Catégorie : News

  • Parler à plusieurs, Les polylogues dans la littérature narrative du Moyen Âge

    Classiques Garnier, Recherches littéraires médiévales, n° 44
    Corinne Denoyelle
    530 pages
    Parution 17/04/2024

    Résumé

    Les polylogues se trouvent au carrefour des questions de normes littéraires et d’organisation narrative, de représentation du réel, de représentation de l’individu dans sa communauté. Leur complexification à partir du xiiie siècle donne à voir la légitimité de chacun à s’exprimer dans un groupe.

    Sommaire

  • La Période oratoire (1550-1750), Une esthétique du discours

    Classiques Garnier, L’Univers rhétorique, n° 12
    Sophie Hache
    435 pages
    Parution 12/06/2024

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    Résumé

    La période oratoire est une notion clé de la rhétorique : elle représente l’unité de référence pour penser le discours entre la Renaissance et le xviiie siècle. À travers les théories et la pratique de la période oratoire se déploie une esthétique du discours.

  • La Petite Musique du style, Proust et ses sources littéraires

    Classiques Garnier, Bibliothèque proustienne, n° 3
    Luc Fraisse
    697 pages
    Parution 27/06/2011

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    Résumé

    À travers un échantillonnage d’Homère à ses contemporains, et dans l’entre-deux les Classiques (La Rochefoucauld, Buffon, Edgar Poe, Barbey d’Aurevilly, Nerval, Vigny, Baudelaire, Sully Prudhomme, Romain Rolland, Anna de Noailles, Ramon Fernandez, André Gide), c’est le rapport de Proust à ses lectures inspiratrices qui est envisagé. Sources et non intertextes : car ce psychisme créateur ne peut faire autrement que de se choisir dans ces lectures des formes – d’y écouter déjà la petite musique de son style.

  • La Langue de la fiction dans la nouvelle historique et galante (1650-1700)

    Classiques Garnier, Investigations stylistiques, n° 17

    Emily Lombardero

    717 pages
    Parution 06/05/2024

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    Présentation

    Cet ouvrage apporte un double éclairage, historique et linguistique, à la question de la nature de la fiction. À partir du corpus de la nouvelle historique et galante, réputée pour son hybridité générique entre le roman et l’Histoire, il montre que la fiction invente ses propres moyens de représentation.

  • Une certaine gêne à l’égard du style

    Présentation

    C’est le style, pense-t-on, qui assure l’unité d’une œuvre. Et l’on imagine aussi que les écrivains travaillent avec une idée plus ou moins claire de la façon dont leurs textes doivent être rédigés, si bien qu’il s’agirait simplement pour eux de faire coïncider leur idéal et leur prose. Or, les choses sont plus compliquées…

    Quand on y regarde de près, les pratiques rédactionnelles des écrivains vont à hue et à dia et elles peinent à trouver leur pleine cohérence. On en connaît quelques exemples célèbres : avec bien des premiers lecteurs de Céline, le jeune Claude Lévi-Strauss s’est demandé si c’était bien la même personne qui avait rédigé le début et la fin de certains paragraphes de Voyage au bout de la nuit. Quant aux premières lectures importantes de L’Étranger, toutes se sont étonnées d’une évidente contradiction stylistique dans le roman d’Albert Camus.

    Le présent ouvrage se propose dès lors d’interroger les formes stylistiques à partir de leurs tensions et les discours sur le style à partir de leurs failles. Prenant ses premiers appuis sur une dizaine de cas en apparence fort singuliers (Bernanos, Camus, Duras, Ramuz, Sartre, Simenon, Valéry…), il suggère un principe de lecture et esquisse une typologie des contradictions. Mais il avance aussi deux idées : la première veut que toute la prose du xxe siècle ait connu une certaine gêne à l’égard du style ; la seconde veut que la tension stylistique soit finalement le mode d’existence naturelle des œuvres littéraires.

  • Éthos et style chez les traducteurs de poésie Keats, Leopardi et Heine en français

    Présentation

    À partir d’un corpus de 40 traductions de « L’Infini » (Leopardi), 41 de « La Loreley » (Heine) et 17 de « Bright star » (Keats), du XIXe au XXIe siècles, l’ouvrage propose les bases d’une méthode stylistique pour étudier l’éthos et le style chez les traducteurs de poésie, appuyée sur la statistique.

  • La francophonie translingue, Éléments pour une poétique

    Présentation

    Qu’implique le choix d’écrire en français lorsque le français est une langue seconde, apprise dans une démarche individuelle à un âge relativement avancé ? S’agit-il d’une simple «conversion» à un centre politique et littéraire prestigieux et à sa tradition littéraire, ou bien d’une pratique littéraire hybride qui perturbe les liens supposés nécessaires entre langue, littérature et nation ?
    Cet ouvrage est une étude synthétique de la francophonie translingue, de l’ensemble des œuvres d’écrivains pour lesquels le français est une langue seconde apprise tardivement et par une démarche individuelle, en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone. Ces œuvres sont envisagées à l’intérieur de la problématique des littératures francophones entendues comme des littératures de l’entre-deux et issues du contact linguistique ou culturel. Sont étudiées vingt-cinq auteurs ayant publié en français entre la fin des années quatre-vingt et aujourd’hui, parmi lesquels Vassilis Alexakis, Ying Chen, Nancy Huston, Agota Kristof, Milan Kundera.

    Sommaire

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    • Translinguisme et littératures francophones
    • La francophonie translingue comme discours
    • Imaginaires des langues
    • Imaginaires de la traduction
    • Le récit francophone translingue

    Biographie de l’autrice

    Sara De Balsi est agrégée d’italien, docteure en littérature française et comparée et chercheuse associée à l’UMR Héritages : Cultures/s, Patrimoine/s, Création/s (CY Cergy Paris Université). Elle consacre ses recherches au plurilinguisme littéraire en français et en italien. Elle a publié Agota Kristof, écrivaine translingue (Presses universitaires de Vincennes, 2019).

  • Romantisme n°203 « Stylistique »

    Romantisme 2024/1 (n° 203)
    Dir. : Jacques Dürrenmat
    Éditeur : Armand Colin

    130 pages

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    Numéros antérieurs disponibles sur www.persee.fr

    Sommaire

  • Revue des Sciences Humaines, n° 354 : « Imaginaires classiques en littératures contemporaines. Styles, Genres, Discours »

    Presses du Septentrion, Revue des Sciences Humaines, n° 354/avril-juin 2024

    Édité par Claire Badiou-Monferran, Adrienne Petit, Sandrine Vaudrey-Luigi

    200 pages
    Date de publication : 08 Juin 2024

    Présentation

    L’avenir de la langue littéraire serait-il donc classique ? Le présent volume se propose d’explorer la diversité et la recomposition des imaginaires classiques dans la littérature des quatre dernières décennies. Il s’agit d’en apprécier les réappropriations contemporaines en s’intéressant plus particulièrement à la dimension linguistique et rhétorique, c’est-à-dire à « l’écrire classique », selon l’expression de Barthes.

    Table des matières

    Source : Fabula

    Introduction [Texte intégral]Claire Badiou-Monferran, Adrienne Petit et Sandrine Vaudrey-Luigi

    I. Imaginaires classiques des styles

    1. Mémoire d’un style d’auteur : les Mémoires de Saint-Simon

    « La langue danse toute seule » : rémanence syntaxique de Saint-Simon chez François Bon [Texte intégral]Frédéric Martin-Achard et Agathe Mezzadri-Guedj

    L’empreinte saint-simonienne dans L’Historiographe du royaume de Maël Renouard [Texte intégral]Juliette Nollez

    2. Entre style d’auteur, style de genre et style de langue : les « contes-de-Perrault »

    Conter après Perrault : imaginaire résiduel vs imaginaire rémanent du genre « conte » [Texte intégral]Claire Badiou-Monferran et Emily Lombardero

    « La fée, c’est vous » : réécrire le genre, dire le monde dans Mes contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun [Texte intégral]Delphine Reguig

    Récrire La Barbe bleue : Amélie Nothomb [Texte intégral]Laurent Susini

    II. Imaginaires classiques des genres de discours et des registres

    1. Autour des genres de discours : oraison funèbre, épopée, dialogue des morts

    L’oraison funèbre revisitée. Référence et irrévérence dans Sans l’orang-outan d’Éric Chevillard [Texte intégral]Sophie Milcent-Lawson

    Le « lugubre sabir d’outre-tombe » des épopées détraquées d’Antoine Volodine [Texte intégral]Erik Leborgne

    2. Autour d’un registre : la simplicité

    Rémanence des enjeux spirituels de la simplicité d’écriture dans une certaine poésie contemporaine [Texte intégral]Stéphanie Bertrand

    III. Imaginaires classiques des traditions discursives

    1. Autour de la préciosité

    Poétique de la riposte : quelques considérations sur les « styles » d’autrices contemporaines [Texte intégral]Laurence Rosier

    2. Autour du cartésianisme

    L’argumentation anticartésienne à l’époque contemporaine, des essais aux fictions animalistes [Texte intégral]Perrine Beltran et Camille Delattre-Ledig

    Recension

    Justine Huppe, La littérature embarquée, Éditions Amsterdam [Texte intégral]Antoine Deslauriers

    Thibaut Maus de Rolley, Moi Louis Gaufridy, ayant soufflé plus de mille femmes. Une confession de sorcier au xviie siècle, Les Belles Lettres [Texte intégral]Nicole Jacques-Lefèvre

    Jacques Fontaine, Discours des marques des sorciers et de la réelle possession que le diable prend sur le corps des hommes, 1611, Jérôme Millon [Texte intégral]Nicole Jacques-Lefèvre

    Kevin Even, La Question environnementale chez Jules Verne. Écrire, prédire, prévenir la catastrophe écologique, Presses universitaires de Lyon [Texte intégral]Laure Coppieters

  • Francofonia, n° 85 : « Les œuvres de jeunesse: enjeux stylistiques, sociopoétiques éditoriaux d’une « catégorie » problématique »

    Francofonia, n° 85, Automne 2023

    sous la direction d’Ilaria Vidotto

    Lien vers le numéro

    Sommaire

    Valeria Sperti, En souvenir de Jacques Chevrier

    Clémence Aznavour, Les Œuvres de jeunesse de Marivaux: heurs et malheurs d’une catégorisation diachronique

    Hélène De Jacquelot, Jean-Jacques Labia, Stendhal : Journaux et écritures de jeunesse (1801-1814)

    Luciano Pellegrini, « Avant ma naissance ». Le style précoce de Victor Hugo (1814-1823)

    Nicoletta Agresta, Zola avant « Zola » : les oeuvres de jeunesse du maître du naturalisme, un chantier méconnu

    Emmanuelle Calvisi, Le style à travers les âges : les journaux intimes de jeunes écrivains au tournant du XXe siècle

    Serena Codena, Écriture de jeunesse chez Yourcenar : le jardin des chimères et l’influence de D’Annunzio

    Teresa Lussone, Irène Némirovsky, une « jeune débutante au rang des maîtres »

    Gilles Philippe, Tuer le pair. Autour d’Une défaite de Jean-Paul Sartre

    Lucas Kervegan, « Je peux ne pas renier mes textes de quand j’avais vingt ans » : Francis Ponge par-delà jeunesse et maturité

    Christelle Reggiani, Qu’est-ce qu’une oeuvre de jeunesse ? Le cas de Perec

    Comptes rendus/Recensioni

    J. Huppe, La littérature embarquée (S. Tincani)

    M. Brix, Du classicisme au réalisme. Une histoire de la littérature française (XVIIe-XXIe siècles) ;G. Larroux, Le Récit réaliste et ses lieux (M. C. Gnocchi)

    D. Vago, Le Tissage du vivant. Écrire l’empathie avec la nature (Pergaud, Colette, Genevoix, Giono) (V. Tettamanti)

    N. Bourguinat, L’avenir est gros ! Temps, espace et destinée dans L’Éducation sentimentale (F. Zanelli Quarantini)

    Notes de lecture/Schede

    Résumés

    Clémence Aznavour, Les œuvres de jeunesse de Marivaux: heurs et malheurs d’une catégorisation diachronique

    Ce que l’on nomme « oeuvres de jeunesse » de Marivaux désigne six textes écrits par Marivaux avant 1717 et édités pour la première fois par Frédéric Deloffre en 1972 dans la collection « Bibliothèque de la Pléiade » de la maison Gallimard : Les Aventures de *** ou Les Effets surprenants de la sympathie, La Voiture embourbée, Pharsamon ou les Nouvelles folies romanesques, Le Bilboquet, Le Télémaque travesti, L’Homère travesti. Si ce volume a permis de donner accès à des oeuvres jusque-là peu ou pas connues, la catégorisation de ces textes comme « oeuvres de jeunesse » a imposé des biais de lecture que nous interrogeons afin de proposer une relecture en synchronie de ces oeuvres.

    Hélène De Jacquelot, Jean-Jacques Labia, Stendhal: journaux et écritures de jeunesse (1801-1814)

    D’après notre expérience en cours d’éditeurs des Journaux et Papiers de Stendhal, nous nous interrogeons sur la pertinence de la notion d’«oeuvre de jeunesse», au singulier ou au pluriel, d’un auteur qui commence assez tôt à noircir du papier. Le premier cahier de son journal date de 1801. Il n’a que 18 ans. Il entre pourtant assez tard en littérature. C’est seulement après la campagne de Russie, qu’il projette en 1814 la publication de ses deux premiers ouvrages, les Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase (1815), et l’Histoire de la peinture en Italie (1817). Nous inventorions ce qui pourrait tenir lieu d’ « écrits de jeunesse » dans cet intervalle de temps : Journaux, Pensées, ébauches de pièces de théâtre, études de caractères, projet d’un essai intitulé Filosofia Nova. Sans se montrer particulièrement précoce, notre auteur énonce cependant très tôt sa vocation et son ambition d’écrivain. Il dresse des listes d’oeuvres futures, tout en ne cessant d’emmagasiner de multiples expériences de lecture et de pensée. Il s’exerce obstinément à l’écriture. Mais c’est seulement quand il imprime enfin son nom de plume en tête de Rome, Naples et Florence, en 1817 qu’il s’inaugure comme Stendhal.

    Luciano Pellegrini, «Avant ma naissance» le style précoce de Victor Hugo (1814-1823)

    Cet article prend pour corpus la toute première production poétique (1814-1823) de Victor Hugo afin de proposer des catégories utiles à une théorie de l’oeuvre de jeunesse et du « style précoce ». Sa production juvénile est paradigmatique à divers titres : elle s’inscrit dans une période historique d’ « entre-deux » par excellence ; elle se situe à l’origine de l’une des carrières d’écrivain les plus longues et prolifiques ; elle a fait l’objet de lectures contrastées au fil du temps. Je distingue cinq aspects de cette production de jeunesse, cinq « ambiguïtés » qui me semblent caractéristiques des oeuvres de jeunesse. Ces cinq ambiguïtés concernent le positionnement de ces oeuvres dans l’Œuvre, tel que leur statut même semble indissociable d’une lecture téléologique, et les niveaux suivants : thématique, l’oeuvre paraissant tiraillée entre l’autobiographie et l’effort de dépasser un manque de matière ; stylistique, le poète affichant ses compétences artisanales, soit par une sorte d’hypercorrection classique, soit par une recherche cultivée de formes nouvelles ; socio-poétique, l’intention du poète de compenser son jeune âge par le travail et l’artifice l’amenant à brouiller les liens entre Génie et spontanéité ; chronologique, car l’histoire de la réception montre que la perception de la jeunesse et/ou de la maturité d’un écrit ne dépend pas nécessairement de l’âge de son auteur.

    Nicoletta Agresta, Zola avant «Zola»: Les œuvres de Jeunesse du maître du naturalisme, un chantier presque méconnu

    La critique s’est bien intéressée aux dernières oeuvres d’un Zola vieillissant, accablé par le drame de l’Affaire Dreyfus et par les conséquences de son engagement sur sa production littéraire et son image. Par contre, un certain silence critique accompagne la toute première période littéraire zolienne. Et pourtant, avant de devenir l’auteur des Rougon-Macquart, mais aussi avant d’être l’auteur de romans scandaleux, comme Thérèse Raquin ou Madeleine Férat, Émile Zola a été un poète timide et un conteur fantaisiste. La période allant des premiers débuts littéraires (1859) à la publication de son premier livre, un recueil de contes (1865), représente un moment capital dans la constitution de l’auctorialité zolienne et dans le positionnement de l’écrivain dans le champ littéraire et médiatique de l’époque. Ce travail, qui reparcourt les années qui accompagnent le jeune Zola dès les toutes premières ébauches inachevées jusqu’à son premier succès public, montre l’importance de ces oeuvres de jeunesse négligées et a le but d’examiner les stratégies que Zola met en oeuvre pour se placer dans le champ de son époque et pour donner une première image de soi.

    Emmanuelle Calvisi, Le style à travers les âges: les journaux intimes de jeunes écrivains au tournant du XXe siècle

    Nombreux sont les auteurs qui tiennent un journal intime pendant leur jeunesse : André Gide, Anaïs Nin, Guillaume Apollinaire, Renée Vivien, Simone de Beauvoir sont du nombre au tournant du xxe siècle. Le journal est souvent considéré comme un genre juvénile, sinon puéril. Ce serait même « la forme la plus enfantine qu’on puisse imaginer », à en croire Maurice Barrès. Nous commencerons par interroger cette affinité pour déterminer s’il s’agit d’un poncif, si les conventions propres au journal conviennent particulièrement aux plus jeunes, ou encore si cette prédilection est le résultat d’une histoire sociale des formes concédées à l’enfant, à qui les grands genres sont interdits. Nous proposerons ensuite une étude du style des jeunes diaristes à travers les âges, en tâchant de déceler leurs spécificités, lesquelles relèvent bien souvent d’une prise de position vis-à-vis de la tradition et de ses modèles. Ce sera l’occasion d’aborder la notion de « style juvénile », modelée sur le « style tardif » défini par Adorno et Saïd. Nous soulèverons enfin la question du statut de ces journaux privés, souvent détruits, reniés ou remaniés par les écrivains adultes : peuvent-ils être considérés comme des juvenilia s’ils restent inédits du vivant des auteurs ? Comment les néophytes consacrent-ils leurs carnets comme des « oeuvres » de jeunesse ?

    Serena Codena, Écriture de jeunesse chez Yourcenar: le jardin des chimères et l’influence de D’Annunzio

    Cet article se propose d’analyser l’influence de D’Annunzio sur une oeuvre juvénile de Yourcenar, Le Jardin des Chimères, poème dramatique qui reprend le mythe d’Icare. L’ouvrage a été mis au pilon par l’auteure et oublié, signe d’un préjugé à l’égard de ses prémices. La rhétorique est trop voyante et les grands modèles du passé sont imités jusqu’au plagiat. Parmi ceux-ci, nous reconnaissons D’Annunzio. Cette intransigeance à l’égard de ses juvenilia empêche de mettre en valeur les nombreuses qualités de cette oeuvre et nous cache l’influence que la poésie d’annunzienne semble avoir exercée sur la jeune Marguerite au niveau thématique aussi bien que stylistique. Les emprunts d’annunziens nous semblent alors fondamentaux dans ce laboratoire d’expérimentation qui est l’oeuvre de jeunesse et dans lequel Yourcenar a commencé à poser les bases pour construire son identité littéraire.

    Teresa Manuela Lussone, Irène Némirovsky une «jeune débutante au rang des maîtres»

    La réception d’Irène Némirovsky est exceptionnelle, car elle est passée par deux fois de l’anonymat à la célébrité : en 1929, la publication de David Golder chez Grasset lance cette jeune inconnue venant de l’est sous le feu des projecteurs ; en 2004, celle de Suite française chez Denoël fait redécouvrir au monde entier l’écrivaine oubliée après sa déportation à Auschwitz. À ces deux moments charnières de sa réception, son âge est perçu par la critique comme un aspect incontournable. L’article se propose d’en analyser les raisons, mises en regard de l’espace littéraire de ces deux époques.

    Gilles Philippe, Tuer le pair. Autour d’une défaite de Jean-Paul Sartre

    Les écrits de jeunesse revêtent un intérêt tout particulier dans le cas de Jean-Paul Sartre. La première raison en est simple : c’est que la question de savoir comment on devient écrivain a toujours été très présente dans l’oeuvre de ce dernier. La deuxième ne l’est guère moins : c’est que nous disposons non seulement d’un nombre important d’écrits de jeunesse de Sartre, mais aussi d’un ensemble considérable d’informations sur leur gestation. Parmi ces premiers travaux, les textes rédigés en 1927 permettent d’observer un évident chevauchement entre formation universitaire (et non plus simplement scolaire) et apprentissage proprement littéraire, mais aussi de voir comment se pose, pour un écrivain de vingt-deux ans, l’inévitable question des modèles.

    Lucas Kervegan, «Je peux ne pas renier mes textes de quand j’avais vingt ans»: Francis Ponge par-delà jeunesse et maturité

    L’intérêt du cas Ponge dans une réflexion autour de la notion d’oeuvre de jeunesse tient moins à ses juvenilia à proprement parler qu’à la façon dont il pense leur valeur et leur place dans son parcours d’écrivain. Son métadiscours témoigne d’un désir de dépasser, parfois au prix d’importantes distorsions, l’antagonisme entre jeunesse et maturité, et il a toujours voulu demeurer fidèle à certaines de ses premières intuitions. Le temps de l’écriture et celui de la publication sont, chez lui, souvent éloignés, ce qui lui permet de modeler certains de ses ouvrages de façon à tordre sa propre évolution littéraire : la forme de ses livres, qui joue avec la chronologie de ses textes, en fait un phénomène qui n’est pas seulement linéaire. Ce cas particulier permet finalement de penser la spécificité de la forme du recueil de poèmes lorsque l’on envisage de la notion d’oeuvre de jeunesse.

    Christelle Reggiani, Qu’est-ce qu’une œuvre de jeunesse? Le cas de Perec

    À partir d’un cas singulier, celui des écrits de jeunesse de Georges Perec, cet article voudrait éclairer la réflexion générale sur les oeuvres (littéraires) de jeunesse, dans la mesure où l’observation de la fabrique éditoriale de celles de Perec paraît rendre plus visible comme telle, à la manière d’une loupe, la construction que représente toujours, à des degrés et selon des modalités diverses, une oeuvre de jeunesse. De façon plus restreinte, la réflexion conduira aussi à une reconsidération stylistique, relevant elle-même d’une forme très particulière d’« anxiété de l’influence », de l’élaboration de la judéité littéraire de Georges Perec.

    Bibliographie des auteurs

    Ilaria Vidotto

    Ilaria Vidotto est première assistante diplômée en linguistique et stylistique françaises à l’Université de Lausanne. Sa thèse, portant sur l’étude stylistique de la comparaison chez Marcel Proust, a été publiée en 2020 chez Classiques Garnier (Proust et la comparaison vive). Ses publications se focalisent sur des auteurs de la littérature française des XIXe et XXe siècles, ainsi que sur des questions de rhétorique et de stylistique, dans une perspective historique. Ses recherches actuelle portent sur les oeuvres de jeunesse en tant que catégorie stylistique et socio-poétique. <ilaria.vidotto@unil.ch>

    Clémence Aznavour

    Docteure en littérature française, Clémence Aznavour est enseignante dans le secondaire et membre associé du CELLAM (Université Rennes 2). Ses travaux, guidés par une perspective transdisciplinaire mêlant littérature, sciences et arts, portent sur le corps au XVIIIe siècle, notamment sur les représentations du corps féminin vieillissant et de la peau. Elle a publié en 2021 Les Corps de Marivaux (Classiques Garnier). <clemence.aznavour@gmail.com>

    Hélène De Jacquelot

    Hélène De Jacquelot a enseigné la littérature française à l’Université de Pise, et consacré à Stendhal une grande partie de son activité de recherche à partir de sa thèse de doctorat (Stendhal : marginalia e scrittura, Edizioni di Storia e Letteratura, 1991) : édition critique des Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres (avec Sandra Teroni, Beaux-Arts de Paris éditions, 2013) ; édition en ligne (<http://manuscrits-de-stendhal.org/>) et édition papier des Journaux et papiers (t. 1 avec Cécile Meynard et Marie-Rose Corredor, ELLUG, 2013 ; t. 2 avec Cécile Meynard et Jean-Jacques Labia, UGA, en préparation) ; avec Béatrice Didier et Marie-Rose Corredor, Lectures et lecteurs de Stendhal (Champion, 2019). Elle collabore à l’édition critique des Écrits sur l’art de l’Empire à la Restauration, éd. Christopher W. Thompson (Classiques Garnier, en préparation), et fait partie de la rédaction de la Revue italienne d’études françaises (<https://journals.openedition.org/rief/>). <h.dejacquelot@tiscali.it>

    Jean-Jacques Labia

    Jean-Jacques Labia a enseigné la littérature comparée aux universités de Dijon et de Paris Nanterre. Il a édité dans la collection GF-Flammarion Armance (1994, 2018) et Le Rose et le Vert (1998). Ce second volume, réunissant ce qui appartient dans le domaine de la fiction à la matière allemande de Stendhal, y compris l’inédit Tamira Wanghen et divers documents appartenant au dossier génétique de Rose et Vert, imposait un recours à des sources incomplètement éditées. D’où une orientation des recherches vers le vaste corpus des manuscrits stendhaliens, et diverses publications d’inédits comme les notes autographes de l’exemplaire interfolié Filippi de Rome, Naples et Florence (L’Année stendhalienne, 2003). Membre du groupe .«Manuscrits de Stendhal» à l’Université Grenoble Alpes, il collabore à l’édition en cours des Journaux et Papiers, actuellement comme co-éditeur du volume 2 (1804-1806) avec Cécile Meynard et Hélène de Jacquelot. Il s’occupe activement de la Société des Amis de Stendhal, et est membre du comité de rédaction de la Revue Stendhal. <jj.labia@gmail.com>

    Luciano Pellegrini

    Luciano Pellegrini a étudié à Pise et il enseigne à l’Université de L’Aquila. Ses recherches portent sur la littérature française du second XVIIIe au début du XXe siècle (Marmontel, A. Chénier, Chateaubriand, Millevoye, Lamartine, Flaubert, Proust) et sur l’histoire de la langue française et comparée du XIXe siècle. Il a consacré la plus grande partie de ses travaux à la poésie de Victor Hugo. Traducteur, il s’intéresse aussi à la théorie de la traduction. Il s’occupe également d’histoire de la critique littéraire : il travaille actuellement sur les « entretiens » critiques de Lamartine et il a édité divers ouvrages posthumes de Francesco Orlando (1934-2010). <luciano.pellegrini@univaq.it>

    Nicoletta Agresta

    Nicoletta Agresta a obtenu en 2021 un Doctorat de Recherche en « Studi Letterari, Linguistici e Storici » à l’Université de Salerne, en cotutelle avec l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Sa thèse, « Contes et nouvelles d’Émile Zola : une lecture sociocritique », a été dirigée par Mme Agnese Silvestri (Università di Salerno) et Mme Éléonore Reverzy (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3). Elle fait partie du comité de rédaction de la Revue italienne d’études françaises (RIEF). Actuellement, elle est RTDA auprès de l’Université de Foggia, où elle est chargée de cours de Langue et Traduction française. Elle a publié des articles sur la production d’Émile Zola. Ses recherches portent principalement sur le Naturalisme et Zola, sur la sociologie de la littérature et sur les études journalistiques. <agrestanicoletta@gmail.com>

    Emanuelle Calvisi

    Professeure agrégée et ancienne normalienne, Emmanuelle Calvisi est doctorante contractuelle à Sorbonne Université sous la direction de Françoise Simonet-Tenant. Elle prépare une thèse de langue et littérature française sur les journaux intimes que les écrivains des XIXe et XXe siècles tenaient pendant leur jeunesse, dont elle a tiré plusieurs articles. Ses travaux portent essentiellement sur le journal comme outil d’autoformation permettant aux futurs auteurs de se constituer une culture de lettrés, de forger leur style, et d’inventer la posture d’auteur qu’ils adopteront après leur entrée sur la scène littéraire. Elle enseigne en parallèle la linguistique en tant qu’ATER à l’Université du Mans. <emmanuelle.calvisi@gmail.com>

    Serena Codena

    Serena Codena a obtenu un doctorat en Littérature française à l’Université de Pavie en 2019. Ses études se focalisent sur la production de Marguerite Yourcenar, notamment son théâtre et le traitement du mythe grec. Elle vient de publier chez l’Harmattan une monographie tirée de sa thèse doctorale, intitulée Le Minotaure de Yourcenar. Histoire d’une pièce. Actuellement, elle recouvre une position de post-doc à l’Université de Pavie sur un projet de recherche qui analyse la présence de l’antiquité méditerranéenne dans l’oeuvre de Yourcenar. Elle fait partie du comité éditorial de la revue Il Confronto letterario. <serena.codena@unipv.it>

    Teresa Manuela Lussone

    Teresa Manuela Lussone est enseignante-chercheuse à l’Université de Bari Aldo Moro (Italie). Spécialiste des oeuvres posthumes d’Irène Némirovsky, elle a notamment assuré, avec Olivier Philipponnat, la nouvelle édition de Suite française (Denoël, 2020) et des Feux de l’automne (Albin Michel, 2014). Avec Laura Frausin Guarino elle a traduit Tempête en juin, première partie de Suite française, pour Adelphi (2022). Elle a consacré plusieurs articles à l’écriture de soi chez Sartre et prépare actuellement l’édition de deux oeuvres de Sophie Cottin aux Classiques Garnier. <teresa.lussone@uniba.it>

    Gilles Philippe

    Gilles Philippe est professeur de linguistique française à l’université de Lausanne. Il a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire des imaginaires langagiers et des pratiques stylistiques aux XIXe et XXe siècles. Son dernier livre a paru en 2024 : Une certaine gêne à l’égard du style (Bruxelles, Les Impressions nouvelles). Il collabore régulièrement à la Bibliothèque de la Pléiade des éditions Gallimard, collection dans laquelle il a récemment fait paraître, avec Emmanuelle Lambert, un volume qui rassemble les Romans et poèmes de Jean Genet. <gilles.philippe@unil.ch>

    Lucas Kervegan

    Agrégé de lettre modernes, Lucas Kervegan est doctorant contractuel à Sorbonne Université (école doctorale III – CELLF 19-21). Il prépare sous la direction de Michel Jarrety une thèse sur la présence de la notion de classicisme, et, plus largement, de la littérature du XVIIe siècle dans l’oeuvre de Francis Ponge (« Imprégnation, appropriation, reconversion. Le classicisme de Francis Ponge »). Ses travaux portent notamment sur la mémoire des textes du passé et sur l’influence de l’histoire littéraire sur la création littéraire. Il s’intéresse aussi à la formation scolaire et universitaire des écrivains sous la Troisième République. <lucaskervegan@hotmail.fr>

    Christelle Reggiani

    Christelle Reggiani est professeure de stylistique française à la faculté des lettres de Sorbonne Université. Elle a notamment publié : Rhétoriques de la contrainte. Georges Perec, l’Oulipo, Saint-Pierre-du-Mont, Éditions InterUniversitaires, 1999 (rééd. Eurédit, 2013) ; Éloquence du roman. Rhétorique, littérature et politique aux XIXe et XXe siècles, Genève, Droz, 2008 ; L’Éternel et l’Éphémère. Temporalités dans l’oeuvre de Georges Perec, Amsterdam-New York, Rodopi, 2010 ; Poétiques oulipiennes : la contrainte, le style, l’histoire, Genève, Droz, 2014 ; Perec et le cinéma, Paris, Nouvelles Éditions Place, 2021. Elle a également dirigé l’édition des OEuvres de Georges Perec dans la « Bibliothèque de la Pléiade » des éditions Gallimard (2017).<christelle.reggiani@gmail.com>