Bâtiment EHESS-Condorcet EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers Salle 25-A annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mercredi 10:30-12:30 / nombre de participant·e·s : 20 La séance du 15 mai se déroulera de 08 h 30 à 12 h 30, salle 25-A
Judith Lyon-Caen (référente), directrice d’études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l’histoire du littéraire (CRH-GRIHL)
Marie Moutier-Bitan, contrat postdoctoral, Claims Conference/Eur’Orbem – Sorbonne Université / Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
Sarah Gruszka, contrat postdoctoral, FMS/Eur’Orbem – Sorbonne Université / Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
Introduction
Ce séminaire d’histoire porte sur les formes du recours à l’écriture à la première personne dans des situations de grande violence historique au XXe siècle : guerres mondiales, génocides, terreur de masse, guerres civiles, pogromes, massacres. Il s’intéresse à l’écriture des populations visées par ces violences, c’est-à-dire au recours à l’écriture comme forme de réponse, de témoignage, de résistance face à la persécution et à la destruction. Le séminaire vise d’abord à établir un inventaire des pratiques, un état des lieux bibliographique et à proposer de premiers outils d’analyse à partir d’études de cas, qui prendront en compte l’extrême variété de ces formes d’écriture. Nous serons particulièrement attentives aux destinées disparates de ces écrits – à leurs « biographies » en quelque sorte –, à la diversité de leurs conditions de transmission et de conservation, à l’histoire éditoriale de certains. En envisageant l’écrit à la première personne non seulement comme une source sur les événements qui l’environnent et qu’il relate, mais comme une forme d’action spécifique dans et face à ces événements, on cherchera à comprendre ce que le recours à l’écriture nous apprend de l’expérience de la violence collective (du déplacement forcé, du camp, du ghetto, de la vie traquée, cachée, de la clandestinité…) ; ce que l’écriture nous apprend de ces expériences – de leurs temporalités, de leurs espaces – quand on observe comment elle advient, comment elle tente de s’y maintenir. On s’intéressera en particulier à des recours brefs, discontinus à l’écriture, de manière à faire entrer dans les corpus de l’écriture personnelle des écrits en général peu considérés du fait de leur inachèvement, de leur maladresse, de leur imperfection formelle.
Programme
15 novembre 2023 : Introduction: définitions et approches du journal personnel en temps de catastrophe (Sarah Gruszka et Judith Lyon-Caen)
29 novembre 2023 : L’écrit personnel comme source documentaire (Sarah Gruszka et Marie Moutier-Bitan)
6 décembre 2023 : Observer l’écrit: strates d’écriture et « biographies » de textes (séance collective)
20 décembre 2023 : Les journaux personnels en temps de pogroms et de violence de masse dans la première moitié du XXe siècle (Thomas Chopard et Cécile Rousselet)
17 janvier 2024 : Les écrits personnels du Rwanda (Rémi Korman)
31 janvier 2024 : Les journaux de Hiroshima (Inoue Masatoshi)
7 février 2024 : Autour du Journal d’Hélène Berr (dialogue avec Mariette Job, éditrice du Journal)
6 mars 2024 : Destinées I: Edition (Luba Jurgenson et Loïc Marcou)
20 mars 2024 : Destinées II: Conservation. Étude de cas : le fonds du Mémorial de la Shoah. (Sarah Gruszka, Marie Moutier-Bitan, Karen Taïeb)
Cadrage et introduction à l’étude transhistorique et transdisciplinaire du je.
Au seuil de ce séminaire. Tentons d’exposer quelques enjeux liés au je avant de laisser les 8 séances et les 23 interventions discuter, approfondir et enrichir cet objet.
Cette courte présentation de la notion sera l’occasion de faire un bref rappel du vocabulaire utilisé en linguistique et en philosophie du langage.
1. De la grammaire à l’étude générale – Relecture de la définition traditionnelle du je
Je pronom
La grammaire traditionnelle parle de pronom personnel à propos de je comme à propos de tu et de il. Et l’on peut décliner les trois personnes en je-tu-il-nous-vous-ils comme dans l’apprentissage de la conjugaison. Notons au passage que Nous et vous sont des personnes amplifiées (Benveniste) : il s’agit de je et de tu + d’autres (je, tu ou il).
Mais la linguistique, depuis Benveniste, distingue parmi ces 3 personnes les déictiques je et tu du il, véritable pro-nom car il est placé hors de la situation d’interlocution comme un simple objet du monde. Il y a donc parmi les pronoms les personnes de l’interlocution (je et tu) et les personnes délocutées (il et elle), celle qui ne parlent pas directement.
Je dans l’interlocution
En les nommant personne de l’interlocution, on comprend rapidement que je et tu renvoient en fait à des rôles et non à des personnes concrètes : je est l’énonciateur et tu est le co-énonciateur ; je est le locuteur et tu est l’allocutaire ; je est le destinateur et tu est le destinataire. Je et tu sont donc indissociables.
Je déictique
Parce qu’ils sont rattachés à la situation d’énonciation et qu’ils s’articulent sur elle, on nomme ces deux pronoms : déictiques. La deixis est un processus qui est aussi nommée embrayage énonciatif. G. Kleiber nous dit que ce sont les unités linguistiques « dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la situation d’énonciation pour trouver le référent visé ». Ce sont des énoncés qui ne se comprennent qu’en contexte, uniquement par rapport à leur environnement immédiat.
Il y a donc une spécificité des énoncés déictiques. Essayons d’en donner un exemple.
En linguistique, on peut traiter un énoncé de deux manières : on peut l’envisager comme étant énoncé-type, comme une simple abstraction, indépendamment de toute énonciation particulière. De ce point de vue, peu importe le nombre d’énonciateurs, si l’on prononce plusieurs fois un énoncé, on aura prononcé le « même » énoncé parce que le sens de ce dernier ne change pas en fonction de l’énonciateur. C’est par exemple, « L’homme est un loup pour l’homme » prononcé par Plaute, puis Erasme, puis repris par Rabelais, et enfin par Hobbes. On peut parler de l’identité de l’énoncé.
La deuxième approche de l’énoncé est à l’inverse empirique, il s’agit de traiter de l’énoncé-occurrence. L’énoncé est étudié comme le produit d’une situation d’énonciation particulière. On remarque qu’entre l’énonciation de Hobbes et celle du Misanthrope de Molière, la situation est différente mais la maxime « L’homme est un loup pour l’homme », conserve une signification stable. Cette phrase tolère donc les 2 types de lecture comme énoncé-type et comme énoncé-occurrence.
En revanche, une phrase telle que « L’État c’est moi » ne peut se comprendre qu’à partir de sa situation d’énonciation car elle n’aura pas la même signification en fonction du statut du locuteur qui la prononce : si c’est le roi soleil qui la prononce devant ses sujets ou si c’est un quidam qui la prononce devant son miroir en se brossant les dents. Cet énoncé, ne peut être appréhendé que de manière empirique, que comme énoncé-occurrence.
Autrement dit, la présence du déictique modifie la manière d’appréhender le sens d’un énoncé. Étudier l’apparition du je ne peut pas se réduire à une étude d’énoncés ordinaires.
Pour les énoncés déictiques, il n’y a que des énoncés-occurrences.
Si la linguistique pragmatique préfère parler de pronom déictique, on trouve en philosophie du langage, depuis les travaux de Peirce, le terme de symbole indexical ou d’indexicalité. Jakobson préfère parler de shifters (généralement traduit pas embrayeurs). Ces terminologies ne se recouvrent pas complètement mais désignent toutes trois le je.
Quelle est donc la signification de je ?
On ne peut pas prétendre que je ne possède pas de signifié.
Il serait inexact de dire que je est complètement vide (comme a tendance à le prétendre Benveniste). Le je n’est pas qu’un simple signifiant. Même si sa référence varie en fonction de la situation d’énonciation, je connaît une valeur sémantique stable quoique minimale : je désigne le destinateur du message. Je est vide référenciellement mais pas sémantiquement. Est le référent de je celui qui dit je dans tel énoncé-occurrence. Benveniste résume bien le processus « est ego celui qui dit ego ». Il y a dans cette logique une circularité ou plutôt une réflexivité.
À la différence de il qui a besoin d’un antécédent dans le cotexte pour être saisi, je et tu ne ne sont interprétables qu’à partir de la seule situation d’énonciation.
Comment saisir ce je ?
Le jeu est marqué par sa grande instabilité. Ainsi, chercher à le saisir comme un type relèverait donc de la gageure.
Face à cette impasse, nous comprenons que le je pris comme objet d’étude ne doit pas être typifié parce que dans ce cas, on risque fort de parler d’autre chose que de lui : du sujet parlant, du sujet conscient, du sujet pensant, ou encore de la subjectivité plutôt que de cerner ce qui fait la spécificité de l’expression du je.
Cette spécificité c’est cette invariable variation.
Aussi, plus que jamais, la première personne invite à adopter une approche transversale et à multiplier l’étude de ses occurrences pour avoir à la fin de ce séminaire le commencement d’un portrait kaléïdoscopique.
2. Comment peut-on alors définir le je ? – Tentative de définition
Les qualités exceptionnelles du je
Le je semble parfois doué de capacité extraordinaire, il modifie tout ce qu’il touche, il a une influence sur son environnement contextuel :
Il est actualisateur du discours. Pour parler en termes saussuriens, il est l’élément qui permet de passer du système abstrait de la langue à la présence effective de la parole. Je actualise. Il rend présent. Il fait apparaître le discours. Je est déclencheur de la parole.
De la même manière, presque de manière magique, et ce procédé va être très employé dans la littérature, le je transforme n’importe qui ou n’importe quoi en locuteur. On peut étudier l’énonciation d’une bouteille sur laquelle serait écrit « je me bois frais ». Tout à son contact devient potentiellement doué de parole. Ce séminaire ne se résumera pas à définir ce qu’est le sujet parlant mais interrogera tout de même les frontières de ce dernier.
Le je est donc le point d’articulation entre l’étude de la subjectivité, prise comme la capacité du locuteur à se poser comme sujet, et la personne, expression grammaticale d’un acteur du discours. Le je peut s’exprimer sans être prononcé (nous verrons la question de l’énallage de personne notamment en février). Le rapport de ce pronom à la subjectivité peut être vue comme l’émergence dans l’être d’une propriété fondamentale du langage : celle de se désigner. La personne est le statut linguistique de la subjectivité.
Comment comprendre le je dans ce cas ?
Pronom personnel, embrayeur, symbole indexical, simple rôle, déictique, actualisateur de discours, référent vide, élément réflexif, etc.
Après cette avalanche d’étiquettes, essayons de poser ce qui nous apparaît, pour le cadre de ce séminaire, comme étant les quatre éléments fondamentaux du je et qui seront discutés, remis en cause ou confirmés tout au long du séminaire.
Nous ouvrirons l’étude du je dans ce séminaire en disant :
Je est un lieu.
Je est un événement.
Je est un phénomène.
Je est un fait social.
Je est un lieu. Je exprime avant tout, une présence. Quand je dis je, je dis aussi je parle d’ici. C’est cette place du je et cet ici qu’il implique qu’il faut chercher à situer. Nous prendrons chaque expression du je comme une coordonnée.
Je est un événement. Dire je revient à faire apparaître à un moment précis et unique, un présent qui est toujours lié à son contexte, à son actualité et à son histoire. Quand je dis je, je dis aussi je parle à cet instant. C’est aussi de cette temporalité du je et de ce maintenant de l’énonciation dont il faudra rendre compte. Nous prendrons chaque expression du je comme faisant date.
Je est un phénomène. Le je se donne comme une intuition, une donnée empirique, une évidence sensible. Quand je dis je, je dis aussi je sens que je suis et que je sens. C’est cette expérience vécue et cette source de la conscience qu’il faut interroger en cherchant à la mettre en tension avec ce qui, dans le je, est construit, acquis et déterminé. C’est cette tension entre la nature et les illusions de la subjectivité qu’il faudra enfin chercher à interroger. Nous prendrons chaque expression du je comme une expérience et aussi comme la tentative de construction d’un sujet.
Je est un fait social. Pas de je sans le tu. Pas de je hors de l’interlocution. On pourrait dire, pas de je sans échange. Quand je dis je, je dis aussi je m’adresse à toi, je me positionne par rapport aux autres. Notons que je et tu sont réversibles. Tout je est un tu potentiel. Il faut donc étudier ce rapport du singulier au collectif dans les rapports de symétrie et de dissymétrie. Pour qu’un je apparaisse, je n’ai besoin que de prendre la parole alors que pour qu’un tu apparaisse, il faut qu’un je le construise comme tu. Nous prendrons chaque expression du je comme la co-construction d’un univers de référence et comme une des parties d’un échange.
Ces quatre axes cherchent à localiser ce je. D’autres seraient évidemment possibles, d’autres seront sûrement posés dans ce séminaire. Nous ne cherchons pas l’exhaustivité. Nous proposons d’ouvrir un examen anatomique des multiples parties qui forment le je.
Une géographie, une histoire, une anthropologie, une sociologie du je seront proposées à partir des méthodes de la littérature, de la philosophie, de la linguistiques et des arts. Ce sont toutes les sciences humaines qui sont mobilisées pour explorer ce je.
De cette notion initialement linguistique n’oublions pas que d’autres formes d’expression sont à explorer, l’intervention de Vincent Baudart sur le cinéma permettra, par exemple, d’en explorer les effets visuels et extra-linguistiques.
A ces quatre axes ajoutons enfin trois derniers points de tension qui vont revenir en filigrane de la plupart des interventions.
L’expression du je, tant dans ce qu’elle est que dans les effets qu’elle vise à produire, est soumise à la tension entre les trois pôles :
le même,
le soi-même
et l’autre.
Quand je dis je, j’interroge les processus d’identification, de singularisation et le rapport que j’ai au collectif.
Autrement dit, le je se retrouvera sans cesse articuler entre des processus
d’identité,
d’ipséité
et d’altérité.
Le je est donc une invariable variation.
Nous espérons que cette brève introduction aura pu rappeler certaines notions de grammaire ou certaines conceptions du pronom. Nous espérons qu’elle aura pu problématiser cette notion qui paraît si évidente et si omniprésente qu’elle se trouve souvent évincée. Nous espérons aussi que cette présentation suscitera des questions et aussi des remarques et des contestations.
Nous sommes bien conscients que la seule phrase « Est ego qui dit ego » est tout à fait contestable du point de vue d’une vaste partie de la philosophie du sujet et que le Cogito cartésien n’en est qu’une occurrence de réfutation possible. La discussion est ouverte et elle se tient jusqu’au mois de mai !
Vous êtes toutes et tous les bienvenus à prendre part à ces débats. Si vous souhaitez creuser ces questions en parallèle du séminaire, nous vous reportons au cours de de F. Récanati au Collège de France intitulé « La première personne » (https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/la-premiere-personne) et à notre bibliographie indicative.
Programme annuel
MSH Lyon St-Etienne et ENS de Lyon (14 avenue Berthelot et 15 parvis René Descartes, 69007 Lyon)
Séance 1 : Dire je aujourd’hui
04 octobre 2023 – 14h-16h MSH Lyon St-Etienne, salle Marc Bloch
– Mots d’introduction et présentation du séminaire par Vianney DUBUC (ENS de Lyon) et Nicolas MAZEL (Université Lumière Lyon 2) – Eva CHAUSSINAND (ENS de Lyon) et Madeleine MARTINEU (Université Grenoble Alpes) : « Florence Aubenas, Emmanuel Carrère : dire je chez deux écrivain·es-journalistes contemporains, un marqueur de subjectivité ? »
Séance 2 : Dire je : étudier un phénomène
09 novembre 2023 – 14h-17h ENS de Lyon, salle D2 034
– Julien ADOUE (Université Paris-Est Créteil) : « La mise en scène de soi en philosophie : le cas paradoxal de Spinoza » – Misel JABIN (ENS de Lyon) : « Recherches contemporaines sur le soi et ses limites à partir de l’Alcibiade de Platon » – Nassif FARHAT (ENS de Lyon) : « Je dis : Je, ou l’absence de tout auteur »
Séance 3 : Dire je : poser la question de l’autorité au féminin
12 décembre 2023 – 14h-16h MSH Lyon St-Etienne, salle Marc Bloch
– Léa BURGAT-CHARVILLON (ENS de Lyon) : « »Je ne me mesleray point d’en parler ny en médecin, ny en philosophe » : usages et autorité(s) de la première personne dans les conversations de Madeleine de Scudéry » – Jeanne MOUSNIER-LOMPRE (Université Grenoble Alpes) : « Je de pouvoir dans les miroirs aux princesses, traités pédagogiques de la fin du Moyen Âge »
Séance 4 : Dire je : mettre en scène le savoir au XVIe siècle
18 janvier 2024 – 14h-16h ENS de Lyon, salle D8 006
– Anthony LE BERRE (Aix-Marseille Université) : « La subjectivation du savoir dans la poésie scientifique du XVIe siècle » – Mayeul DELPEUCH (Aix-Marseille Université) : « La priamèle de Montaigne ou l’art de la distinction par le bas »
Séance 5 : Dire ou ne pas dire je
15 février 2024 – 14h-16h ENS de Lyon, salle D2 034
– Hannah LAMBRECHTS (Université Jean Moulin Lyon 3) : « Parler de soi sans dire je : étude des énallages de personne et de la disjonction du pronom dans les tragédies de Racine » – Zoé PERRIER (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : « Dire je en (tant que) critique : la subjectivité comme stratégie de distinction »
Séance 6 : Dire je : poser la question du genre
21 mars 2024 – 14h-16h ENS de Lyon, salle D8 001
– Adèle PLASSIER-ANGOUJARD (Université de Tours) : « De l’intime au collectif, émergence d’un je « intermédiaire », féminin et contemporain » – Romain VIELFAURE (Université Paris Nanterre) : « Sujets du désir, sujets du féminisme : le renouvellement de la question du sujet dans les études de genre »
Séance 7 : Dire je : s’inscrire dans une langue et se construire dans un espace
11 avril 2024 – 14h-17h ENS de Lyon, salle D8 001
– Lou BOUHAMIDI (ENS de Lyon) : « « Moi je suis asile » : Enjeux de la co-énonciation à la première personne dans les récits pour la demande d’asile en France » – Clémence JAIME (Université Jean Moulin Lyon 3) : « Le récit autobiographique d’apprentissage au service de la légitimité didactique : étude des paratextes de quelques méthodes de langue portugaises, espagnoles et françaises des XVIe et XVIIe siècles » – Chenyang ZHAO (Université Paris Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : « Le je singulier et le je collectif – construction du sujet acteur-scripteur dans le cas des slogans muraux parisiens »
Séance 8 : Journée d’études finale
22 mai 2024 – 10h-18h ENS de Lyon – D2 034
Dire je : penser le commentaire – Amalia DESBREST (ENS de Lyon) : « Quand le commentaire laisse la place au je … Étude des marginalia de la première traduction complète et glosée en castillan des Héroïdes d’Ovide »
Dire je : penser les enjeux de l’adresse – Julie BEVANT (Université de Genève) : « »Dame, je vous demande… » : plaisir de la formule et je de rôle dans les demandes d’amour tardo-médiévales » – Pierre KATZAROV (Université Bordeaux Montaigne) : « La deuxième personne dans quelques romans de Mohsin Hamid : co-création et renouvellement du je »
Dire je : penser les enjeux de l’identité narrative – Alexandre GASCOIN (ENS de Lyon) : L’identité narrative – Vincent BAUDART (Université de Lille) : « Jouer le je » ou la mise en image contradictoire des identités
Dire je : repenser le sujet – Alexandre IAGODKINE (Université Bordeaux Montaigne) :« Parler pour un sujet sans parole : le défi de la zoopoétique » – Benjamin BUSQUET (Université Côte d’Azur) : « Qui dit je en phénoménologie ? »
Formule, où es-tu ? Les neuf contributions de ce recueil apportent à la question une réponse à la fois générale, particulière et historique. Générale en ceci qu’elles établissent toute une palette de conceptions métalinguistiques de la notion de formule en sciences du langage, points de vue multiples conduisant à diverses passerelles entre les unes et les autres, pas toujours compatibles. Particulière parce qu’elles analysent des formats et des marqueurs formulaires spécifiques. Historique enfin, parce qu’elles enquêtent sur l’histoire de la notion et du mot formule lui-même. Un ensemble novateur et attrayant qui permet de mieux comprendre le rôle du prêt-à-dire dans le langage. En savoir plus
Éditée par les éditions Lambert-Lucas, la collection Études linguistiques et textuellesest issue de la fusion, en 2017, des collections Recherches linguistiques et Recherches textuelles et se veut un carrefour pluridisciplinaire de recherches centrées sur les textes et les discours, d’un point de vue linguistique, stylistique, rhétorique, poétique, discursif et didactique. Selon une perspective aussi bien historique que synchronique, elle accueille des travaux qui s’intéressent à l’objectivation des phénomènes de cohésion et d’organisation textuelle, à l’analyse des faits énonciatifs, à l’étude des régularités génériques et des singularités littéraires, à l’investigation des phénomènes de production et de réception de textes et plus globalement à la problématisation de la textualité et de la discursivité.
La collection accueille aussi bien des ouvrages collectifs que des monographies en français.
Le projet est soumis au comité éditorial. Celui-ci se réunit en octobre, mars et juillet de chaque année. En cas d’acceptation, le tapuscrit complet est expertisé en double aveugle par des experts des domaines concernés.
Une participation au financement devra être prévue.
Ce numéro pluridisciplinaire (linguistique, littérature, didactique) entend mettre à l’honneur des corpus émergents appelés à entrer dans le périmètre des textes enseignés et analysés auprès des publics scolaire et universitaire, dans la dynamique du développement des humanités environnementales. Les études ici rassemblées éclairent les enjeux de productions textuelles et iconographiques qui tout à la fois mettent en scène des « discours » animaux et sont porteurs d’un discours sur les animaux, tout en apportant des outils d’analyse novateurs et en illustrant des méthodologies parfois elles-mêmes émergentes. Le dossier comporte vingt contributions. Quatre volets répartissent les articles selon leur dominante linguistique, littéraire et didactique, même si la majorité des travaux présentés croisent ces différentes perspectives. Le premier volet propose quatre études développant approches théoriques et propositions linguistiques inspirées de la sémiolinguistique, de l’énaction, de l’analyse énonciative de la notion de point de vue et de la sociostylistique. Le deuxième volet analyse quant à lui comment certains discours publicitaires, argumentatifs (issus d’essais comme de fictions) mais aussi iconographiques véhiculent des discours sur les animaux, notamment à travers les thématiques de la chasse et de la corrida ou encore de la souffrance animale, problématisée dans son rapport à l’art. Le troisième volet intitulé « déploiements littéraires et horizons stylistiques » présente un panorama des enjeux et modalités propres aux œuvres littéraires qui prêtent la parole à des animaux et leur imputent des discours, convoquant des corpus du XVIe siècle à l’époque contemporaine. S’y manifeste la très grande variété des formes poétiques et langagières que peuvent revêtir ces discours imaginaires, et s’y esquisse les contours d’une mutation de nos représentations de l’animal. Le quatrième et dernier volet du dossier offre pour finir des propositions didactiques de la maternelle à l’université, illustrant la richesse des corpus mettant en scène des animaux. Dans une perspective d’enseignement, les quatre études de cette section s’attachent aussi bien aux questionnements soulevés par la question animale qu’aux enjeux linguistiques et discursifs que la prise en considération du point de vue des vivants autres qu’humains permettent d’aborder dans les textes. Cette livraison est complétée par des comptes rendus critiques en lien avec la thématique animale. Elle se clôt par deux articles de varia hors dossier, dont l’un fait écho aux débats revenus dans l’actualité toute récente concernant la nécessité d’une réforme de l’orthographe.
La cataphore, appréhendée comme choix plus ou moins libre de l’ordre linéaire des désignateurs et des pronoms, est l’un des phénomènes linguistiques les plus nettement porteurs d’une expressivité langagière du sujet parlant (dont l’étude est l’objet d’une stylistique linguistique). Parce qu’elle sélectionne et hiérarchise. Mais surtout parce qu’elle réalise un geste intonatif fort du sujet inscrit dans le discours dont elle permet d’entendre la sensibilité.
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2010 Grammaire critique du français. Bruxelles : De Boeck. [Google Scholar]
« Abscons », « difficile »… : la lecture de Derrida en rebute plus d’un. Et si cette illisibilité avait un sens ? C’est le défi de ce livre : interpréter les textes doubles du philosophe avec les outils de la rhétorique.
Qu’on la pourfende, la déplore ou la célèbre, l’obscurité du style de Derrida semble mettre d’accord disciples et adversaires du philosophe. Plutôt que de prendre parti, ce livre prend à la lettre la fameuse illisibilité derridienne pour la comprendre comme l’un des effets d’une rhétorique singulière. Afin de comprendre au mieux l’opacité déployée par Derrida dans toute son œuvre, ce livre s’est attaché à l’étude de cas-limites : Glas, livre en deux colonnes consacré à Hegel et Genet, mais aussi d’autres textes et livres du philosophe mettant en œuvre la division de la page (Tympan et La double séance). Analyser le discours philosophique avec les outils de la rhétorique rend la philosophie à sa nature textuelle, souvent oubliée au profit de la doctrine, et permet d’en proposer une lecture.
Tables des matières
Liste des abréviations
Lire Derrida ?
Textes digraphiques
La préoccupation mallarméenne
Problèmes
La double science : philosophie et rhétorique
Composition
Chapitre 1. Double je
Redoubler et diviser
Pour une poétique juive :
ethos et stratégies énonciatives dans Glas
Remarques
Opérations
Dissémination
L’ethos du commentateur
Portrait du commentateur en « Juif »
Agencer, couper, compiler : pour une poétique « juive »
Stratégies
Un texte médusant
Chapitre 2. Le rire de la femme :la parodie comme contre-chant de la philosophie
Réélaboration générique : la satire ménippée
Hétérogénéité générique
Hétérogénéité stylistique
Hétérogénéité thématique
Savantes parodies
Discours savants et encyclopédies
Mimologisme
Le refoulé de la philosophie
L’usage du Witz
Le Witz, « arme féminine »
La femme ou l’inauthentique
Le rire de la femme
D’un ton parodique adopté naguère en philosophie
Chapitre 3. La tâche du lecteur : à l’écoute du texte
La réponse mimétique
Une lecture par l’orœil ?
Des lecteurs durs d’oreille : malentendu et mal-entendre