    • Jean-Marie Privat, université de Lorraine – Centre de recherche sur les médiations – Praxitexte

    Orientations bibliographiques

    Bauman Richard, 1975, « Verbal Art as Performance », American Anthropologist, 1975, vol. 77, n° 2, p. 290‑311. https://www.jstor.org/stable/674535

    Bertho Elara et Bornand Sandra, 2020, « Jhonel, une voix en lutte contre les inégalités », Cahiers de Littérature Orale, (coll. « Hors-série: Oralités contestataires »), p. 25-35. DOI : 10.4000/clo.6622

    Bobillot, Jean-Pierre et Vorger Camille, 2015, « Hydroslam : pour une approche médiopoétique des poésies scéniques et sonores contemporaines ». In : Vorger, C. (éd.), Slam. Des origines aux horizons. Vénissieux/Lausanne : Éd. d’en bas/La passe du vent, p. 119-143.

    Brissette Pascal et Straw Will, 2015, « Poètes et poésies en voix au Québec (XXe-XXIe siècles) », Voix et Images, 2015, vol. 40, n° 2, p. 7‑13. https://www.erudit.org/fr/revues/vi/2015-v40-n2-vi01835/1030197ar/

    Bruijn Mirjam de et Oudenhuijsen Loes, 2021, « Female slam poets of francophone Africa: spirited words for social change », Africa, vol. 91, n° 5, p. 742‑767. https://www.cambridge.org/core/journals/africa/article/female-slam-poets-of-francophone-africa-spirited-words-for-social-change/1A86FA2D03F9BC8287F79EC5D6B20EBC

    Émery-Bruneau Judith et Brunel Magali, 2016, « Poésie oralisée et performée : quel objet, quels savoirs, quels enseignements ? », Repères, 2016, n° 54, p. 189‑206. https://journals.openedition.org/reperes/1117

    Félix Suzie, 2009, « Extrait d’un carnet de voyage musical au pays du zajal », dans Les Chants d’Orphée, La pensée de midi, n°28, p. 115-125. https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2009-2-page-115.htm

    Fraisse Paul, 2013, Langue, identité et oralité dans la poésie du Québec (1970-2010). Des nuits de la poésie au slam : parcours d’un engagement pour une culture québécoise., Thèse de linguistique, Université de Cergy Pontoise, 402 p. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00957943

    Géas Elodie, Brau-Antony Stéphane et Grosstephan Vincent, 2021, « Le développement de l’activité d’animation d’ateliers de slam de poésie pour des lycéens préparant un concours d’éloquence », Actes de la Biennale Internationale de l’Éducation, de la Formation et des Pratiques Professionnelles : ”faire/se faire”, Paris, France, Association La Biennale et Institut Catholique de Paris. https://hal.science/hal-03491577

    Gendron Catherine, 2019, « L’atelier slam comme exemple de relation d’interdépendance et de complémentarité entre l’écriture et l’oralité », Pratiques, n° 183‑184, p. 1‑16. http://journals.openedition.org/pratiques/7708

    Glâtre Philippe, 2022, Hybridations entre le fonnkèr et le slam. Une négociation de savoirs dans la poésie orale réunionnaise, Thèse de doctorat en anthropologie, Université Sorbonne Nouvelle, Paris. https://hal.science/tel-03900915

    Gregory Helen, 2008, « The quiet revolution of poetry slam : the sustainability of cultural capital in the light of changing artistic conventions », Ethnography and Education, vol. 3, n° 1, p. 63‑80. https://doi.org/10.1080/17457820801899116

    Johnson Javon, 2010, « Manning Up : Race, Gender, and Sexuality in Los Angeles’ Slam and Spoken Word Poetry Communities », Text & Performance Quarterly, vol. 30, n° 4, p. 396‑419. http://search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=ibh&AN=54330236&lang=fr&site=ehost-live

    Le Lay Maëline, 2022, « “L’art est mon arme”. Slam et activisme politique à Goma, Nord-Kivu, RD Congo », Multitudes, 2022, vol. 87, no 2, p. 107‑115. https://www.cairn.info/revue-multitudes-2022-2-page-107.htm

    Meschonnic Henri, 2009, Critique du rythme : anthropologie historique du langage, Lagrasse, Verdier, 732 p.

    Noel Urayoan, 2014, In Visible Movement : Nuyorican Poetry from the Sixties to Slam, Iowa City, University of Iowa Press, 269 p.

    Paré François, 2015, « Esthétique du Slam et de la poésie orale dans la région frontalière de Gatineau-Ottawa », Voix et Images, 2015, vol. 40, n° 2, p. 89‑103. http://id.erudit.org/iderudit/1030203ar

    Puzon Katarzyna, 2021, « Germans without footnotes: Islam, belonging and poetry slam » dans Katarzyna Puzon, Sharon Macdonald et Mirjam Shatanawi (eds.), Islam and Heritage in Europe Pasts, Presents and Future Possibilities, Londres, Routledge, p. 68‑82.

    Resztak Karolina, 2015, « « Am stram gram » ou à la recherche des origines de la poésie », Continents manuscrits. Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora, n° 5. https://journals.openedition.org/coma/589

    Rougier Thierry, 2008, « Actualité d’une expression traditionnelle : la cantoria. Enjeux sociospatiaux de la poésie improvisée au Brésil », Volume !, n° 6, p. 113‑122.

    Scott James C., 2019, La domination et les arts de la résistance : fragments du discours subalterne, Editions Amsterdam, Paris, 426 p.

    Simon Anne-Catherine, 2020, « Les rythmes dans le slam », Langage et société, n° 171, p. 139‑169. http://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2020-3-page-139.htm

    Somers-Willett Susan B. A., 2009, The cultural politics of slam poetry: race, identity, and the performance of popular verse in America, Ann Arbor, University of Michigan Press.

    Souza Tiago Barbosa et Kunz Martine Suzanne, 2021, « Brazilian Cantoria and Slam: poetics of performance », Revista Brasileira de Estudos da Presença [en ligne], vol. 11, n° 2, p. 1-22. https://journals.openedition.org/rbep/1030?lang=fr

    Vorger Camille, 2011, Poétique du slam : de la scène à l’école. Néologie, néostyles et créativité lexicale, Thèse de doctorat en Sciences du langage, didactique et linguistique, Université de Grenoble, 659 p. https://hal.science/tel-00746972v1

    Vorger, Camille & Meizoz, Jérôme, 2015, « Postface à deux voix. Ce que slamer veut dire ». In C. Vorger (éd.), Slam. Des origines aux horizons. Vénissieux/Lausanne : Éd. d’en bas/La passe du vent, p. 263-274.

    Vorger, Camille, 2019, « Quand le slam se décline au féminin. Portraits et postures de slameuses », in Forumlecture.ch : https://www.forumlettura.ch/sysModules/obxLeseforum/Artikel/657/2019_1_fr_vorger.pdf

    Wells Hallie, 2018, Moving Words, Managing Freedom : The Performance of Authority in Malagasy Slam Poetry, PhD thesis in Anthropology, UC Berkeley, 201 p. https://escholarship.org/uc/item/36f7m3s3

    Williamson W. John, 2015, « The Hermeutics of Poetry Slam: Play, Festival and Symbol », Journal of Applied Hermeneutics [en ligne], p. 1‑12. https://journalhosting.ucalgary.ca/index.php/jah/article/view/53267

    Willrich Alexander, 2010, Poetry Slam für Deutschland. Die Sprache. Die Slam-Kultur. Die mediale Präsentation. Die Chancen für den Unterricht, Lektora, Paderborn, 224 p.

    Zumthor Paul, 1982, « Le rythme dans la poésie orale », Langue française, n° 56, p. 114‑127. https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1982_num_56_1_5152

    Source

    « Am slam gram ! », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 06 février 2024, https://doi.org/10.58079/vrey

  • La rivalité en langue et en littérature

    Du 23 au 25 octobre 2024, Lublin, Pologne 

    Colloque international organisé par les

    Chaire des Cultures et Littératures romanes
    Chaire de Linguistique romane
    Chaire d’Acquisition et de Didactique des langues

    de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
    de l’Université Catholique de Lublin Jean-Paul II

    Date de tombée : 31 mars 2024

    Présentation

    Défini d’une manière générale comme une situation où deux ou plusieurs personnes ou groupes qui se disputent un avantage, un bien qui ne peut revenir qu’à un seul, le mot clé du colloque implique une idée d’antagonisme, voire de lutte, et s’enrichit de nouveaux contextes et significations lorsqu’on l’envisage dans le cadre de la recherche linguistique et littéraire. 

    Dans chacune de ces perspectives, il est possible d’aborder de multiples questions telles que : quel peut être l’objet de la rivalité et les adversaires qu’elle implique ? Naît-elle toujours de la concurrence ? Conduit-elle toujours à un conflit ? Exclut-elle définitivement l’influence mutuelle ? Peut-elle conduire à un compromis ?

    Pour les études littéraires, le thème de la rivalité n’est ni rare ni exceptionnel, il jalonne les œuvres littéraires de toutes époques aussi bien au niveau de leurs genèse, statut ou fable, offrant plusieurs pistes de recherches :

    • affrontement d’écrivains, de personnages, de textes, de genres, de courants, d’époques littéraires ;
    • querelles et scandales littéraires ;
    • opposition d’idées, de goûts, de styles ;
    • rivalité en tant que moteur de création ;
    • compromis et coopération issus d’un antagonisme ;
    • arrivisme, carriérisme, stakhanovisme.

    En linguistique, la rivalité peut être considérée aussi bien comme une unité d’analyse (sémantique, lexicale, morphologique…) que comme un mécanisme de tension ou d’opposition au sens large, impliquant différents niveaux de réflexion sur la langue. Ainsi, les propositions de communications peuvent aborder les problématiques suivantes : 

    • le lexème rivalité et ses emplois discursifs (approche lexicométrique, sémantique, contrastive etc.) ;
    • le champ lexical de rivalité en français et, éventuellement, en d’autres langues ;
    • la rivalité entre les formes linguistiques en français (point de vue diachronique, diatopique, diaphasique, diastratique…) ;
    • la néologie et l’emprunt à l’anglais en français contemporain (concurrence ou synergie ?) ;
    • la rivalité entre les paradigmes de recherche linguistique, les approches théoriques et méthodologiques dominantes (aperçu historique et/ou synchronique).

    Pour ce qui est de l’acquisition et de la didactique des langues, la rivalité peut concerner aussi bien l’affrontement entre les langues que la divergence des formes à l’intérieur d’une langue donnée. La réflexion proposée pourra ainsi s’orienter vers des questions portant sur :

    • le multilinguisme en tant que système de cohabitation de deux/plusieurs langues chez le même locuteur ;
    • l’interlangue des apprenants en tant que système intermédiaire dynamique entre la L1 et la L2 en acquisition ;
    • l’impact de la langue orale sur la langue écrite/ de la langue écrite sur la langue orale selon les contextes différents de l’appropriation d’une L2 ;
    • le français à enseigner ou les français à enseigner : la divergence entre les langues « globales » et leurs réalisations « locales » ;
    • les langues MoDiMEs (Moins Diffusées et Moins Enseignées) et leur (op)position par rapport aux langues dites « majeures ».

    N’étant pas exhaustive, cette liste peut être librement développée et complétée par d’autres points de vue sur le problème de la rivalité en langue et en littérature. Le comité scientifique demeure ouvert à toute autre proposition de communication en lien avec le thème du colloque.

    Comité scientifique 

    Janusz Bień (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Christophe Cusimano (Université Masaryk de Brno)

    Philippe Hamon (Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III)

    Georges Jacques (Université Catholique de Louvain)

    Marie-Dominique Joffre (Université de Poitiers)

    Greta Komur-Thilloy (UHA Mulhouse)

    Anna Kucharska (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Véronique Le Ru (Université de Reims)

    Anna Mańkowska (Université de Varsovie)

    Claire Martinot (Université Paris Sorbonne)

    Paweł Matyaszewski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II) 

    Marc Quaghebeur (Archives & Musée de la Littérature ; Association européenne des études francophones) 

    Sebastian Piotrowski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Dorota Śliwa (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Marzena Watorek (Université Paris 8) 

    Witold Wołowski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Comité d’organisation 

    Jakub Duralak

    Nina Klekot

    Edyta Kociubińska

    Aleksandra Krauze-Kołodziej

    Paulina Mazurkiewicz

    Aleksandra Murat-Bednarz

    Judyta Niedokos (présidente)

    Urszula Paprocka-Piotrowska

    Stanisław Świtlik (secrétaire)

    Katarzyna Wołowska

    Modalités de participation

    La langue de la conférence sera le français.

    Les propositions de communication (300 mots maximum) sont à soumettre au plus tard le 31 mars 2024. Merci de les envoyer à l’adresse : rivalite2024@kul.pl

    L’annonce de l’acceptation de la proposition se fera fin avril 2024.  

    Les frais d’inscription (à payer après la décision positive du comité scientifique) sont de 600 zlotys (130 euros pour les virements internationaux) et incluent :  

    • les pauses café,
    • le dîner de gala,
    • la publication (après l’évaluation positive du comité de rédaction).

    Le programme définitif sera communiqué en octobre 2024.

  • Écrire en français langue autre au XXIe siècle

    Appel à communications pour un colloque international

    Colloque international

    « Écrire en français langue autre au XXIe siècle »

    25-26 avril 2024

    Sorbonne Université Abu Dhabi

    Date limite : 16 février 2024.

    Organisé par :

    • Alexis Collet,
    • Karine Germoni,
    • Álvaro Luna-Dubois,
    • Célia Ouali,
    • Leila Sammou,
    • Mona Wehbe

    Dans le sillage des travaux et réflexions séminaux consacrés depuis une trentaine d’années à l’hétérolinguisme, au plurilinguisme, et tout récemment encore à la francophonie translingue littéraire (Ausoni, Anokhina, Allard et De Balsi), ce colloque, qui se tiendra à Sorbonne Université Abu Dhabi, vise à interroger, dans toute sa diversité, sa complexité, et ses enjeux, tant esthétiques que linguistiques et politiques, l’écriture littéraire en français langue autre au XXIe siècle. Outre les communications scientifiques, ce colloque proposera également des rencontres avec des écrivains.

    Deux précisions s’imposent d’emblée, l’une terminologique, l’autre périodique.

                1. L’appellatif « Français langue autre » est ici à envisager comme une catégorie générique rassemblant pour l’essentiel, mais pas seulement, le Français langue étrangère, le Français langue seconde ou d’enseignement1. Cette étiquette peut certes apparaître inexacte – après tout, l’hétérogénéité est constitutive de la langue maternelle pour le scripteur lambda et, a fortiori pour l’écrivain qui forge, inouïe, sa propre langue2 –, voire fourre-tout, ne serait-ce qu’au regard de toutes les variations diatopiques dont « les » français font l’objet, dans l’Hexagone et dans le monde. Son choix vise d’abord à fédérer dans un même corpus d’étude les écrivains « translingues » faisant littérature dans un français appris en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone, et les auteurs francophones pour qui le français est langue seconde ou langue de scolarisation, autrement dit une « alterlangue » (Caroline Hervé-Montel, 2012). Plus largement, son choix vise aussi et surtout à n’exclure de l’enquête aucune trajectoire d’écriture en français qui par sa « singularité » bi/plurilinguistique accentuerait la porosité des catégories didactiques et littéraires prédéfinies, défierait leurs limites et, ce faisant, confirmerait l’importance d’une « francophonie individuelle » (Dominique Combe, 1995) qui déjoue les représentations habituelles de la francophonie littéraire.  L’épithète « autre » a ainsi la vertu de souligner que le français langue d’écriture s’inscrit toujours ici dans un rapport (dont la nature reste à définir), au moins latent, à une ou plusieurs autres langues – (autre) langue première, (autre) langue de vie ou d’écriture, voire de traduction/d’auto-traduction, qui aiguise par la comparaison la conscience linguistique de l’auteur pour le doter d’une « surconscience linguistique » (Gauvin, 1996) – et, de facto, autres cultures.

                À titre d’exemple, on pourra ainsi choisir de se pencher sur l’œuvre : du poète de l’entre-deux Tom Riesen qui, « né entre deux langues », le luxembourgeois et le serbe, a choisi le français pour s’exprimer, la seule langue, « la langue de personne », que son père et sa mère avaient en commun ; du « décalé » Akira Mizubayashi qui se sent toujours « hors de place », étranger en français, comme en japonais, sa langue d’origine, à l’instar de la poétesse Ryoko Sekiguchi  qui a écrit en français sur le Liban3 et dont « l’écriture en français laisse percer l’ombre du japonais qui y passe »4 et inversement ; de l’exilé Eugène Green, écrivain américain devenu français à 29 ans, qui, arrivé en France à 22 ans n’avait du français que quelques notions scolaires ; du romancier Miguel Bonnefoy, qui a grandi au Venezuela et au Portugal où il a suivi sa scolarité au sein des Lycées français, qui explore dans son œuvre la question de la filiation et de l’héritage, tout comme la romancière Jakuta Alikavazovic qui est née, vit et travaille en France mais qui parle couramment l’anglais et dont le bosnien est la langue maternelle ; de la poétesse Elke de Rijcke qui « dispose de deux langues natales », l’une écrite (le français), l’autre orale (le néerlandais), et dont le « rapport à la langue est devenu hybride, de sorte que les termes de langue natale, maternelle et étrangère le sont devenus tout autant »5, à l’instar de Rebecca Gisler, qui expérimente une scission croisée au sein de son rapport à la langue natale, partagée entre l’allemand (langue d’écriture première) et le français, langue familiale et orale. 

                2. Quoique de prime abord arbitraire – plus encore dans le cas d’auteurs, tels Assia Djebar, An Antane Kapesh, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Tahar Ben Jelloun, Amin Maalouf, Dany Laferrière dont l’œuvre appartient aussi au XXe siècle –, le choix de l’année 2000 comme terminus a quo de la période étudiée se justifie néanmoins par des phénomènes contrastés apparus parallèlement dans les années 2000. D’un côté, les positions de prestige conquises dans la Francophonie par les auteurs issus des anciennes colonies, la consécration institutionnelle des « écrivains francophones venus d’ailleurs » (Porra, 2011) par les prix littéraires français6, la contestation de la bipartition « littérature française »/ « littérature francophone » au profit des catégories fédératrices « littératures d’expression française » ou « littératures de langue française », la revendication d’une « littérature-monde » en français par nombre d’écrivains dont Fatou Diome et Alain Mabanckou, la transculturation du champ littéraire français de plus en plus prégnante. De l’autre, la moindre motivation à l’exil vers la France des écrivains latino-américains et centre-européens, la perte de vitesse du français en Afrique au profit de l’anglais voire du chinois7, la tentative de revalorisation des langues nationales africaines (le wolof), le déclin relatif ou mutation du rayonnement culturel de la France à l’étranger8, le recul, y compris en territoire francophone, du paradigme monolingue qui ne correspond plus à la réalité d’un nombre croissant de locuteurs urbains, davantage concernés, dans un monde globalisé, par le paradigme multilingue où des agrégats de la langue « maternelle » (familiaux, émotionnels, linguistiques, socio-culturels, identitaires, etc.) se répartissent sur plusieurs langues9.

     De fait, si les écrivains « migrants de langue française » (Mathis-Moser et Metz-Baumgartner, 2012) ou « Conrad français » constellent l’histoire de la littérature de langue française depuis longue date et plus particulièrement depuis les années 1950 – que l’on songe aux exemples fameux de Beckett, Cioran, Ionesco, Arrabal, Panaït Istrati… et, plus près de nous, Milan Kundera, Nancy Huston, François Cheng ou Wei-Wei –, il convient de se demander ce que faire littérature en français langue autre aujourd’hui veut dire. Quelles valeurs poétiques, sociologiques et idéologiques conférer à ce geste commun qui, « à la croisée des langues » (Gauvin, 2009), de l’intime et du collectif, défie les territoires, les nationalités et jusqu’aux frontières de la Francophonie elle-même ? À défaut de dépasser le caractère irréductible des singularités, peut-on trouver, afin d’esquisser une cartographie, des dénominateurs communs voire des constantes transversales, dans les pratiques, les discours et les imaginaires linguistiques qui le fondent ou l’accompagnent ?

    Pour répondre à ces questions, trois axes de réflexion principaux pourront être envisagés et croisés, nullement exhaustifs, dans le cadre de contributions théoriques ou d’études de cas qui, usant de méthodologies variées, seront attentives à des considérations formelles et au travail de la langue :

    1. Pour/quoi écrire en français langue autre ? 

    – L’adoption du français est-elle revendiquée (Pia Petersen), subie (Agota Kristof), considérée « par défaut » (Danny Laferrière) ou « lingua franca » (Johansson et Dervin, 2009), présentée comme aléatoire (Pedro Kadivar) ou comme le fruit de requêtes éditoriales (Fabio Scotto) ? S’agit-il dans le cas de la diglossie arabe ou haïtienne d’une « chance mais non pas d’un choix »10 ?

    – Où et comment ce « choix » est-il exprimé ? Dans des textes critiques, théoriques, affirmant une posture et un ethos, ou fait-il l’objet de considérations métalinguistiques ou d’un paratexte ?

    – Pour quelles raisons la langue française est-elle librement « épousée » ? Pour ses « vertus propres » (Salah Stétié), « les possibilités vertigineuses de [s]a syntaxe » (Jan Baetens), ou ses vertus fantasmées (« plasticité particulière » selon Pia Petersen) ? Pour le sentiment de « refuge » (Rithy Panh) qu’elle procure ? Pour son rayonnement, pour l’amour des grands auteurs français (Jonathan Littell, Mahmud Nasimi) ou la passion de la culture française ? De quelles valeurs est-elle idéologiquement porteuse et de quelles représentations est-elle le vecteur dans la culture et l’imaginaire personnels de l’auteur, mais aussi dans sa culture et son pays d’origine ?

    – En quoi la langue française permet-elle aux écrivains qui l’ont adoptée de trouver leur voie/voix, d’y (re)construire leur identité d’individu et d’auteur genré (Parlement des écrivaines francophones11), d’« inventer [s]on existence » (Carlo Iansiti), de se soustraire aux « connotations » (Flora Bonfanti) ou aux rigidités de sa langue d’origine (Anna Moï) ?

    – Ou bien le français n’est-il qu’un moyen d’expérimentation au même titre que d’autres langues, le but ultime étant pour l’auteur dont la seule véritable patrie est l’écriture de forger sa langue, « sa poésie natale » (Souad Labbize), « la langue des anges » (Nimrod) ? 

    – Le passage au français est-il exclusif et définitif (Eugène Green) ? Le français est-il au contraire une langue d’accueil que l’on finit par quitter (Radu Bata), secondaire (Fabio Scotto) ou encore, à la faveur d’un nomadisme interlinguistique, d’une langue d’écriture parmi d’autres (Maria Raluca Hanea) ?

    2. Le(s) français au miroir des langues et cultures autres

    Quels que soient les postures et les contextes, l’écriture en français – et quelle que soit la variation diatopique de ce français – ne peut s’envisager qu’en rapport, en creux ou en relief, à l’autre langue ou aux autres langues d’écriture possibles. 

    – Si persiste/ insiste toujours dans la langue étrangère une part irréductible de langue maternelle, ou « co-maternelle » dans une perspective post-monolingue, quelles sont les traces et empreintes laissées par ce que Monique de Mattia-Vivies (2018) nomme la « langue mat-rangère12 » ? Ces traces sont-elles patentes dans la syntaxe, le lexique, ou sont-elles gommées, seulement visibles dans les avant-textes pour le chercheur en génétique textuelle ?

    – En quoi les autres langues servent-elles de crible critique à la langue française, ses règles, son « conservatisme » et la « vigilance permanente autour du français […] très intimidante pour un étranger » (Jody Pou)? Comment celles et ceux qui écrivent en français langue autre poussent-ils « jusqu’à ses limites » (Yasmina Khadra) cette langue qui « par certains aspects […] est comme un État dans l’État » (Eugène Green) ?

    – Sur quel mode formel la langue et la culture premières informent-elles le français : le métissage (Raphaël Confiant) ? l’hybridation ? la transmutation « de l’hérédité de sang dans la langue d’accueil » (Assia Djebar) ? l’archaïsation ? la transduction ? Par quels détours et truchements étrangéisent-elles et « transculturent »-elles le français langue d’écriture? Comment l’« intranquillisent »-elles13 en y faisant émerger quantité d’autres langues ?

    – Inversement, comment le français, devenu langue « quasi-maternelle », altère-t-il en retour la pratique de l’autre ou des autres langues d’écriture, dans le cas de l’autotraduction notamment ? À moins que l’influence du français ne soit ancienne dans l’écriture d’un auteur, avant même qu’elle ne l’adopte – on pourra ainsi songer à l’exemple d’Atiq Rahimi14.

    – La présence diffuse ou omniprésente des langues et cultures autres interroge la réception : quel est le lecteur idéal des œuvres écrites en français langue autre qui sollicitent des compétences linguistiques plurielles, culturelles et historiques que le lecteur occurrent ne possède que rarement ? Lire une de ces œuvres sans connaître la langue maternelle de l’auteur, n’est-ce pas comme lire une œuvre en traduction, sans accès direct à la langue originale ?

    3. Des genres et des formes : que fait le changement de langue à la création littéraire ?

    – En quoi le passage au français comme langue d’écriture est-il source et catalyseur de créativité et donne-t-il naissance à des formes et des styles plus expérimentaux ? On pourra questionner la nature hybride du roman graphique, tel qu’il est produit par Zineb Benjelloun, qui tisse l’arabe au français, ou encore par Zeina Abirached qui écrit en français mais « pense [s]es histoires dans toutes [s]es langues, le français, l’arabe et le dessin »15.

    – Selon quelles configurations les œuvres plurilingues où le français s’articule ou se mêle à d’autres langues relèvent-elles d’une innovation formelle ? « Les œuvres écrites entre les langues ne se contentent pas de mélanger ou d’alterner des langues, par la tension de l’entre-deux, elles figurent à la fois la présence et le manque, la proximité et la divergence » (Cros et Godard, 2022). Comment, dès lors, s’incarne dans la chair des textes ce qui apparaît comme une poétique des contraires ou du tiraillement ?

    – Pourquoi, dans certains cas, l’écriture en français est-elle spécialisée, réservée à certains genres ? On mentionnera ainsi le cas de Simonetta Greggio, de Fouad Laroui et de Mercedes Deambrosis qui usent du français pour leurs romans, mais respectivement de l’italien, du néerlandais et de l’espagnol pour leur poésie.

    – Comment le déplacement linguistique, presque toujours corollaire d’un déplacement physique16, se traduit-il sur le plan de l’écriture ? Favorise-t-il la création de personnages cosmopolites ainsi que la thématisation du bi/plurilinguisme et de la double/multiple appartenance culturelle ?


    Modalités de participation 

    Assorties d’une courte biobibliographie, les propositions de communication (400 mots environ et avec un titre provisoire) sont à envoyer jusqu’au 16 février 2024 à : karine.germoni@sorbonne.ae


    Calendrier 

    Jusqu’au 16 février 2024 : réception des propositions

    23 février 2024 : envoi des notifications d’acceptation

    25 et 26 avril 2024 : tenue du colloque


    Comité scientifique

    • Karl Akiki (Université Saint Joseph/Académie Internationale de la Francophonie Scientifique -AUF)
    • Olga Anokhina (CNRS-ITEM)
    • Alain Ausoni (Université de Lausanne)
    • Lourdes Carriedo (Universidad Complutense de Madrid)
    • Sara De Balsi (Université de Cergy-Pontoise)
    • Romuald Fonkoua (Sorbonne Université)
    • Lise Gauvin (Université de Montréal)
    • Karine Germoni (Sorbonne Université/Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Anne Godard (Sorbonne Nouvelle)
    • Angeliki Kordoni (Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Álvaro Luna-Dubois (New York University Abu Dhabi)
    • Véronique Porra (Johannes Gutenberg-Universität)

    Comité d’organisation

    • Alexis Collet (Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Karine Germoni (Sorbonne Université/Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Álvaro Luna-Dubois (New York University Abu Dhabi)
    • Célia Ouali (Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Leila Sammou (Sorbonne Université Abu Dhabi)
    • Mona Wehbe (Sorbonne Université Abu Dhabi)

     


    Format de l’événement

    Événement comodal (sur site et en ligne)

    Informations utiles

    Il n’y a pas de frais d’inscription. Le transport et l’hébergement sont à la charge des participants. Les déjeuners seront pris en charge par les universités organisatrices Sorbonne Université, Sorbonne Université Abu Dhabi et New York University Abu Dhabi.


    Bibliographie indicative

    Allard, Cécilia et De Balsi, Sara, Le choix d’écrire en français. Études sur la francophonie translingue, Amiens, Encrage, 2016.

    Anokhina, Olga et Sciarrino, Emilio, Entre les langues. Genesis, 46 (18), Paris, PUPS, 2018.

    Anokhina, Olga, Multilinguisme et créativité littéraire, Louvain-La-Neuve, L’Harmattan/Academia, « Au cœur des textes », n°20, 2012.

    Anokhina, Olga, Ausoni, Alain (dir.), Vivre entre les langues, écrire en français, Paris, EAC, 2019.

    Ausoni, Alain, Mémoires d’outre-langue. L’écriture translingue de soi, Slatkine Érudition, 2018.

    Ausoni, Alain (dir.), La Francophonie translingue, Interfrancophonies, n°9, 2018.

    Ben Saad, Nizar, « Écrire dans la langue de l’Autre : risques et enjeux », Revue de littérature comparée 2008/3 (n°327), p.289-298.

    Cassin, Barbara, Plus d’une langue, Paris, Bayard, 2012.

    Bruera, Franca (dir.), Écrivains en transit. Translinguisme littéraire et identités culturelles. Scrittori in transito. Translinguismo letterario e identità culturali, CosMo, 2017, n°11.

    Chirila, Ileana Daniela, La République réinventée : les littératures transculturelles dans la France contemporaine, thèse de Doctorat, Duke University, 2012,

    Combe, Dominique, Poétiques francophones, Paris, Hachette, 1995.

    Combe Dominique, Littératures francophones. Questions, débats et polémiques, Paris, PUF, 2019 [2010].

    Cros, Isabelle et Godard, Anne (dir.) (2022), Écrire entre les langues. Littérature, traduction, enseignement, Éditions des archives contemporaines. France. https://doi.org/10.17184/eac.9782813004642  

    De Balsi, Sara, Agota Kristof : écrivaine translingue, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 2019.

    De Balsi, Sara, La francophonie translingue. Éléments pour une poétique, Rennes, PUR, 2024 (à paraître).

    De Mattia-Viviès, Monique, « Entrer dans la langue ou dans les langues : de la langue maternelle à la langue “mat-rangère” », E-rea [En ligne], 16.1 | 2018, mis en ligne le 15 décembre 2018. https://doi.org/10.4000/erea.6502

    Delbart, Anne Rosine, Les Exilés du langage : un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919-2000), Limoges, Pulim, « Francophonies », 2005.

    De Rijcke, Elke, « Mes langues natales : écrire entre deux langues », Poezibao, Disputaison « Quitter sa langue, écrire en français », série B, n°17, https://www.poesibao.fr/quitter-sa-langue-natale-ecrire-en-francais-17-elke-de-rijcke-2/ (25 janvier 2023).

    Derrida, Jacques, Le monolinguisme de l’autre ou la prothèse d’origine, Paris, Galilée, 1996.

    Duhan, Alice, « L’Écriture en langue étrangère comme pratique et comme poétique : le cas de deux écrivains « francographes », Nancy Huston et Andreï Makine », Nottingham French Studies, Volume 56 Issue 2, p. 212-226.

    Fonkoua, Romuald et Pierre Halen, Pierre (dir.), Les Champs littéraires africains, Paris, Karthala, 2001.

    Gauvin, Lise, « Glissements de langues et poétiques romanesques : Poulin, Ducharme, Chamoiseau », dans Gauvin, Lise (dir.), L’Écrivain et ses langues, 1996, n°101, p. 5-24.

    Gauvin, Lise, Les Langues du roman : du plurilinguisme comme stratégie textuelle, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1999.

    Gauvin, Lise (dir.), L’écrivain francophone à la croisée des langues. Entretiens. Paris, Karthala,

    « Lettres du Sud », 2009.

    Gauvin, Lise, Des littératures de l’intranquillité, Paris, Karthala, « Lettres du Sud », 2023.

    Hervé-Montel, Caroline, Renaissance littéraire et conscience nationale. Les premiers romans en francais au Liban et en Egypte (1908-1933), Paris, Geuthner, 2012.

    Godard, Anne, La Littérature dans l’enseignement du FLE, Paris, Didier, 2015.

    Ivantcheva-Merjanska, Irene, Écrire dans la langue de l’autre : Assia Djebar et Julia Kristeva, 2015.

    Johansson, Marjut et Dervin, Fred, « Cercles francophones et français lingua franca : pour une francophonie liquide » International Journal of Francophone Studies, n° 2/3, 2009, p. 385-404.

    Jouanny, Robert, Singularités francophones ou choisir d’écrire en français, Paris, PUF, « Écritures francophones », 2000.

    Kellman, Steven G., The Translingual Imagination, Londres, University of Nebraska Press, 2000.

    Emmanuel Khérad, « Écrire dans une autre langue ; Entretien avec Simonetta Greggio, Pedro Kadivar, Fouad Laroui ». https://www.sgdl.org/sgdl-accueil/presse/presse-acte-des-forums/lalangue-francaise-pour-territoire/3105-ecrire-dans-une-autre-langue

    Laroui, Fouad, Le Drame linguistique marocain, Zellige Éditions, 2011.

    Marchand, Aline, et Pascale Roux (dir.), « Entre deux langues : l’écrivain-traducteur et le bilinguisme aux XXe et XXIe siècles », Recherches & travaux, 2019, n°95.

    Mathis-Moser, Ursula et Mertz-Baumgartner, Birgit (dir.). Passages et ancrages. Dictionnaire des écrivains migrants de langue française, Paris, Champion, 2012.

    Porra, Véronique, Langue française, langue d’adoption. Une littérature « invitée » entre création, stratégies et contraintes (1946-2000), Hildesheim, Georg Olms Verlag, 2011.

    Solon, Pascale, « “Quand j’écris en arabe, je sens comme un poids sur ma main”.  L’écriture d’Amin Maalouf entre l’arabe et le français », dans Robert Dion, Hans-Jürgen Lüsebrink et János Riesz (dir.), Écrire en langue étrangère.  Interférences de langues et de cultures dans le monde francophone, Québec/Francfort, Nota bene/IKO-Verlag, 2002, p. 65-86.

    Stétié, Salah, Le français, l’autre langue, Arles, Actes Sud, « L’impensé », 2001.

    Suchet, Myriam, L’Imaginaire hétérolingue, Paris, Classiques Garnier, 2014.

    Wismann, Heinz, Penser entre les langues, Paris, Albin Michel, 2012.

    Yildiz, Yasedin, Beyond the Mother Tongue : The Postmonolingual Condition, New York, Fordham University Press, 2012.


    1. La notion de « langue seconde » fait référence à une langue généralement reconnue officiellement et utilisée dans une zone géographique particulière, notamment dans les domaines de l’administration, du commerce et de l’enseignement (supérieur), tandis que « langue étrangère » renvoie à une langue qui n’est pas couramment utilisée dans cette zone spécifique. La notion de « français langue de scolarisation » (FLSco) s’est développée, depuis la fin des années 1980, tant pour les enfants migrant en France que pour les écoles françaises de l’étranger et pour l’enseignement des disciplines dites « non linguistiques ». ↩︎
    2. « L’“Autre” par excellence, c’est d’abord la langue elle-même », dit justement Ryoko Sekiguchi. On connaît encore cette fameuse citation de Proust : « Écrire, c’est toujours écrire dans une langue étrangère », ou celle de Sartre : « On parle une langue, on en écrit une autre ». ↩︎
    3. 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent), Paris, P.O.L, 2011. ↩︎
    4. Ryoko Sekiguchi, « Écrire double » https://remue.net/Ecrire-double-Ryoko-Sekiguchi ↩︎
    5. Elke de Rijcke, « Mes langues natales : écrire entre deux langues », Poezibao, Disputaison « Quitter sa langue, écrire en français », série B, n°17, https://www.poesibao.fr/quitter-sa-langue-natale-ecrire-en-francais-17-elke-de-rijcke-2/ (25 janvier 2023). ↩︎
    6. François Cheng est membre de l’Académie française depuis 2002. En 2008, le Goncourt est attribué à l’afghan Atiq Rahimi, tandis que le Renaudot va au guinéen Tierno Monembo (originaire de Guinée) et le prix Théophile Gautier de l’Académie française est remis à Seymus Dagtekin (né dans la partie turque du Kurdistan). 2008 est l’année où Tahar Ben Jelloun entre à l’Académie Goncourt. ↩︎
    7. L’exemple du Rwanda et du Burkina Faso est à ce titre édifiant. ↩︎
    8. « Culture française. Déclin ou mutation ? », Le Monde, 21 décembre 2007 ; Donald Morrison et Antoine Compagnon, Que reste-t-il de la culture française ? suivi de Le Souci de la grandeur, Paris, Denoël, 2008. ↩︎
    9. Voir Yasedin Yildiz, Beyond the Mother Tongue : The Postmonolingual Condition (2012), paraphrasé par l’écrivaine bruxelloise Elke de Rijcke, art. cité. ↩︎
    10. Le Drame linguistique marocain de Fouad Laroui (Zellige, 2011) concerne en réalité l’ensemble du Maghreb : « [G]énéralement on écrit dans sa langue maternelle, ce qui est le cas de 99% des auteurs. Mais les Maghrébins ne peuvent pas écrire dans leur langue maternelle car c’est une langue qui ne s’écrit pas. Personne n’écrit en dialecte. Alors vient le choix : est-ce qu’ils vont écrire en arable classique ? Très belle langue, certes, mais impossible à manier. […] Quelle est la solution ? C’est le français, pour ceux qui sont allés à l’école française, ceux pour qui le français est quasiment une langue maternelle. […] Cette analyse concerne la diglossie arabe. Techniquement la diglossie existe aussi en Haïti. […] Pour l’amour de dieu, si j’ose dire, n’utilisons plus jamais le mot « choisir » en ce qui concerne les écrivains du Maghreb qui s’expriment en français. Le français, je ne dirais pas que c’est un pis-aller, c’est une chance pour eux parce qu’ils peuvent s’exprimer avec le français mais ça n’a jamais été un choix et ce n’est pas un choix. » C’est une difficulté du même ordre que vivent les écrivains libanais, tels qu’Amin Maalouf, ainsi que le rappelle Pascale Solon (2002). ↩︎
    11. Ce collectif de 130 écrivaines venant des quatre coins du monde, a pour objectif, depuis 2018, de rendre visible l’apport des femmes en littérature, de constituer une force et un espace de parole au féminin, en français, cette « langue en partage, que nous métissons », commente Faouzia Zouari la présidente du collectif, « avec nos souffles singuliers mais qui reste notre véhicule de valeurs, de rêves et de combats », « “Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ?” se demandera le Parlement des écrivaines francophones à Beyrouth ». Entretien avec Faouzia Zouari. Propos recueillis par Georgia Makhlouf, le 20 octobre 2022. https://www.lorientlejour.com/article/1315121/-35.html. ↩︎
    12. « Pourquoi ne pas parler une langue mat-rangère, tout à la fois in/hors matrie, sans pour autant dénaturerla langue étrangère mais en laissant s’y déposer un résidu, qui garde la trace de son rapport à lalangue, permettant ainsi, pour un locuteur donné, l’investissement corporel de la langue étrangère, qui aurait ainsi plus de chance de sonner juste ? » ↩︎
    13. En référence au titre de l’ouvrage récent de Lise Gauvin, Des littératures de l’intranquillité, Paris, Karthala, « Lettres du Sud », 2023, dont la thèse est qu’en situation de minorité face au français de France, les littératures francophones font émerger quantité d’autres langues en elles – créole, malinké ou encore l’anglais. ↩︎
    14. « [M]ême quand j’écrivais en persan, mon écriture dérangeait mes compatriotes. Non seulement sur le plan thématique contre la société phallocrate, les dogmes religieux, la frustration sexuelle… mais aussi sur le plan stylistique : j’appliquais dans ma langue maternelle la rhétorique de la langue française. Ensuite, quand je me suis mis à écrire en français, c’était l’inverse, j’appliquais et j’applique toujours la rhétorique de ma langue maternelle dans cette belle langue d’adoption. Cela donne, il me semble, une troisième langue, une langue presque étrangère. », « Rencontre avec Atiq Rahimi », mise en écrit par Carole Leymarie, Kristèle Nonnet-Pavois, Champ lacanien, 2019/2, n°23, p.141-147. ↩︎
    15. Baptiste Roger-Lacan, « Beyrouth nous reconnaîtra-t-elle ? Une conversation avec Zeina Abirached », Le Grand Continent, 29 novembre 2020. https://legrandcontinent.eu/fr/2020/11/29/zeina-abirached/ ↩︎
    16. Dans les faits, la France et le Québec demeurent les deux pôles du monde francophone qui attirent le plus les « migrations littéraires ». ↩︎
  • Penser le style des littératures écrites et dessinées: pratiques de la greffe

    Appel à communication pour une journée d’étude

    , Lettres Sorbonne Université

    Penser le style des littératures écrites et dessinées : pratiques de la greffe

    Sorbonne Université, Paris —  le 31 mai 2024

    Propositions de communication à envoyer d’ici le 15 février 2024

    UR Sens Texte Informatique Histoire

    Pensé en littérature comme un écart avec la norme (Philippe 2021, p. 55), ou comme une illustration de celle-ci, comme l’expression d’une singularité auctoriale (Barthes 1953, p. 13-14) ou comme le reflet d’une allégeance à un courant littéraire (style surréaliste), à un genre (Letourneux 2017, p. 15), voire comme le témoignage de la langue d’une époque (un style Troisième République), le concept de style en littérature s’avère aussi malléable qu’épineux pour la recherche. Prise au croisement de diverses « mystiques » (Rastier 1994, p. 268), à la fois inévitable, et malaisée d’approche, la notion a donné lieu à de nombreuses réflexions depuis l’œuvre fondatrice de Charles Bally (1909) instituant en France la discipline de la stylistique. En vertu de sa nature protéiforme, on reconnaît toutefois à la notion de style son adaptabilité puisqu’elle s’emploie aisément pour caractériser tous les domaines et les formes d’expressions, au-delà du seul champ littéraire. 

    Ainsi, interroger le style en bande dessinée c’est se heurter aux spécificités du médium : l’hybridité iconotextuelle qui le définit et la réalité souvent collective de sa production. Dans la lignée des approches logocentrées de la bande dessinée, les études liées au style de ce médium se sont originellement concentrées sur ses récits et ses discours (Fresnault-Deruelle 1977). Progressivement, l’intérêt croissant porté à l’esthétique de la bande dessinée a conduit à mener des études stylistiques de ses images, en tentant de dégager des filiations artistiques (Lecigne & Tamine 1983) dans ce qui est considéré non plus seulement comme un médium mais bien comme un neuvième art. Réévaluer la dimension picturale de la bande dessinée amène à s’interroger sur la qualité des images valant pour elles-mêmes, au-delà de leur rôle seulement narratif, en mettant au centre de la préoccupation esthétique la notion de graphiation (Marion 1993 ; Andrieu de Levis 2019). Cependant, ces travaux n’en restent pas moins sporadiques et les récentes études font, en tentant de le combler, le constat d’un manque critique important (Forceville, El Refaie & Meesters 2014, p. 485 ; Berthou & Dürrenmatt 2019, p. 7).

    L’originalité de cette journée d’étude réside dès lors dans le choix d’un corpus protéiforme, en s’intéressant aussi bien aux littératures écrites qu’aux « littératures dessinées » (Morgan 2003). Tout en s’abstenant de considérer le médium de la bande dessinée comme un simple genre, il s’agira d’envisager, en parallèle ou dans un même geste, des productions pouvant relever de ces deux champs contigus : le roman, la nouvelle, le poème, la micro-fiction, aussi bien que les genres de l’autobiographie au sens large, dans l’album, la planche, le strip voire le cartoon

    Plus spécifiquement, l’objet de cette rencontre sera d’examiner l’œuvre littéraire et bédéique en tant que corps textuel ou graphique composite, se construisant par ajouts d’éléments plus ou moins extérieurs, greffes ponctuelles ou structurelles, exhibées comme telles ou fondues à même le texte ou le dessin. Nous nous intéresserons tout particulièrement au phénomène de citation, selon une acception élargie. En effet, nous incluons dans cette notion non seulement la citation dite « littéraire », soit l’incorporation la plus traditionnelle d’un fragment textuel au sein d’un texte d’accueil, mais aussi toute expression apparaissant comme autre à l’intérieur d’un (icono)texte, par l’insertion d’un « discours autre » (direct, indirect, libre ou non) ou d’un énoncé graphique différent (par le trait, la mise en page, etc.). Dans cette perspective, le copié-collé textuel mis au jour dans certaines œuvres littéraires peut faire écho, dans la bande dessinée, à l’insertion de composantes ne relevant pas de la main de l’artiste, à des éléments redessinés, et plus largement à l’introduction d’ »images autres ». Les communications permettront dès lors d’évaluer ce qui fonde une spécificité stylistique dans l’insertion du discours autre (Authier-Revuz, 2020) dans les littératures écrites ou dessinées, mais aussi ce qui peut réunir les deux médiums envisagés dans une dynamique commune, notamment par leur tendance à cultiver un réseau de références nommé tantôt intertextualité, tantôt intericonicité.

    Dans l’optique d’interroger conjointement ces deux champs, nous faisons le choix de placer cette journée d’étude dans le sillage des ouvrages majeurs de sémiostylistique publiés ces dernières décennies, notamment les écrits parus sous l’égide de Georges Molinié (Molinié & Cahné 1994), mais aussi des travaux plus récents de Gilles Philippe qui exposent la dimension évolutive du style (Philippe 2021), essentielle à notre sens pour appréhender à nouveaux frais les frontières de ce concept. Nous fondons enfin notre compréhension du style sur les analyses développées dans la synthèse d’Éric Bordas en 2008 dans « Style ». Un mot et des discours, et sur le principe d’une définition, qu’il sera bien entendu nécessaire de critiquer : « De toute évidence, le style, c’est la variante […] et, génétiquement, l’ »écriture », comme processus de transformation, de transmutation, commence avec la rature. L’idée d’un style naît avec la possibilité d’un choix […] » (p. 57-58) Ainsi, compris comme une donnée évolutive ou comme une variation, le style semble résister à toute entreprise d’homogénéité et nous invite à le considérer sous l’angle du mélange et de la dissemblance. C’est en gardant à l’esprit ce principe fondamental de « choix » que nous souhaitons réfléchir aux différents moyens stylistiques par lesquels un auteur ou une autrice se confronte, s’accorde, s’empare de la parole d’autrui, la joint à la sienne, comme élément hétérogène explicite, assumé, affiché ou au contraire, camouflé, lissé, voire plagié. 

    Tous travaux concernant ces modalités d’incorporation de texte ou d’image autre seront donc les bienvenus. Les propositions de communication pourront s’inscrire dans les axes de réflexion suivants (dont la liste est, à l’évidence, non exhaustive) : 

    • L’emprunt et l’imitation. Réécritures partielles de certains motifs : L’évènement reprenant le point central des Armoires vides, à savoir l’avortement clandestin chez Annie Ernaux. Réécritures totales : Le Voyage sans fin de Monique Wittig reprenant la diégèse et les personnages principaux du Don Quichotte de Cervantes ; Hippolyte de Garnier, puis Phèdre de Racine reprenant la tragédie de Sénèque ; Une Tempête d’Aimé Césaire dans le sillage de La Tempête de William Shakespeare
    • Le jeu littéraire, la parodie et le pastiche. Exercices de styles graphiques ou textuels : Variations de Blutch ; Exercices de style de Raymond Queneau. Pastiche de tableaux ou autres images dans une bande dessinée : Moderne Olympia de Catherine Meurisse.
    • Les réutilisations d’une matière existante. Par le collage littéraire : Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin ; La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq. Par le re-dessin : Le Grand Récit de Jens Harder ; Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan.
    • La citation ou le style d’autrui comme fondements d’un style. À l’échelle d’une carrière : Jean-Patrick Manchette se coulant dans le moule de Dashiell Hammett ; Joost Swarte empruntant la ligne de Hergé. À l’échelle de l’œuvre : la reprise du style épique dans La Franciade de Ronsard. À l’échelle du fragment d’œuvre : le travail des exergues dans Médée de Christa Wolf.
    • La juxtaposition, voire la confrontation des styles. Autocitation : Livre des trois Vertus de Christine de Pizan ; Indélébiles de Luz. Écriture à plusieurs mains : Seyvoz de Joy Sorman et Maylis de Kerangal ; Révolution de Florent Grouazel et Younn Locard. Insertion de dessins d’enfants : Blast de Manu Larcenet ; Chronographie de Dominique Goblet et Nikita Fossoul ; Mon enfant peut en faire autant de Jochen Gerner et Pavel Gerner. Évolutions d’un “style d’auteur” : Jean Giraud entre Blueberry et Le Monde d’Edena ; He Youzhi entre Mes années de jeunesse et La Lumière blanche.
    • Les modalités d’insertion du discours direct. Par des usages particuliers de la ponctuation dans un texte pouvant perturber l’ordre classique : Journal du dehors d’Annie Ernaux. Par un traitement particulier du phylactère en bande dessinée : Pelléas & Mélisande de Nicole Claveloux ; Formose de Li-chin Lin.

    Les propositions de communication, d’une page maximum, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 15 février 2024 aux trois adresses suivantes : 

    Une réponse sera envoyée après délibération à la fin février 2024. La journée d’étude aura lieu le 31 mai 2024 à Sorbonne Université (Paris), et sera suivie d’une table ronde.


    Comité d’organisation : 

    Bibliographie indicative 

    Andrieu de Levis, Jean-Charles, De la ligne claire à la ligne « pas claire ». Émancipations esthétiques de la bande dessinée en France et aux États-Unis à l’orée des années 70, thèse sous la dir. de Dürrenmatt, Jacques, Paris, Sorbonne Université, 2019.

    Authier-Revuz, Jacqueline, La Représentation du discours autre. Principes pour une description, Berlin, De Gruyter, 2020. Disponible en ligne : https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9783110641226/html 

    Bally, Charles, Traité de stylistique française, Heidelberg, Carl Winter’s Universitätsbuchhandlung,  1921 [1909]. Disponible en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k166222b.

    Barthes, Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 2014 [1953]. 

    Berthou, Benoît et Dürrenmatt, Jacques (dir.), Style(s) de (la) bande dessinée, Paris, Classiques Garnier, coll. « Perspectives comparatistes », 2019.

    Bordas, Éric et Molinié, Georges (dir.), Style, langue et société, Paris, Honoré Champion, coll. « Colloques, congrès et conférences Sciences du Langage », 2015.

    Bordas, Éric, « Style »  : un mot et des discours, Paris, Éditions Kimé, coll. « Détours littéraires », 2008.

    Compagnon, Antoine, La Seconde main ou le travail de citation, Paris, Points, coll. « Essais », 2016 [1979].

    Dürrenmatt, Jacques, Bande dessinée et littérature, Paris, Classiques Garnier, coll. « Études de littérature des XXe et XXIe siècles », 2013.

    Forceville, Charles,  El Refaie, Elisabeth et Meesters, Gert, « Stylistics and comics », dans Burke, Michael (dir.), The Routledge Handbook of Stylistics, Londres/New York, Routledge, 2014, p. 485-499.

    Fresnault-Deruelle, Pierre, Récits et Discours par la Bande. Essais sur les Comics, Paris, Hachette, coll. « Hachette Essais », 1977.

    Genette, Gérard, Palimpsestes, la littérature au second degré, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 1982.

    Herschberg Pierrot, Anne, Le style en mouvement, Paris, Belin, coll. « Belin Sup Lettres », 2005.

    Jollin-Bertocchi, Sophie et Linarès, Serge, Changer de style – Écritures évolutives aux XXe et XXIe siècles, Leiden, Brill Rodopi, coll. « Faux titre », 2019.

    Lecigne, Bruno et Tamine, Jean-Pierre, Fac-similé. Essai paratactique sur le Nouveau Réalisme de la Bande Dessinée, Paris, Futuropolis, 1983. 

    Letourneux, Matthieu, Fictions à la chaîne : littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 2017.

    Marion, Philippe, Traces en cases. Travail graphique, figuration narrative et participation du lecteur : essai sur la bande dessinée, Louvain-la-Neuve, Academia, 1993.

    Molinié, Georges et Cahné, Pierre (dir.), Qu’est-ce que le style  ? Actes du colloque international, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Linguistique nouvelle », 1994.

    Philippe, Gilles, Pourquoi le style change-t-il  ?, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, coll. « Réflexions faites », 2021. 

    Rastier, François, « Le problème du style pour la sémantique du texte », dans Molinié, Georges et Cahné Pierre (dir.), Qu’est-ce que le style ? Actes du colloque international, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Linguistique nouvelle », 1994.

  • Poésie et langages du vivant (XXe et XXIe siècles), deuxième volet.

    Journée d’étude “Poésie et langages du vivant (XXe et XXIe siècles), deuxième volet

    Date limite de l’appel : 1er février 2024

    Université Rouen Normandie, 27 septembre 2024.

    Mont-Saint-Aignan, UFR Lettres et Sciences Humaines.

    Journée d’étude organisée par :

    • Thomas Augais, (Sorbonne Université/ CELLF),
    • Irène Gayraud (Sorbonne Université / CRLC) et
    • Thierry Roger (Université de Rouen Normandie / CÉRÉdI)

    Cette journée fait suite à une première journée d’étude sur cette question, qui a eu lieu le 2 juin 2023 à Sorbonne Université.

    « Que serait la biologie sans les poètes 1 ? », s’interrogeait Francis Hallé citant Ponge et Valéry. Pourtant ceux-ci ne cessent de rencontrer leurs limites, cherchant de quelle manière la langue poétique pourrait retenir quelque chose de la complexité du vivant. Les travaux actuels de l’écocritique et de l’écopoétique, souvent minés par le simple thématisme ou le pur environnementalisme, doivent alors en venir à une interrogation en profondeur sur le signe. Le travail des poètes a-t-il contribué à faire émerger la conscience qu’anthropos et les vivants non humains partagent la même « sémiosphère » ? David Abram et Paul Shepard ont avancé l’hypothèse d’une « co-évolution des formes naturelles et des langages des hommes 2 », inspirant la zoopoétique, qui explore la manière dont « les syntaxes de nos langues répondent à une grammaire de la vie3 ». Pour Philippe Jousset, « le principe qui préside à l’engrènement du logos sur la physis est d’abord celui d’un prolongement4 ». Une telle vision rencontre celle du poète Lorand Gaspar, pour lequel le langage humain est « organiquement lié au langage de la vie5 ». La voie est ouverte pour une relativisation de l’arbitraire du signe, en particulier à partir des travaux de Dominique Lestel s’efforçant de penser une « métabolisation des formes animales par les langages humains6 ». Notre époque est celle d’une grande déstabilisation du langage. Pour l’écrivain Camille de Toledo, attentif à la biosémiotique, c’est « la notion même de langage qui est en train de se déplacer7 ». Prenant appui sur la pensée des intraduisibles de Barbara Cassin8, il en appelle alors à un « continuum du traduire » capable de répondre à ces secousses sismiques lézardant la table d’écriture, si cette table est notre sol. Le moment est venu de sortir d’un logocentrisme humain condamnant les non humains à n’être que des aloga, afin de prendre la mesure des sèves qui ont nourri ce renouveau contemporain dans la manière d’envisager les rapports entre le langage humain et un monde « muet » dont on ne cesse de découvrir à quel point il est saturé de sons, cris, appels, signaux… Pour Gabriel Vignola, il est urgent de « transformer le regard que nous posons sur la théorie littéraire » pour « problématiser la question du langage, de la représentation et de la littérature différemment, dans une perspective inspirée des modèles de l’écologie telle qu’elle se développe en sciences naturelles9 ».

    Il s’agira dans cette journée d’études, située au carrefour entre écocritique et épistémocritique, de reprendre à nouveaux frais le problème de la « sémiotique du monde naturel10 » abordé en son temps par Greimas, en vue d’ouvrir la recherche sur la poésie à l’écosémiotique, laquelle s’appuie sur la biologie de la signification de Jakob von Uexküll. De quelle manière se pose aujourd’hui la question médiévale du liber naturae, de la « lisibilité du monde11 » ? Ne nous conduit-elle pas à interroger les survivances et les transformations, au sein des sociétés modernes, de l’ontologie « analogiste » théorisée par Philippe Descola12 ?

    Cette seconde journée, qui fait suite à celle organisée à Sorbonne Université le 2 juin 2023, sera donc ouverte à des propositions qui, à partir d’un corpus de poésie – française ou comparatiste – postérieur à 1900 chercheront à articuler les travaux récents de la recherche dans les domaines de la littérature, de la linguistique et des sciences du vivant.


    Quelques pistes de réflexion :

    • Les communications chercheront à montrer de quelle manière le bruissement du monde féconde celui de la langue poétique, à partir d’un corpus monographique ou bien en convoquant de multiples poètes. Des études zoopoétiques pourront être envisagées, mais on pourra aussi s’interroger, dans le sillage d’Eduardo Kohn13, sur la pensée des forêts ou celle d’autres vivants non humains.
    • On pourra étudier les échanges entre formes du vivant et formes poétiques, à la lumière des travaux d’Adolf Portmann14, redécouverts par l’esthétique contemporaine, dès lors que « Tout vivant est avant toutes choses une apparence, une forme, une image, une espèce15 ». La notion d’« autoprésentation » animale croise alors celle de mimésis poétique ; « l’apparence inadressée » dialogue, ou non, avec « l’offrande lyrique », et plus largement avec la question de la transitivité en poésie.
    • On s’intéressera particulièrement à des poètes ayant développé une réflexion sur le rapport entre physis et logos, des poètes ayant interrogé la « grammaire du vivant » ou ayant cherché à penser la porosité entre la parole humaine et d’autres formes de langage. On explorera alors le terrain en partie fictif de la « thérolinguistique » chère à Vinciane Despret16. L’adoption d’un tel point de vue anthropologiquement décentré permettra de voir en quoi la parole du poème, contre la syntaxe de la domination, contre la syntaxe du dualisme sujet / objet, peut rencontrer le poème de la fourmi ou du poulpe, écrits dans cette langue « qui n’a pas de centre, une langue traversée ou raversière17 ».
    • On pourra s’intéresser à des cas concrets de dialogue entre des poètes et des biologistes ou des éthologues à propos du langage, et plus largement à la culture scientifique des poètes, lorsque celle-ci naît d’une réflexion sur la « thèse de l’exception humaine18 » dans la sphère langagière.
    • Des communications proposées par des chercheurs en linguistique pourront être précieuses, pour aborder en particulier le rapport entre le langage poétique et le domaine de l’écosémiotique.
    • Les travaux comparatistes pourront se demander si la manière dont les poètes abordent ce rapport entre la parole humaine et d’autres formes de langage est sujette à des variations en fonction des aires culturelles et linguistiques.

    Les propositions de communication doivent être adressées avant le 1er février 2024 à :


    1. Francis Hallé, Éloge de la plante. Pour une nouvelle biologie, Paris, Editions du Seuil, 1999, p. 104. ↩︎
    2. Anne Simon, Une bête entre les lignes, essai de zoopoétique, Marseille, Wildproject, 2021, p. 104. Voir David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens [1997], trad. Didier Demorcy et Isabelle Stengers, Paris, La Découverte, 2013 ; Paul Shepard, Thinking animals: Animals and the Development of Human Intelligence, Athens, University of Georgia Press, 1978. ↩︎
    3. Ibid., p. 105. ↩︎
    4. Philippe Jousset, Anthropologie du style. Propositions, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 28. ↩︎
    5. Lorand Gaspar, Approche de la parole, Paris, Gallimard, 1978, p. 10. ↩︎
    6. Dominique Lestel, L’Animal singulier, Paris, Seuil, 2004, p. 59. ↩︎
    7. Propos tenus lors du séminaire « Identités plastiques », organisé par Irène Gayraud, Danielle Perrot-Corpet et Judith Sarfati Lanter : « Réécrire la loi. Rencontre avec Camille de Toledo », séance du jeudi 19 mai 2022, Sorbonne Université. ↩︎
    8. Barbara Cassin (dir.), Le Vocabulaire européen des philosophies : Dictionnaire des intraduisibles, Paris, Seuil, 2004. ↩︎
    9. Gabriel Vignola, « Écocritique, écosémiotique et représentation du monde en littérature », Cygne noir, no 5, 2017, URL : http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique [consulté le 30 juin 2022]. ↩︎
    10. Algirdas Julien Greimas, « Conditions d’une sémiotique du monde naturel », Langages, 1968, 10, p. 3-35. ↩︎
    11. Hans Blumenberg, La Lisibilité du monde, Paris, Le Cerf, 2007. ↩︎
    12. Philippe Descola, Par-delà nature et culture (2005), Paris, Gallimard, 2015. ↩︎
    13. Eduardo Kohn, Comment pensent les forêts, trad. Grégory Delaplace, Paris, Zones Sensibles, 2013. ↩︎
    14. Adolf Portmann, La Forme animale, Préface de Jacques Dewitte, Paris, La Bibliothèque, 2013. ↩︎
    15. Emanuele Coccia, La Vie sensible, trad. Martin Rueff, Paris, Payot, 2010, p. 10. ↩︎
    16. Voir Autobiographie d’un poulpe, Arles, Actes Sud, 2021. ↩︎
    17. Ibid., p. 88. ↩︎
    18. Jean-Marie Schaeffer, La Fin de l’exception humaine, Paris, Gallimard, 2007. ↩︎
  • Discours et Pratiques de l’écriture écologique : territoires et préservation de l’avenir

    Atelier 13 du Colloque 2024 de l’APFUCC
    Du 15 au 19 juin 2024
    Université McGill
    Montréal, Québec, Canada

    Date limite pour la réception des propositions de communication : 15 janvier 2024

    https://apfucc.net/congres-2024/Lien vers l’appel (PDF)

    Responsables d’atelier

    Rony Devyllers Yala Kouandzi, Université Marien Ngouabi, Congo
    Fabiola Obame, Université Paris 8

    Argumentaire

    La littérature témoigne de la réalité, du vécu des humains. Elle participe de leurs différents combats idéologiques, face aux grandes crises de l’Histoire, notamment politiques, économiques, socioculturelles, environnementales, car comme le souligne R. Barthes (1953,  p.15) « L’écriture est un acte de solidarité historique […] le rapport entre la création et la société […] la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’Histoire». À l’heure où l’humanité se trouve confrontée à des périls environnementaux, « La volonté d’agir très concrètement en faveur d’un environnement menacé s’exprime chaque jour avec plus de force » (P. Schoentjes, 2020, p.141). Aussi, les écrivains et écrivaines, soucieux et soucieuses de nos avenirs, produisent des ouvrages écologiques, pour alerter, informer et fédérer les consciences autour du combat écologique, pour le salut de tous et toutes. C’est le cas de Alice Ferney (Le Règne du Vivant, 2014), Henri Djombo (Le cri de la forêt, 2015) et Lionnel Daudet (Très haute tension, 2018). En effet face aux différents changements naturels relevés et à la déferlante des catastrophes qui s’abattent sur le monde du fait de tremblements de terre, de tsunami, de changements climatiques, de sécheresse, d’inondations spectaculaires inédites, de pollution, de risques d’extinction des espèces animales, etc.-, ils et elles n’hésitent pas à thématiser les menaces qui pèsent sur la planète.

    Pour Hubert Zapf, la façon dont est abordée l’écologie dans les environnements littéraires ouvre la voie à la diversité. Dans Literature as Cultural Ecology (2016), il fait état du versant écologique de la littérature qui, dans un registre culturel, se révèle être le lieu d’émergence d’un renouveau culturel parce qu’elle est, en même temps, l’espace où se déconstruisent les déséquilibres culturels et où ils se régénèrent. Pour comprendre cet état de fait, il faut noter que d’une part, la littérature offre un éclairage aux cultures mises à l’écart pour des motifs historiques et politiques ; d’autre part, elle donne vie à l’imagination culturelle, dans toute sa diversité et sa complexité, par le biais du langage. De la sorte, ce qui est livré dans le texte littéraire, c’est donc une manière de repenser un avenir commun en tenant compte des écologies culturelles dans leurs différentes formes.

    De ce fait, en s’appuyant sur l’idée que la trajectoire culturelle d’un groupe est liée à la terre, il est nécessaire que la prise de conscience écologique passe d’abord par les cultures locales pour espérer influer sur les cultures globales, étant donné que chaque culture et chaque peuple cultivent un rapport différent à la nature. L’apport de la culture est de façonner le citoyen écologique en instillant (à nouveau) le goût de la nature en chaque homme et en explorant les pistes pouvant mener à une meilleure cohabitation avec l’environnement naturel. Plus précisément, l’enjeu est de réfléchir aux moyens proposés par les œuvres littéraires pour préserver les espaces de vie de demain et de définir les termes d’une politique de la réconciliation de l’environnement naturel où la culture serait au service de la nature. Dès lors, les caractéristiques intrinsèques aux écologies locales doivent être dynamisées étant donné qu’elles rendent compte, elles aussi, d’une politique écologique et d’une conception universalisante de l’écologie. Dans cette optique, la prise en compte des cultures des communautés noires et autochtones sera privilégiée, car ces cultures ouvrent une perspective vers un autre point de vue, à savoir, celui du regard que portent ces minorités sur la nature.

    L’objet du présent atelier est de rendre compte des discours écologiques mis en circulation dans les textes littéraires en lien avec les questions de territoire et de préservation des espaces et des cultures, ainsi que des différentes modalités de leur expression.

    A titre indicatif, les différentes communications pourraient s’inscrire dans les axes de réflexion ci-après :

    • Le rapport de l’humain à l’environnement
    • La représentation de l’environnement
    • L’expression de l’écologie 
    • Écologie et monde de demain
    • Écologie et décolonisation
    • Écologie et diversité
    • Écologie et universalisme
    • Écologie et culture

    Modalités de participation

    Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à obamefabilola@gmail.com et à ronydevyllers@gmail.com avant le 15 janvier 2024

    Le colloque annuel 2024 de l’APFUCC sera en personne. Il se tiendra dans le cadre du Congrès  annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada et la Fédération n’offre pas de soutien pour des interventions en ligne cette année.

    Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des  personnes responsables de l’atelier avant le 30 janvier 2024 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2024.

    Bibliographie indicative

    Barthes Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Seuil, 1972.
    Daudet Lionnel, Très haute tension, Paris, Stock, 2018
    Djombo Henri, Le cri de la forêt, Paris et Brazzaville, LC Éditions et Éditions Hemar, 2015.
    Ferney Alice, Le règne du Vivant, Paris, Actes Sud, 2014.
    Peytavin Jean Louis, « Avant-propos : les discours de l’écologie », Discours de l’écologie in Quaderni, 1992, n°17, p.65-66.
    Schoentjes Pierre , Ce qui a lieu, essai d’écopoetique, Wildproject, 2015.
    Littérature et écologie, Editions Corti, coll., Les Essais, 2020.
    Zaph Hubert, Literature as Cultural Ecology. SustainableTexts. London : Bloomsbury Publishing, 2016.

  • Poésie et langages du vivant (XXe et XXIe siècles) – 2 juin 2023

    Journée d’étude organisée par :

    • Thomas Augais, (Sorbonne Université/ CELLF),
    • Irène Gayraud (Sorbonne Université / CRLC) et
    • Thierry Roger (Université de Rouen Normandie / CÉRÉdI)

    Sorbonne Université, 2 juin 2023, amphi Cauchy

    Poésie et langages du vivante

    Important :
    Public extérieur à la Sorbonne, inscription obligatoire avant le 30 mai en écrivant à :
    thomas.augais@sorbonne-universite.fr

    Présentation

    « Que serait la biologie sans les poètes ? », s’interrogeait Francis Hallé. Pourtant ceux-ci ne cessent de rencontrer leurs limites, cherchant de quelle manière la langue poétique pourrait retenir quelque chose de la complexité du vivant. Les travaux actuels de l’écocritique et de l’écopoétique doivent alors en venir à une interrogation en profondeur sur le signe. Les poètes ont-ils contribué à faire émerger la conscience qu’anthropos et les vivants non humains partagent la même « sémiosphère » ? La voie est ouverte pour une relativisation de l’arbitraire du signe, en particulier à partir des travaux de Dominique Lestel s’efforçant de penser une « métabolisation des formes animales par les langages humains ». De quelle manière se pose aujourd’hui la question médiévale du liber naturae, de la « lisibilité du monde » ? Ne nous conduit-elle pas à interroger les survivances et les transformations, au sein des sociétés modernes, de l’ontologie « analogiste » théorisée par Philippe Descola ?

    Cette journée rassemblera des communications qui, à partir d’un corpus de poésie – française ou comparatiste – postérieur à 1900 chercheront à articuler les travaux récents de la recherche dans les domaines de la littérature, de la linguistique et des sciences du vivant.

    Programme

    9h : Accueil des intervenants

    9h15 : Ouverture du colloque par les organisateurs

    9h30 : Michel Collot (Sorbonne Nouvelle / UMR Thalim) : « La terre parle ? »

    10h : Marie Vigy (Université Paul Valéry / UMR Thalim) : « Les créations botaniques d’Henri Michaux, dépense formelle et luxe verbal du poème »

    10h30 : Discussion

    11h : Pause

    11h15 : Marik Froidefond (Université de Paris / Cerilac) : « Poésie prédatrice »

    11h45 : Émilie Frémond (Sorbonne Nouvelle / UMR Thalim) : « Bestiaires, encyclopédies et atlas poétiques. Le partage de l’espace »

    12h15 : Discussion

    12h45 : Pause déjeuner

    14h30 : Marielle Macé (EHESS / CRAL) : « Des voyelles, des oiseaux, des rivières »

    15h : Anne Gourio (Université de Caen / LASLAR) : « La trame et la trace. Poésie et langage du vivant chez Lorand Gaspar »

    15h30 : Discussion

    16h : Pause

    16h15 : Astrid Guillaume (Sorbonne Université, STIH) : « Traduire les animaux par la poésie et l’art »

    16h45 : Discussion et clôture du colloque