Que fait le style à la pensée ? Le livre répond à cette question en proposant une lecture stylistique de textes philosophiques (dont ceux de Deleuze et Guattari, Derrida, Lyotard) qui partagent une fin : renouveler la pensée par leur style.
Si la philosophie qui s’est développée en France dans les années 1970 autour de Deleuze et Guattari, Derrida, Lyotard constitue un objet d’étude dans le champ de la philosophie, elle l’a été beaucoup moins dans celui de la stylistique. Or, ces pensées se fixent pour fin, de renouveler la pensée à partir de leur écriture ou de leur style. Le livre propose de prendre au mot et au sérieux ces philosophes et de comprendre, par une plongée au cœur de leurs textes, la façon dont ils ont opéré une telle reconfiguration de la pensée philosophique.
Table des matières
Un nouveau style pour la philosophie
Chapitre 1. Contexte et polémicité
Chapitre 2. Logos, signe, concept
Chapitre 3. La métaphore : du concept au texte (et retour)
Chapitre 4. La prédication en question
Chapitre 5. Altération et renouvellement des patrons discursifs philosophiques
Pensé en littérature comme un écart avec la norme (Philippe 2021, p. 55), ou comme une illustration de celle-ci, comme l’expression d’une singularité auctoriale (Barthes 1953, p. 13-14) ou comme le reflet d’une allégeance à un courant littéraire (style surréaliste), à un genre (Letourneux 2017, p. 15), voire comme le témoignage de la langue d’une époque (un style Troisième République), le concept de style en littérature s’avère aussi malléable qu’épineux pour la recherche. Prise au croisement de diverses « mystiques » (Rastier 1994, p. 268), à la fois inévitable, et malaisée d’approche, la notion a donné lieu à de nombreuses réflexions depuis l’œuvre fondatrice de Charles Bally (1909) instituant en France la discipline de la stylistique. En vertu de sa nature protéiforme, on reconnaît toutefois à la notion de style son adaptabilité puisqu’elle s’emploie aisément pour caractériser tous les domaines et les formes d’expressions, au-delà du seul champ littéraire.
Ainsi, interroger le style en bande dessinée c’est se heurter aux spécificités du médium : l’hybridité iconotextuelle qui le définit et la réalité souvent collective de sa production. Dans la lignée des approches logocentrées de la bande dessinée, les études liées au style de ce médium se sont originellement concentrées sur ses récits et ses discours (Fresnault-Deruelle 1977). Progressivement, l’intérêt croissant porté à l’esthétique de la bande dessinée a conduit à mener des études stylistiques de ses images, en tentant de dégager des filiations artistiques (Lecigne & Tamine 1983) dans ce qui est considéré non plus seulement comme un médium mais bien comme un neuvième art. Réévaluer la dimension picturale de la bande dessinée amène à s’interroger sur la qualité des images valant pour elles-mêmes, au-delà de leur rôle seulement narratif, en mettant au centre de la préoccupation esthétique la notion de graphiation (Marion 1993 ; Andrieu de Levis 2019). Cependant, ces travaux n’en restent pas moins sporadiques et les récentes études font, en tentant de le combler, le constat d’un manque critique important (Forceville, El Refaie & Meesters 2014, p. 485 ; Berthou & Dürrenmatt 2019, p. 7).
L’originalité de cette journée d’étude réside dès lors dans le choix d’un corpus protéiforme, en s’intéressant aussi bien aux littératures écrites qu’aux « littératures dessinées » (Morgan 2003). Tout en s’abstenant de considérer le médium de la bande dessinée comme un simple genre, il s’agira d’envisager, en parallèle ou dans un même geste, des productions pouvant relever de ces deux champs contigus : le roman, la nouvelle, le poème, la micro-fiction, aussi bien que les genres de l’autobiographie au sens large, dans l’album, la planche, le strip voire le cartoon.
Plus spécifiquement, l’objet de cette rencontre sera d’examiner l’œuvre littéraire et bédéique en tant que corps textuel ou graphique composite, se construisant par ajouts d’éléments plus ou moins extérieurs, greffes ponctuelles ou structurelles, exhibées comme telles ou fondues à même le texte ou le dessin. Nous nous intéresserons tout particulièrement au phénomène de citation, selon une acception élargie. En effet, nous incluons dans cette notion non seulement la citation dite « littéraire », soit l’incorporation la plus traditionnelle d’un fragment textuel au sein d’un texte d’accueil, mais aussi toute expression apparaissant comme autre à l’intérieur d’un (icono)texte, par l’insertion d’un « discours autre » (direct, indirect, libre ou non) ou d’un énoncé graphique différent (par le trait, la mise en page, etc.). Dans cette perspective, le copié-collé textuel mis au jour dans certaines œuvres littéraires peut faire écho, dans la bande dessinée, à l’insertion de composantes ne relevant pas de la main de l’artiste, à des éléments redessinés, et plus largement à l’introduction d’ »images autres ». Les communications permettront dès lors d’évaluer ce qui fonde une spécificité stylistique dans l’insertion du discours autre (Authier-Revuz, 2020) dans les littératures écrites ou dessinées, mais aussi ce qui peut réunir les deux médiums envisagés dans une dynamique commune, notamment par leur tendance à cultiver un réseau de références nommé tantôt intertextualité, tantôt intericonicité.
Dans l’optique d’interroger conjointement ces deux champs, nous faisons le choix de placer cette journée d’étude dans le sillage des ouvrages majeurs de sémiostylistique publiés ces dernières décennies, notamment les écrits parus sous l’égide de Georges Molinié (Molinié & Cahné 1994), mais aussi des travaux plus récents de Gilles Philippe qui exposent la dimension évolutive du style (Philippe 2021), essentielle à notre sens pour appréhender à nouveaux frais les frontières de ce concept. Nous fondons enfin notre compréhension du style sur les analyses développées dans la synthèse d’Éric Bordas en 2008 dans « Style ». Un mot et des discours, et sur le principe d’une définition, qu’il sera bien entendu nécessaire de critiquer : « De toute évidence, le style, c’est la variante […] et, génétiquement, l’ »écriture », comme processus de transformation, de transmutation, commence avec la rature. L’idée d’un style naît avec la possibilité d’un choix […] » (p. 57-58) Ainsi, compris comme une donnée évolutive ou comme une variation, le style semble résister à toute entreprise d’homogénéité et nous invite à le considérer sous l’angle du mélange et de la dissemblance. C’est en gardant à l’esprit ce principe fondamental de « choix » que nous souhaitons réfléchir aux différents moyens stylistiques par lesquels un auteur ou une autrice se confronte, s’accorde, s’empare de la parole d’autrui, la joint à la sienne, comme élément hétérogène explicite, assumé, affiché ou au contraire, camouflé, lissé, voire plagié.
Tous travaux concernant ces modalités d’incorporation de texte ou d’image autre seront donc les bienvenus. Les propositions de communication pourront s’inscrire dans les axes de réflexion suivants (dont la liste est, à l’évidence, non exhaustive) :
L’emprunt et l’imitation. Réécritures partielles de certains motifs : L’évènement reprenant le point central des Armoires vides, à savoir l’avortement clandestin chez Annie Ernaux. Réécritures totales : Le Voyage sans fin de Monique Wittig reprenant la diégèse et les personnages principaux du Don Quichotte de Cervantes ; Hippolyte de Garnier, puis Phèdre de Racine reprenant la tragédie de Sénèque ; Une Tempête d’Aimé Césaire dans le sillage de La Tempête de William Shakespeare
Le jeu littéraire, la parodie et le pastiche. Exercices de styles graphiques ou textuels : Variations de Blutch ; Exercices de style de Raymond Queneau. Pastiche de tableaux ou autres images dans une bande dessinée : Moderne Olympia de Catherine Meurisse.
Les réutilisations d’une matière existante. Par le collage littéraire : Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin ; La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq. Par le re-dessin : Le Grand Récit de Jens Harder ; Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan.
La citation ou le style d’autrui comme fondements d’un style. À l’échelle d’une carrière : Jean-Patrick Manchette se coulant dans le moule de Dashiell Hammett ; Joost Swarte empruntant la ligne de Hergé. À l’échelle de l’œuvre : la reprise du style épique dans La Franciade de Ronsard. À l’échelle du fragment d’œuvre : le travail des exergues dans Médée de Christa Wolf.
La juxtaposition, voire la confrontation des styles. Autocitation : Livre des trois Vertus de Christine de Pizan ; Indélébiles de Luz. Écriture à plusieurs mains : Seyvoz de Joy Sorman et Maylis de Kerangal ; Révolution de Florent Grouazel et Younn Locard. Insertion de dessins d’enfants : Blast de Manu Larcenet ; Chronographie de Dominique Goblet et Nikita Fossoul ; Mon enfant peut en faire autant de Jochen Gerner et Pavel Gerner. Évolutions d’un “style d’auteur” : Jean Giraud entre Blueberry et Le Monde d’Edena ; He Youzhi entre Mes années de jeunesse et La Lumière blanche.
Les modalités d’insertion du discours direct. Par des usages particuliers de la ponctuation dans un texte pouvant perturber l’ordre classique : Journal du dehors d’Annie Ernaux. Par un traitement particulier du phylactère en bande dessinée : Pelléas & Mélisande de Nicole Claveloux ; Formose de Li-chin Lin.
Les propositions de communication, d’une page maximum, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 15 février 2024 aux trois adresses suivantes :
Une réponse sera envoyée après délibération à la fin février 2024. La journée d’étude aura lieu le 31 mai 2024 à Sorbonne Université (Paris), et sera suivie d’une table ronde.
Norbert Danysz (Université Lumière Lyon 2, IAO, InTRu, La Brèche)
Bibliographie indicative
Andrieu de Levis, Jean-Charles, De la ligne claire à la ligne « pas claire ». Émancipations esthétiques de la bande dessinée en France et aux États-Unis à l’orée des années 70, thèse sous la dir. de Dürrenmatt, Jacques, Paris, Sorbonne Université, 2019.
Barthes, Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 2014 [1953].
Berthou, Benoît et Dürrenmatt, Jacques (dir.), Style(s) de (la) bande dessinée, Paris, Classiques Garnier, coll. « Perspectives comparatistes », 2019.
Bordas, Éric et Molinié, Georges (dir.), Style, langue et société, Paris, Honoré Champion, coll. « Colloques, congrès et conférences Sciences du Langage », 2015.
Bordas, Éric, « Style » : un mot et des discours, Paris, Éditions Kimé, coll. « Détours littéraires », 2008.
Compagnon, Antoine, La Seconde main ou le travail de citation, Paris, Points, coll. « Essais », 2016 [1979].
Dürrenmatt, Jacques, Bande dessinée et littérature, Paris, Classiques Garnier, coll. « Études de littérature des XXe et XXIe siècles », 2013.
Forceville, Charles, El Refaie, Elisabeth et Meesters, Gert, « Stylistics and comics », dans Burke, Michael (dir.), The Routledge Handbook of Stylistics, Londres/New York, Routledge, 2014, p. 485-499.
Fresnault-Deruelle, Pierre, Récits et Discours par la Bande. Essais sur les Comics, Paris, Hachette, coll. « Hachette Essais », 1977.
Genette, Gérard, Palimpsestes, la littérature au second degré, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 1982.
Herschberg Pierrot, Anne, Le style en mouvement, Paris, Belin, coll. « Belin Sup Lettres », 2005.
Jollin-Bertocchi, Sophie et Linarès, Serge, Changer de style – Écritures évolutives aux XXe et XXIe siècles, Leiden, Brill Rodopi, coll. « Faux titre », 2019.
Lecigne, Bruno et Tamine, Jean-Pierre, Fac-similé. Essai paratactique sur le Nouveau Réalisme de la Bande Dessinée, Paris, Futuropolis, 1983.
Letourneux, Matthieu, Fictions à la chaîne : littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 2017.
Marion, Philippe, Traces en cases. Travail graphique, figuration narrative et participation du lecteur : essai sur la bande dessinée, Louvain-la-Neuve, Academia, 1993.
Molinié, Georges et Cahné, Pierre (dir.), Qu’est-ce que le style ? Actes du colloque international, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Linguistique nouvelle », 1994.
Philippe, Gilles, Pourquoi le style change-t-il ?, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, coll. « Réflexions faites », 2021.
Rastier, François, « Le problème du style pour la sémantique du texte », dans Molinié, Georges et Cahné Pierre (dir.), Qu’est-ce que le style ? Actes du colloque international, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Linguistique nouvelle », 1994.
Remettre l’oralité et les formes du discours rapporté au centre de nos préoccupations, pourquoi ce choix ? Après des colloques Ci-dit consacrés notamment aux genres numériques (davantage dans leur dimension scripturale) et aux supports matériels graphiques, il nous a semblé important de réinterroger les imaginaires et les formes des oralités contemporaines en rapport avec la circulation et l’impact des discours. Paroles, audio, voix, expressivité, accent, tonalité, musique, intonation, éloquence, sociolecte, idiolecte, grossièreté, verve, bagou : comment toutes ces formes se « rapportent»-elles, dans quels contextes ? Comment contribuent-elles aux dimensions visuelle et sonore du discours rapporté ?
Une poésie déclamée lors d’une investiture présidentielle, des slogans politiques inédits scandés et dansés, des registres sociaux qualifiés de « populaires, populistes, vulgaires, triviaux » utilisés comme des appels d’oralité dans la parole politique comme dans les chansons ou les romans des transfuges sociaux, le « lyrisme gueulard » et dialogique de Virginie Despentes comme contre-discours contestataire ? (Rosier à paraître)…, l’oralécrit (Garcea & Bazzanella 2002) dans le cyberespace, autant de formes de circulation de discours s’appuyant sur des représentations de l’oralité construites historiquement. De même pour un domaine déjà balisé par les travaux de Ci-dit (notamment Marnette 1998, 2005, Verbum 28.1/2006, Faits de Langue 19/2002, etc.), la parole médiévale, selon l’expression consacrée de Bernard Cerquiglini (1981) tout comme l’orature de Paul Zumthor (1975) ont puisé aux sources d’une conception de l’oralité comme performance et mise en rapport de voix. Beaucoup de ces textes étaient en effet chantés : aujourd’hui la chanson exploite-t-elle encore la voie des voix, des mises en scène vocales et du discours d’autrui ? On sait par ailleurs que l’image de l’oralité rapportée s’ancre dans une parole représentée comme marquée socialement et formellement « populaire » (lexique, syntaxe) provoquant un effet de rupture face à la langue classique des convenances, même si les représentations des parlers des classes dominantes existent notamment chez les humoristes (Paveau 2008, Rosier et Paveau 2008).
Comment la littérature contemporaine en langue française problématise-t-elle la « retranscription fictionnelle » d’une parole populaire authentique, sans trahir ? Et que fait-elle des autres oralités ? Comment les dirigeant.es politiques tout comme les militant.es pensent-ils l’oralisation et l’incarnation de leurs discours politiques dans l’univers francophone ? Du côté de la traduction et de l’interprétation, les débats sur les personnes adéquates pour « porter » la voix (au sens de la traduire) relèvent de cette problématique plus générale de la figure du ou de la porte-parole : qui a la légitimité de « rapporter » un discours collectif au nom de qui, de quelles voix (dominés, subalternes, sans-voix, autres espèces…) ? Du côté de l’interprétation juridique, comment le DR traduit-il oralement un échange multilingue, dans le cadre des audiences et des procès mais aussi des négociations de contrat (y compris lors des mariages mixtes) ?
Pour baliser nos questionnements nous lancerons quatre pistes qui animeront les discussions de ce colloque :
1. Oralités, DR et discours politique
On questionnera les façons de rapporter la parole des migrant.es, des sans-voix, des militant.es, les manières de l’intégration de paroles de guerre et de paix dans différents récits. On s’intéressera au discours comique et autres détournements de la parole politique, notre attention portera également sur les nouveaux styles parlés et représentations iconiques de la parole politique dans les discours numériques.
2. Oralités, DR et traduction
Les voix, disparaissent-elles, se reconfigurent-elles ou s’augmentent-elles dans la traduction ? Nous nous intéressons aux voix accueillies dans le discours littéraire, mais aussi dans d’autres discours (journalistique, juridique, numérique, de scolarisation, légendes urbaines…).
3. Oralités, DR et genres discursifs
Les genres de discours, dans leur diversité, peuvent être abordés et caractérisés par la place qu’ils font et la forme qu’ils donnent à la représentation de l’oral. Comment les voix retentissent-elles dans différents genres de discours, y compris la chanson,comment contribuent-elles au marquage du genre discursif dans lequel elles fonctionnent? Se distinguent-elles par leur place «statutaire» dans le genre de discours qui « tient lieu » d’un autre discours (compte-rendu de réunion, procès-verbal, minute de procès, live tweet de procès) ?
4. Oralités, DR et pratiques diachroniques
L’axe diachronique restera, comme d’habitude, dans les préoccupations du groupe Ci- dit : l’évolution des formes et des pratiques de la citation sera encore une fois au cœur de nos réflexions dans différents genres discursifs, avec notamment la chanson et les pratiques/praxis/formes de discours rapportés. Nous irons de la chanson de geste et poésie lyrique médiévales à l’inter-discours « mis en voix » dans la chanson contemporaine, nous suivrons le parcours de la « vive voix ».
Calendrier
Date limite d’envoi de propositions : le 31 décembre 2023 simultanément aux adresses : joanna.jakubowska@uwr.edu.pl elzbieta.biardzka@uwr.edu.pl
Les propositions de communication (entre 200 et 300 mots), doivent indiquer clairement la problématique abordée, faire état des principaux résultats qui seront exposés dans la présentation, et être accompagnées d’une bibliographie sélective. Nous prévoyons des communications de 20 minutes suivies de 10 minutes de discussion. Notification : le 29 février 2024
Programme provisoire : fin mars 2024
Les droits d’entrée 180 euro/750 PLN : pour les doctorants 90 euro/350 PLN. Les droits couvriront les frais d’organisation (location de la salle d’inauguration, service informatique, matériel de bureau, les pauses-café) et les frais de publication (textes publiés sous condition de relecture positive en double aveugle). Règlements de droits d’entrée : le 30 avril 2024 au plus tard.
Comité Scientifique
Jacqueline Authier-Revuz, Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III
Hélène Barthelmebs-Raguin, Université du Luxembourg
Elżbieta Biardzka, Université de Wrocław
Marion Colas-Blaise, Université du Luxembourg
Claire Doquet, Université de Bordeaux
Anna Dutka-Mańkowska, Université de Varsovie
Béatrice Fracchiolla, Université de Lorraine
Joël July, Aix-Marseille Université
Greta Komur-Thilloy, Université de Haute-Alsace
Juan Manuel López-Muñoz, Université de Cadix
Mairi McLaughlin, Université de Californie, Berkeley
Dominique Maingueneau, Université Paris-Sorbonne
Sophie Marnette, Université d’Oxford
Patricia von Münchow, Université Paris Cité
Aleksandra Nowakowska, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
Natalia Paprocka, Université de Wrocław
Alain Rabatel, Université de Lyon 2,
Laurence Rosier, Université Libre de Bruxelles
Justine Simon, Université de Franche-Comté
Elżbieta Skibińska, Université de Wrocław
Kristiina Taivalkoski-Shilov, University of Turku
Comité d’organisation
Juan Manuel López-Muñoz, Université de Cadix
Sophie Marnette, Université d’Oxford
Laurence Rosier, Université Libre de Bruxelles
Elżbieta Biardzka, Université de Wrocław
Piotr Chruszczewski, Université de Wrocław
Joanna Godlewicz-Adamiec, Université de Varsovie
Joanna Jakubowska, Université de Wrocław Hanna Kost, Université de Lviv
Patrycja Paskart, Université de Wrocław
Maja Pawłowska, Université de Wrocław
Agata Rębkowska-Kieseler, Université de Wrocław
Hela Saidani, Alliance Française de Tunis
Karolina Wojtczak, doctorante, Université de Wrocław
L’objet de cette journée d’étude consacrée à la stylistique sera d’examiner l’œuvre littéraire et bédéique en tant que corps textuel ou graphique composite, se construisant par ajouts d’éléments plus ou moins extérieurs, greffes ponctuelles ou structurelles, exhibées comme telles ou fondues à même le texte ou le dessin. Nous nous intéresserons tout particulièrement au phénomène de citation, selon une acception élargie.
Egon Schiele, Portrait of a Woman, lithographie, 1910 (Metropolitan Museum of Art, New York)
Séances du séminaire
Séances ouvertes à toutes et tous sur inscription, en hybride, à Sorbonne Université, de novembre 2023 à mai 2024, à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (28, rue Serpente, 75006 Paris).
Les séances auront lieu le jeudi ou le mercredi, de 16h à 18h30 environ :
– Jeudi 23 novembre 2023 : Introduction. Définitions et cartographie du concept de « transfuge ». Emmanuel Beaubatie, Karine Abiven, Laélia Véron
– Jeudi 07 décembre 2023, salle D040 : « Anachronismes contrôlés » : (pré)histoire du « récit de transfuge de classe ». Avatars anciens depuis Marivaux et Rousseau en passant par Vallès, Péguy et Poulaille.
Jérôme Meizoz parlera de la posture des auteurs transfuges de classe, à la lumière deses analyses surRousseau, Vallès, Péguy et Poulaille.
Jean-Christophe Igalens : « « Je n’ai jamais oublié cette scène là ». Du mépris dans le Paysan parvenu de Marivaux(au prisme des théories de la reconnaissance d’Axel Honneth) »
Jean-Louis Jeannelle et Fanette Mathiot parleront de la figure de l’autodidacte : «Universités populaires et récits d’acculturation : la tentative pour « aller au peuple »»
– Mercredi 10 janvier 2024 : approches du « récit de transfuge de classe » en sociologie de la littérature. Isabelle Charpentier, David Vrydaghs, Paola Boué.
– Jeudi 1er février 2024 : Points de vue littéraire et stylistique sur les « récits de transfuges de classe ». Laure Depretto, Frédéric Martin-Achard.
– Jeudi 14 mars : Les « récits de transfuges de classe », le champ éditorial et le champ journalistique français. Avec Lionel Ruffel, Nassira El Moaddem.
– Jeudi 16 mai : « Récits de transfuges de classe » et sociologie des mobilités sociales. Avec Annabelle Allouch, Cédric Hugrée.
– Jeudi 23 Mai : « Récits de transfuges de classe » internationaux et multilingues. Transfuges et translingues. Avec Sara de Balsi.
En matière de littérature et de style, dit-on, les conservateurs révolutionnent et les révolutionnaires conservent. Les amis du peuple parlent le français de Richelieu, les amis de l’ordre jargonnent comme des Apaches. L’idée a la peau dure : remontant au moins à Stendhal, il n’est pas rare de la trouver sous la plume des réactionnaires d’aujourd’hui, chez Houellebecq, par exemple, qui fait dire à l’un de ses personnages que tous les grands stylistes sont des réactionnaires. La droite ferait passer le style avant toute chose. À preuve, Céline, dont il serait dès lors possible d’ignorer les idées antisémites et exterminatrices, ou du moins de les dissocier radicalement du style constitutif de sa grandeur. Or, Vincent Berthelier le montre, ce discours remplit historiquement une fonction politique. Il se solidifie après-guerre, chez des Hussards soucieux de minimiser l’engagement vichyste ou hitlérien de la droite littéraire et de réhabiliter leurs aînés en les présentant comme des stylistes. Plus largement, en étudiant un large corpus d’auteurs de droite et d’extrême droite, ce livre ambitieux voudrait repenser les rapports entre style, langue et politique. Il s’intéresse d’abord à la conception du style et de la langue défendue par certains écrivains, tout en proposant des analyses précises de leur écriture. À chaque étape, il s’agit d’explorer la problématique du style à partir des enjeux idéologiques du moment : dans l’entre-deux-guerres (Maurras, les puristes, Bernanos, Jouhandeau), dans la période de l’essor du fascisme et de la Libération (Aymé, Morand, Chardonne), enfin des années 1970 à nos jours, dans la période où s’élabore une nouvelle pensée réactionnaire (Cioran, Millet, Camus, Houellebecq).
Vincent Berthelier est agrégé de lettres et docteur en langue française. Il est membre organisateur du cycle de séminaires « Les Armes de la critique ».
Maison de la Recherche, 5 Rue des Irlandais, Paris
9h30-10h Accueil
10h00 Ouverture de la journée
10h10 -10h50 V. MAGRI, L. VANNI (BCL, UCA) Repérer automatiquement les registres et les genres littéraires
10h50 -11h30 C. DENOYELLE (Litt&Arts, UGA), J. SORBA (LIDILEM, UGA) Le repérage de la singularité avec les outils de la linguistique de corpus
11h30 -12h10 Y. WANG, A. TUTIN (LIDILEM, UGA) Les phrases préfabriquées à fonction expressive dans les dialogues de romans contemporains
12h15-14h Pause midi
14h-14h40 D. MAYAFFRE, L. VANNI (BCL, UCA) Les motifs entre axe syntagmatique et axe paradigmatique. Régularités dans la prose présidentielle française
14h40-15h20 O. KRAIF, I. NOVAKOVA, J. SORBA (LIDILEM, UGA) Motif phraséologique vs motif textuel : réflexion conceptuelle et méthodologique sur corpus littéraire contemporain
15h20-16h J. KIATPHOTHA (LIDILEM, UGA) Motifs phraséologiques autour du nom « sourire » dans la littérature sentimentale contemporaine française et thaïe : approche contrastive
16h00-16h30 Pause café
16h30-17h D. LEGALLOIS (LATTICE, Sorbonne Nouvelle), A. SILVESTRE de SACY (THALIM & LATTICE, Sorbonne Nouvelle) Stylistique des textes avec la librairie MotiveR
17h00-17h30 B. BOHET (THALIM, Sorbonne Nouvelle) Litteroscope, présentation d’un outil de classification des textes
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Vendredi 1er décembre 2023,
Délégation générale Wallonie-Bruxelles, 274, boulevard Saint-Germain – 75007 Paris
09h30-10h10 F. BEGHINI (U. de Padoue, Italie) A la recherche des motifs dans L’Identité de Milan Kundera
10h10-10h50 J. BARRÉ (LATTICE, ENS-PSL), P. CABRERA RAMIREZ (ENS-PSL) Spécificités stylistiques des prix littéraires. Une étude quantitative dans la littérature française du XXe s.
10h50-11h30 D. LONGREE (LASLA, U. de Liège), L. VANNI (BCL, UCA) Motifs textuels et intertextualité : le Deep Learning, un instrument heuristique confronté à l’exemple ovidien.
26 janvier : Le style de Marx, avec Éric Vuillard (prix Goncourt), Alain Lhomme & Vincent Berthelier (à confirmer)
Programme 2023-2024
13 octobre : Oliver Gloag (Oublier Camus)
24 novembre : Jean-Jacques Lecercle (Système et style) & Hugo Dumoulin
26 janvier : Le style de Marx, avec Éric Vuillard (prix Goncourt), Alain Lhomme & Vincent Berthelier (à confirmer)
16 février : Élodie Pinel (Pour en finir avec la passion) & Azélie Fayolle (Des femmes et du style)
22 mars : Le « point de vue », genre et narratologie, avec Sylvie Patron & Marie-Jeanne Zenetti
5 avril : Tel Quel et Change, théories et pratiques linguistiques, avec Margaux Coquelle-Roehm & Juliette Drigny
17 mai : Style anti-intellectuel, style paranoïaque, avec Chloé Chaudet & Sarah Al-Matary (à confirmer)
Argumentaire
Considérant que, dans l’histoire littéraire, des rapprochements spontanés sont faits entre des styles, individuels ou collectifs, et des positions politiques, le séminaire de recherche « Politiques du style » a décidé d’interroger les interactions entre ces deux domaines, et d’identifier leurs modalités.
Pour ce faire, nous invitons des chercheurs dont les publications éclairent les rapports entre politique et style sous un angle nouveau ; certaines séances sont en outre consacrées à des travaux inédits, qui constituent autant de prises de recul théorique et méthodologique sur les disciplines littéraires et stylistiques.
Le séminaire s’intéresse à ce que l’on pourrait appeler l’environnement politique des styles littéraires. Ce premier mode de rapprochement découle d’une simple juxtaposition : qu’un écrivain soit libéral, réactionnaire, féministe ou raciste, il aura toujours un style, susceptible d’être caractérisé en termes politiques par un simple effet de contiguïté. Au prix d’un saut logique, le style des auteurs libertaires deviendrait ainsi le style libertaire. L’environnement politique inclut également les « imaginaires stylistiques », ces discours qui circulent sur le style, et qui sont régulièrement traversés d’enjeux et de représentations politiques. La vocation des stylisticien·ne·s est entre autres d’éprouver la congruence des discours et des pratiques, en portant une attention particulière à la source des jugements stylistiques (les critiques, les savant·e·s, le grand public, l’auteur lui-même).
Mais le séminaire entend surtout saisir la dimension politique des manières d’écrire elles-mêmes. Il a vocation à accueillir diverses approches. Certaines sont d’ordre sociologique : le style est toujours style en langue, il est symptomatique d’un ancrage de classe ; il est aussi une prise de position dans le champ littéraire, distinguant un·e écrivain·e de ses confrères et consœurs. D’autres empruntent à la pragmatique : le style est une mise en forme du discours qui a une visée (argumentative ou affective) ; en sélectionnant des allocutaires, il dessine une communauté politique. Quelques approches, enfin, soulèvent des enjeux cognitifs ou psychologiques : le style, quoique en apparence extérieur aux rapports sociaux, est un lieu de « résolution symbolique » (Jameson) des contradictions et des conflits (de classe, mais aussi de désir) ; en tant que mise en forme langagière d’une vision du monde, d’un découpage particulier du réel, un style engage un rapport au temps, à l’espace, à la rationalité, à autrui, etc., et en tant que telle invite à élaborer une phénoménologie stylistique (elle-même amenée à aborder les enjeux politiques à travers sa grille conceptuelle propre, selon qu’on s’appuie sur une phénoménologie heideggerienne, sartrienne, levinassienne, etc.).
Enfin, les productions littéraires sont conjointement langagières (que ce soit sous une forme discursive ou narrative) et idéologiques. Ainsi, une période historique donnée produit des nœuds idéologiques (ou « idéologèmes ») qui se cristallisent dans certaines formes littéraires. Analyser les pratiques stylistiques sur un mode historique doit permettre d’articuler l’interprétation littéraire à une périodisation des rapports sociaux et économiques.
Paris, Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Salle des Actes
Ce colloque a pour objectif de dégager les spécificités stylistiques ainsi que les lignes de force poétiques de ce sous-genre du best-seller au succès avéré.
Accueil et mot d’ouverture : 9h-9h30 Présidence : Laetitia GONON
9h30-10h10 : Table ronde, animée par Mathilde BONAZZI : Dorothée COOCHE-CATOEN (PRCE, IUT de Béthune, docteure en Lettres modernes et romancière), Virginie FUERTES (éditrice, directrice de la collection “Instants suspendus”) et Carène PONTE (écrivaine) : « Le feel good, du processus de création aux rayons des librairies »
10h10-10h35 : Amélie CHABRIER (MCF, Université de Nîmes) : « Manuels de développement personnel et romans feel good : l’exemple des éditions Jouvence »
10h35-10h45 : Discussion 10h45-11h : Pause-café
11h-11h25 : Mathilde BONAZZI (enseignante au lycée Joséphine Baker à Toulouse, docteure ès Lettres) : « Fabrique stylistique et marketing de la douceur : objet-livre et paratexte dans la littérature feel good (Valognes et Grimaldi) »
11h25-11h50 : Cécile NARJOUX (MCF, Sorbonne Université) et Roselyne de VILLENEUVE (MCF, Sorbonne Université) : « Perception, représentation et réception du style des romans feel good : le cas d’Aurélie Valognes »
11h50-12h : Discussion 12h-14h : Pause déjeuner
Après-midi mardi 27 juin : Styles d’auteurs feel good : études monographiques
Présidence : Audrey COUSSY
14h-14h25 : Jérome HENNEBERT (MCF, Université de Lille): « La littérature du soi au-delà du style ? L’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle (2008) »
14h25-14h50 : Elise NOTTET-CHEDEVILLE (MCF, Université de Rennes II) : « Une genèse qui se voulait heureuse ? L’exemple de Laurent Gounelle. »
14h50-15h : Discussion 15h-15h15 : Pause-café
15h15-16h10 : Edoardo CAGNAN (docteur en cotutelle Sorbonne Université – Université McGill, Montréal) : « L’éthos narratorial et le dispositif métalittéraire dans les romans feel good : le cas du roman québecois Le Goût de l’élégance de Johanne Seymour »
16h10-16h35 : Eveline SU (enseignante au lycée de Cazères) : « Le roman feel good : un refus de la figure ? Le cas de Mémé dans les orties d’Aurélie Valognes et de Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi »
Discussion : 16h35-16h45
Matinée mercredi 28 juin :Les patrons du style feel good
Présidence : Laurent SUSINI
9h30-9h55 : Bérengère MORICHEAU-AIRAUD (MCF, Université de Pau et des Pays de l’Adour) : « Les titres des romans feel good : dialogisme et connivence »
9h55-10h20 : Eva CHAUSSINAND (doctorante, ENS Lyon) : « Les ambiguïtés énonciatives dans le roman feel good : de l’invitation à l’identification à l’injonction au bonheur dans Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une de Raphaëlle Giordano »
10h20-10h30 : Discussion 10h30-10h45 : Pause café
10h45-11h10 : Sandrine VAUDREY-LUIGI (MCF, Université de Bourgogne) : « Les patrons phrastiques des romans feel good »
11h10-11h35 : Laetitia GONON (MCF, Université de Rouen) : « Les anglicismes du roman feel good : le contemporain est-il capitaliste ? »
Après-midi mercredi 28 juin :Extension du domaine du feel good ?
Présidence : Bérengère MORICHEAU-AIRAUD
13h30-13h55 : Laurent SUSINI (PU, Université Lumière- Lyon II ) : « Ensemble c’est mou : la détente selon Gavalda »
13h55-14h20 : Stéphanie BERTRAND (MCF, Université de Lorraine) : « La simplicité du style : indice d’une écriture feel good ? L’exemple problématique de Christian Bobin »
14h20-14h45 : Julie GALLEGO (MCF, Université de Pau et des Pays de l’Adour) : « ‘Un grand respire de liberté’ pour une balade en pente douce : Magasin général ou des pleurs de bonheur »
14h45-15h : Discussion 15h-15h15 : Pause café
15h15-15h40 : Radhia AROUA (doctorante en cotutelle Université de La Manouba, Tunisie – Sorbone Université) : « Le polar cosy mystery français et le roman feel good »
15h40-16h05 : Audrey COUSSY (Associate Professor, Université McGill, Montréal) : « Littérature jeunesse feel good : une étiquette pertinente ? »
16h05-16h20 : Discussion 16h20-16h30 : Mot de clôture
Responsables
Laetita Gonon, maître de conférences à l’Université de Rouen Normandie
Cécile Narjoux,maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université
Bérengère Moricheau-Airaud, maître de conférences à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
Roselyne de Villeneuve, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université