Étiquette : Colloque

  • Colloque international : Style et Imaginaires de la Langue – Appel à communication

    Laboratoires Fablitt et Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines

    5e colloque de l’Association Internationale de Stylistique


    Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis

    18-19-20 octobre 2022


    Appel à communication

    Depuis quelques années, les rapports entre science et imaginaire, longtemps considérés comme antinomiques, sont régulièrement interrogés, posant plus particulièrement la question du rôle dans le débat scientifique des sciences humaines, des études culturelles, ou des études littéraires. Une longue tradition considère ainsi l’imagination comme facteur d’erreur et de fausseté, obstacle épistémologique dont la science doit se défaire, prônant une stricte abstraction de la connaissance et traçant, vers la rationalité abstraite, une route bien distincte de celle qui mène à la création, au rêve, à la fiction, à la poésie. Une autre approche fait de l’imagination le point d’appui de la réflexion scientifique, avec des savants qui reconnaissent, dans leurs recherches, le rôle de l’image  ou de l’invention.

    Le champ des études sur la langue reconduit ce clivage, avec une habitude institutionnelle qui oppose sciences du langage et études littéraires, métalinguistique et épilinguistique, grammaire et expressivité, stylistique littéraire et stylistique de la langue, et des travaux qui ont fait une place en langue aux idées de sentiment linguistique (Saussure), de créativité verbale (Coseriu), de prototype ou de stéréotypie linguistique, de normes subjectives ou de « surconscience linguistique » (Lise Gauvin), des recherches qui ont tenté de développer une linguistique de l’imagination (Anne-Marie Houdebine) ou une linguistique du rythme (Meschonnic), sans oublier tous ceux qui ont fourni les bases de cette réflexion en insistant sur les liens entre langue et mythe (Vico), sur la langue comme energeia, comme activité créatrice (Humboldt), ou sur la philosophie des formes symboliques (Cassirer), croisant ainsi la pensée d’écrivains qui envisagent le style comme « manière de vivre la langue » (Hugo) ou comme contestation de la « langue empreinte » (Glissant).

    En matière de connaissance de la langue, y a-t-il rupture ou continuité entre la représentation, par les linguistes, du système de la langue et l’image que dessinent les écrivains à partir de leur usage singulier ? La différence est-elle de nature ou d’échelle d’observation ? Quelle est la portée heuristique du sentiment linguistique des écrivains ? Quel type de geste théorique se lit dans leur pratique stylistique ? théoriciens et praticiens de la langue servent-ils des modes de représentation opposés ? Doit-on les hiérarchiser ? De quelle manière tel ou tel imaginaire de la langue fait-il évoluer la compréhension de la langue ? Quels champs des sciences du langage peuvent être concernés ? voilà quelques questions qui serviront d’axe problématique au cinquième colloque de l’AIS qui, après Rennes en 2008, Caen en 2011, Lyon en 2015 et Aix en 2018, se tiendra à l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, les 18, 19 et 20 octobre 2022.

    Ces questions pourront être abordées, à la fois comme support théorique et comme terrain d’expérimentation pratique et selon différentes perspectives :

    • éclairage théorique, par exemple sur les notions d’imaginaire de la langue ou du discours, d’imaginaire linguistique ou langagier chez les linguistes ou les écrivains, mais aussi sur la distinction, souvent reconduite, entre grammaire et expressivité ;
    • approche descriptive d’imaginaires linguistiques en pratique, à partir de l’étude de cas documentant le rapport intime du sujet à la langue ou l’influence que l’imaginaire linguistique à l’œuvre dans les textes littéraires peut avoir sur les normes systémiques ou les usages ;
    • contextes, paliers de pertinence et observatoires (discours, genre, texte, période, phrase etc.) ;
    • analyse des discours sur l’imaginaire linguiste (métaphores des linguistes, observatoires non-littéraires des imaginaires linguistiques, dramaturgie épistémologique, dialogue entre linguistes et écrivains etc.) ;
    • poétique et politique des imaginaires de la langue,  fonctions éthiques, mais aussi liens entre modèles linguistiques et enjeux identitaires, culturels ou nationaux ;
    • plurilinguisme interne et externe des écrivains, diglossie et clivage entre langue maternelle et langue culturelle, langue de relation et langue d’institution ;
    • ressources techniques de détection automatisée (corpus numériques, outils lexicométriques etc.) ;
    • approche diachronique, histoire des représentations linguistiques et des pratiques stylistiques, rôle du style d’auteur dans l’activité néonymique, la dynamique syntaxique ou la grammaticalisation. 

    Éléments de bibliographie

    Branca-Rosoff, Sonia, « Les imaginaires des langues » dans H. Boyer (dir.), Sociolinguistique, Territoire et objets, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1996, p. 77-114.

    Canut, Cécile, « Subjectivité, imaginaires et fantasmes des langues : la mise en discours “épilinguistique” », Langage et société, 2000/3, n°93, p. 71-97.

    Cerquiglini, Bernard, Une Langue orpheline, Paris, Minuit, 2007.

    Charaudeau, Patrick, « les stéréotypes, c’est bien, les imaginaires, c’est mieux », dans Boyer H. (dir.), Stéréotypage, stéréotypes : fonctionnements ordinaires et mises en scène, L’Harmattan, 2007.

    Gauvin, Lise, La Fabrique de la langue : de Rabelais à Réjean Ducharmes, Paris, Seuil 2004

    Glissant, Édouard, L’Imaginaire des langues, entretien avec Lise Gauvain, Paris, Gallimard, 2010.

    Houdebine, Anne-Marie, « De l’imaginaire linguistique à l’imaginaire culturel », Linguistique, vol. 51, 2015/1, p. 3-40.

    Lardon, Sabine, Rosellini, Michèle, L’Imaginaire des langues. Représentations de l’altérité linguistique et stylistique (XVIe-XVIIIe siècle), Cahiers du GADGES, n° 15, 2018.

    Meschonnic, Henri, De la langue française, essai sur une clarté obscure, Hachette, 1997.

    Pavy-Guilbert, Élise, L’Image et la langue – Diderot à l’épreuve du langage dans les Salons, Paris, Classiques Garnier, « L’Europe des Lumières », 2014.

    Pitavy, Jean-Christophe (dir.), Normes, fictions, pratiques langagières: l’imaginaire linguistique, numéro thématique de la revue Signe, discours et société, n°19, 2017,  http://revue-signes.gsu.edu.tr/?revue=161.

    Pot, Olivier (dir.), Langues imaginaires et imaginaire de la langue, Cahiers d’Humanisme et Renaissance, n° 148, Genève, Droz, 2018.

    Rastier, François, « Apprendre auprès des œuvres : la linguistique à l’école de la littérature », Littérature 2016/1 (N° 181), p. 82-90.

    Remysen, Wim,  « L’application du modèle de l’Imaginaire linguistique  à des corpus écrits. Le cas des  chroniques  de  langage  dans  la  presse  québécoise »,  Langage  et  Société,  2011, n°  135,  p.  47-65.

    Rosier, Laurence, « La classe ouvrière va-t-elle au paradis linguistique ? Ou le “style peuple” : de la littérature à Nicolas Sarkozy… », Cahiers Marxistes, n° 242, 2012, p. 31-42.

    Saussure, Ferdinand de, Le Sentiment linguistique, Gilles Siouffi (éd.), ENS éditions, 2016.

    Siouffi, Gilles, Le “génie de la langue française”. Études sur les structures imaginaires de la description linguistique à l’Age classique, Paris, Champion, 2010.

    Comités

    Comité d’organisation : Mathieu Bermann, Sophie Bertocchi-Jollin, Mathias Verger, Judith Wulf

    Comité scientifique : Mathieu Bermann (Université Paris 8), Éric Bordas (ENS-Lyon), Bernard Cerquiglini (Université de Paris), Stéphane Chaudier (Université de Lille), Anne Herschberg-Pierrot (Université Paris 8), Sophie Bertocchi-Jollin (Université Paris-Saclay), Joël July (Aix-Marseille Université), Lise Gauvin (Université de Montréal), Michèle Monte (Université de Toulon), Bérengère Moricheau-Airaud (Université de Pau), Élise Pavy-Guilbert (Université Bordeaux-Montaigne), François Rastier (CNRS), Gilles Siouffi (Sorbonne Université), Mathias Verger (Université Paris 8), Sandrine Vaudrey-Luigi (Sorbonne Nouvelle), Judith Wulf (Université Paris 8).

    Proposition de communication

    Les propositions de communication, comprenant un titre et un résumé de 200 à 300 mots, sont à envoyer avant le 29 avril 2022 aux trois adresses suivantes : mathieu.bermann@free.fr  mathias.verger@gmail.com Judith.wulf@univ-paris8.fr

    Modalités d’inscription

    Les participants au colloque doivent adhérer à l’Association Internationale de Stylistique : https://www.styl-m.org/actions-de-lassociation/comment-adherer/

  • Rémanence de « l’écrire classique » en régime littéraire contemporain (Années 1980-2020)

    Colloque international de l’Université de Lille et de la Sorbonne Nouvelle

    ULR 1061 ALITHILA, EA 7345 CLESTHIA et UMR 7172 THALIM

    Maison de la Recherche de La Sorbonne Nouvelle

    22-24 septembre 2022

    Appel à communications

    Les propositions de communication, qui prendront la forme d’un résumé de 10 à 20 lignes assorti d’un titre, sont attendues pour le 30 novembre 2021 au plus tard. Elles sont à adresser aux trois membres du comité d’organisation (adresses ci-dessous).

    Le retour d’expertises se fera avant le 30 janvier 2022.

    Une publication (dans des numéros de revue et/ou dans des actes de colloque) est envisagée.

    Frais d’inscription : 20 euros

    Comité scientifique

    Sémir Badir, Université de Liège

    Bruno Blanckeman, Université Sorbonne Nouvelle

    Stéphane Chaudier, Université de Lille

    Florence de Chalonge, Université de Lille

    Delphine Denis, Sorbonne Université

    Jacques Dürrenmatt, Sorbonne Université

    Lise Forment, Université de Pau et des Pays de l’Ado

    Alexandre Gefen, CNRS

    Sophie Hache, Université de Lille

    Nicolas Laurent, École normale supérieure de Lyon

    Ludovica Maggi, Université Sorbonne Nouvelle

    Gilles Magniont, Université de Bordeaux

    Hélène Merlin-Kajman, Université Sorbonne Nouvelle

    Cécile Narjoux, Sorbonne Université

    Anne-Marie Paillet-Guth, École normale supérieure de Paris

    Gilles Philippe, Université de Lausanne

    Françoise Poulet, Université de Bordeaux

    Christelle Reggiani, Sorbonne Université

    Laurence Rosier, Université libre de Bruxelles

    Laurent Susini, Université Lumière – Lyon 2

    Chantal Wionet, Université d’Avignon

    Comité d’organisation

    Claire Badiou-Monferran, Sorbonne Nouvelle, EA 7345 CLESTHIA et UMR 7172 THALIM.

    Adrienne Petit, Université de Lille, ULR 1061 ALITHILA.

    Sandrine Vaudrey-Luigi, Sorbonne Nouvelle, EA 7345 CLESTHIA.

    Contacts

    claire.badiou-monferran@sorbonne-nouvelle.fr

    adrienne.petit@univ-lille.fr

    sandrine.vaudrey-luigi@sorbonne-nouvelle.fr

  • « Pirate des mots, du langage » : La langue de Régis Jauffret

    APPEL À COMMUNICATIONS

    Colloque international

    « Pirate des mots, du langage » : La langue de Régis Jauffret

    Université de Paris-Sorbonne

    Université de Pau et des Pays de l’Adour

    (Paris le 6 novembre – Pau le 9 novembre 2020)

    Ce colloque a pour objectif de poursuivre les investigations du matériau langagier, dans ses réalisations et ses spécificités littéraires les plus contemporaines, avec l’œuvre de Régis Jauffret, qui a retenu notre attention dans la continuité des réflexions menées sur « la langue » de Sylvie Germain (EUD, 2010), sur celles de Laurent Mauvignier (EUD, 2012), d’Éric Chevillard (EUD, 2013), de Jean Rouaud (EUD, 2015), de Maylis de Kerangal (EUD, 2017), de Marie Darrieussecq (EUD, 2019).

    Reconnu par la critique notamment à partir d’Histoires d’amour (éd. Verticales, 1998), Régis Jauffret est confirmé dans le paysage littéraire contemporain entre autres par le Prix Décembre pour Univers, univers (éd. Verticales, 2003), le Prix Femina pour Asile de fous (Gallimard, 2005) ou encore le Prix Goncourt de la Nouvelle pour ses Microfictions (2018). Publié par de nombreux éditeurs (Denoël, Gallimard, Julliard, éd. Verticales, Gallimard, Le Seuil), il est aujourd’hui l’auteur d’une quinzaine de romans et récits, d’une dizaine de recueils de nouvelles ainsi que d’une pièce de théâtre, Les Gouttes (1985). La variété de son écriture se retrouve aussi dans la manière dont, pour tisser ses récits, il s’empare d’évènements tels que ceux de l’affaire Édouard Stern dans Sévère (Le Seuil, 2010), de l’affaire Fritzl dans Claustria (Le Seuil, 2012) et de l’affaire DSK dans La Ballade de Rickers Island (Le Seuil, 2014). Son dernier récit, Papa, (Le Seuil, 2020) rompt avec cette veine mordante, cynique, et renouvelle ce travail de fictionnalisation du réel depuis une approche autobiographique.

    Les textes de Régis Jauffret paraissent néanmoins appartenir tous à la catégorie de la « littérature déconcertante », pour reprendre l’expression de Dominique Viart[1]. Tous mettent en œuvre, chacun à sa manière, une écriture des dissonances. Par exemple, au degré du détail de l’écriture, les tirets cadratins ouvrent à l’intrusion d’une voix qui ponctue le récit de manière souvent grinçante ; de même, l’incertitude du sujet discursif, poussée parfois à la démultiplication onomastique, souligne les désaccords de la fiction ; le flottement des repères temporels participe aussi de la confusion énonciative, jusqu’à l’inconfort du lecteur ; le goût pour les formes du conditionnel alimente également le doute dans l’expression du procès ; la discordance de l’ironie lézarde encore un peu plus la stabilité du récit ; la phrase, elle aussi, est mise sous tension par des oscillations entre une syntaxe cohésive, maîtrisée, et des ajouts digressifs, loufoques, aporétiques ; sur un plan rhétorique, les comparaisons et les métaphores prennent régulièrement une image incongrue comme repère ; et le décalage est encore celui des effets comiques qui naissent de la noirceur humaine, et la tiennent à bonne distance…

    À une plus grande échelle, l’ensemble des publications de l’auteur paraît jouer d’une disparité comparable, ou bien entre des textes brefs comme des nouvelles (Fragments de la vie des gens) et d’autres plus longs où le temps s’étire (Univers, univers), ou bien au sein même de publications qui réunissent un nombre conséquent de textes courts sous l’intitulé unique de « roman », comme c’est le cas des Microfictions, au point de mettre en difficulté le classement de ces récits.

    Enfin, dans cette perspective générique, ces dissonances, le questionnement des codes du récit qu’elles impliquent, fragilisent le pacte fictionnel et en cela alimentent l’indécidable de son articulation entre réalité et fiction – La Ballade de Rikers Island s’ouvre sur cette formule : « Le roman, c’est la réalité augmentée. » C’est là un autre trait propre à accorder aux textes jauffretiens une place différente, sinon divergente, dans la littérature contemporaine.

    Toutes ces discordances représentent notre monde contemporain « comme un vaste enfer[2] » et forment ce que Bruno Vercier et Dominique Viart ont appelé une « poétique du malaise[3] ». Or, lorsqu’il est interrogé au sujet du télescopage des extrêmes multiplement perceptible dans son écriture, Régis Jauffret renvoie au travail de la langue française, une langue telle qu’elle « oblige à la maîtriser parfaitement avant d’en tirer un moindre son[4] ». D’ailleurs, dans l’un des reflets que Microfictions offre à la pratique scripturale, l’écrivain se voit défini par son rapport au matériau langagier.

    – Je suis devenu écrivain. Pitre.
    Pirate des mots, du langage. Margoulin de l’angoisse, du suicide, de l’anarchie facile, de ceux qui restent à la maison. Je me promène dans des livres écrits au conditionnel, au futur. Mode et temps de ceux qui jamais ne s’engagent, dans une guerre, une révolution. Je suis fait de papier, d’un peu d’encre. Je ne fais pas partie des martyrs, qui pour le Christ, se sont jetés souriants, au milieu des lions et des tigres. Le courage me manque, je me cache. Dans les fossés de la syntaxe. Derrière la fumée artificielle, des métaphores, des escroqueries. Je prends mes jambes à mon cou. Pauvre lâche. Derrière la fumée des romans. Quand je mourrai sachez déjà que mes livres comme moi rejoindront le néant.[5]

    C’est ainsi la langue de Régis Jauffret – son usage de la langue comme l’idée qu’il s’en fait – que ce colloque se propose de sonder, dans une perspective stylistique, linguistique et sémiotique.

    Les propositions de communication devront parvenir avant le 31 août 2020 par courrier électronique aux adresses suivantes :

    cnarjoux@gmail.com

    berengere.moricheau-airaud@univ-pau.fr

    Les textes issus des communications seront soumis à relecture en vue de la publication des actes du colloque.

    Le colloque est ouvert au public.

    Comité scientifique

    • Stéphane Bikialo
    • Catherine Rannoux
    • Christophe Reig
    • Isabelle Serça
    • Dominique Viart

    Responsables

    • Bérengère Moricheau-Airaud
    • Cécile Narjoux

    Calendrier

    • Limite d’envoi des propositions : 31 août 2020
    • Notification aux auteurs : 15 septembre 2020
    • Colloque : 6 et 9 novembre 2020
    • Publication des actes : 2021-2022.

               


    [1] Voir Bruno Vercier, Dominique Viart, La Littérature française au présent, Bordas, 2008 [1re éd. 2005]. Retour au texte

    [2] Alexandre Gefen, « “Je est tout le monde et n’importe qui.” Les microfictions de Régis Jauffret », dans Revue critique de fixxion contemporaine, n° 1, p. 62-66 [en ligne]. Page consultée en mai 2020. URL : http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx01.06 Retour au texte

    [3] Bruno Vercier, Dominique Viart, op. cit., p. 429. Retour au texte

    [4] Entretien avec Christophe Reig, Régis Jauffret. Éclats de la fiction, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2017, p. 147-148. Retour au texte

    [5] Microfictions, Gallimard, 2007, p. 434. Retour au texte

  • Poétique des énoncés inconvenants et paradoxaux (Ce que la fonction poétique fait à la pensée)

    E.A. 4235 CIELAM / 4e colloque international de l’Association Internationale de Stylistique, 11-12 oct 2018, Université d’Aix-Marseille (AMU), Site Schuman, Maison de la Recherche

    Affiche Poétique des énoncés inconvenants et paradoxaux

    Programme

    JEUDI 11 OCTOBRE 2018

    UNE AUTRE APPROCHE DE LA FONCTION POETIQUE (modération Philippe Jousset)

    • 09h 30: Conférencier invité, Claude COSTE (Université de Cergy) : Obscénité de Barthes
    • 10h 00 : Stéphane Chaudier (Université de Lille 3) : La phrase qui brille et qui tue

    Pause

    • 11h 10 : Sophie Jollin Bertocchi (Université de Versailles- Saint Quentin) : L’énergie du paradoxe
    • 11h 40 : Judith Wulf (Université de Nantes) : “Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe!” : un paradoxe ?

    Repas

    DISPOSITIFS PHONIQUES, SYNTAXIQUES ET LOGIQUES (modération Judith Wulf)

    • 14h 15 : Emmanuelle Prak-Derrington (ENS de Lyon) : Le chiasme formel ou antimétabole
    • 14h 45 : Sandrine Vaudrey-Luigi (Université Sorbonne Nouvelle) : Duras, quand l’inconvenance grammaticale se fait stylème
    • 15h 15 : Nicolas Laurent (ENS de Lyon) : Jeux présupositionnels et stylistique de l’aphorisme chez Cioran
    • 15h 45 : Agnès Fontvieille (Université Lyon 2) : Petite folie collective d’un plaisir sonore, les proverbes surréalistes
    • 16h 15 : Joël July (Aix Marseille Université) : L’apotropaïque, nier l’évidence ou prévoir le pire ?

    Pause

    17h 15 : AG de l’AIS

    VENDREDI 12 OCTOBRE 2018

    CRITIQUE DES INSTITUTIONS DOXOGRAPHIQUES (modération Sandrine Sorlin)

    • 9h 00 : Conférencier invité, Marc BONHOMME (Université de Berne) : Les paradoxes dans les slogans publicitaires. Vrais ou faux paradoxes?
    • 9h 30 : J.-Ph. Saint-Gérand (Université de Limoges) : Faire œuvre littéraire en trois lignes et même moins… ? Félix Fénéon

    Pause

    LES PROFESSIONNELS DU PARADOXE (modération Stéphane Chaudier)

    • 10h 40 : Marie-Christine Lala (Université Sorbonne Nouvelle) : Mise en forme du scandale : Georges Bataille et l’inconvenance
    • 11h 10 : Annick Jauer (Aix Marseille Université) : Le paradoxe selon Pascal Quignard : un révélateur de « l’arrière-monde »
    • 11h 40 : Sylvain Dournel (Université de Lille 3) : Surassertion, saillance et métaphore : stylistique de l’antimorale célinienne

    Repas

    LE ROMAN AU RISQUE DU PARADOXAL ET DE L’INCONVENANT (modération Michèle Monte)

    • 14h 30 : Bérengère Moricheau-Airaud (Université de Pau) : Le romanesque de la forme paradoxale dans l’écriture de Jean Echenoz
    • 15h 00 : Philippe Jousset (Aix Marseille Université) : Pierre Guyotat scandaleux ?

    Pause

    • 16h 00 : conférencier invité, Mustapha TRABELSI (Université de Sfax) : Le Je paradoxal dans Le Bavard de Louis-René des Forêts

    Argumentaire

    Le CIELAM, à l’instigation de son axe transversal « Stylistique et création », en partenariat avec l’AIS (Association Internationale de Stylistique) et avec le soutien du laboratoire Alithila de l’université de Lille 3 et l’URLDC de Sfax (Tunisie) propose l’organisation en octobre 2018 d’un colloque de stylistique sur les énoncés atypiques et plus particulièrement ceux qui incitent à penser, par leur provocation vis-à-vis de la logique, de la doxa ou de la morale, ou encore par une rupture avec la cohérence et la cohésion du co(n)texte. Il s’agira d’envisager si un nouveau critère de poéticité ne peut pas être élaboré en lien avec le caractère saillant et intempestif de ces énoncés inconvenants et paradoxaux.

    Comité d’organisation

    Philippe Jousset (Pr AMU, vice président de l’AIS)

    Joël July (Mcf AMU, président de l’AIS)

    Stéphane Chaudier (Pr Lille 3, trésorier de l’AIS)

    Comité scientifique

    Laurence Bougault (Université Rennes II)

    Stéphane Chaudier (Université de Lille 3)

    Maxime Decout (Université de Lille 3)

    Karine Germoni (Université Paris 4)

    Laure Himy-Piéri (Université de Caen – Basse-Normandie)

    Joël July (Université d’Aix-Marseille)

    Philippe Jousset (Université d’Aix-Marseille)

    Michèle Monte (Université de Toulon)

    Bérengère Moricheau-Airaud (Université de Pau)

    Gilles Philippe (Université de Lausanne)

    Laurence Rosier (Université libre de Bruxelles)

    Geneviève Salvan (Université de Nice – Sophia Antopolis)

    Sandrine Sorlin (Aix-Marseille Université)

    Stéphanie Thonnérieux (Université de Lyon 2)

    Mathilde Thorel (Université d’Aix-Marseille)

    Mustapha Trabelsi (Université de Sfax)

    Sandrine Vaudrey-Luigi (Université Paris 3)

    Philippe Wahl (Université Lumière Lyon 2)

    Judith Wulf (Université de Nantes)

     Appel à communication

    Poétique des énoncés inconvenants et paradoxaux
    (Ce que la fonction poétique fait à la pensée)

    Chacun garde en mémoire ces petits séismes intellectuels que provoquent une pensée débridée, spectaculairement illogique (ou antilogique ou a-logique), un mot « déplacé », ou encore l’expression d’une cruauté verbale, mémorable par sa forme, un trait de verve insolent, anticonformiste ou politiquement incorrect, une « fusée », une formule satirique, etc. À l’enseigne du choc, puissance baudelairienne, l’ouvroir des pensées potentielles fonctionne alors à plein régime. Provocations cynique, évangélique, rappeuse ou zen, maximes intempestives, punchlines, produits de l’art du paradoxe ou du koan..., le spectre est large. Et pourtant deux traits récurrents nous frappent. D’une part, l’éclat poétique et l’énergie intellectuelle de ces énoncés tiennent à la façon dont ils bousculent la rationalité ordinaire, la pensée consensuelle, dont ils attaquent soit la logique ou le bon sens (« Laisse les morts enterrer les morts1 ») soit la civilité ou la morale (« Son sommeil était, de beaucoup, ce qu’elle avait de plus profond2 »), soit les deux à la fois (« Vos lois sont immorales, ma délinquance a des principes3 »). D’autre part, ces énoncés subtils ou agressifs qui interrogent et à coup sûr relativisent l’aspiration ou la prétention au sérieux dans la pensée, ont à l’évidence un caractère poétique. Bien qu’ils n’aient pas été toujours produits au sein de l’institution littéraire, ils apparaissent comme des manifestations particulièrement exemplaires de la créativité langagière, ou encore de la poéticité, voire de la littérarité. C’est pourquoi les littéraires en général et les stylisticiens en particulier peuvent les considérer comme d’excellents candidats pour illustrer ce que l’art littéraire ou la fonction poétique « font » à la pensée, et ce que la pensée fait à la forme.

    La question clé qui sous-tend ce projet de colloque de l’AIS (Association Internationale de Stylistique), que chapeaute l’équipe du CIELAM de l’université d’Aix-Marseille (AMU), engage deux notions a priori hétérogènes : le paradoxe, notion logique assez bien balisée, et l’inconvenance, qui relève du jugement de valeur, de nature morale, idéologique, réglé par la simple doxa ou induit par des effets liés au contexte de réception. La problématique comporte également deux aspects dont l’articulation est délicate : d’une part, et de manière minimale, il conviendrait de s’interroger sur les formes et les enjeux de la séduction qu’exercent ces énoncés, aux statuts et aux fonctions fort divers, qui soit sont inclus dans des textes mais détachables, soit dans des phrases sans texte au statut encore plus incertain4. Mais le plus intéressant consiste bien évidemment à se demander en quoi ces énoncés pourraient bien relancer la recherche d’une définition (que d’aucuns, bons esprits ou esprits chagrins, jugeront naturellement vaine ou impossible) de la fonction poétique, voire de la littérarité. On se souvient que Georges Molinié définissait la stylistique comme « l’étude des conditions verbales, formelles de la littérarité5 » ; mais faut-il s’en remettre à l’esthétique, à l’histoire ou à la sociologie de la littérature ou du littéraire pour savoir en quoi consiste cette vache sacrée qu’on nomme la littérarité ?

    Précisons donc l’enquête. Il s’agit de réfléchir à l’apport de la paradoxologie (terme englobant, pédant mais assez commode) à la définition du type de pensée ou d’esprit que promeut une relation particulière au langage. Que le langage nous serve à penser, cela n’est guère douteux ; mais une manière spécifiquement poétique d’appréhender le langage (ce qui n’est pas la même chose que le langage poétique) n’invite-t-elle pas à penser d’une certaine manière, sous forme de paradoxes6, de provocations, en faisant appel puis bon accueil à la contradiction, à la mauvaise foi, voire à la méchanceté, à tous ces rebuts qui ont pourtant un pouvoir d’excitation et de séduction sur l’esprit ? On pourrait aborder la question de la pensée du littéraire ou du poétique à partir des genres ou des discours comme le récit, l’essai, la poésie, mais il semble plus neuf de saisir ce type de pensée à même ces cristallisations énonciatives que nous subsumons sous le terme de paradoxologie : ensemble des énoncés, atypiques, qui défient les patrons logiques et sémantiques qui nous sont familiers et en cela arrêtent la lecture, retiennent l’attention, font saillance.

    Il s’agit donc de reprendre sur nouveaux frais la question de la littérarité en la déplaçant sur le terrain des idées. Cette ambition est sans doute démesurée. Jakobson avait appréhendé la fonction poétique par le biais exclusif du jeu sur le signifiant7. L’immortel slogan I like Ike est un énoncé poétique pour des raisons phonétiques ; c’est oublier un peu vite la pensée qui se cache derrière ces trois mots et invite à voter pour un type sympathique plutôt qu’honnête ou compétent. Aimer, apprécier, sont-ils les critères du « bon choix » politique ? On a ensuite tenu la métaphore et plus généralement les tropes, pour l’étalon de l’énoncé poétique : quand en 1975 Ricœur publie La Métaphore vive 8, c’est en effet l’ensemble du discours poétique qui se trouve à la fois défini et aimanté par le métaphorique en tant qu’accès privilégié à l’imagination, aux mondes possibles, à la reconfiguration du réel. En raison de son ancrage historique et de sa puissante réflexion sur le langage, la rhétorique a paru être la voie d’accès royale pour cerner l’articulation de la pensée et de la littérature. Mais la séduction de l’énoncé poétique ou littéraire n’a que peu à voir avec la persuasion, tant il est vrai que l’intention manifeste de briller en déréglant nos habitudes peut au contraire fragiliser la force de conviction.

    À quelles conditions l’énoncé inconvenant ou paradoxal est-il saillant, c’est-à-dire mémorisable ou détachable, appelant la sur-interprétation ? Dans quelle mesure l’énoncé inconvenant ou paradoxal réactive-t-il la vieille catégorie si contestée de l’écart ou de la séquence stylistiquement intempestive ? Telle formule ne vaut-elle que pour le locuteur auquel on peut l’attribuer, ou définit-elle un élément de sagesse ou d’« art de vivre » doté d’une valeur générale, constituant une expression éthique valide ? Est-elle une proposition sérieuse, digne de confiance, s’offrant de bonne foi à la discussion ou n’est-elle, cette phrase séduisante, qu’une ironie, un pied-de-nez, relevant de l’art de la blague supérieure ? Ou de la mauvaise foi9 ? N’est-elle, in fine, qu’une manière habile de se promouvoir soi-même, sous les espèces valorisantes du style ? Le poète de la pensée stylisée n’est-il qu’un pseudo-penseur, pour ne pas dire : un imposteur ? Cette ambiguïté n’est-elle pas constitutive du régime poétique de la pensée, qui appelle le correctif salutaire, incessant, d’une pensée vraiment critique – celle du lecteur peut-être ?

    Précédents colloques de l’AIS :

    « Questions de stylistique & stylistiques en question10 » (24-26 janvier 2008) organisé à l’université de Rennes II par l’EA LIDILE avec le soutien de l’équipe Sens, Textes, Histoire (Paris IV)

    « Faits de langue et effets de style11 » qui a eu lieu à l’Université de Caen-Basse Normandie du 7 au 9 novembre 2011,

    « Méthodes stylistiques. Unités et paliers de pertinence12 ? » (mars 2015) organisé par Philippe Wahl et Agnès Fontvieille à l’université Lumière Lyon 2 par Passages XX-XXI (EA 4160)/ Textes&Langue de l’Université Lumière Lyon 2 avec le soutien de l’équipe BABEL (Université de Toulon).

    Modalités (Date limite de soumission des propositions pour le colloque : 28 février 2018) :

    Les propositions sont à envoyer sous la forme d’un résumé de 500 mots sous format Word, accompagné d’une notice personnelle (nom, affiliation, coordonnées personnelles et professionnelles), aux adresses suivantes :

    joel.july@univ-amu.fr

    ph.jousset@gmail.com

    stephane.chaudier@wanadoo.fr

    Notes :

    1 Matthieu, 8, 22 ou Luc 9, 60

    2 Sacha Guitry, Elles et toi, Paris, Raoul Solar éditeur, 1947, p. 62. Le mot « traîne » partout sur internet.

    3 Keny Arkana, rappeuse marseillaise, titre J’me barre, album Entre ciment et belle étoile , 2006.

    4 Dominique Maingueneau, Les Phrases sans texte, Paris, Armand Colin, collection « U », 2012.

    5 Georges Molinié, La Stylistique, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », p. 3.

    6 Nous signalons la thèse de Pierre-Yves Gallard, ATER à l’Université de Saint-Étienne, « Le Style paradoxal des moralistes classiques : Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère », soutenue à Nice sous la direction d’Anna Jaubert en décembre 2016, à paraître aux Classiques Garnier dans la collection « Investigations stylistiques ».

    7 Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, Paris Minuit, 1970, tome I, p. 209 et suivantes.

    8 Paul Ricœur, La Métaphore vive, Paris, Le Seuil, 1975.

    9 Maxime Decout, En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire, Paris, Minuit, 2015.

    10 Actes parus sous le titre : Stylistiques ?, sous la direction de Laurence Bougault et Judith Wulf, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2010, 504 p.

    11 Actes parus sous le titre : Le Style, découpeur de réel. Faits de langue, effets de style, sous la direction de Laure Himy-Piéri, Jean-François Castille et Laurence Bougault, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2014, 446 p.

    12 Actes à paraître en juin 2018, aux PUL, sous la direction de Philippe Wahl, Michèle Monte et Stéphanie Thonnérieux.

  • Territoires et frontières du style : Quels (nouveaux) objets ? Quelles (nouvelles) manières ?

    Actes parus dans la revue MALICE du CIEMAM (Aix-en-Provence, AMU)

    Journée d’études Master-Doctorat « Jeunes chercheurs en stylistique AIS« 
    Aix-en-Provence (AMU)
    vendredi 3 février 2017
    Maison de la Recherche du site Schuman d’Aix-en-Provence

    Dans le cadre de la formation des étudiants de Master qui auront suivi le séminaire de stylistique au premier semestre du M1 et du M2 de Lettres modernes, l’UFR ALLSH de l’Université d’Aix-Marseille (AMU), le laboratoire du CIELAM (Centre interdisciplinaire d’étude des littératures d’Aix-Marseille) et l’AIS (Association Internationale de Stylistique) proposent une journée d’études aux doctorant-e-s en stylistique (les étudiant-e-s de 3eannée et au-delà seront prioritaires, mais nous examinerons également les propositions émanant de doctorant-e-s de 2eannée et de jeunes docteur-e-s ayant soutenu très récemment leur thèse.) sous forme de présentation de leurs travaux.

    Les doctorants intéressés par cette rencontre sont priés de se faire connaître en indiquant en un résumé d’une à deux pages l’objet de leur thèse, l’objectif qu’elle poursuit, l’apport qu’elle propose d’apporter à la connaissance du sujet, les méthodes qu’elle utilise, les difficultés qu’ils ont rencontrées et peut-être surmontées. Nous comptons sur les directeurs de recherche pour transmettre cet appel à leurs étudiants les plus prometteurs.

    Procédure :

    Les propositions sont à envoyer conjointement pour le 10 novembre 2016 à :

    Les doctorants retenus seront informés avant le 25 novembre. Il est prévu (sans être encore tout à fait certain) de dédommager les contributeurs pour les frais occasionnés (déplacements et éventuellement hébergement). Le repas de midi sera pris en charge. Les doctorants devront être membre de l’AIS. Une publication dans la revue électronique MaLiCe du CIELAM ou sur le site de l’AIS sera envisagée.

    Cette manifestation accueillera en son sein une assemblée générale ordinaire de l’AIS et la plupart des membres du bureau seront présents. Tous les stylisticiens de notre réseau, au-delà de l’Université d’Aix-Marseille, sont cordialement conviés. Nos débats se dérouleront sous la présidence de Joëlle GARDES TAMINE, professeur émérite à Paris 4-Sorbonne, invitée d’honneur de cette journée.

    Déroulement :

    • de 9h à 12h : de 3 à 4 doctorants
    • de 12h à 14h : repas
    • de 14h à 14h 45 : AG ordinaire de l’AIS
    • de 15h à 18h : de 3 à 4 doctorants

    Le temps de parole des orateurs sera de 25 minutes et le temps d’échange avec le public dépendra du nombre d’interlocuteurs mais n’excèdera pas 20 minutes.

    Processus :

    Cette rencontre n’appelle pas d’argumentaire puisque son principal objet est précisément de donner la possibilité à des chercheurs d’exposer leur travail encore en chantier (ou de présenter des thèses récemment soutenues), d’offrir à leur auteur la liberté de confronter leurs conceptions, de partager leurs convictions et leurs interrogations avec d’autres chercheurs. Nous ne préjugeons, par conséquent, ni du périmètre de l’enquête, ni des thématiques, ni des problématiques ; nous jetons une sonde dans le réservoir. Il semble que la stylistique aujourd’hui ne soit dominée par aucune école et qu’aucun magistère ne s’impose ; cette journée est donc de nature prospective, et l’occasion de faire un point, de se demander où va la stylistique, si elle va quelque part, quel pourrait être son avenir : des tendances se dessinent-elles ? Les travaux récents s’inscrivent-ils avant tout dans la continuation de traditions bien établies ou proposent-ils des novations ? Comment se porte la théorie ? Quelle part lui est faite dans les pratiques ?

    On se rappelle la fameuse et toujours problématique question Qu’est-ce que le style ? posée par Pierre Cahné et Georges Molinié, dans un ouvrage collectif qui a pris avec le temps l’autorité d’un classique ; on sait qu’elle en implique deux autres, tout aussi inquiétantes pour un esprit épris de rigueur : qu’est-ce que la stylistique ?à quoi sert-elle ? Plus de vingt ans après, un collectif L’Homme dans le style et réciproquement (PUP, coll. « textuelles », 2015), issu d’un colloque à Sfax intitulé lui-même Controverses sur le style, se nuance par un avant propos au titre très délicatement malherbien : « Style mon beau souci… », tous signes que les questions perdurent. Les doctorants sont donc invités à réfléchir aux inflexions que leur recherche les a conduits à enregistrer et qui concernent les enjeux et les méthodes de la stylistique contemporaine, celle qui se pratique (ou se cherche) depuis 1990 (repère commode) et l’essai toujours stimulant de Laurent Jenny, La Parole singulière.

    On propose, mais sans exclusive, la mise en bouche suivante : Quels sont les échelles et paliers de pertinence retenus : genres, périodes, auteur, œuvre, texte… ? Quels rapports (de proximité ou de conflictualité) la stylistique entretient-elle avec ses disciplines voisines : l’éminente et toujours verte rhétorique (si tant est qu’il n’y en ait qu’une), la poétique, la linguistique textuelle, la sémiotique des textes, l’analyse du discours, la sociolinguistique, la linguistique tout court ? (La liste n’est pas limitative). De quelles influences la stylistique témoigne-t-elle aujourd’hui et comment a-t-elle évolué au contact d’autres disciplines (la concurrence avec l’Analyse du discours, avant tout) ou en tentant de répondre au développement de spécialités qui la concernent, voire la mettent en question (la génétique jouant à cet égard un rôle majeur) ? Où en sont ses rapports avec ses voisinages (la linguistique, la philosophie, l’anthropologie, la psychologie, les sciences cognitives…) ? En quoi l’objet d’étude choisi (qu’il soit littéraire, donc canonique, ou plus marginal : chanson, BD, scenario, sketch, productions dites populaires) infléchit-il les réponses à apporter à ces questions, voire les questionnements eux-mêmes ?

    Les doctorants auront le soin d’apporter leur propre bibliographie et éventuellement de la commenter ; ils n’hésiteront pas à élaborer eux-mêmes leur propre parcours problématique, pour peu que celui-ci se positionne clairement dans le champ de la stylistique et s’interroge sur sa toujours précaire épistémologie. Nous nous contenterons, en guise de vademecum, d’indiquer quelques ouvrages récents, en plus des deux premiers volumes, issus des actes des colloques de l’AIS, parus aux PUR, coll. « Interférences », StylistiqueS ? en 2010 (L. Bougault, J. Wulf) et Le Style, découpeur de réel en 2014 (L. Himy-Piéri, J.-F. Castille, L. Bougault) :

    • Laurent Jenny (éd.), Le Style en acte. Vers une pragmatique du style, Genève, MétisPresses, 2011
    • Cécile Narjoux (éd.), Au-delà des frontières : Perspectives de la stylistique contemporaine, Francfort, Peter Lang, 2012 
    • Claire Badiou-Monferran, La Littéralité des belles-lettres. Un défi pour les sciences du texte, Paris, Classiques Garnier, 2013, et les autres titres de la collection « Investigations stylistiques » chez le même éditeur.
    • Éric Bordas, Georges Molinié (dir.), Style, langue et société, Paris, éd. Honoré Champion, 2015.

    Stéphane Chaudier, Philippe Jousset, Joël July

  • Méthodes stylistiques. Unités et paliers de pertinence textuelle ?

    organisé par l’AIS et par PASSAGES XX-XXI EA4160/ Textes&Langue de l’Université Lumière Lyon2
    Avec le soutien des équipes BABEL (Université de Toulon), CIELAM (AMU Aix-en-Provence), LIDILE (Université Rennes 2)

    Table ronde du 1er avril 2015 au 3e colloque de l’AIS Lyon II

    Jean-Michel qui n’a pu venir parler du paragraphe au colloque de l’AIS sur les unités et paliers de pertinence textuelle nous a fait parvenir son article : Jean-Michel ADAM, Article sur le paragraphe, 3e colloque de l’AIS, LYON II

    Programme

    Mardi 31 mars INSTITUT DES SCIENCES DE L’HOMME

    Matin ESPACE MARC BLOCH

    8h30 ACCUEIL DES PARTICIPANTS

    9h00 OUVERTURE / INTRODUCTION DU COLLOQUE

    G lo b a l / lo c a l : a p p r o c h e s c r o i s é e s

    9h30 Unité(s), palier(s) de pertinence et reconnaissance d’un
    patron stylistique – SANDRINE VAUDREY-LUIGI
    (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle)

    10h00 Avis d’acte de naissance : le faiscsème
    STÉPHANE GALLON (Université Rennes 2)

    10h30 L’interprétation métaphorique en poésie contemporaine
    MICHÈLE MONTE (Université de Toulon)

    11h00 DISCUSSION / PAUSE

    11h30 Le paragraphe : unité de composition et d’analyse textuelle
    – JEAN-MICHEL ADAM (Université de Lausanne, Suisse)

    12h00 Relecture de Leo Spitzer. De la phrase à la page
    PHILIPPE WAHL (Université Lumière Lyon 2)

    12h30 DISCUSSION / DÉJEUNER

    Après-midi

    session A : Méthodes et pratiques de lecture
    ESPACE MARC BLOCH

    14h30 Stylistique et glossématique. Unité en stylistique entre
    l’individuel et le collectif – SILVIA MAJERSKA
    (Université Paris IV-Sorbonne)

    15h00 La stylistique, science et art – PHILIPPE JOUSSET
    (AMU, Aix-en-Provence)

    15h30 Les conditionnements du «commentaire stylistique»
    des concours de recrutement dans l’enseignement
    BÉRENGÈRE MORICHEAU-AIRAUD
    (Université de Pau et des Pays de l’Adour)

    16h00 DISCUSSION / PAUSE

    session b : Types de discours
    SALLE ELISE RIVE

    14h30 Évolution des discours rapportés décontextualisés
    et des surassertions dans les interventions politiques de
    Lamartine – BETTY VOUILLON (Université de Sherbrooke,
    Canada) ET BERTRAND VERINE (Université Montpellier 3)

    15h00 Unités internes, unités externes : le cas des figures
    de répétition – Emmanuelle PRAK-DERRINGTON
    (Ecole Normale Supérieure de Lyon)

    15h30 L’humour à la ligne (paragraphe, alinéa et humour)
    Anne-Marie PAILLET (Ecole Normale Supérieure Ulm)

    16h00 DISCUSSION / PAUSE

    ESPACE MARC BLOCH

    16h45 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE DE
    L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DE STYLISTIQUE

    17h00 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DE
    L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DE STYLISTIQUE

    Mercredi 1er avril INSTITUT DES SCIENCES DE L’HOMME

    Matin

    Diachronie : phrase et texte
    ESPACE MARC BLOCH

    9h00 Unités textuelles et faits de cataphore : approche diachronique
    BERNARD COMBETTES (Université de Lorraine)

    9h30 Unités, échelles et portées du concept de « prose poétique» : l’exemple des phrases du roman baroque (1600-1660)
    SUZANNE DUVAL (Université Paris IV-Sorbonne)

    10h00 DISCUSSION / PAUSE

    session A : Proses d’auteur
    ESPACE MARC BLOCH

    10h30 Le paragraphe monophrastique dans les premiers
    textes de Jean Giono – SOPHIE JOLLIN-BERTOCCHI
    (Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines)

    11h00 Ruses de la transition (Echenoz)
    AGNÈS FONTVIEILLE-CORDANI (Université Lumière Lyon 2)

    11h30 Le lyrisme camusien
    ANNE RIIPA (Université de Helsinki, Finlande)

    12h00 « Confusion » comme style : lectures de l’hypallage
    chez Robert Pinget et Alain Robbe-Grillet.
    ELINA GAUTIER (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle)

    12h30 DISCUSSION / DÉJEUNE

    Session b : Statistique et stylistique
    SALLE ELISE RIVET

    10h30 Style et statistiques : comment et pourquoi questionner
    quantité et qualité ?
    LAURENCE BOUGAULT (Université Rennes 2)

    11h00 Les motifs séquentiels : une méthode pour la stylistique
    DOMINIQUE LEGALLOIS
    (Université de Caen Basse-Normandie)

    11h30 La stylométrie révélatrice de l’émergence et le style
    d’auteur comme son expression
    MARIA SLAUTINA (Université de Caen Basse-Normandie et
    Université d’État de Saint-Pétersbourg, Russie)

    12h00 Stylistique et textométrie : une reconfiguration des
    unités d’analyse textuelle ?
    CLÉMENCE JACQUOT (Université Paris-Sorbonne et UPMC)

    12h30 DISCUSSION / DÉJEUNER

    Après-midi

    session A : Discours poétiques
    SALLE ELISE RIVET

    14h30 Pratiques stylistiques et poétique africaine
    PAULINE LYDIENNE EBEHEDI KING
    (Université de Maroua, Cameroun)

    15h00 Objet-texte et corpus d’analyse : du local au global du
    poème – SYLVAIN DOURNEL (Université Paris IV-Sorbonne)

    15h30 DISCUSSION / PAUSE

    session b : rythme poétique
    ESPACE MARC BLOCH

    14h30 Une année à Lyon : une délimitation d’un corpus pour
    modeler l’emprunt métrique de Sir Thomas Wyatt –
    KRISTIN HANSON (Université de Californie, Berkeley, USA)

    15h00 La dimension textuelle du rythme chez Verlaine

    Éliane DELENTE (Université de Caen Basse-Normandie)

    15h30 DISCUSSION / PAUSE

    DeVenirs  de  la  strophe
    ESPACE MARC BLOCH

    16h00 Qu’est devenue la strophe avec l’écriture en vers libres ?
    STÉPHANIE THONNERIEUX (Université Lumière Lyon 2)

    16h30 L’étoffe de la strophe en chanson
    STÉPHANE CHAUDIER (Université Jean Monnet, Saint-
    Etienne) ET JOËL JULY (AMU, Aix-en-Provence)

    17h00 DISCUSSION

    17h45 TABLE RONDE SUR LES ENJEUX SCIENTIFIQUES DU COLLOQUE