Étiquette : discours

  • Anna Jaubert, La Stylisation du discours, Paris, Classiques Garnier, 2023.

    Compte-rendu par Sophie Jollin-Bertocchi

    Une trentaine d’années après La Lecture pragmatique (Hachette, 1990), Anna Jaubert prolonge sa réflexion dans un livre au style brillant mettant à l’honneur une notion qui a récemment gagné en visibilité dans le domaine des études littéraires et linguistiques : la stylisation. Mobilisée par un autre stylisticien de la même Université Côte d’Azur, Ilias Yocaris (Style et semiosis littéraire, Garnier, 2016), elle est également au cœur d’une étude plus circonscrite, La Parole stylisée. Étude énonciative du discours indirect libre de Jean-Daniel Gollut et Joël Zufferey (Lambert-Lucas, 2021). Le terme n’est pas pris ici dans son sens propre de schématisation, si ce n’est ponctuellement, mais dans celui de « processus » qui confère une valeur à un discours, pour substituer une vision dynamique à la vision traditionnellement statique du style. L’ouverture théorique d’une vingtaine de pages présente l’idée directrice, « l’appropriation de la langue déclenche le mouvement de la stylisation » (p. 152), la démarche théorique visant à élever le coefficient scientifique de l’analyse stylistique. Soigneusement structuré, l’ouvrage comporte trois parties, une riche bibliographie, un index des noms et un index des notions.

    La première partie (p. 19-74), intitulée « Le cadre d’un processus », présente le point de vue génétique qui préside à la démarche : le style y est abordé « dans la dynamique de sa construction, comme une valeur qui advient au discours par degrés » (p. 17), démarche inspirée par la pensée du linguiste Gustave Guillaume et son concept de « temps opératif ». Pour décrire ce processus d’« appropriation de la langue », c’est-à-dire son actualisation en discours par un sujet en situation, Anna Jaubert reprend son schéma de la « diagonale du style » (2007) qui décrit le parcours entre le pôle universalisant de la langue et le pôle particularisant du discours, déterminant les « états du style ». Dans un second temps, dans la lignée des travaux de Jean-Michel Adam, l’auteure présente l’importance de la « médiation des genres » à partir du constat que « le style se donne comme un ensemble de traits appropriés à un projet communicationnel », inscrits « dans les modèles stabilisés de genres plus ou moins dédiés, avec des formes prévisibles » (p. 46) qui déterminent à la fois des choix énonciatifs et des modes d’organisation. Elle montre que les genres de discours, « profileurs de style » (p. 41), « représentent un point de bascule […] entre la qualification et la requalification des moyens expressifs » (p. 55) en valeurs. La médiation du genre conditionne la stylisation et de ce fait atténue le sentiment d’individuation. Anna Jaubert distingue deux niveaux de conditionnement (p. 62) donnant lieu à deux « formats de généricité » (p. 73) : au premier niveau, les genres premiers qualifient un style approprié au projet communicationnel ; au second niveau, la requalification (ou surqualification, ou stylisation seconde) tient à la dimension esthétique et réflexive des formes qui caractérise les genres littéraires (ou genres seconds), ce que l’auteure illustre à partir d’extraits de théâtre qui transposent le genre de la conversation et reconditionnent ses codes.

    Dans la deuxième partie (p. 75-155), « Des lieux d’émergence », le propos se centre sur deux postes d’analyse, les figures et la phrase, considérés comme « les points sensibles de la stylisation ». Ils permettent d’observer « les variations stylisantes » qui opèrent « la signifiance augmentée » (p. 79). La figuralité fait d’abord l’objet d’une reconception à l’aune de la « problématisation énonciative » (p. 80) : « […] la perception des figures repose sur ce parti pris énonciatif de non-coïncidence entre le dire et le dit. Cette non-coïncidence relève d’une traversée énonciative biaisée qui, perdant en immédiateté, s’allonge, gagne de l’épaisseur opérative, et devient visible pour elle-même » (p. 83). Les concepts qui fondent le point de vue d’Anna Jaubert sont le dialogisme interne des figures et l’énonciation clivée (p. 84). Elle examine ensuite quelques figures (oxymore, euphémisme, litote, hyperbole), évoque l’humour et l’ironie, en soulignant le rôle des figures dans la cohérence textuelle. Dans un second temps, l’auteure s’intéresse à la limite de rendement, à « la maximalisation d’une construction grammaticale » (p. 102), l’apposition, puis à la textualisation des temps dans la narration. Le second volet de la deuxième partie porte sur la phrase, point névralgique du style – comme l’indiquait Georges Molinié dans ses Éléments de stylistique française (P.U.F., 1986) –, et par conséquent sur le statut stylistique de la syntaxe, du point de vue particularisant du style d’auteur. En premier lieu, partant du statut de la phrase dans l’évolution de la conscience linguistique, sont rappelés les rapports historiques entre syntaxe et style. Le propos traite ensuite de l’organisation énonciativo-syntaxique de la phrase littéraire et de ses « modelages subjectivants » : la phrase exclamative au XVIIIe siècle, les parenthèses dans l’œuvre de Proust, la syntaxe distendue d’Albert Cohen. La dernière section propose des analyses de la phrase longue dans les écritures de la post-modernité, à travers les exemples de Claude Simon et Jean Rouaud, montrant que la création littéraire s’appuie sur la problématicité de la notion de phrase en linguistique.

    Le parcours se termine par une ample troisième partie (p. 157-252) qui confronte de manière convaincante trois notions connexes à celle de style : l’idiolecte, l’ethos et la littérarité. L’idiolecte et le style « ont en commun la référence à une singularité langagière » (p. 186), leur différence réside dans le fait que l’idiolecte est spontané et non réflexif, tandis que le style est travaillé et adapté à un projet, et enrichi d’une valeur esthétique (p. 187). Seconde notion examinée, l’ethos discursif – dans la lignée des travaux de Ruth Amossy – renvoie à l’incorporation du locuteur. L’ethos de l’orateur, qui est l’image projetée par le discours pour gagner la faveur de l’auditoire, s’appuie sur un style à la fois « classant et particularisant » (p. 191), c’est-à-dire marqueur d’une condition sociale et révélateur d’une personnalité. Les deux notions ont en commun de participer « en profondeur à la relativisation de la singularité » (p. 218), mais l’ethos semble davantage déterminé par un ancrage socio-culturel et historique. En dernier lieu, ce sont les liens entre style et littérarité, autour de la notion de décalage pragmatique, qui sont examinés. Le style littéraire apparaît « comme le stade le plus accompli de la stylisation » (p. 221). Anna Jaubert s’interroge de manière toujours plus approfondie sur les facteurs de sa littérarisation, du « déclenchement de sa requalification formelle, source de la stylisation indéfectiblement attachée à cette migration de statut » (p. 222). Par-delà les époques, les genres et les formes multiples, elle recherche « des caractéristiques constantes » de la littérarité, proposant de nouveaux « stylèmes de littérarité générale » (Georges Molinié). Selon Anna Jaubert, au plus haut niveau de généralité, les deux caractéristiques sont « un élargissement de notre rapport au sens, et une visée esthétique » (p. 222) : « Le premier ajoute à la qualité sémantique du discours une qualité sémiotique, la seconde est comptable de son artistisation, et les deux se fondent dans une perception globale de la valeur style » (p. 223). Le parcours est jalonné d’une réflexion sur la continuité entre le discours ordinaire et le discours littéraire, et sur la distinction, très clairement démontrée, entre les belles-lettres – la littérarité d’ancien régime – et la littérature : « Alors que les belles-lettres cultivent une pratique exemplaire de la langue commune, sa norme haute, la littérature pour sa part cultive une langue pétrie de spécificités […] » (p. 236). La littérarité obéit en effet à une « logique de l’ostension » (p. 250) manifestée par des surmarquages stylistiques : « La stylisation revêt alors son sens concret d’épuration des formes réelles, de choix qui révèle leur essence et leur confère une représentation typifiante » (p. 251). Le décalage pragmatique dans la visée du discours tient au fait que « la stylisation […] tire la requalification des formes sollicitées de leur surqualification » (p. 251). Il y aurait donc une « hiérarchie entre style et littérarité » : « le style précède la littérarité et la constitue » (p. 251).

    La conclusion générale prône une « conception unifiée du style » (p. 253) comme parcours dynamique au terme duquel la stylisation la plus accomplie est celle où s’impose l’effet esthétique. L’un des points forts du livre est de proposer de nombreux exemples – issus en partie des précédents travaux de l’auteure et de ceux des spécialistes du domaine –, empruntés à des genres et à des époques diverses, de l’âge classique à la période contemporaine. De plus, conformément à la « perspective continuiste » (p. 50) adoptée, entre les genres de discours ordinaire et les genres littéraires, l’étude comporte des incursions du côté du discours ordinaire, du discours politique, de la bande dessinée, du cinéma et des humoristes. Mettant la théorie au cœur de la pratique, cet ouvrage quelquefois dense offre de nombreuses reformulations qui permettent de comprendre et de suivre aisément le propos. Des mises au point linguistiques (par exemple les valeurs des temps verbaux p. 104-105) et de subtiles analyses textuelles rendent ce livre tout à fait indiqué tant pour les spécialistes du style et de la stylistique que pour les étudiants avancés.

  • (In)civilités : langue, discours, société – Poétique et rhétorique au XVIIe s. (Séminaire de Delphine Denis, Sorbonne Université)

    (In)civilités : langue, discours, société
    Poétique et rhétorique au XVIIe siècle
    Séminaire de Delphine Denis (Sorbonne Université)

    avec la collaboration de Carine BARBAFIERI (Valenciennes)
    et Françoise POULET (Bordeaux, IUF) 

    Année universitaire 2023-2024

    Mardi, 16h-18h – Bibliothèque de l’UFR de Langue française (Esc. G, rez-de-chaussée)

    30 janvier — Frédéric Martin (Conservateur en chef des bibliothèques – chercheur associé au CELLF – UMR 8599)

    « Les Rencontres inciviles de Louis de Neufgermain et de Vincent Voiture : poésie hétéroclite, éloges sarcastiques »

    6 février — Guillaume Peureux (Nanterre)

    « Usage satyrique de la langue dans Le Parnasse satyrique (1622) : un discours incivil ? »

    13 février — Tony Gheeraert (Université de Rouen)

    « L’(in)civilité dans les contes de fées de la fin du xviie siècle »

    27 février — Valeria Pompejano (Université Roma Tre, Italie)

    « Incivilité des fous, inconvenance des folles. Du traité de Tommaso Garzoni (1586) au théâtre de Charles Beys (1635 ; 1653) »

    5 mars — Kim Gladu (Université du Québec à Rimouski)

    « D’un usage civil de la poésie galante ou l’incivilité voilée »

    12 mars — Gilles Magniont (Université Bordeaux Montaigne)

    « Genre et civilité, du xviie siècle à aujourd’hui »

    19 mars — Justine Le Floc’h (Université de Kyoto, Japon)

    « Offenses, incivilités et autres marques de mépris : la psychologisation des conflits dans quelques traités du xviie siècle » 

    26 mars — Cécile Tardy (Université de Limoges)

    « Une incivilité voilée dans l’art épistolaire : l’équivoque chez Vincent Voiture » 

    2 avril — Cécile Leduc (Sorbonne Université)

    « Beaufort contre Jarzé au jardin de Renard : analyse comparée de l’anecdote d’une incivilité »

    23 avril — Giovanna Devincenzo (Université de Bari, Italie)

    « Formes de l’(in)civilité dans le théâtre politique d’actualité des années 1590.  Le cas de Simon Belyard » 

    30 avril — Jean-Paul Sermain (Sorbonne nouvelle-Paris-III)

    « In/civilités conjugales de Scudéry à Marivaux et de Catherine Bernard à Perrault »

    7 mai — Laurent Pernot (Strasbourg)

    « Carambolages et faux-semblants dans la rhétorique grecque »

  • De quelles voix sommes-nous fait.es ? Oralités et discours rapportés Histoire, formes et pratiques

    9e COLLOQUE INTERNATIONAL ET INTERDISCIPLINAIRE CI-DIT à Wroclaw (Pologne)

    30 septembre – 2 octobre 2024

    organisé par

    L’Institut d’Études romanes de l’Université de Wrocław, Pologne

    en coopération avec

    l’Université de Varsovie, le Centre des Recherches interdisciplinaires Université de Wrocław & Université Adam Mickiewicz et l’Université de Lviv

    Appel à communication (PDF) sur le site ci-dit.com.

    Date limite d’envoi de propositions : le 31 décembre 2023 simultanément aux adresses : joanna.jakubowska@uwr.edu.pl et elzbieta.biardzka@uwr.edu.pl.

    Argumentaire

    Remettre l’oralité et les formes du discours rapporté au centre de nos préoccupations, pourquoi ce choix ? Après des colloques Ci-dit consacrés notamment aux genres numériques (davantage dans leur dimension scripturale) et aux supports matériels graphiques, il nous a semblé important de réinterroger les imaginaires et les formes des oralités contemporaines en rapport avec la circulation et l’impact des discours. Paroles, audio, voix, expressivité, accent, tonalité, musique, intonation, éloquence, sociolecte, idiolecte, grossièreté, verve, bagou : comment toutes ces formes se « rapportent»-elles, dans quels contextes ? Comment contribuent-elles aux dimensions visuelle et sonore du discours rapporté ?

    Une poésie déclamée lors d’une investiture présidentielle, des slogans politiques inédits scandés et dansés, des registres sociaux qualifiés de « populaires, populistes, vulgaires, triviaux » utilisés comme des appels d’oralité dans la parole politique comme dans les chansons ou les romans des transfuges sociaux, le « lyrisme gueulard » et dialogique de Virginie Despentes comme contre-discours contestataire ? (Rosier à paraître)…, l’oralécrit (Garcea & Bazzanella 2002) dans le cyberespace, autant de formes de circulation de discours s’appuyant sur des représentations de l’oralité construites historiquement. De même pour un domaine déjà balisé par les travaux de Ci-dit (notamment Marnette 1998, 2005, Verbum 28.1/2006, Faits de Langue 19/2002, etc.), la parole médiévale, selon l’expression consacrée de Bernard Cerquiglini (1981) tout comme l’orature de Paul Zumthor (1975) ont puisé aux sources d’une conception de l’oralité comme performance et mise en rapport de voix. Beaucoup de ces textes étaient en effet chantés : aujourd’hui la chanson exploite-t-elle encore la voie des voix, des mises en scène vocales et du discours d’autrui ? On sait par ailleurs que l’image de l’oralité rapportée s’ancre dans une parole représentée comme marquée socialement et formellement « populaire » (lexique, syntaxe) provoquant un effet de rupture face à la langue classique des convenances, même si les représentations des parlers des classes dominantes existent notamment chez les humoristes (Paveau 2008, Rosier et Paveau 2008).

    Comment la littérature contemporaine en langue française problématise-t-elle la « retranscription fictionnelle » d’une parole populaire authentique, sans trahir ? Et que fait-elle des autres oralités ? Comment les dirigeant.es politiques tout comme les militant.es pensent-ils l’oralisation et l’incarnation de leurs discours politiques dans l’univers francophone ? Du côté de la traduction et de l’interprétation, les débats sur les personnes adéquates pour « porter » la voix (au sens de la traduire) relèvent de cette problématique plus générale de la figure du ou de la porte-parole : qui a la légitimité de « rapporter » un discours collectif au nom de qui, de quelles voix (dominés, subalternes, sans-voix, autres espèces…) ? Du côté de l’interprétation juridique, comment le DR traduit-il oralement un échange multilingue, dans le cadre des audiences et des procès mais aussi des négociations de contrat (y compris lors des mariages mixtes) ?

    Pour baliser nos questionnements nous lancerons quatre pistes qui animeront les discussions de ce colloque :

    1. Oralités, DR et discours politique

    On questionnera les façons de rapporter la parole des migrant.es, des sans-voix, des militant.es, les manières de l’intégration de paroles de guerre et de paix dans différents récits. On s’intéressera au discours comique et autres détournements de la parole politique, notre attention portera également sur les nouveaux styles parlés et représentations iconiques de la parole politique dans les discours numériques.

    2. Oralités, DR et traduction

    Les voix, disparaissent-elles, se reconfigurent-elles ou s’augmentent-elles dans la traduction ? Nous nous intéressons aux voix accueillies dans le discours littéraire, mais aussi dans d’autres discours (journalistique, juridique, numérique, de scolarisation, légendes urbaines…).

    3. Oralités, DR et genres discursifs

    Les genres de discours, dans leur diversité, peuvent être abordés et caractérisés par la place qu’ils font et la forme qu’ils donnent à la représentation de l’oral. Comment les voix retentissent-elles dans différents genres de discours, y compris la chanson,comment contribuent-elles au marquage du genre discursif dans lequel elles fonctionnent? Se distinguent-elles par leur place «statutaire» dans le genre de discours qui « tient lieu » d’un autre discours (compte-rendu de réunion, procès-verbal, minute de procès, live tweet de procès) ?

    4. Oralités, DR et pratiques diachroniques

    L’axe diachronique restera, comme d’habitude, dans les préoccupations du groupe Ci- dit : l’évolution des formes et des pratiques de la citation sera encore une fois au cœur de nos réflexions dans différents genres discursifs, avec notamment la chanson et les pratiques/praxis/formes de discours rapportés. Nous irons de la chanson de geste et poésie lyrique médiévales à l’inter-discours « mis en voix » dans la chanson contemporaine, nous suivrons le parcours de la « vive voix ».

    Calendrier

    Date limite d’envoi de propositions : le 31 décembre 2023 simultanément aux adresses : joanna.jakubowska@uwr.edu.pl    elzbieta.biardzka@uwr.edu.pl

    Les propositions de communication (entre 200 et 300 mots), doivent indiquer clairement la problématique abordée, faire état des principaux résultats qui seront exposés dans la présentation, et être accompagnées d’une bibliographie sélective. Nous prévoyons des communications de 20 minutes suivies de 10 minutes de discussion. Notification : le 29 février 2024

    Programme provisoire : fin mars 2024

    Les droits d’entrée 180 euro/750 PLN : pour les doctorants 90 euro/350 PLN. Les droits couvriront les frais d’organisation (location de la salle d’inauguration, service informatique, matériel de bureau, les pauses-café) et les frais de publication (textes publiés sous condition de relecture positive en double aveugle).  Règlements de droits d’entrée : le 30 avril 2024 au plus tard.

    Comité Scientifique

    • Jacqueline Authier-Revuz, Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III
    • Hélène Barthelmebs-Raguin, Université du Luxembourg
    • Elżbieta Biardzka, Université de Wrocław
    • Marion Colas-Blaise, Université du Luxembourg
    • Claire Doquet, Université de Bordeaux
    • Anna Dutka-Mańkowska, Université de Varsovie
    • Béatrice Fracchiolla, Université de Lorraine 
    • Joël July, Aix-Marseille Université
    • Greta Komur-Thilloy, Université de Haute-Alsace 
    • Juan Manuel López-Muñoz, Université de Cadix 
    • Mairi McLaughlin, Université de Californie, Berkeley
    • Dominique Maingueneau, Université Paris-Sorbonne
    • Sophie Marnette, Université d’Oxford 
    • Patricia von Münchow, Université Paris Cité
    • Aleksandra Nowakowska, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
    • Natalia Paprocka, Université de Wrocław
    • Alain Rabatel, Université de Lyon 2, 
    • Laurence Rosier, Université Libre de Bruxelles 
    • Justine Simon, Université de Franche-Comté
    • Elżbieta Skibińska, Université de Wrocław 
    • Kristiina Taivalkoski-Shilov, University of Turku

    Comité d’organisation 

    • Juan Manuel López-Muñoz, Université de Cadix 
    • Sophie Marnette, Université d’Oxford 
    • Laurence Rosier, Université Libre de Bruxelles 
    • Elżbieta Biardzka, Université de Wrocław
    • Piotr Chruszczewski, Université de Wrocław
    • Joanna Godlewicz-Adamiec, Université de Varsovie 
    • Joanna Jakubowska, Université de Wrocław Hanna Kost, Université de Lviv    
    • Patrycja Paskart, Université de Wrocław
    • Maja Pawłowska, Université de Wrocław
    • Agata Rębkowska-Kieseler, Université de Wrocław
    • Hela Saidani, Alliance Française de Tunis                                                                
    • Karolina Wojtczak, doctorante, Université de Wrocław
  • Alain Rabatel, La confrontation des points de vue dans la dynamique figurale des discours

    Énonciation et interprétation

    Plutôt que d’appréhender les figures dans le cadre typologique classique des traités de rhétorique, le présent ouvrage propose une approche nouvelle de la figuration fondée sur une conception positive, textuelle, des notions d’écart et de saillance. Partant de la confrontation dialogique des points de vue pour mettre l’accent sur les objets-de-discours et les effets-de-figure qui appellent de la part de chacun une interprétation connivente de la figuration, l’auteur en décrit les fonctions représentationnelles iconiques et cognitives d’où découlent d’autres fonctions encore, symboliques et argumentatives.
    L’ouvrage revisite des figures de pensée (ironie, humour, hyperbole) et des figures de mots (lapsus, contrepèteries, à-peu-près, syllepses et antanaclases, antimétaboles, paradoxes, répétitions, créations néologiques) avant de s’ouvrir à des inédits de la problématique figurale tels que formules, reformulations et exemplifications en chaîne dont il dégage le rôle dans l’organisation des textes et des figures d’auteur (notions d’idiolecte, de style, d’éthos).
    Outre les textes médiatiques, satiriques, parodiques, poétiques et religieux où les figures abondent, le corpus comprend de nombreux genres moins connus sous cet angle tels que lapsus de courriels, devinettes, listes, litanies, etc.

    Spécialiste reconnu d’analyse du discours, Alain Rabatel est professeur de sciences du langage à l’Université Lyon 1 – Inspé, membre du laboratoire Icar. Ses travaux se signalent par leurs apports théoriques (théories du point de vue, de l’argumentation indirecte, de l’effacement énonciatif, des postures énonciatives) et par l’importance accordée aux effets pragmatiques et interprétatifs. Il fait ici le bilan des travaux qu’il a consacrés à la problématique de la figuration depuis une douzaine d’années.