Porteurs du projet :
Koffi Ehouman René, Dorgelès Houessou, Fobah Eblin Pascal
Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire,
UFR Communication, Milieu et Société,
Laboratoire : Sciences du Langage Appliquées au Discours d’Invention (SLADI)
Centre de recherches : Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP)
Les
études sur le langage foisonnent, les champs qui s’y intéressent ne manquent
pas de crédibilité et de pluralité eux aussi. Mais nombreuses sont-elles à
s’intéresser aux phénomènes du langage sous des considérants qui occultent
l’énoncé phrastique. Le présent appel à contributions souhaite susciter l’intérêt
de la communauté universitaire autour de la phrase comme espace de fluidité, de
fragmentation, d’infini, et de fixation pour la pensée humaine et l’impensé.
Car l’implicite en énonciation phrastique est aussi signifiant que l’explicite,
voire plus.
On
se souvient que Buffon réduisait le style à la phrase quand il écrivit que
« Le style n’est que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées.
Si on les enchaîne étroitement, si on les serre, le style devient ferme,
nerveux et concis […] (Buffon, 1992). » La raison en est que la phrase
offre plus d’espace que tout autre constituant unitaire du langage pour poser
l’évidence d’une expressivité. On s’intéressera donc invariablement aux phrases
brèves, lapidaires, linéaires ou segmentées, périodiques ou
« phrase-tapisserie », « phrase-tableau »,
« phrase-panneau » comme le relève, pour le cadre descriptif, Georges
Molinié (2014[1986], 165), selon les sensibilités et subjectivités qui la
configurent d’un point de vue stylistique.
À
la vérité, l’axiologie de la volumétrie phrastique a contextuellement et
historiquement évolué. Si Barbey d’Aurevilly est donné en exemple dans un
numéro du Courrier artistique des années 1860 stipulant que « sa
phrase, hachée en vingt tronçons, ressemble à un plat de macaroni » (1865,
n° 14, p. 54), on conviendra avec Sancier-chateau qu’un regain d’intérêt pour la
brièveté, les réductions, la clarté a conduit à privilégier la concision
phrastique. Car « au delà d’une stricte conception grammaticale, la « nouvelle
façon d’écrire » impliquait la recherche d’une clarté, c’est-à-dire d’une
intelligibilité fondamentale, ennemie de l’ampleur, de la recherche visible,
de l’obscurité.(…) l’attention des stylistes est fixée sur les recettes les
plus propres à condenser l’expression » (Sancier-chateau : 1998, 41). La
raison en est que le choix du volume phrastique est lié à un imaginaire
sociodiscursif toujours spécifique (Dürrenmatt, 2017 & Houessou, 2019).
Ce
volume souhaite aussi reconsidérer la grammaire de la phrase. Il s’agit d’une
part des déviations ou variations propres au régime littéraire. Celles que
Riffaterre appelle des agrammaticalités, c’est-à-dire l’ensemble des libertés
que l’écrivain s’offre avec la langue, soit parce que la grammaire mobilisée s’éloigne
de la normativité objective, soit du fait que la recevabilité sémantique se trouve
affaiblie à cause d’un usage syntaxique hors de toute logique
communicationnelle (Riffaterre, 1983 : 15). D’autre part, on envisagera les
emplois francophones de la grammaire française dont l’œuvre de Kourouma a sonné
la « malinkisation » (Caitucoli, 2007). Ceux-ci pourront ainsi être
remise en question et en débat du point de vue de l’appropriation (Kouassi, 2007
& Koffi, 2012) dont ils sont l’objet dans l’aire francophone hors de
France.
La
structure phrastique des slogans publicitaires ou politiques pourra aussi être
questionnée d’un point de vue formel et fonctionnel. En tant que condensé
énonciatif, le slogan n’est pas toujours conçu selon le style canonique de la
syntaxe française. On dirait même plutôt que ce n’est jamais le cas. C’est
cependant sa complémentarité syntactique à son environnement sémiologique qui
garantit non seulement sa complétude sémantique mais aussi et surtout
l’efficacité discursive de cet emploi particulier de la phrase (Grunig, 2000 :
75 & Amossy, 2006).
Enfin,
il sera question des distorsions phrastiques que la rhétorique et la
stylistique, à sa suite, ont érigé en figures du discours dites de formes ou de
constructions et incluant, en plus des figures de répétition, l’hyperbate,
l’asyndète, la polysyndète, le chiasme, l’hypallage, l’énallage, l’anacoluthe
etc. La valeur expressive (Molinié, 2004[1986]) et argumentative (Bonhomme,
1998) de ces figures, ou encore leurs implications pragmatiques (Bonhomme, 2014
[2005]) permettent de redéfinir la notion d’énoncé phrastique selon le
contexte.
Une
approche de la phrase par lecture générique sera le lieu de considérer les
spécificités formelles et sémantiques de ses emplois individuels et
particuliers. Ainsi les axes suivants sont retenus pour l’organisation du
volume en préparation :
- La phrase littéraire (narration ;
poésie ; dialogue dramatique ; description) ;
- La phrase en régime discursif (discours
politique ; discours journalistique etc.)
- La phrase en situation d’interaction
spontanée ;
- Et la phrase publicitaire dans sa
sémiologie énonciative.
BIBLIOGRAPHIE
AMOSSY
Ruth, L’argumentation dans le discours, Paris, Armand Colin, 2006
[2000].
BONHOMME
Marc, Pragmatique des figures du discours, Paris, H. Champion, coll.
Bibliothèque de grammaire et de linguistique, 2014 [2005].
BONHOMME
Marc, Les Figures clés du discours, Paris, Seuil, 1998.
BOURKHIS
Rhida et BENJELLOUN Mohammed (dir.), La Phrase littéraire, Louvain,
Academia-Bruylant , coll. « Au coeur des textes » n° 15, 2008.
BUFFON,
Discours sur le style, Éditions Climats, Paris, 1992.
CAITUCOLI Claude,
« Ahmadou Kourouma et l’appropriation du français. Théorie et pratique », Synergies
Afrique Centrale et de l’Ouest, no 2, 2007, 53-70.
DUBOIS Jean, Grammaire
structurale du français, III, la phrase et ses transformations,
Paris : Larousse, 1969.
DÜRRENMATT
Jacques, « Style, phrase, rythme « hachés » : quel imaginaire ponctuant de la
coupure ? », Linx [En ligne], no 75 | 2017, mis en ligne le
23 novembre 2018, consulté le 20 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/linx/1882 ; DOI : 10.4000/linx.1882.
FOBAH
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GRUNIG
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Jean-Michel Adam et Marc Bonhomme (sous la direction de), Analyses du discours
publicitaire, Toulouse, Éditions universitaires du Sud, 2000, p. 75.
HOUESSOU
Dorgelès, « Du style litotique de la brièveté dans Les quatrains du dégoût
de Bernard Zadi Zaourou », Moussa Coulibaly (dir.), Esthétique et éthique de
la brièveté dans les créations contemporaines : approches brachypoétiques,
Actes du premier colloque international de Brachylogia Côte d’Ivoire sur les
poétiques brachylogiques, Éditions Didiga, pp. 158-182, janvier 2019.
KOFFI
Ehouman René, « La syntaxe de l’émotion : prétexte d’une étude parataxique
dans Climbié de Bernard B. Dadié », Lettres d’Ivoire, n0
014, deuxième semestre 2012, p. 69-78
KOUASSI
Germain, Le phénomène de l’appropriation linguistique et esthétique en
littérature africaine de langue française. Le cas des écrivains ivoiriens : Dadié,
Kourouma et Adiaffi, Paris, Publibook, 2e édition 2008, 1ère édition
2007
MOLINIÉ
Georges, Éléments de stylistique française, Paris, PUF, 2004[1986].
RIFFATERRE
Michael, Sémiotique de la poésie (Traduit de l’anglais par Jean-Jacques
Thomas), Paris, Le Seuil, 1983.
SANCIER-CHATEAU
Anne, « De la syntaxe au style : La quête de la « clarté » au seuil du
XVIIe siècle. Deux figures exemplaires : Du Perron et Du Vair », L’Information
Grammaticale, no 78, 1998. pp. 41-49.
MODALITÉS DE SOUMISSION
- Les
propositions seront faites sous forme de résumé en français n’excédant pas 500
signes avec les axes de références, les Nom, Prénoms, et coordonnées des
(co)auteurs et l’institution de rattachement ;
- Elles
sont à envoyer simultanément aux adresses suivantes :
reneehouman@gmail.fr ; dorgeleshouessou@yahoo.fr ;
- Le
terme limite de réception des résumés est fixé au 15 juin 2020 ;
Les notifications
aux auteurs se feront le 30 juin ; Le protocole de rédaction sera transmis
à cette même date aux auteurs des propositions retenues ;
Les articles complets
devront être proposés le 30 septembre au plus tard ;
- La
publication de l’ouvrage collectif se fera dans le courant du mois de novembre
2020 auprès d’une maison d’édition ou une collection universitaire.
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Ruth
AMOSSY, Professeure, Université de Tel-Aviv (Israël)
Roselyne
KOREN, professeure, Université Bar-Ilan (Israël)
Marc
BONHOMME, Professeur, Université de Berne (Suisse)
Brigitte
BUFFARD-MORET, Professeure, Université d’Artois (France)
Christelle
REGGIANI, Professeure, Université Paris IV Sorbonne (France)
Nicolas
LAURENT, Maître de conférences, ENS de Lyon – IHRIM (Institut d’Histoire des
Représentations et des Idées dans les Modernités) – (France)
Germain
Kouamé KOUASSI, Professeur, Université Alassane Ouattara (RCI)
Alain
Abia ABOA, Professeur, Université Félix Houphouët Boigny (RCI)
Oreste
FLOQUET, Professeur, Université La Sapienza de Rome (Italie)
Nerci
NAJATE, Professeure, FLSH Mohammedia, Université Hassan II (Maroc)
Joël
JULY, Maître de conférences, Université d’Aix-Marseille, AMU (France)
François
KOUABENAN-KOSSONOU, Professeur, Université Alassane Ouattara
Nanourougo
COULIBALY, Maitre de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny