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  • Delphine de Germaine de Staël

    Lectures du CRP19 – Dixième édition

    21 septembre 2024
    Avec le soutien du CRP19

    Responsable : Adrien Peuple & Inji Hwang
    Url : http://www.crp19.org
    Adresse : Paris, Maison de la Recherche de l’université Paris 3 – Sorbonne nouvelle, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris

    Date de tombée : 30 Avril 2024

    Résumé

    Depuis plusieurs années, les « Lectures du CRP19 (centre de recherche sur les poétiques du XIXe siècle) », organisées par les doctorantes et les doctorants du Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle, s’intéressent aux œuvres méconnues d’auteur·rice·s consacré.e.s. La dixième édition propose cette année de redécouvrir Delphine (1802) de Germaine de Staël.

    Argumentaire

    Depuis plusieurs années, les « Lectures du CRP19 », organisées par les doctorantes et les doctorants du Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle, laboratoire rattaché à l’ED 120 de l’Université Sorbonne Nouvelle, s’intéressent aux œuvres méconnues d’auteur·rice·s consacré·e·s. La dixième édition propose cette année de redécouvrir Delphine (1802) de Germaine de Staël.

    Delphine (1802) occupe une place primordiale dans la carrière littéraire de Germaine de Staël. Après avoir rédigé des essais politiques et littéraires, Staël s’engage résolument dans le roman[1]. Cette transition traduit une volonté d’expérimenter ses théories sur la fiction, énoncées dans son Essai sur les fictions (1795) puis dans De la littérature (1800), qui promeuvent tous deux un roman moderne. « Après avoir prouvé que j’avais l’esprit sérieux, il faut, s’il se peut, tâcher de le faire oublier, et populariser sa réputation auprès des femmes[2] », écrit-elle à Carl Gustaf von Brinkman, le 27 avril 1800. À peine De la littérature vient-il d’être édité que Staël se met aussitôt à composer un roman. C’est dire que la rédaction de Delphine est engagée dans la continuité de son essai littéraire et que si Staël s’aventure dans la carrière soi-disant féminine du roman, elle cherche à le révolutionner. 

    La littérature, face aux désastres de la « Terreur » et de ses rouages démagogiques, ne peut être indifférente à la réalité sociale. D’après Lucia Omacini, la plupart des romans épistolaires produits entre 1790-1830 font fi de l’actualité révolutionnaire[3]. Or, la trame épistolaire du roman de Staël prend à bras le corps la réalité de la Révolution. À travers les questions éthiques, mises en lien avec le politique, que soulèvent le roman, Delphine est un véritable brûlot libéral qui fait sensation lors de sa publication. 

    Ce roman est un succès commercial, puisqu’aux dires du journaliste Pierre‑Louis Roederer les Parisiens délaissent les spectacles et les cérémonies religieuses pour dévorer ce chef‑d’œuvre[4], qui suscite cependant de nombreuses controverses. Beaucoup de détracteurs reprochent à Staël son geste subversif, celui de contrer les conciliations idéologiques en cours entre césarisme montant et réaction religieuse. Le Journal des débats fustige Delphine comme un roman « dangereux » qui non seulement « calomnie la religion catholique » mais en plus véhicule des « principes » « très anti-sociaux »[5]. Ce roman est controversé d’autant plus qu’il soulève les questions propres à la condition féminine.

    Depuis quelques années le roman Delphine connaît un regain d’intérêt. Lors du bicentenaire de la mort de Staël, Delphine a connu deux rééditions importantes, celles de Catriona Seth pour la Bibliothèque de la Pléiade et d’Aurélie Foglia pour la collection « Folio classique ». Les recherches récentes de Stéphanie Genand ont remis en valeur la notoriété de ce roman[6]. Ainsi cet intérêt justifie-t-il à ce titre de rouvrir le dossier Delphine.

    Pour mieux cerner les enjeux de Delphine et creuser de nouvelles perspectives, la journée d’étude pourrait privilégier les approches suivantes :

    Approche génétique et générique

    – Il serait intéressant de partir des brouillons et des ébauches du roman Delphine, publiés dans la précieuse édition de Lucia Omacini et de Simone Balayé chez Droz[7], pour évaluer les différences esthétiques et poétiques qui apparaissent entre l’esquisse romanesque et l’œuvre finale. 

    – L’approche génétique pourrait aussi se focaliser sur la préface et la postface de Staël qui encadrent le récit et orientent la lecture. 

    – Nous pourrions nous demander à quels genres littéraires le roman emprunte ses codes poétiques. Bien que le roman reprenne les poncifs du roman sentimental, en quoi les détourne-t-il ou les renouvelle-t-il ? 

    – Cette approche générique et génétique pourrait également s’intéresser aux intertextes du roman : par exemple en interrogeant le dialogue critique que Staël établit entre son roman et La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau. On pourra plus généralement s’interroger sur le dialogue avec d’autres auteur.e.s (Goethe, Charrière…). 

    Approche poétique et esthétique

    – Alors que Les Liaisons dangereuses marquent un apogée du roman épistolaire en 1782, nous pourrions comparer les stratégies poétiques mises en place dans Delphine ainsi que dans d’autres romans épistolaires contemporains, à l’instar d’Aline et Valcour (1793) de Sade ou d’Aldomen (1794) et d’Oberman (1804) de Senancour. 

    – Si Isabelle Guillot s’est chargé d’analyser la fonction du portrait et des peintures au sein de la trame narrative de Delphine[8], nous pourrions ouvrir de nouvelles perspectives en nous intéressant à la place stratégique des dialogues, véritables scènes herméneutiques et heuristiques dans lesquelles les personnages sont poussés dans leur retranchement. On pourra aussi observer comment Staël module la forme romanesque. 

    – Le roman se situe dans la transition complexe du ‘moment 1800’. Nous pourrions nous demander en quoi le roman établit un bilan critique des Lumières, mais aussi quelle serait son identité « romantique ». 

    – Nous pourrions aussi interroger le rapport entre « Histoire » et « histoire » et mieux interroger l’écriture paradoxalement politique de cette œuvre. Quelle écriture de l’Histoire Staël définit-elle à travers la fiction ?

    – Une réflexion sur la notion du « tragique » serait tout autant la bienvenue du fait que le canevas de ce roman épistolaire repose sur le rapport impossible et retardé entre Léonce et Delphine. D’ailleurs Staël n’écrit-elle pas à Adèle Pastoret « [qu’] [elle] cherche des sujets de tragédie[9] » pour composer son roman ?

     Approche thématique

    – Nombreux sont les thèmes qui cristallisent les enjeux du roman comme la « mélancolie » ou « l’enthousiasme ». La notion de « pitié » aussi revient de manière constante et s’impose comme point cardinal de l’éthique staëlienne. Par ailleurs, la question de « l’opinion » est centrale. 

    – De même, la question religieuse est à creuser. Le roman déprécie le catholicisme à travers la dévotion fanatique de Matilde. En revanche, le protestantisme se présente sous de meilleurs auspices. Mais ce binarisme n’est-il pas à nuancer d’autant plus que Delphine ne professe aucun culte et se prononce en faveur du déisme ?

    – Stéphanie Genand a récemment publié un essai Sympathie de la nuit dans lequel elle explique le thème de la folie à travers trois nouvelles de jeunesse de Staël[10]. Qu’en est-il dans Delphine, où les « fureurs » et « délires » se multiplient ? 

    – Delphine contribue à nourrir par le biais de la fiction les pensées de Staël au sujet de la mélancolie et de l’exil. 

     Approche philosophique et sociologique

    – Alors que les études anglophones se sont focalisées sur la représentation du féminin dans le corpus staëlien, les études françaises ont privilégié de leurs côtés la représentation du masculin. A l’heure des gender studies, il serait intéressant à présent de réfléchir sur le rapport des sexes et de s’interroger sur la définition et la représentation du genre à travers l’écriture féminine et masculine des épistolaires. 

    – Dans sa préface à l’édition « Folio classique », Aurélie Foglia suggère que le travail romanesque s’apparente à une enquête « proto-sociologique[11] » à travers l’analyse de la condition féminine. Une perspective sociologique et ethnologique serait aussi envisageable quant à la représentation de l’aristocratie, aussi bien celle de la France que celle de l’Espagne.

     Approche linguistique

    – Alors qu’Éric Bordas a démontré une stylistique de la monodie dans le roman Corinne ou l’Italie[12], il semble que cette perspective manque dans la réception critique de Delphine, même si Frank Bellucci observe une « stylistique de la douleur[13] ».

    Modalités de soumission

    Les propositions de communication comprenant un résumé de 250 à 500 mots ainsi qu’une courte biobibliographie sont à envoyer à l’adresse suivante :

    • adrien.peuple@sorbonne-nouvelle.fr  
    • inji.hwang@sorbonne-nouvelle.fr

    avant le mardi 30 avril 2024

    Elles seront évaluées par le comité scientifique.

    Informations utiles

    • La journée d’étude se tiendra le samedi 21 septembre 2024 à la Maison de la Recherche, 4 rue des Irlandais.
    • La prise en charge des frais de transport n’est pour le moment pas assurée.

    Comité scientifique

    • Aurélie Foglia
    • Stéphanie Genand
    • Florence Lotterie
    • Jean-Marie Roulin

    Comité d’organisation

    • Inji Hwang
    • Adrien Peuple 

    Bibliographie

    Balaye, Simone, « Les gestes de la dissimulation dans Delphine », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, t. XXVI, mai 1974, p. 182-202 ;

    Balaye, Simone, « Delphine de Madame de Staël et la presse sous le Consulat », Romantisme, t. LI, 1987, p. 39-47 ;

    Balaye, Simone, « Destins d’hommes dans Delphine de Madame de Staël », in Voltaire, the Enlightenment and the Comic Mode. Essays in Honour of Jean Sareil. Ed. Maxine G. Cutler. New York / Bern / Frankfurt-am-Main / Paris, Verlag Peter Lang, 1990, p. 1-10 ;

    Balaye, Simone, « Destin de femmes dans Delphine », publié dans Madame de Staël : écrire, lutter, vivre, Genève Paris, Droz, 1994, p. 61-76 ;

    Balaye, Simone, « Delphine, roman des Lumières : pour une lecture politique », publié dans Madame de Staël : écrire, lutter, vivre, Genève Paris, Droz, 1994,pp. 185-198 ;

    Bellucci, Franck, « Les maux du corps et de l’âme dans Delphine », publié dans Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 75-86 ;

    Brousteau, Anne, « Delphine de Mme de Staël : une esthétique romanesque de la sympathie », publié dans Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 87-96 ;

    Castagnès Gilles, « ‟ Delphine ” de Mme de Staël, ou la quête du malheur », dans Revue d’Histoire littéraire de la France, n° 1, 2013, p. 71-86 ;

    Dubeau, Catherine, La Lettre et la mère. Roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël, Paris, Hermann, 2013 ;

    Garry-Boussel, Claire, Statut et fonction du personnage masculin chez Madame de Staël, Paris, Champion, 2002 ;

    Genand, Stéphanie, « ‘‘N’ai-je pas aussi mon délire ?’’ : troubles du masculin dans Delphine (1802) de Madame de Staël », dans Masculinités en révolution de Rousseau à Balzac, [sous la direction de Daniel Maira et Jean-Marie Roulin], Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2013, p. 217-226 ;

    Genand, Stéphanie, La Chambre noire. Germaine de Staël et la pensée du négatif, Genève, Droz, 2016 ;

    Genand, Stéphanie, « Delphine ou les malheurs de la vertu : une lecture paradoxale de Germaine de Staël », L’Atelier des idées. Pour Michel Delon, sous la direction de Jacques Berchtold et de Pierre Frantz, Paris, PUPS, 2017, p. 475-485 ;

    Genand, Stéphanie, Sympathie de la nuit, Paris, Flammarion, 2022 ;

    Genand, Stéphanie, « Féminités scandaleuses. Delphine de Germaine de Staël et Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir », Savoirs en lien [En ligne], 1 | 2022, publié le 15 décembre 2022 et consulté le 09 novembre 2023 ;

    Gengembre, Gérard, « Delphine, ou la Révolution française : un roman du divorce », publié dans Cahiers staëlien, n° 56, 2005, p. 105-112 ;

    Goldzink, Jean, « Delphine ou la Révolution française », Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française, Paris, Bordas, t. II, 1994 ;

    Guillot, Isabelle, « Portraits et tableaux dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 97-103 ;

    Gutwirth, Madelyn, Madame de Staël, novelist : the Emergence of the Artist as a Woman, University of Illinois Press, 1978 ;

    Higonnet, Margaret, « Delphine d’une guerre civile à l’autre », Annales Benjamin Constant, n° 8-9, 1988, p. 211-224 ;

    Lotterie, Florence, « Une revanche de la ‶femme-auteur″ » ? Madame de Staël disciple de Rousseau », publié dans Romantisme, 2003, n° 122, pp. 19-31 ;

    Lotterie, Florence, « Madame de Staël. La littérature comme ‶philosophie sensible″ », publié dans Romantisme, 2004, n° 124, pp. 19-30 ;

    Lotterie, Florence, « Un aspect de la réception de Delphine : la figure polémique de la ‘femme philosophe’« , Cahiers staëliens, n° 57, 2006, p. 119-135 ;

    Lotterie, Florence, Le Genre des Lumières. Femme et philosophe au XVIIIe siècle, Paris, Garnier, 2013 ;

    Louichon, Brigitte, « Lieux et discours dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 53-63 ;

    Mauzi, Robert, L’idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au XVIIIe, Genève, Slatkine, 1979, réed. Albin Michel, 1994 ;

    Omacini, Lucia, « Delphine et la tradition du roman épistolaire », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 15-24 ;

    Omacini, Lucia, « ‘Il n’y aura pas un mot de politique.’ Madame de Staël et la tradition du roman de femmes », dans La Tradition des romans de femmes XVIIIe-XIXe siècles, textes réunis et présentés par Catherine Mariette-Clot et Damien Zanone, Paris, Honoré Champion, 2012, pp. 241-251 ;

    Ozouf, Mona, Les Aveux du roman : le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution [2001], Paris, Gallimard, Collection Tel, 2004 ;

    Poirier, Blandine, « Le roman rose face aux passions noires : Delphine de Germaine de Staël », dans Roman rose, roman noir [en ligne], sous la direction de Stéphane Lojkine, XXXIe colloque international de la SATOR (Société d’analyse de la topique romanesque) – Aix-en-Provence et Saumane, 23-25 mars 2017 ;

    Rivara Annie, « Contre-romanesque et hyper-romanesque dans les quatorze première lettres de Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 39-51 ;

    Seth, Catriona, « Introduction », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 9-13 ;

    Szabo, Anne, « Aspects et fonctions du temps dans Delphine », Le groupe de Coppet et la Révolution française, Lausanne, Annales Benjamin Constant, Paris, Jean Touzot, 1988 ;

    Szmurlo, Karyna, Germaine de Staël : Crossing the Borders, New Brunswick (NJ), Rutgers University Press, 1991 ;

    Vallois, Marie-Claire, Fictions féminines, Madame de Staël et les voix de la Sibylle, Stanford, Stanford University Press Press, 1987 ;

    Vanoflen, Laurence, « De Caliste à Delphine, et retour ? Victoire. Individu et société dans les romans d’Isabelle de Charrière et de Germaine de Staël », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 25-38 ;

    Zanone, Damien, « Romanesque et mélancolie : l’imminence du romantisme dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 66-73 ;

    Zanone, Damien, « Être femme dans Delphine de Germaine de Staël, ou le roman contre la maxime », publié dans Simples vies de femmes. Etudes réunies par Sylvie Thorel, Paris, Honoré Champion, 2017, pp. 109-114.

    Notes

    [1] Staël a d’abord exploré les territoires de la fiction par le biais de ses nouvelles de jeunesse.

    [2] CG IV-I, p. 230.

    [3] Lucia Omacini, « Delphine et la tradition du roman épistolaire », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 20.

    [4] Charlotte Julia Blennerhassett, Madame de Staël et son temps, trad. par Auguste Dietrich, Paris, Louis Westhausser, 1890, 3 vol. , t. II, p. 500.

    [5] Cité par Michel Winock, Madame de Staël, Paris, Fayard, 2010, p. 235.

    [6] Voir bibliographie ci-dessous.

    [7] Madame de Staël, Delphine, t. II : L’Avant-texte : contribution à une étude critique génétique, Genève, Droz, 1990.

    [8] Voir Isabelle Guillot, « Portraits et tableaux dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 56, 2005, p. 97-103.

    [9] CG IV-I, p. 322.

    [10] Stéphanie Genand, Sympathie de la nuit, Paris, Flammarion, 2022.

    [11] Aurélie Foglia, « Préface », dans Delphine, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 2017, p. 22.

    [12] Éric Bordas, « Les Discours de Corinne : Stylistique d’une monodie », publié dans L’Eclat et le silence : « Corinne ou l’Italie » de Madame de Staël [sous la direction de Simone Balayé], Paris : Honoré Champion, 1999, p. 161-205.

    [13] Franck Bellucci, « Les maux du corps et de l’âme dans Delphine », Cahiers staëliens, n° 57, 2005, p. 82 : « Mme de Staël met à l’œuvre une véritable poétique de la douleur. Une considération stylistique détaillée du roman prouverait l’ambition formelle de l’auteur qui cherche à rendre perceptible, presque palpable, la souffrance de ses héros […]. »

    Sources

    « Delphine de Germaine de Staël », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 12 février 2024, https://doi.org/10.58079/vsxv

  • Am slam gram ! – Cahiers de Littérature Orale

    Cahiers de Littérature Orale

    Lien vers l’appel à contributions

    « Am stram grammatical et collé gram
    Tous les mots de la langue s’empilent l’un l’autre et me montent au cerveau »
    Ivy, « Dire », 2008

    Date de tombée : 15 avril 2024.

    Résumé

    Les Cahiers de Littérature Orale, revue française de référence dans ce champ de recherche, lance un appel à contributions pour un numéro portant sur le slam, qui vise à explorer les évolutions de ce genre. Il s’agit de dessiner les diverses formes que le slam adopte à travers le monde, s’ancrant dans des espaces culturels et s’hybridant avec des traditions orales qui lui préexistent. Dans la perspective de ce volume, nous encourageons une approche internationale et interdisciplinaire croisant les voix de chercheurs·ses en anthropologie, stylistique, linguistique et sociolinguistique, ethnomusicologie et cantologie, littérature, arts et histoire.

    Argumentaire

    Si « ce que slamer veut dire » a pu être exploré ces dernières années, dans le champ des études de performances, de l’anthropologie et de la cantologie, le slam a engendré un retour en force – la force du Dire – de l’oralité poétique dans nos sociétés contemporaines. Avec une bonne quarantaine d’années de recul depuis la naissance du concept de slamming à Chicago dans les années 1980 et dans la lignée de travaux princeps sur ce phénomène (Gregory, 2008 ; Sommers-Willet, 2009 ; Johnson, 2010 ; Willrich, 2010 ; Vorger, dès 2011), le propos de ce numéro des Cahiers de littérature orale vise à explorer les évolutions de ce genre. Il s’agit de dessiner les diverses formes que le slam adopte à travers le monde, s’ancrant dans des espaces culturels et s’hybridant avec des traditions orales qui lui préexistent.

    Des recherches mettent en lumière la façon dont cet art de la confluence fait écho à des traditions orales aussi variées que la cantoria au Brésil (Sousa & Kunz, 2021), le zajal au Liban (Félix, 2009), le kabary malgache (Wells, 2018), le fonnkèr à La Réunion (Glâtre, 2022), les griots en Afrique de l’ouest (Bertho & Bornand, 2020), les Nuits de la poésie au Québec (Brissette & Straw, 2015 ; Fraisse, 2013 ; Paré, 2015), sans oublier la tradition des Hydropathes et des Cabarets en France (Bobillot & Vorger, 2015). Nous aimerions que ce numéro poursuive cette exploration en mettant en lumière ces agencements dans des territoires variés.

    Tout d’abord, s’agissant de ses modalités de performance (Bauman, 1975), nous souhaitons interroger la manière dont le slam s’est affirmé et singularisé. Dans quelle mesure adopte-t-il la forme tournoi ou s’en distancie-t-il pour prendre la forme de scènes ouvertes au sein desquelles chacun·e a voix au chapitre, dans la francophonie et ailleurs ? Quels espaces investit-il ? Nous attacherons un intérêt tout particulier aux tentatives d’historicisation du slam, depuis ses origines jusqu’à ses dispositifs actuels à travers le monde.

    Nous attendons également des réflexions sur la musicalité du slam. En quoi renouvelle-t-il les traditions de poésie orale en remontant jusqu’à la comptine « Am slam gram » dont la figure nodale (l’anadiplose) est fréquemment réinvestie dans le slam et la chanson ? Quelle place prend le rythme (Simon, 2020), dans la performance orale mais aussi dès la genèse ? L’improvisation intervient-elle dans le processus créatif et l’oralisation ? Que se passe-t-il lors de la mise en musique sur scène, voire lorsqu’il donne lieu à une production discographique ?

    Quid des ateliers auxquels il donne lieu ? Comment articulent-ils littératie et oralité (Gendron, 2019) ? Quels objectifs autorisent-ils ? Quels apprentissages favorisent-ils (Émery-Bruneau & Brunel, 2016 ; Géas et al., 2021) ? En quoi peuvent-ils représenter un espace propice à l’éclosion d’une créativité plurilingue et multimodale ? Le slam participe-t-il d’une logique du care (Lempen, 2016), et d’une herméneutique interculturelle (Williamson, 2015) ? Les comptes-rendus d’expériences d’ateliers pourront ainsi faire sens, de même que les entretiens qui apporteront un éclairage nouveau sur ces arts de la parole.

    Enfin, des éclairages sur la dimension politique de l’invention du slam seraient bienvenus. Comment le slam peut-il, selon sa vocation initiale, donner voix aux sans-voix, en se faisant art de la résistance (Scott, 2019) ? Les minorités culturelles s’approprient-elles ce genre (Johnson, 2010 ; Noël, 2014 ; Puzon, 2021 ; Le Lay, 2022) ou au contraire s’en défient-elles ? Est-ce un outil privilégié pour rendre publique la parole des femmes (Vorger, 2019 ; De Bruijn & Udenhoijsen, 2021) ? Quelles passerelles le slam génère-il entre arts académiques et populaires ?

    Dans la perspective de ce volume, nous encourageons une approche internationale et interdisciplinaire croisant les voix de chercheurs·ses en anthropologie, stylistique, linguistique et sociolinguistique, ethnomusicologie et cantologie, littérature, arts et histoire.

    Calendrier et procédures

    Les articles pourront être rédigés en français ou en anglais. Les propositions (comportant un titre et un texte de 2 000 à 3 500 signes maximum, éléments bibliographiques compris) accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique sont à adresser à : camille.vorger@unil.ch et à philippe.glatre@univ-montp3.fr avant le 15 avril 2024.

    Une réponse sera signifiée aux auteurs·rices de proposition avant le 15 juin 2024.

    Les articles devront parvenir sous une version aboutie avant le 15 octobre 2024 ; ils feront l’objet d’une évaluation externe par deux relecteurs, selon la procédure habituelle de la revue: https://journals.openedition.org/clo/2533. Ils devront respecter les normes établies par les Presses de l’Inalco, consultables à partir de la page « Note aux auteurs » de la revue : https://journals.openedition.org/clo/851.

    La parution du numéro Am slam gram! est prévue pour 2026 (n° 99).

    Processus de sélection

    Chaque article reçu par la rédaction est examiné d’abord par la ou les personnes qui coordonnent le numéro, puis envoyé conjointement en lecture anonymisée à un membre du comité de rédaction et à un expert extérieur, ou à deux experts extérieurs, choisis en fonction de leur spécialité.

    Coordinateurs

    • Camille Vorger, Maîtresse d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne – CEL.
    • Philippe Glâtre, ATER, Université Paul Valéry Montpellier 3 – LIRDEF.

    Comité de rédaction

    • Ioanna Andreesco, Paris
    • Nicole Belmont, EHESS – LAS, Paris
    • Elara Bertho, CNRS – LAM, Pessac
    • Kathie Birat, université de Lorraine – IDEA
    • Sandra Bornand, CNRS – Llacan
    • Manon Brouillet, université de Picardie Jules-Verne
    • Josiane Bru, EHESS – LISST – CAS, Toulouse
    • Zoé Carle, université Paris 8 Vincennes Saint-Denis – Fablitt
    • Agnès Clerc‑Renaud, université de Guyane – LEEISA – ETHNYC
    • Alice Fromonteil, Aix-Marseille Université – CREDO
    • Micheline Lebarbier, CNRS – LACITO
    • Cécile Leguy, université Sorbonne Nouvelle – LACITO
    • Sophie Ménard, université de Montréal
    • Katell Morand, université Paris Nanterre – LESC – Centre de recherche en ethnomusicologie
    • Jean-Marie Privat, université de Lorraine – Centre de recherche sur les médiations – Praxitexte

    Orientations bibliographiques

    Bauman Richard, 1975, « Verbal Art as Performance », American Anthropologist, 1975, vol. 77, n° 2, p. 290‑311. https://www.jstor.org/stable/674535

    Bertho Elara et Bornand Sandra, 2020, « Jhonel, une voix en lutte contre les inégalités », Cahiers de Littérature Orale, (coll. « Hors-série: Oralités contestataires »), p. 25-35. DOI : 10.4000/clo.6622

    Bobillot, Jean-Pierre et Vorger Camille, 2015, « Hydroslam : pour une approche médiopoétique des poésies scéniques et sonores contemporaines ». In : Vorger, C. (éd.), Slam. Des origines aux horizons. Vénissieux/Lausanne : Éd. d’en bas/La passe du vent, p. 119-143.

    Brissette Pascal et Straw Will, 2015, « Poètes et poésies en voix au Québec (XXe-XXIe siècles) », Voix et Images, 2015, vol. 40, n° 2, p. 7‑13. https://www.erudit.org/fr/revues/vi/2015-v40-n2-vi01835/1030197ar/

    Bruijn Mirjam de et Oudenhuijsen Loes, 2021, « Female slam poets of francophone Africa: spirited words for social change », Africa, vol. 91, n° 5, p. 742‑767. https://www.cambridge.org/core/journals/africa/article/female-slam-poets-of-francophone-africa-spirited-words-for-social-change/1A86FA2D03F9BC8287F79EC5D6B20EBC

    Émery-Bruneau Judith et Brunel Magali, 2016, « Poésie oralisée et performée : quel objet, quels savoirs, quels enseignements ? », Repères, 2016, n° 54, p. 189‑206. https://journals.openedition.org/reperes/1117

    Félix Suzie, 2009, « Extrait d’un carnet de voyage musical au pays du zajal », dans Les Chants d’Orphée, La pensée de midi, n°28, p. 115-125. https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2009-2-page-115.htm

    Fraisse Paul, 2013, Langue, identité et oralité dans la poésie du Québec (1970-2010). Des nuits de la poésie au slam : parcours d’un engagement pour une culture québécoise., Thèse de linguistique, Université de Cergy Pontoise, 402 p. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00957943

    Géas Elodie, Brau-Antony Stéphane et Grosstephan Vincent, 2021, « Le développement de l’activité d’animation d’ateliers de slam de poésie pour des lycéens préparant un concours d’éloquence », Actes de la Biennale Internationale de l’Éducation, de la Formation et des Pratiques Professionnelles : ”faire/se faire”, Paris, France, Association La Biennale et Institut Catholique de Paris. https://hal.science/hal-03491577

    Gendron Catherine, 2019, « L’atelier slam comme exemple de relation d’interdépendance et de complémentarité entre l’écriture et l’oralité », Pratiques, n° 183‑184, p. 1‑16. http://journals.openedition.org/pratiques/7708

    Glâtre Philippe, 2022, Hybridations entre le fonnkèr et le slam. Une négociation de savoirs dans la poésie orale réunionnaise, Thèse de doctorat en anthropologie, Université Sorbonne Nouvelle, Paris. https://hal.science/tel-03900915

    Gregory Helen, 2008, « The quiet revolution of poetry slam : the sustainability of cultural capital in the light of changing artistic conventions », Ethnography and Education, vol. 3, n° 1, p. 63‑80. https://doi.org/10.1080/17457820801899116

    Johnson Javon, 2010, « Manning Up : Race, Gender, and Sexuality in Los Angeles’ Slam and Spoken Word Poetry Communities », Text & Performance Quarterly, vol. 30, n° 4, p. 396‑419. http://search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=ibh&AN=54330236&lang=fr&site=ehost-live

    Le Lay Maëline, 2022, « “L’art est mon arme”. Slam et activisme politique à Goma, Nord-Kivu, RD Congo », Multitudes, 2022, vol. 87, no 2, p. 107‑115. https://www.cairn.info/revue-multitudes-2022-2-page-107.htm

    Meschonnic Henri, 2009, Critique du rythme : anthropologie historique du langage, Lagrasse, Verdier, 732 p.

    Noel Urayoan, 2014, In Visible Movement : Nuyorican Poetry from the Sixties to Slam, Iowa City, University of Iowa Press, 269 p.

    Paré François, 2015, « Esthétique du Slam et de la poésie orale dans la région frontalière de Gatineau-Ottawa », Voix et Images, 2015, vol. 40, n° 2, p. 89‑103. http://id.erudit.org/iderudit/1030203ar

    Puzon Katarzyna, 2021, « Germans without footnotes: Islam, belonging and poetry slam » dans Katarzyna Puzon, Sharon Macdonald et Mirjam Shatanawi (eds.), Islam and Heritage in Europe Pasts, Presents and Future Possibilities, Londres, Routledge, p. 68‑82.

    Resztak Karolina, 2015, « « Am stram gram » ou à la recherche des origines de la poésie », Continents manuscrits. Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora, n° 5. https://journals.openedition.org/coma/589

    Rougier Thierry, 2008, « Actualité d’une expression traditionnelle : la cantoria. Enjeux sociospatiaux de la poésie improvisée au Brésil », Volume !, n° 6, p. 113‑122.

    Scott James C., 2019, La domination et les arts de la résistance : fragments du discours subalterne, Editions Amsterdam, Paris, 426 p.

    Simon Anne-Catherine, 2020, « Les rythmes dans le slam », Langage et société, n° 171, p. 139‑169. http://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2020-3-page-139.htm

    Somers-Willett Susan B. A., 2009, The cultural politics of slam poetry: race, identity, and the performance of popular verse in America, Ann Arbor, University of Michigan Press.

    Souza Tiago Barbosa et Kunz Martine Suzanne, 2021, « Brazilian Cantoria and Slam: poetics of performance », Revista Brasileira de Estudos da Presença [en ligne], vol. 11, n° 2, p. 1-22. https://journals.openedition.org/rbep/1030?lang=fr

    Vorger Camille, 2011, Poétique du slam : de la scène à l’école. Néologie, néostyles et créativité lexicale, Thèse de doctorat en Sciences du langage, didactique et linguistique, Université de Grenoble, 659 p. https://hal.science/tel-00746972v1

    Vorger, Camille & Meizoz, Jérôme, 2015, « Postface à deux voix. Ce que slamer veut dire ». In C. Vorger (éd.), Slam. Des origines aux horizons. Vénissieux/Lausanne : Éd. d’en bas/La passe du vent, p. 263-274.

    Vorger, Camille, 2019, « Quand le slam se décline au féminin. Portraits et postures de slameuses », in Forumlecture.ch : https://www.forumlettura.ch/sysModules/obxLeseforum/Artikel/657/2019_1_fr_vorger.pdf

    Wells Hallie, 2018, Moving Words, Managing Freedom : The Performance of Authority in Malagasy Slam Poetry, PhD thesis in Anthropology, UC Berkeley, 201 p. https://escholarship.org/uc/item/36f7m3s3

    Williamson W. John, 2015, « The Hermeutics of Poetry Slam: Play, Festival and Symbol », Journal of Applied Hermeneutics [en ligne], p. 1‑12. https://journalhosting.ucalgary.ca/index.php/jah/article/view/53267

    Willrich Alexander, 2010, Poetry Slam für Deutschland. Die Sprache. Die Slam-Kultur. Die mediale Präsentation. Die Chancen für den Unterricht, Lektora, Paderborn, 224 p.

    Zumthor Paul, 1982, « Le rythme dans la poésie orale », Langue française, n° 56, p. 114‑127. https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1982_num_56_1_5152

    Source

    « Am slam gram ! », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 06 février 2024, https://doi.org/10.58079/vrey

  • La rivalité en langue et en littérature

    Du 23 au 25 octobre 2024, Lublin, Pologne 

    Colloque international organisé par les

    Chaire des Cultures et Littératures romanes
    Chaire de Linguistique romane
    Chaire d’Acquisition et de Didactique des langues

    de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
    de l’Université Catholique de Lublin Jean-Paul II

    Date de tombée : 31 mars 2024

    Présentation

    Défini d’une manière générale comme une situation où deux ou plusieurs personnes ou groupes qui se disputent un avantage, un bien qui ne peut revenir qu’à un seul, le mot clé du colloque implique une idée d’antagonisme, voire de lutte, et s’enrichit de nouveaux contextes et significations lorsqu’on l’envisage dans le cadre de la recherche linguistique et littéraire. 

    Dans chacune de ces perspectives, il est possible d’aborder de multiples questions telles que : quel peut être l’objet de la rivalité et les adversaires qu’elle implique ? Naît-elle toujours de la concurrence ? Conduit-elle toujours à un conflit ? Exclut-elle définitivement l’influence mutuelle ? Peut-elle conduire à un compromis ?

    Pour les études littéraires, le thème de la rivalité n’est ni rare ni exceptionnel, il jalonne les œuvres littéraires de toutes époques aussi bien au niveau de leurs genèse, statut ou fable, offrant plusieurs pistes de recherches :

    • affrontement d’écrivains, de personnages, de textes, de genres, de courants, d’époques littéraires ;
    • querelles et scandales littéraires ;
    • opposition d’idées, de goûts, de styles ;
    • rivalité en tant que moteur de création ;
    • compromis et coopération issus d’un antagonisme ;
    • arrivisme, carriérisme, stakhanovisme.

    En linguistique, la rivalité peut être considérée aussi bien comme une unité d’analyse (sémantique, lexicale, morphologique…) que comme un mécanisme de tension ou d’opposition au sens large, impliquant différents niveaux de réflexion sur la langue. Ainsi, les propositions de communications peuvent aborder les problématiques suivantes : 

    • le lexème rivalité et ses emplois discursifs (approche lexicométrique, sémantique, contrastive etc.) ;
    • le champ lexical de rivalité en français et, éventuellement, en d’autres langues ;
    • la rivalité entre les formes linguistiques en français (point de vue diachronique, diatopique, diaphasique, diastratique…) ;
    • la néologie et l’emprunt à l’anglais en français contemporain (concurrence ou synergie ?) ;
    • la rivalité entre les paradigmes de recherche linguistique, les approches théoriques et méthodologiques dominantes (aperçu historique et/ou synchronique).

    Pour ce qui est de l’acquisition et de la didactique des langues, la rivalité peut concerner aussi bien l’affrontement entre les langues que la divergence des formes à l’intérieur d’une langue donnée. La réflexion proposée pourra ainsi s’orienter vers des questions portant sur :

    • le multilinguisme en tant que système de cohabitation de deux/plusieurs langues chez le même locuteur ;
    • l’interlangue des apprenants en tant que système intermédiaire dynamique entre la L1 et la L2 en acquisition ;
    • l’impact de la langue orale sur la langue écrite/ de la langue écrite sur la langue orale selon les contextes différents de l’appropriation d’une L2 ;
    • le français à enseigner ou les français à enseigner : la divergence entre les langues « globales » et leurs réalisations « locales » ;
    • les langues MoDiMEs (Moins Diffusées et Moins Enseignées) et leur (op)position par rapport aux langues dites « majeures ».

    N’étant pas exhaustive, cette liste peut être librement développée et complétée par d’autres points de vue sur le problème de la rivalité en langue et en littérature. Le comité scientifique demeure ouvert à toute autre proposition de communication en lien avec le thème du colloque.

    Comité scientifique 

    Janusz Bień (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Christophe Cusimano (Université Masaryk de Brno)

    Philippe Hamon (Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III)

    Georges Jacques (Université Catholique de Louvain)

    Marie-Dominique Joffre (Université de Poitiers)

    Greta Komur-Thilloy (UHA Mulhouse)

    Anna Kucharska (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Véronique Le Ru (Université de Reims)

    Anna Mańkowska (Université de Varsovie)

    Claire Martinot (Université Paris Sorbonne)

    Paweł Matyaszewski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II) 

    Marc Quaghebeur (Archives & Musée de la Littérature ; Association européenne des études francophones) 

    Sebastian Piotrowski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Dorota Śliwa (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Marzena Watorek (Université Paris 8) 

    Witold Wołowski (Université Catholique de Lublin Jean-Paul II)

    Comité d’organisation 

    Jakub Duralak

    Nina Klekot

    Edyta Kociubińska

    Aleksandra Krauze-Kołodziej

    Paulina Mazurkiewicz

    Aleksandra Murat-Bednarz

    Judyta Niedokos (présidente)

    Urszula Paprocka-Piotrowska

    Stanisław Świtlik (secrétaire)

    Katarzyna Wołowska

    Modalités de participation

    La langue de la conférence sera le français.

    Les propositions de communication (300 mots maximum) sont à soumettre au plus tard le 31 mars 2024. Merci de les envoyer à l’adresse : rivalite2024@kul.pl

    L’annonce de l’acceptation de la proposition se fera fin avril 2024.  

    Les frais d’inscription (à payer après la décision positive du comité scientifique) sont de 600 zlotys (130 euros pour les virements internationaux) et incluent :  

    • les pauses café,
    • le dîner de gala,
    • la publication (après l’évaluation positive du comité de rédaction).

    Le programme définitif sera communiqué en octobre 2024.

  • (In)civilités : langue, discours, société – Poétique et rhétorique au XVIIe s. (Séminaire de Delphine Denis, Sorbonne Université)

    (In)civilités : langue, discours, société
    Poétique et rhétorique au XVIIe siècle
    Séminaire de Delphine Denis (Sorbonne Université)

    avec la collaboration de Carine BARBAFIERI (Valenciennes)
    et Françoise POULET (Bordeaux, IUF) 

    Année universitaire 2023-2024

    Mardi, 16h-18h – Bibliothèque de l’UFR de Langue française (Esc. G, rez-de-chaussée)

    30 janvier — Frédéric Martin (Conservateur en chef des bibliothèques – chercheur associé au CELLF – UMR 8599)

    « Les Rencontres inciviles de Louis de Neufgermain et de Vincent Voiture : poésie hétéroclite, éloges sarcastiques »

    6 février — Guillaume Peureux (Nanterre)

    « Usage satyrique de la langue dans Le Parnasse satyrique (1622) : un discours incivil ? »

    13 février — Tony Gheeraert (Université de Rouen)

    « L’(in)civilité dans les contes de fées de la fin du xviie siècle »

    27 février — Valeria Pompejano (Université Roma Tre, Italie)

    « Incivilité des fous, inconvenance des folles. Du traité de Tommaso Garzoni (1586) au théâtre de Charles Beys (1635 ; 1653) »

    5 mars — Kim Gladu (Université du Québec à Rimouski)

    « D’un usage civil de la poésie galante ou l’incivilité voilée »

    12 mars — Gilles Magniont (Université Bordeaux Montaigne)

    « Genre et civilité, du xviie siècle à aujourd’hui »

    19 mars — Justine Le Floc’h (Université de Kyoto, Japon)

    « Offenses, incivilités et autres marques de mépris : la psychologisation des conflits dans quelques traités du xviie siècle » 

    26 mars — Cécile Tardy (Université de Limoges)

    « Une incivilité voilée dans l’art épistolaire : l’équivoque chez Vincent Voiture » 

    2 avril — Cécile Leduc (Sorbonne Université)

    « Beaufort contre Jarzé au jardin de Renard : analyse comparée de l’anecdote d’une incivilité »

    23 avril — Giovanna Devincenzo (Université de Bari, Italie)

    « Formes de l’(in)civilité dans le théâtre politique d’actualité des années 1590.  Le cas de Simon Belyard » 

    30 avril — Jean-Paul Sermain (Sorbonne nouvelle-Paris-III)

    « In/civilités conjugales de Scudéry à Marivaux et de Catherine Bernard à Perrault »

    7 mai — Laurent Pernot (Strasbourg)

    « Carambolages et faux-semblants dans la rhétorique grecque »

  • L’épistolier-lecteur. Styles de lettres et styles de vies, Séminaire CECJI 2024

    SÉMINAIRE DU CENTRE D’ÉTUDE DES CORRESPONDANCES ET JOURNAUX INTIMES
    CECJI, ÉA 7289
    Responsable : Marianne Charrier-Vozel

    Du 19 janvier 2024 au 15 novembre 2024
    À 14h00

    Lieu : CECJI

    Présentation

    Dans le Manuel épistolaire à l’usage de la jeunessePhilipon La Madelaine voit dans les prétendus oublis des lectures de Mme de Sévigné une qualité qui participe de l’agrément d’une correspondance qui est devenue, au fil des siècles, un modèle du genre : 

    « J’aime mieux cette même Mme de Sévigné qui me dit dans une de ces lettres charmantes : « Je vous rapporterais là-dessus un beau vers du Tasse si je m’en souvenais » ; je l’aime mieux, dis-je, que celui qui, à cette occasion, m’en eût débité deux ou trois stances ». 

    Dans la continuité de l’ouvrage de Philipon, Bescherelle reprend ce conseil, illustrant cette fois-ci son propos avec l’exemple d’une grande épistolière du siècle suivant, Mme du Deffand qui n’utilise pas de citation afin de plaire à son correspondant, Horace Walpole, dont elle est passionnément amoureuse :  « Je serais bien tentée de vous faire une citation de Quinault, mais vous me gronderiez et je ne me permettrai plus rien qui puisse vous fâcher et jamais, jamais, je ne vous écrirai un mot qui puisse vous forcer à me causer du chagrin par vos réponses. J’aime mieux étouffer toutes mes pensées ».

    À partir de ces deux exemples, nous pourrions hâtivement conclure que les épistolières et les épistoliers de l’Ancien Régime doivent abandonner leurs lectures et leurs auteurs préférés afin de ne pas importuner leur correspondant, suivant la règle que Philipon résume en une formule elliptique qui nous invite à mettre en concurrence deux pratiques, d’un côté la lecture des livres considérée comme une ouverture sur le monde extérieur et de l’autre, l’écriture des lettres communément envisagées comme des ego-documents : « Dans une lettre soyez vous, et non autrui » : la lettre « doit m’ouvrir votre âme, et non votre bibliothèque ». 

    Tandis que de nombreuses études ont envisagé les correspondances comme les archives de la création en s’intéressant notamment aux confidences et commentaires que les écrivains font dans leurs lettres sur leurs œuvres, nous retiendrons exclusivement les lectures d’œuvres que les épistoliers, souvent des auteurs, n’ont pas eux-mêmes écrites et publiées.

    Partant alors du constat de la méfiance affichée des théoriciens du genre épistolaire pour l’insertion de citations dans les lettres, il ne semble pas surprenant, au premier abord, qu’aucune étude, à ce jour n’ait été entièrement consacrée aux interactions entre l’activité d’écriture des lettres familières et l’activité de lecture. Ce manque est d’autant plus regrettable que l’étude du va-et-vient entre la lecture et le dialogue épistolaire offre un angle fort stimulant pour les spécialistes qui s’intéressent au genre épistolaire et à la littérarité de la lettre. 

    Du côté des nombreux chercheurs qui ont consacré des travaux à la pratique de la lecture, à son évolution dans le temps et à la place qu’elle occupe dans notre vie quotidienne et tout au long de notre existence, force est de constater pourtant les références opportunes à de multiples correspondances.

    Parmi ces travaux, l’ouvrage de Marielle Macé, publié en 2011 et intitulé Façons de lire, manières d’être, occupe une place de premier plan. Dans son essai, Marielle Macé fait notamment référence aux lettres de Marcel Proust, de Gustave Flaubert, de Jean-Paul Sartre ou bien de Roland Barthes, suggérant le lien intime qui unit la pratique de la lecture et la pratique de l’écriture épistolaire dans le parcours de vie d’un individu : « Affirmer que l’on ne quitte pas sa vie en lisant, mais que ce qui se passe dans la lecture a un avenir sur cette vie : on y essaie des pensées, des façons de dire et de se rapporter aux autres, des manières de percevoir, on module son propre accès au monde, on tente d’autres liens, d’autres gestes, d’autres rythmes, d’autres communautés… » ; les correspondances ne constituent-elles pas l’espace où se déploient ces « pensées », ces « façons de dire » et d’être au monde ? 

    Grâce au dialogue épistolaire, la solitude du lecteur se brise et la lecture, silencieuse, devient bavarde.  Il s’agira ainsi d’envisager les correspondances familières comme le lieu d’expression privilégiée de « l’aptitude du lecteur », pour reprendre les termes de Marielle Macé « à prolonger un style littéraire dans la vie (à se guider grâce à lui, contre lui ou malgré lui, dans les situations du monde sensible vers lequel la lecture le reconduit forcément) » en explorant le va-et-vient entre la lecture des livres et l’écriture des lettres selon les trois axes qui suivent.

    Nous espérons que la mise en commun des réponses apportées à l’ensemble de ces questions lors des séances du séminaire apportera des éléments décisifs afin de mieux saisir ce qui fonde la littérarité de la lettre que nous proposons d’envisager comme « le texte du lecteur ». 

    Nous prévoyons de publier dans un recueil collectif, à la fin du séminaire, l’ensemble des communications.

    AXE 1 : Pratiques de lecture et écriture des lettres : concurrence et/ou complémentarité ? 

    Dans quelles circonstances l’épistolier évoque-t-il ses lectures ?

    Pouvons-nous observer au cours d’une existence des moments privilégiés consacrés à l’écriture des lettres et à la lecture ?  

    Comment l’épistolier concilie-t-il dans son quotidien le temps consacré à l’écriture des lettres et le temps consacré à la lecture ? Existe-t-il un lien entre le moment de la lecture, l’interruption et la reprise de la lettre ? Ce lien évolue-t-il en fonction des époques, notamment à partir du XVIIIe siècle et de l’affirmation de l’intime dans les correspondances familières ?

    Comment et sous quelles formes discursives (citations, résumés, commentaires, gloses…) l’épistolier évoque-t-il alors ses lectures ? Ces évocations peuvent-elles être considérées comme des discours rapportés concurrents, complémentaires ou intrinsèques au discours épistolaire ? 

    AXE 2 : Ecrire des lettres et lire pour styliser son existence ?

    Quel est le lien entre la composition de la bibliothèque, le choix des genres qui sont lus, les goûts et l’éthos de l’épistolier ? 

    Les lectures sont-elles évoquées pour parler de soi et pour styliser sa vie dans les lettres ?

    Comment s’incarne le concept de lecteur-modèle dans les pratiques de l’épistolier-lecteur et dans l’écriture des lettres ?  

    Le processus d’identification à l’œuvre dans l’activité de lecture participe-t-il de l’écriture de soi dans les lettres ? 

    Observons-nous un mimétisme de style entre les lectures de l’épistolier et les procédés d’écriture qu’il utilise dans ses lettres ?

    En quoi ses lectures invitent-elles l’épistolier à donner du sens à son existence et à celle de son correspondant ? 

    AXE 3 : Lecture et grammaire du rapport à l’autre dans les lettres : pragmatique épistolaire de la lecture 

    Pourquoi les correspondants partagent-ils leurs lectures ? Pour idéaliser le lien qui les unit, pour séduire, pour développer une réflexion morale et/ou esthétique sur le monde, pour convaincre, pour conseiller, pour consoler ? 

    Pouvons-nous observer, selon la nature du lien qui unit les correspondants, une sélection opérée par l’épistolier dans ses lectures ?  En quoi cette sélection est-elle significative de l’évolution du lien qui unit les épistoliers au fil du temps ? 

    Les correspondants lisent-ils les mêmes livres, partagent-ils les mêmes goûts et les mêmes avis ?

    Quelle place est donnée dans le dialogue épistolaire aux livres qui ne sont lus que par un seul des correspondants ? Quelle place est accordée aux livres que les épistoliers ne lisent pas et pourquoi ?

    La lecture d’un livre peut-elle conduire à la suspension, voire à l’interruption définitive de la correspondance ? 

    Programmation

    Vendredi 19 janvier 2024
    14h-15h30 en visioconférence
    Clément FRADIN, Université de Lille
    « Lire sans perdre le fil » : les lectures de Paul Celan au miroir de ses lettres »

    Vendredi 16 février 2024
    14h-15h30 en visioconférence
    Luc FRAISSE, Université de Strasbourg
    « Proust en correspondance avec les écrivains contemporains incarne-t-il sa conception du lecteur modèle ? »
    Vendredi 15 mars 2024
    14h-15h30
    Martine JACQUES, Université de Bourgogne
    « La correspondance de Mme de Graffigny : s’autoriser et s’auctoriser »

    Vendredi 15 juin 2024
    14h-15h30
    Nathalie FERRAND, Item-Ens-Cnrs
    « Rousseau lecteur, au miroir de sa Correspondance »

    Vendredi 27 septembre 2024
    14h-15h30
    Bruno BLANCKEMAN, Université  Sorbonne Nouvelle Paris-3
    « Le « lire-écrire » critique de Marguerite Yourcenar dans sa correspondance »

    Vendredi 11 octobre 2024
    14h-15h30
    Olivier WAGNER, Bibliothèque Nationale de France
    « « Je suis ici avec Byron que j’adore… » La citation et l’actualité littéraires dans la Correspondance amoureuse entre Natalie Clifford Barney et Liane de Pougy »

    Vendredi 15 novembre 2024
    14h-15h30
    Marcos MORAES, Université de São Paulo
    « Mário de Andrade, lecteur de la poésie française : des témoignages en lettres »

  • Op. cit., Revue des littératures et des arts, Agrégation 2024

    Numéro automne 2023
    Agrégation 2024

    Sommaire

    Moyen Âge

    XVIe siècle

    XVIIe siècle

    XVIIIe siècle

    XIXe siècle

    XXe siècle

  • L’Astrée d’Honoré d’Urfé (Première partie, éd. 1612) : un roman troublé

    Présentation

    En 2023-2024, le programme des agrégations de Lettres faisait place, pour la première fois, au célèbre chef-d’œuvre d’Honoré d’Urfé, L’Astrée (1607-1628). Une belle occasion s’offrait pour remettre sur les chemins de la lecture ce roman pastoral qui fut un véritable best-seller en son temps, et d’en mesurer la richesse et l’ambition au-delà de la seule histoire littéraire où il occupe une place déterminante.

    Le 25 novembre 2023 s’est tenue en Sorbonne une Journée d’étude organisée par Delphine Denis, dont cette publication est le fruit. Les articles ici réunis, conduits selon des approches diverses (politique, morale et philosophie, poétique, rhétorique et stylistique) offrent l’image d’un roman complexe, traversé de nombreuses tensions, mais aux propositions profondément cohérentes.

    Sommaire

    Actions et passions

    « Le langage et les conceptions » (L’Autheur à la Bergère Astrée)

  • Figures de la répétition dans la poésie et le théâtre de la Renaissance

    Classiques Garnier, coll. « Rencontres« , 2024
    Sous la direction d’Adèle Payen de La Garanderie
    Préfacier : Rouget (François)
    Nombre de pages : 215
    Parution : 03/01/2024
    Collection : Rencontres, n° 603
    Série : Rhétorique, stylistique, sémiotique, n° 11

    Les figures de répétition soulèvent des questions poétiques majeures. Offrant des jalons théoriques pour le xvie siècle, l’ouvrage regroupe des études de style consacrées à Agrippa d’Aubigné, Jean-Antoine de Baïf, Olivier de Magny, Clément Marot, Pierre de Ronsard, et Robert Garnier.

    Sommaire

    Résu

  • Atelier de méthodologie de la recherche en stylistique (Orléans)

    Le 3 Avril 2024

    Université d’Orléans

    UFR LLSH, salle du conseil

    L’Association Internationale de Stylistique (AIS), propose un atelier de méthodologie de la recherche en stylistique, le mercredi 03 avril 2024, à l’Université d’Orléans.

    Cet atelier a pour but d’offrir un espace d’échange entre jeunes doctorantes/doctorants ou jeunes docteures/docteurs, de France et de l’étranger, et chercheuses et chercheurs plus aguerris en stylistique. L’AIS a déjà organisé deux journées d’études à l’intention des jeunes chercheuses et chercheurs : en 2017 à l’Université d’Aix-Marseille (« Territoires et frontières du style », coordonnée par Joël July et Philippe Jousset), en 2021 à l’Université Sorbonne-Nouvelle (« Style et goût », coordonnée par Sandrine Vaudrey-Luigi et Judith Wulf).

    Pour 2024, l’AIS propose non pas une journée d’études unie autour d’une thématique mais un atelier de travail et de réflexion méthodologique, qui est ouvert à tout type de recherche stylistique. Cet atelier est, pour les jeunes chercheuses et chercheurs, l’occasion de présenter leur travail devant des spécialistes de la discipline, d’affiner leurs méthodes, de réfléchir à leurs perspectives de travail, mais aussi de potentiellement découvrir d’autres manières de travailler en stylistique. Il est également ouvert aux étudiantes, étudiants, collègues, qui souhaitent découvrir (ou mieux connaitre) la recherche en stylistique. 

    Contacts :

    laelia.veron@univ-orleans.fr

    sophie.bertocchi-jollin@uvsq.fr


    Programme

    Version PDF du programme

    Matin

    Accueil. À  partir de 9h15.

    Mot d’introduction. 9h45.

    Stylistique et analyse du discours : perspectives comparées : 10h-11h15

    Présidente de session : Claire Badiou-Monferran

    -Linda Nurmi (Université d’Helsinki) : « Qui parle ? Le DDL (Discours direct Libre) dans la littérature contemporaine française et finlandaise : Duras, Saumont, Siekkinen.  » 

    Cette communication pose la question de savoir quels sont les indices grammaticaux, co(n)textuels, sémantico-logiques et pragmatiques du discours direct libre dans les écritures de Marguerite Duras, Annie Saumont et Raija Siekkinen. Dans cette approche comparée, je m’interroge sur l’enjeu que le DDL produit dans la littérature contemporaine française et finlandaise en me limitant sur les extraits tirés des œuvres des auteures mentionnées ci-dessus. DDL – un phénomène linguistique, discursif et littéraire –, libéré du verbum dicendi ou sentiendi et des marqueurs typographiques, est au cœur du « roman parlant » des XXe et XXIe siècles.

    -Carlotta Contrini (Université de Lausanne): « Une proximité distante : le discours indirect libre chez Zola et Verga »

    Durant sa recherche doctorale, Carlotta Contrini a étudié le discours indirect libre (DIL) dans L’Assommoir d’Émile Zola et I Malavoglia de Giovanni Verga. En adoptant une approche contrastive, le patron stylistique du DIL a permis de confronter deux œuvres que beaucoup sépare. Zola a contribué à l’extension du dispositif en français grâce à L’Assommoir ; I Malavoglia de Giovanni Verga est la première œuvre de la littérature italienne qui accorde une place de choix au DIL. Son travail, axé sur la stylistique littéraire comparée, évite la simplifation par le critère de l’influence. Elle travaille maintenant sur les traductions italiennes de Zola et les traductions françaises de Verga, envisageant une extension de sa recherche à la période 1830-1930. La méthodologie rarement abordée de la stylistique littéraire comparée révèle des divergences dans l’application et la traduction du DIL, mettant en lumière une opposition profonde dans le mouvement d’assimilation des formes.

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    Stylistique, polyphonie et pragmatique: 11h15-12h30

    Présidente de session : Claire Stolz

    -Vianney Dubuc (ENS de Lyon) : « La question de la polyphonie : enjeux de la notion et défis pour une stylistique de l’énonciation »

    Depuis les années 1980, le terme de polyphonie a connu un important succès et plusieurs théorisations aussi bien dans le champ des études littéraires que dans ceux de la linguistique et de l’analyse de discours. Nous souhaitons interroger l’emploi de cette notion en stylistique et sur un corpus de textes lyriques. Dans un premier temps, nous introduirons la notion de polyphonie à partir des théorisations les plus importantes. Dans un second temps, nous chercherons à confronter ces méthodologies à travers l’étude d’un texte lyrique. Cette application permettra de montrer que la notion de polyphonie est centrale pour une étude stylistique de l’énonciation. Elle invite à repenser à la fois la définition du genre lyrique trop souvent identifié comme un genre monophonique et elle conduit aussi à laisser, dans la stylistique d’auteur, une place plus importante à la présence du discours autre, du discours des autres et des discours sociaux à l’origine d’hétérogénéités énonciatives. Penser la polyphonie revient à identifier la part sociale constitutive de toute énonciation.

    Notes de la communication (PDF)

    -Ludovico Monaci (Università degli Studi di Padova/Université de Grenoble Alpes) : « “Ce que je l’ai injurié !” : la violence verbale dans la Recherche de Proust »

    Cette intervention se concentre sur la violence verbale dans la Recherche. À partir de la fréquence avec laquelle un tel mot d’injure est prononcé, on retracera les analogies stylistiques communes aux idiolectes et aux sociolectes. L’introduction du critère oppositif en face/dans le dos permettra de dépeindre les tendances discursives et les spécialisations conversationnelles des figures romanesques lorsqu’elles sont les responsables ou les victimes d’une injure ou d’une médisance. En parallèle, par l’analyse des excentricités perlocutoires et des infractions pragmatiques, on témoignera de l’hétérogénéité formelle qui est inscrite dans ce genre de manifestations linguistiques. Notre objectif est de réhabiliter la violence verbale dans les dynamiques romanesques, et de lui restituer la place qui lui incombe au sein de l’œuvre proustienne.

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    Après-midi 

    Stylistique et stylométrie: 14h-14h40

    Présidente de session : Laélia Véron

    Alice Dionnet (Université d’Orléans) : introduction à la stylométrie

    Cette présentation en deux temps se consacrera d’abord à la présentation de la stylométrie, de ses objets et objectifs et des techniques qui lui sont associées. Seront utilisés comme exemple les travaux d’attribution d’autorité, notamment ceux effectués par Jean-Baptiste Camps et Florian Cafiero concernant l’attribution des pièces de Molière à Corneille. J’interrogerai ensuite les frontières de la stylistique en montrant comment j’ai utilisé certaines de ces techniques de stylométrie pour comparer le style des romans d’aventures identifiés par les théoriciens du genre et celui des jeux vidéo dits « R.P.G », ou role-playing games, largement influencés par ce genre littéraire et celui de la fantasy, en l’occurrence avec l’exemple de Dragon Age : Origins (2009).

    Stylistiques littéraires (syntaxe, ponctuation, sémantique) : 14h40-16h

    Présidente de session : Judith Wulf

    Pierre Fleury (Sorbonne Université) : « La « méthode Croisset » ou comment intégrer à l’analyse du discours les questions de rythme » (Flaubert, Bouilhet, Hugo) 

    Louis Bouilhet, le 19 mars 1859, tente de défendre un alexandrin éreinté par Flaubert en l’enjoignant à « scander le vers entier (méthode Croisset) […] Je l’aime, parce que je le dis bien. » Notre communication tâchera d’expliquer ce que peut être une telle « méthode », au croisement de l’écriture et de la lecture – une façon de lire les textes qui soit aussi une façon de les faire parler, c’est-à-dire de les interpréter… au sens où l’entendent les stylisticiens. Quelques exemples de Flaubert et de Hugo nous aiderons à percevoir ce que peut apporter à l’exégèse cette prise en compte du flux configurant de la lecture. Partant, y aurait-il une possibilité théorique pour inclure la phrase (en tant que syntaxe virtuellement « musicale ») dans les paradigmes de l’analyse du discours et de la linguistique énonciative, jugées parfois sourdes à la prosodie et au rythme ?

    Clara Cini (Sorbonne Université) : « Pour une stylistique de la ponctuation : variations et permanences dans la représentation du discours autre (RDA), chez Annie Ernaux »

    Participant d’une véritable « déliaison généralisée[1] » sensible à toutes les échelles de l’œuvre, la ponctuation ernausienne, aussi bien que son absence, rend parfois difficile la détermination générique du discours autre – que l’on songe ici à l’incipit des Armoires vides. En considérant d’abord les premiers ouvrages de l’autrice, notre intervention analysera ce refus de systématicité syntaxique – particulièrement sensible lorsque les discours autres se télescopent en l’espace d’une page – comme moyen de faire entendre au plus juste et dans un même geste la diversité du dire, de ses modalités et locuteurs au sein même du texte qui les accueille[2]. Dans une perspective évolutive et génétique, nous examinerons dans un second temps les variations et permanences dans l’insertion du discours autre, au fur et à mesure des publications de l’autrice, et leurs enjeux protéiformes.

    [1] Francine Dugast-Portes, Annie Ernaux, Étude de l’œuvre, Bordas, 2008, (« Écrivains au présent », 2), p. 153.
    [2] Nous nous appuyons en partie sur les travaux de Geneviève Salvan. Voir : Geneviève Salvan, « Ordre des mots et discours rapportés : les discours directs “sans ancrage” dans Journal du dehors d’Annie Ernaux », dans Agnès Fontvielle-Cordani, Stéphanie Thonnerieux (dir.), L’Ordre des mots à la lecture des textes, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2009, (« Textes & Langue »), p. 371‑384.

    Ekaterina Nevskaya (Université Côte d’Azur) « Métaphore et interpénétration sémantique dans Le Don de Nabokov »

    Dans notre communication, nous nous proposons d’étudier la manière dont le discours métaphorique permet de révéler l’appréhension du monde extralinguistique propre à Fédor, le personnage principal, et d’explorer les potentialités sémantiques du langage. Notre analyse abordera surtout un pattern particulier de la métaphorisation : le glissement d’unités sémantiques et/ou linguistiques à travers différents co(n)textes, produisant des zones de superposition entre énoncés « littéraux » et énoncés « métaphoriques » dont les frontières s’avèrent extrêmement floues. On voit apparaître ainsi toutes sortes d’effets autodialogiques fusionnant les pays, les époques, les objets, les domaines de référence… L’étude de ces effets permet d’esquisser un modèle cognitif et perceptif qui restitue le point de vue de Fédor, tout en mettant à mal la stabilité sémantique du langage (conformément à la démarche littéraire de Fédor-écrivain et, sans doute, à celle de Nabokov). Pour la mener à bien, nous procéderons notamment à des recompositions sémiques des éléments-pivots qui permettent d’intriquer le littéral et le figuré.

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    16h-16h15 : pause

    Stylistique et linguistique : 16h15-17h

    Présidente de session : Pauline Bruley

    Linguistique, narratologie et stylistique : Diane Kalms (Université de Lausanne) « L’impensée littéraire. Pour une étude sur les récits à la sixième personne » (ils, elles, iels)

     Si l’usage narratologique reconnaît le récit à la première et à la troisième personne, les récits à la sixième personne semblent négligés par la théorie littéraire. Pourtant, leur emploi de la sixième personne donne lieu à des effets de style sensément différents d’un texte à l’autre, selon des modalités narratives diverses et variées. Encore considérée par la plupart des grammaires contemporaines comme une simple variation en nombre de la troisième personne, la sixième personne jouirait d’une actualisation théorique de ses propriétés morphosyntaxiques et énonciatives. Subséquemment, en prêchant son autonomisation linguistique, nous postulons que le modèle du récit à la troisième personne (tel qu’il a été théorisé par Gérard Genette) ne peut plus satisfaire les exigences théoriques requises pour une analyse littéraire de la sixième personne dans toute sa rigueur et son exhaustivité.

  • Séance du séminaire « Approches critiques des récits de transfuge de classe »

    Séance du séminaire « Approches critiques des récits de transfuge de classe » (Karine Abiven et Laélia Véron).

    Jeudi 1er février 2024  : Points de vue littéraire et stylistique sur les « récits de transfuges de classe ». Laure Depretto, Frédéric Martin-Achard.

    Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28, rue Serpente, 75006 Paris)

    Egon Schiele, Portrait of a Woman, lithographie, 1910 (Metropolitan Museum of Art, New York)

    Lien vers le descriptif du séminaire : https://www.fabula.org/actualites/113859/pour-une-approche-critique-de-la-notion-de-recit.html